Le chanteur publie son 14e album ce vendredi. Il sera en tournée à travers la France à partir du 6 octobre pour célébrer ses 30 ans de carrière.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 * Extrait de « Le beau qui pleut » de Pascal Obispo *
00:20 - Bonjour Pascal Obispo. - Bonjour.
00:22 - Vous publiez aujourd'hui « Le beau qui pleut », c'est votre 14ème album.
00:26 Il marque vos 30 ans de carrière que vous allez fêter sur scène.
00:29 Vous allez le découvrir avec Steven Bellrick, je salue.
00:31 - Bonjour à tous.
00:32 - Derrière ce titre un peu énigmatique, « Le beau qui pleut »,
00:35 il y a vos souvenirs d'adolescence.
00:37 12 années de vie en Bretagne, vous y découvrez le rock,
00:40 et puis la pluie bretonne, je vous cite.
00:42 « J'aime les camaïeux de bleu et de gris,
00:44 j'aime le beau qui pleut et le ciel qui plie », chantez-vous.
00:47 Vous préférez les ciels tourmentés à l'été ?
00:50 - Bizarrement, l'adolescence nous marque au fer blanc.
00:54 C'est vrai que je crois que je préfère, oui, effectivement.
00:58 C'est une période extrêmement romantique où je me suis construit en tant qu'homme.
01:04 Et c'est vrai que quand on se construit avec la bruine,
01:07 avec les falaises, avec le ciel gris et les tuiles anthracites,
01:12 ça reste et on a tendance à préférer.
01:15 Même si je suis un enfant de l'océan Atlantique.
01:20 Je suis partagé entre les deux, mais ça se ressemble finalement.
01:24 - C'est un climat extérieur qui est devenu un climat intérieur.
01:26 C'est un album sur la beauté, dites-vous.
01:28 Vous arrivez encore à avoir de la beauté dans notre époque ?
01:31 - Justement, je suis là pour en amener un petit peu plus.
01:34 On avait envie, avec Pierre-Dominique Burgo,
01:38 mon nouvel auteur avec qui je travaille,
01:40 que j'ai rencontré sur ce qu'il a fait avec Alain Chamfort notamment,
01:44 on avait envie de parler de beauté sublimée,
01:47 de parler de beauté qu'on assassine aussi.
01:50 On avait envie de le faire en chanson.
01:55 C'est vrai qu'à notre époque c'est compliqué,
01:57 mais je pense qu'elle existe, mais on veut nous faire croire qu'elle n'est plus là.
02:00 En fait, on veut la détruire alors qu'elle est bien présente.
02:03 On veut la transformer.
02:04 Je ne suis pas transformiste, je suis un conservateur de cette beauté
02:08 dans la littérature, dans la poésie, dans nos statuts, dans notre histoire, etc.
02:14 On s'est construit comme ça et je ne vois pas pourquoi on devrait changer les choses.
02:20 De toute façon, le beau est toujours bizarre pour chacun de nous.
02:24 J'ai toujours travaillé sur le beau,
02:30 puisque j'ai toujours fait des chansons plutôt moins romantiques.
02:33 Depuis que j'ai fait de la musique, depuis que j'ai commencé avec Robert Smith et Mark Itzad,
02:38 on a toujours été dans l'adoration de la poésie qu'on lisait quand on était adolescent,
02:45 sur les bords des falaises et des côtes bretonnes,
02:50 quand on faisait semblant d'aimer Baudelaire et Rimbaud.
02:54 C'était trop long à lire, mais quand même, on citait quelques phrases.
02:57 Pascal, dans ce disque, il y a une chanson qui s'appelle "J'étais pas fait pour le bonheur"
03:00 dévoilée en préambule au printemps.
03:02 J'étais pas fait pour le bonheur et puis voilà
03:06 Voilà soudain que le monteur parlait de moi
03:10 Que je me reconnais dans ses belles paroles
03:13 J'y n'avais que des idéaux vitrioles
03:17 Si c'est pas malheureux
03:20 De m'avoir su avant
03:24 Être heureux simplement
03:26 Si c'est pas malheureux
03:28 Si c'est pas malheureux d'avoir su aussi peu simplement être heureux
03:31 Vous dévoilez une face un peu plus sombre de votre personnalité dans cet album.
03:35 Vous avez fui le bonheur parfois ?
03:37 Le problème c'est qu'on a du mal dans notre société anxiogène
03:44 par notamment les informations
03:48 on a du mal à voir le verre à moitié plein en fait.
03:51 On est toujours contraint de voir le verre à moitié vide
03:54 on nous fait des propositions un peu sombres
03:56 alors que finalement on a la possibilité de voir d'autres choses
03:59 c'est un petit peu comme quand on parlait de beauté tout à l'heure
04:01 elle existe, le bonheur existe, en tout cas des moments de bien-être ça existe
04:06 il suffit simplement de changer l'angle de vue
04:10 voilà je crois
04:12 et on n'est pas obligé de regarder les informations toute la journée
04:15 ou de lire les journaux
04:17 il y a aussi d'autres choses qui arrivent, qui se passent
04:21 moi j'adorais le journal de Jean-Pierre Pernaut
04:24 quand il était là c'est vrai
04:26 je trouvais ça incroyable
04:27 même à la fin de sa vie
04:29 c'était une époque où il y avait beaucoup d'anxiogénité à la télévision
04:34 et c'est vrai que je prenais plaisir à le regarder
04:36 parce que c'était un bonheur et une respiration
04:39 ça existe quoi, ça existe vraiment
04:41 il suffit simplement de changer son angle
04:43 est-ce que vous êtes un mélancolique ?
04:45 est-ce que vous l'avez mis dans vos chansons ?
04:47 oui je le suis forcément
04:49 puisqu'on est toujours attaché à ce qu'on a vécu quand on était adolescent
04:56 puisqu'on était dans l'innocence
04:58 on était en construction
05:01 et puis ces moments-là, ces moments de beauté, de pureté
05:05 qu'on a vécu sans contrainte
05:08 c'était des moments agréables
05:13 là c'est vrai que quand on commence à travailler
05:16 quand on commence à vieillir
05:18 c'est un petit peu plus compliqué
05:21 mais bon, je suis un peu effectivement mélancolique
05:24 j'ai gardé mes points d'ancrage
05:26 et j'y reviens souvent
05:28 notamment quand j'ai peint
05:30 par exemple, je me souviens, il y a quelqu'un qui est venu
05:32 et j'étais en train d'écouter quelque chose de très sombre
05:34 et j'avais le sourire
05:35 j'écoutais une musique très triste
05:37 mais ces musiques-là correspondent à des moments de ma vie
05:40 où j'étais heureux
05:42 donc oui, je peux être mélancolique de cette époque
05:47 d'ailleurs il y a une chanson qui raconte un peu cet état
05:49 elle s'appelle "Au fond j'étais heureux"
05:51 vous parlez de votre égo bancal dans ce titre
05:53 est-ce qu'il vous a joué des tours cet égo en trois décennies de musique ?
05:57 j'ai jamais vraiment eu le sentiment d'avoir un énorme égo
06:01 dans le sens où je suis quelqu'un dans la vie
06:04 qui aime rire, qui aime se moquer de lui-même
06:08 qui se moque un peu de sa condition de chanteur
06:11 donc l'ego, je ne sais pas
06:14 je suis quelqu'un qui a beaucoup travaillé
06:17 mais je n'ai jamais été, je crois, obispo
06:22 j'ai toujours eu, comme disait mon camarade Étienne Rodagil
06:26 le syndrome de l'usurpateur
06:28 quand on a le syndrome de l'usurpateur
06:30 on ne peut pas se prendre pour soi-même
06:32 donc non, l'ego ne m'a pas joué de tour
06:35 c'est surtout l'ego des autres qui m'a joué des tours
06:37 mais à nos confrères du JDD, vous venez de confier qu'être un chanteur populaire
06:41 a toujours été un peu compliqué pour vous
06:43 expliquez-nous ça
06:45 en fait, moi je viens du rock
06:47 je viens d'une musique qui n'était pas du tout
06:50 qui n'avait rien à voir avec la variété
06:52 et on l'a rejetée quand on était jeune
06:54 et c'est vrai que quand je suis arrivé à Paris
06:58 et quand il a fallu vivre de sa musique
07:00 j'ai quand même aimé ça
07:02 j'ai aimé faire des chansons
07:04 j'ai aimé faire des chansons populaires
07:06 travailler avec des artistes avec lesquels j'aurais jamais pensé travailler
07:09 comme Florent Pagny, c'était carrément une abomination
07:12 de pouvoir penser ça à l'époque
07:14 quand j'écoutais Clash ou Killing Joke
07:16 et puis finalement, on les rencontrons
07:18 je me suis aperçu que c'était juste de la posture d'adolescence
07:20 un problème générationnel
07:22 ou un problème de culture
07:24 et c'était plutôt ridicule
07:26 mais
07:28 quand on est éduqué
07:30 quand on est élevé
07:32 avec une certaine musique
07:34 une certaine littérature
07:36 un état d'esprit
07:38 c'est vrai que c'est un petit peu compliqué
07:40 de dépasser certaines limites
07:42 que j'ai toujours eu du mal à dépasser
07:44 alors je l'ai fait
07:46 et finalement, on peut s'apercevoir de ça
07:48 vraiment facilement parce que mes plus grands succès
07:50 sont avec les autres
07:52 puisqu'on ne me voyait pas
07:54 on ne m'a pas vu
07:56 je me suis complètement lâché
07:58 j'étais capable de le faire a priori puisque ça a marché
08:00 et c'est vrai que les plus grands titres
08:02 que j'ai fait
08:04 qui ont le plus marché sont
08:06 les titres pour Johnny
08:08 pour Florent, pour Zazie
08:10 pour Natacha Saint-Pierre, pour les Dix Commandements
08:12 et c'est vrai que je m'en porte très bien
08:14 parce que finalement je suis quelqu'un de studio
08:16 je suis un mec de studio, je suis un rat de studio
08:18 et ça me va très bien. Être devant, c'est arrivé par hasard
08:20 et
08:22 je trouve ça très sympa, très sympathique
08:24 c'est pour ça que je rejoins ce que tu disais tout à l'heure
08:26 l'ego
08:28 je ne suis pas trop là-dedans
08:30 parce que je suis un mec vraiment deux derrière la vitre
08:32 Vous avez fait allusion il y a quelques instants
08:34 voilà qu'Aubispo expose ses peintures pour la première fois
08:36 c'est au musée Mère Marine de Bordeaux
08:38 jusqu'au 7 janvier
08:40 l'exposition s'appelle Art Therapy
08:42 et vous avez commencé à peindre en 2018
08:44 pourquoi la musique ne suffisait plus ?
08:46 En fait, on s'aperçoit que
08:48 avec ce travail
08:50 on est capable de passer des étapes
08:52 la musique ne nous guérit pas
08:54 la peinture ne nous guérit pas
08:56 mais en fait
08:58 grâce à cette méthode que j'ai
09:00 vue
09:02 perfectionner
09:04 chez mon camarade professeur psychiatre
09:06 Jean-Marc Boulon à Saint-Rémy-de-Provence
09:08 qui a remis d'ailleurs
09:10 en forme le cloître de Van Gogh
09:12 ça c'est très intéressant d'aller le visiter
09:14 si vous voulez
09:16 c'est quelque chose d'assez brillant
09:18 et vraiment de sa part aussi
09:20 je suis rentré dans
09:22 son atelier où il fonctionnait par l'art
09:24 thérapie avec tous ses malades
09:26 et je suis arrivé dans une salle de 150 mètres
09:28 carrés avec des toiles un petit peu partout
09:30 et j'ai compris le sens de mon
09:32 travail parce qu'on peut très bien peindre sans
09:34 savoir pourquoi on peint, on peut très bien
09:36 être un stacanoviste de la
09:38 musique et aussi de la peinture et d'autres
09:40 choses sans savoir pourquoi
09:42 et en fait j'ai eu des
09:44 réponses
09:46 avec ce
09:48 professeur
09:50 et avec cette exposition et j'ai
09:52 compris pourquoi je peignais autant, c'est à dire
09:54 que ça nous permettait de passer des étapes
09:56 difficiles de notre vie qui sont personnelles
09:58 dont
10:00 je n'ai pas envie de parler mais
10:02 j'estime que
10:04 comment dire, moi
10:06 la victimisation m'emmerde un peu
10:08 parce qu'en fait c'est un produit marketing
10:10 en ce moment, la victimisation
10:12 où tout le monde est une victime
10:14 pour se mettre en avant et pour
10:16 vendre des choses et c'est vrai
10:18 que moi j'ai trouvé autre chose
10:20 c'est à dire que moi j'ai fait de la chanson, j'ai fait de la création
10:22 j'ai fait de la peinture
10:24 donc j'utilise justement
10:26 une forme de souffrance
10:28 j'utilise ces intempéries
10:30 pour proposer d'autres choses et peut-être
10:32 tisser un lien de correspondance avec
10:34 les gens qui peut-être en ont besoin
10:36 qui ne sont pas obligés
10:38 de se plaindre pour vendre quelque chose
10:40 moi ce que je vends c'est
10:42 justement peut-être une méthode, c'est à dire
10:44 écouter de la musique, lier
10:46 des correspondances comme ça
10:48 et peut-être aller mieux grâce à une chanson
10:50 ou aller mieux grâce à des mots dans une chanson
10:52 j'étais pas fait pour le bonheur et voilà que le bonheur
10:54 est fait pour moi, ah donc c'est possible
10:56 de voir les choses différemment
10:58 faire de la peinture aussi c'est très intéressant
11:00 ça permet de passer une journée
11:02 ou plusieurs journées sans
11:04 voir le jour, sans
11:06 compter les minutes et finalement
11:08 on n'est pas soigné après, à la fin
11:10 mais on s'est dit "ah tiens on a pas assez
11:12 du temps" et on s'aperçoit que finalement on n'a pas
11:14 pensé au noir, on a pensé
11:16 aux couleurs qu'on jette
11:18 comme Pollock
11:20 pouvait le faire ou des gens comme ça
11:22 Dans ce nouvel album, Pascal, une thématique
11:24 émerge, celle du "temps qui file"
11:26 jamais on sera jamais aussi jeune qu'aujourd'hui
11:28 dites-vous dans un morceau, autre titre
11:30 "Le temps qu'il me reste"
11:32 Qu'importe
11:34 La déri des sentiments
11:38 Le temps qu'il me reste
11:40 Qu'importe
11:44 Tant que rien ne nous sépare
11:46 pendant
11:48 Le temps qu'il me reste
11:52 J'aimerais que tu restes
12:00 Le temps qu'il me reste
12:02 En janvier 2025 vous aurez 60 ans
12:04 ça vous obsèderait pas un petit peu
12:06 - J'ai balancé le verre dans la figure
12:08 J'ai l'impression que ça va commencer là en fait
12:12 l'histoire - Au début de la tournée ?
12:14 - Enfin à la fin de la tournée
12:16 puisque 60 ans c'est dans
12:18 13 mois, quelque chose comme ça
12:20 J'essaye d'étirer le temps comme dans
12:24 "Les longueurs", chanson de mon album
12:26 pour le remplir le plus possible
12:28 Je suppose que tu voulais en parler
12:30 de l'anthologie ou t'en parle pas, de l'application
12:32 - On allait en parler de votre application
12:34 c'est vrai que j'essaye de faire le maximum
12:36 de choses possibles pour ne pas
12:38 avoir le moindre regret possible, je sais que la voix
12:40 s'en va
12:42 quand on vieillit, elle change
12:44 donc en ce moment je suis en plein
12:46 de maîtrise de ma voix, j'ai l'impression
12:48 que j'ai enfin appris à chanter
12:50 depuis quelques mois
12:52 grâce à cette application aussi
12:54 parce que je fais des albums souvent
12:56 et donc j'essaye de faire
12:58 le plus possible de moi - Mais j'espère que ça vous fait pas peur
13:00 parce que votre voix
13:02 elle va évoluer et on va évoluer avec vous
13:04 pardonnez-moi de cet exemple mais Frank Sinatra
13:06 au moment où sa voix est un peu moins bien, il se passe des choses
13:08 qu'on a jamais entendues avant
13:10 - Oui, enfin, Frank Sinatra et moi
13:12 y'a vraiment un grand écart
13:14 Frank Sinatra c'est le plus grand chanteur du monde
13:16 avec Elvis et Macartney peut-être
13:18 moi j'en suis pas là, moi je suis juste
13:20 un gars qui chante des chansons
13:22 et qui, comment dire
13:24 grâce à l'application
13:26 a toujours envie de faire
13:28 de la musique, parce que là je suis en train de préparer
13:30 une anthologie de la chanson française
13:32 pour faire un peu redécouvrir
13:34 peut-être aux gens qui me suivent qui sont des aficionados
13:36 des chansons peut-être qu'ils ne connaissaient pas
13:38 et je m'amuse
13:40 à faire ça parce que j'avais le sentiment
13:42 que si je ne le faisais pas
13:44 si je faisais comme l'impose
13:46 le système, un album tous les 3 ans
13:48 bah dans 10 ans, 66 ans
13:50 j'aurai que 3 albums à mon actif
13:52 alors que là en 2 ans et demi
13:54 grâce à l'application j'en ai fait 54
13:56 et que là on en a à peu près
13:58 70 et que je me régale
14:00 mais que ce soit aussi des albums de jazz, de flamenco
14:02 des albums instrumentaux, franchement la musique
14:04 moi a toujours été très très importante
14:06 le fait d'être chanteur
14:08 voilà j'aime bien ça
14:10 le chanteur est là
14:12 sauf si c'est vraiment le chanteur
14:14 un métier comme Florent
14:16 ou comme Johnny ou comme l'était aussi Daniel Lévy
14:18 qui pour moi était le plus grand chanteur français
14:20 - Chanteur et dit-commande, non ?
14:22 - Voilà, mais moi je chante simplement
14:24 des chansons, on fait que tisser
14:26 des correspondances, on est pas là pour se mettre en avant
14:28 et je reviens donc à ton problème d'ego
14:30 - Vous partez en tournée dès le 6 octobre
14:32 concert anniversaire
14:34 30 ans de carrière
14:36 vous serez très sur scène
14:38 vous chanterez aussi les chansons que vous avez écrites pour les autres
14:40 - Bah surtout !
14:42 - Vous les aimez autant que les vôtres ?
14:44 - Ah bah je les aime beaucoup plus, forcément
14:46 - Pourquoi ?
14:48 - Parce que j'étais derrière
14:50 et parce que je suis un créateur
14:52 plus qu'un interprète
14:54 voilà, j'adore créer
14:56 j'adore donner
14:58 je me souviens d'ailleurs à l'époque
15:00 quand j'avais donné "Savoir aimer"
15:02 à Florent, je m'étais fait pourrir
15:04 par ma maison de disques, Sony
15:06 parce qu'en 3 semaines "Savoir aimer"
15:08 était devenu un grand succès
15:10 "Pourquoi t'as donné sa chanson ?" etc
15:12 mais je vais pas donner une chanson de tiroir
15:14 moi j'ai envie d'être compositeur, je voulais être compositeur
15:16 et travailler avec des grands artistes
15:18 et j'ai donné donc
15:20 "Savoir aimer" oui, comme j'ai donné
15:22 "Toujours une femme" comme j'ai donné "L'envie d'aimer"
15:24 c'est comme ça
15:26 un compositeur doit se mettre en arrière
15:28 et j'ai toujours ce truc-là
15:30 j'ai ce truc d'être derrière
15:32 - C'est une capacité de générosité
15:34 - Alors je sais pas si c'est de la générosité parce que moi c'est une normalité
15:36 je suis fabriqué comme ça
15:38 la générosité c'est une extension
15:40 mais je pense que moi
15:42 je suis surtout
15:44 conçu pour être derrière
15:46 voilà, donc
15:48 j'ai passé ma vie à ça, j'essaye
15:50 j'ai voulu être connu
15:52 et célèbre, enfin pas célèbre
15:54 reconnu en tant que compositeur
15:56 pour travailler pour les autres, c'est ce que j'ai réussi à faire
15:58 pendant un moment, bon maintenant
16:00 on me demande moins, si il y a des jeunes qui commencent à me demander
16:02 des chansons, puisque voilà, ça y est maintenant
16:04 on a sauté des générations, je commence à devenir
16:06 un daron
16:08 - Autre projet, on va parler
16:10 de vous également le 10 novembre parce qu'après
16:12 17 années de travail, le nouvel album
16:14 d'Isabelle Adjani que vous avez
16:16 composé et réalisé va enfin sortir
16:18 elle s'appelle "Bande originale"
16:20 c'est quoi le sentiment qui domine, c'est de la fierté
16:22 ou du soulagement qu'il arrive enfin ?
16:24 - Comme Tigré Nard-Maria Rilke, c'est de la patience
16:26 (rires)
16:28 Oui, fierté
16:30 évidemment parce que j'ai jamais voulu
16:32 lâcher ce bébé
16:34 qui a grandi
16:36 oui, qui a 17 ans, bientôt 18
16:38 mais qui va être majeur
16:40 donc il a le droit de sortir, on va dire ça comme ça
16:42 puisque oui, ça va faire 18 ans
16:44 Oui, j'ai une grande fierté
16:46 d'avoir travaillé avec une femme
16:48 que j'ai toujours admirée, qui m'a marqué
16:50 quand j'étais petit, quand j'étais adolescent
16:52 et avec
16:54 un travail où nous étions totalement
16:56 libres, sans aucune contrainte
16:58 artistique, aucune contrainte
17:00 musicale, aucune contrainte de duo
17:02 de participation puisque
17:04 beaucoup d'artistes qui ont participé ne sont pas
17:06 connus du grand public
17:08 comme Peter Murphy ou David
17:10 Sylvian, des gens comme ça et c'est vrai que
17:12 c'est exceptionnel le pouvoir
17:14 de travailler dans cette
17:16 qualité de travail
17:18 18 ans Pascal Obispo, 18 ans
17:20 pour faire ce disque avec Isabelle Elgeny
17:22 ça vous inspire un commentaire ?
17:24 Le commentaire c'est justement
17:26 j'étais pas satisfait
17:30 il faut dire la vérité aussi
17:32 il était pas fini, il a fallu que je trouve
17:34 la bonne personne et quand j'ai rencontré
17:36 Cécile De Laurentiis, pour moi
17:38 une reine de l'électro
17:40 qui est en l'occurrence
17:42 la femme de
17:44 mon meilleur pote
17:46 elle était
17:48 là et puis
17:50 je lui ai dit "tu as envie de le faire ?"
17:52 elle a adoré les anciennes bandes
17:54 l'ancien travail
17:56 et puis elle m'a permis d'avoir
17:58 une texture, elle m'a permis
18:00 d'avoir des magnifiques synthés
18:02 c'est vraiment une fille qui a énormément de talent
18:04 et j'ai appelé Isabelle, je lui ai dit "regarde
18:06 on a fait deux chansons, qu'est-ce que t'en penses ?"
18:08 "Ah super, on y va, on y retourne"
18:10 ça s'est passé comme ça, il faut être patient
18:12 dans la vie, je suis très patient
18:14 - J'ai écouté l'album et je peux vous dire qu'il est absolument sublime
18:16 et très étonnant, c'est très loin depuis le Marine comme vous dites
18:18 - Oui très loin, ça veut pas dire moins bien
18:20 ou pire, c'est pas ça, c'est totalement
18:22 autre chose adaptée à l'époque
18:24 et d'une modernité extrême
18:26 et j'allais même dire une intemporalité
18:28 - Vous le dites, vous travaillez tout le temps
18:30 il y a à peu près 40 albums sur votre application
18:32 il y a l'album d'Adjani qui arrive, il y a les 10 commandements
18:34 qui reviennent l'année prochaine
18:36 et dans ce nouvel album, Pascal, il y a une chanson
18:38 qui s'appelle "Mon piano s'est jeté par la fenêtre"
18:40 *Musique*
19:03 - "Je n'y suis pour rien" promettez-vous
19:05 dans le titre, il a sauté pour quoi ?
19:07 Il en a marre de vous, Pascal ?
19:09 - Euh... Bah disons... Non, parce que
19:11 quelques fois, oui, je fais de la merde, quoi
19:13 je fais n'importe quoi avec
19:15 et l'idée d'un instrument, c'est...
19:18 enfin, de cet instrument, c'est qu'il est devenu
19:21 mon double, mon confident
19:23 celui avec qui je ris
19:25 et avec qui je pleure, surtout
19:27 c'est vraiment la personne, enfin la personne
19:29 puisque c'est une personne, un piano
19:31 c'est mon double et c'est la personne
19:33 avec qui je me confie
19:35 et qui entend tous mes problèmes
19:37 je suis capable de pleurer sur un piano
19:39 sans même faire aucune note
19:41 en essayant de travailler
19:43 parce que c'est vraiment...
19:45 ouais, c'est...
19:47 c'est... comment dire...
19:49 ouais, c'est mon double, quoi
19:51 c'est assez compliqué, donc quand ça se passe mal
19:53 oui, on est capable aussi de s'engueuler
19:55 et je suis capable de le jeter par la fenêtre
19:59 parce qu'il n'arrive pas à me soigner
20:01 de mes blessures, donc c'est...
20:03 c'est assez intéressant
20:05 au fil des années, je ne m'en étais pas aperçu
20:07 au début
20:09 mais au fil des années, on a vraiment
20:11 cette connivence
20:13 - Vous lui avez donné un prénom ?
20:15 - Pardon ? - Vous lui avez donné un prénom ?
20:17 - Ne me prenez pas pour un fou non plus !
20:19 - Pardonnez-moi, mais mon piano s'est jeté par la fenêtre
20:21 et le climat de cette chanson,
20:23 il y a comme un clin d'œil à Michel Berger ?
20:25 - Alors, justement, grâce à cette anthologie
20:27 de la chanson française que je suis en train de faire
20:29 et préparer, donc je fais une anthologie
20:31 sur à peu près 800 titres
20:33 il va y avoir 55 albums, 56 albums
20:35 sur l'application, pour ceux
20:37 qui m'aiment me suivre et pour ceux qui aiment
20:39 retrouver des chansons
20:41 et réécouter des chansons, la chanson française
20:43 on peut peut-être oublier ou des chansons
20:45 dans d'autres versions, ils peuvent venir
20:47 nous rejoindre
20:49 en fait, en travaillant sur cette anthologie
20:51 j'ai eu des envies
20:53 c'est-à-dire que
20:55 on écoute du Berger, on a envie de faire une chanson comme Michel Berger
20:57 on écoute du Jonas
20:59 on a envie de faire une chanson comme Jonas
21:01 c'est tout, ils sont très inspirants
21:03 la Villiers, Souchon et tous les autres
21:05 c'est fantastique, Brel, Gainsbourg
21:07 Aznavour, voilà
21:09 et je suis tombé dans la chanson française
21:11 vraiment avec cette application
21:15 même si j'ai été vendeur à la FNAC dans le rayon
21:17 chanson française et jazz
21:19 je suis vraiment tombé dedans, j'ai redécouvert
21:21 des choses et j'ai envie de les chanter
21:23 et profiter encore du fait que j'ai
21:25 ma voix intacte
21:27 pour reproduire
21:29 des titres fantastiques
21:31 donc effectivement
21:33 il y a des correspondances
21:35 dans mon album, par exemple "Le mur"
21:37 qui est une chanson qui parle
21:39 des dogmes et des idées qu'on vous impose
21:41 et qui vous empêche d'être libre
21:43 vous empêche d'avancer normalement
21:45 je sais que j'ai dû la faire en écoutant un album de Michel Jonas
21:47 juste avant
21:49 c'est comme ça, de toute façon
21:51 on n'arrive pas nu devant un piano
21:53 on arrive avec notre ADN musical
21:55 ceux qui disent qu'ils inventent
21:57 d'abord
21:59 ce sont des joueurs de pipo
22:01 mais voilà
22:03 ils ne reconnaissent pas l'influence
22:05 de leur ADN musical
22:07 qui est important et moi
22:09 je l'ai toujours revendiqué
22:11 puisque si j'existe c'est d'être fan
22:13 c'est un petit gimmick sympathique
22:15 mais c'est vrai que c'est comme ça que je me suis construit
22:17 grâce à la musique des autres et c'est ce qu'on fait tous
22:19 En tout cas, cette curiosité pour les autres
22:21 est une preuve de générosité
22:23 Vous êtes vous-même Pascal Obispo
22:25 merci beaucoup d'être venu nous voir aujourd'hui
22:27 le beau qui pleut, votre nouvel album paraît
22:29 donc, dès aujourd'hui
22:31 on est heureux de vous accueillir