Jaleh Bradea reçoit sur Envie d’Agir Caroline Simonds, directrice et fondatrice de le Rire Médecin ainsi que Clotilde Mallard, sa directrice générale. L’association redonne le sourire aux enfants hospitalisés et les accompagne pour faire face à la maladie. Pas moins de 135 clowns professionnels se mobilisent dans plus de 70 services pédiatriques en France. Cette association participe également à l’accompagnement des parents durant cette période difficile et du personnel soignant.
Reda Kateb, acteur franco-algérien, est le parrain de l’association. Dans ce message engagé, il revient sur les missions de l’association Le Rire Médecin et sur la nécessité d’accompagner les familles durant leur passage à l’hôpital.
Reda Kateb, acteur franco-algérien, est le parrain de l’association. Dans ce message engagé, il revient sur les missions de l’association Le Rire Médecin et sur la nécessité d’accompagner les familles durant leur passage à l’hôpital.
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00:00 ...
00:07 -Bonjour à toutes et à tous.
00:08 Je suis ravie de vous retrouver
00:10 pour une nouvelle saison d'Envie d'agir sur C8.
00:13 Pour notre rentrée, nous recevons une association clé
00:16 intervenant dans l'univers médical pour les enfants.
00:19 Une association qui fait rire,
00:21 une association qui fait sourire et même parfois guérir.
00:26 Bonjour, Caroline Simon,
00:28 je suis avec Lothil Mala. -Bonjour.
00:30 -Le Rire médecin, c'est votre asso.
00:32 32 ans d'existence,
00:34 135 clowns,
00:36 90 000 enfants qui ont ri,
00:39 dans 70 services pédiatriques.
00:42 Déjà, expliquez-moi qui est à l'origine
00:44 de cette jolie idée, de ce beau concept.
00:47 -Tout a commencé à New York City,
00:49 il y a un bon moment de temps, en 1988,
00:54 et c'était le Big Apple Circus de New York City.
00:58 J'ai postulé pour être clown à l'hôpital
01:00 car une petite équipe commençait à cette époque.
01:03 J'étais la sixième sur une équipe de six.
01:06 J'ai tellement adoré,
01:08 j'ai été bouleversée par le besoin des enfants
01:12 de rire parmi l'angoisse de l'hôpital et tout ça.
01:16 Et comme je suis hyper francophile,
01:19 je me suis dit qu'il fallait filer en France,
01:21 proposer ça au ministère de la Culture.
01:24 Et très vite après, qui l'eût cru,
01:27 ce petit projet qui naît quelque part
01:30 dans mon salle de bain allait grandir petit à petit.
01:34 Je me suis engagée au départ pour trois ans,
01:37 et nous voilà 32 ans après,
01:40 avec une équipe de grands professionnels
01:44 bien formés à la spécificité
01:46 d'adapter leur jeu pour l'hôpital,
01:50 avec des formations régulières tous les mois,
01:53 avec un code d'endologie,
01:55 avec une complicité absolument fantastique avec les soignants.
01:58 Que de bon le peuple !
02:00 -Est-ce qu'il a été prouvé scientifiquement
02:03 que le rire a un apport thérapeutique,
02:06 permet des rémissions ?
02:08 -Alors, nous sommes assez modestes sur le sujet,
02:12 mais effectivement, il y a un certain nombre
02:14 d'études scientifiques.
02:17 Le "British Medical Journal", par exemple, fin 2020,
02:22 a publié une synthèse de plus d'une trentaine d'études
02:27 qui ont été réalisées dans différents services,
02:29 différents hôpitaux, différents pays,
02:31 et qui montrent,
02:34 sur plus de 1 600 enfants et adolescents,
02:37 une diminution du stress,
02:41 de l'anxiété des enfants.
02:43 Et lorsque les Comedia Clones,
02:45 à la demande de l'équipe soignante,
02:47 sont sollicités pour accompagner un soin douloureux,
02:50 il est aussi montré que le niveau de douleur diminue.
02:54 On a un chef de service dans un des hôpitaux
02:58 dans lesquels nous intervenons, par exemple,
03:00 à l'hôpital de Bondy, en région parisienne,
03:04 qui dit que lorsque les Clones sont présents
03:07 auprès des enfants pour un accompagnement de soins,
03:10 la dose d'anthalgique est diminuée
03:13 de deux à quatre fois.
03:15 Donc ça, c'est vraiment formidable.
03:18 Et donc, une étude, d'autres études,
03:21 une étude américaine, PLOS,
03:23 qui est sortie récemment, le montre également.
03:26 -Oui, j'avais aussi entendu que,
03:28 par exemple, sur des chimiothérapies,
03:30 le fait de pouvoir rire et être détendu avant,
03:33 ça a plus d'impact.
03:35 Le corps est davantage préparé,
03:36 donc votre intervention...
03:38 De toute façon, si vous existez depuis 32 ans,
03:41 c'est que ça a un effet.
03:42 -C'est un effet démontré, je pense.
03:44 -En même temps, nous, on s'adresse
03:46 à tout ce qui va bien chez l'enfant.
03:48 Notre travail n'est pas intentionnel,
03:50 elle est attentionnelle.
03:52 Et mon plus grande...
03:55 Je veux dire, moi, je suis clone,
03:57 mon plus grand plaisir, c'est d'être juste
04:00 là où est l'enfant,
04:01 dans son état médical, psychologique et même social.
04:04 -De se connecter à cet être à chaque fois.
04:07 Et à son environnement, à ses parents aussi,
04:09 parce que les parents, c'est hyper dur.
04:12 Tout le monde pense, l'infirmière, si on la fait danser,
04:14 si je peux faire décoller la Barbie
04:17 et atterrir sur la tête du papa et faire pipi,
04:19 c'est la plus grande joie de tout le monde,
04:22 surtout la petite fille qui perd ses cheveux,
04:24 mais qui va oublier, dans ce moment-là,
04:26 son angoisse, sa douleur, l'inquiétude de ses parents.
04:29 Voir ses parents rire est un des plus grands cadeaux
04:32 qu'on puisse faire à un enfant.
04:34 -Caroline, avez-vous eu l'impression
04:36 de vivre des miracles grâce au rire ?
04:38 -Vous savez, je suis dedans,
04:40 je suis un peu un pompier du bonheur.
04:42 -C'est joli, ça, comme métier.
04:44 -J'ai eu un petit peu de l'angoisse et de la tristesse.
04:47 Je me disais, peut-être après,
04:49 c'est pas possible, cet enfant,
04:51 il a pas parlé depuis deux semaines,
04:53 là, il souffle des boules.
04:55 Je me souviens de l'enfant qui était opéré de mâchoire,
04:58 qui voulait plus parler, plus boire, rien.
05:01 Et rien, avec la simplicité de faire des bulles,
05:04 il a recommencé à parler, à souffler.
05:07 Et les infirmières ont pris le relais.
05:10 Le week-end, je les ai données,
05:12 tous des petits flacons de bulles,
05:14 et il y avait un relais.
05:15 Il y a un tel amour, je veux dire,
05:18 et respect du travail avec les soignants
05:21 que c'est ça, le miracle.
05:23 Le miracle n'est pas nous, toutes seules,
05:25 les soignants, toutes seules,
05:27 les parents, les pauvres parents, toutes seules,
05:30 c'est vraiment cette communauté,
05:32 cet issue de, je veux dire,
05:33 à 360 degrés,
05:34 une communauté de soins, quelque part.
05:37 -Votre engagement, en plus,
05:39 suscite vraiment de l'intérêt,
05:40 beaucoup, chez des personnalités qu'on connaît,
05:43 je vais en citer quelques-unes.
05:45 Annie Dupéret, Sarah Giraudeau,
05:47 François-Xavier Demaison,
05:50 Luc Péry, plus récemment,
05:52 Gérard Juniau, également.
05:53 -J'y ai noté.
05:55 C'est très important, le "gnu".
05:57 -On a entendu quelques secondes,
05:59 et on va entendre plus amplement
06:01 un des derniers arrivés, en l'occurrence,
06:04 Reda Kateb, qui va partager avec nous
06:06 son message engagé.
06:08 -J'ai choisi de venir vous parler
06:09 du RIRE Médecins, l'association Le RIRE Médecins,
06:12 qui a été fondée par cette personne,
06:14 qui s'appelle Caroline Seidmans,
06:16 qui est clown dans les hôpitaux.
06:19 Cette femme est une véritable fée.
06:21 On la voit, elle, mais aussi l'enfant,
06:23 qui est placé au centre,
06:24 et c'est vraiment le travail que font ces gens.
06:27 Et pas seulement,
06:28 puisque leurs actions ne sont pas uniquement destinées
06:31 aux enfants, mais aussi aux familles.
06:33 On voit une maman ou une soeur,
06:35 quelqu'un de la famille,
06:37 et c'est vraiment le travail de ces gens,
06:39 qui est d'apporter de la couleur, de la vie, de la joie,
06:42 dans des lieux qui en ont besoin,
06:44 et pour des enfants qui en ont absolument besoin.
06:46 Ils prennent, chambre par chambre, enfant par enfant,
06:50 comment est-ce que ça va aujourd'hui,
06:52 est-ce que peut-être il vaut mieux le laisser dormir,
06:55 un tel, il a demandé après les clowns,
06:57 il vous attend, allez le voir,
06:59 donc le clown est encore un soignant parmi les soignants.
07:02 Puis, ensuite, ils passent au vestiaire,
07:04 et là, c'est la transformation.
07:06 C'est une espèce de parade musicale.
07:08 Ils jouent tous du ukulélé, de la flûte,
07:11 ou d'autres instruments,
07:12 et ils passent dans les couloirs de l'hôpital.
07:15 Régulièrement, il y a des enfants,
07:17 ceux qui peuvent, qui sortent de leur chambre
07:19 et qui se mettent à suivre les clowns dans leur parade.
07:22 La chambre d'hôpital, vous avez deux clowns pour un enfant.
07:26 C'est le seul endroit que j'ai vu au monde
07:28 où il y a plus d'acteurs que de spectateurs.
07:30 Une de mes premières immersions,
07:32 je me suis retrouvé face à une petite de 8 ans en soins palliatifs.
07:36 Une clown, au bord de son lit, a chanté "Une souris verte qui courait dans l'herbe".
07:40 Et tout d'un coup, cette gamine a planté ses yeux dans les miens.
07:44 Elle ne parlait pas.
07:45 Elle m'a regardé droit dans les yeux.
07:48 J'avoue que ça m'a...
07:50 Enfin, là, du coup, j'ai plus le sourire quand je vous en parle.
07:54 Ça m'a...
07:56 Ça m'a bouleversé, quoi.
07:59 Je suis sorti de cette chambre.
08:01 Je suis allé vers la fenêtre pour regarder,
08:03 me reprendre un peu, et les clowns m'ont dit "Ca va ? C'est dur, un peu ?"
08:07 Je fais "Ouais, c'est dur."
08:09 Ils m'ont dit "Tu te rends pas compte ? Elle a souri et a réagi avec les yeux."
08:14 Ils étaient hyper contents. Ils sont dans la vie.
08:18 Heureusement, parce que je voudrais quand même
08:21 mettre aussi de l'espoir dans ce que je vous raconte,
08:25 les courbes se sont inversées à l'hôpital.
08:27 Grâce à la recherche,
08:29 il y a plus d'enfants qui sortent pour rentrer chez eux
08:32 que d'enfants qui sortent pour... Vous imaginez, quoi.
08:35 -Merci, Reda Kateb. Il décrit bien ce que vous faites.
08:38 -Il est dedans à fond.
08:40 Mais à fond, à fond.
08:42 Il est venu à l'hôpital plein de fois.
08:44 Il a tout compris.
08:46 -Est-ce que vous savez pourquoi des artistes comme lui
08:50 viennent s'engager auprès de vous ?
08:52 Est-ce qu'il y a des histoires personnelles ?
08:55 Qu'est-ce qui fait qu'il vienne dans les hôpitaux ?
08:58 -Reda, sa mère était infirmière à Ivry.
09:01 Donc, elle était naturellement très touchée par ce qu'on fait.
09:05 Annie, c'était une rencontre sur un plateau.
09:09 Française Zavier de Maison, c'était une rencontre
09:12 dans une conférence. Je le trouvais intelligent.
09:14 Gérard Juniau était modestement un donateur.
09:19 Donc, petit à petit,
09:20 les relations sont faites vraiment par des vrais rencontres.
09:23 Je suis jamais allée chercher des vedettes
09:27 pour voir, comment dire, quelqu'un de connu pour nous.
09:31 C'était des rencontres.
09:33 Et puis, il y avait quelque chose qui allait bien entre nous.
09:37 Ils ont compris rapidement ce qu'on fait.
09:40 Comme parle Reda,
09:42 moi, je suis très touchée par sa façon de voir les choses.
09:46 -Oui, et il dit d'ailleurs qu'il est bouleversé.
09:49 Est-ce que ça vous arrive encore, toutes les deux, d'être bouleversée ?
09:53 -Oui, mais je suis tellement dans le moment...
09:58 Je suis très ici, maintenant, avec les enfants.
10:01 Je ne pense pas après, je ne pense pas avant.
10:04 Je suis avec eux.
10:05 -Dites-moi, les pompiers du bonheur,
10:07 c'est quoi, votre envie d'agir pour les cinq prochaines années ?
10:11 -Pour les cinq prochaines années,
10:13 vous avez indiqué, on est présents
10:16 sur une vingtaine de villes en France,
10:18 on voit 90 000 enfants chaque année.
10:21 Notre objectif, c'est de passer le cap des 100 000 enfants,
10:24 si nos ressources le permettent,
10:26 donc potentiellement, de pouvoir répondre
10:28 aux demandes des équipes soignantes.
10:31 Ici, on n'a pas eu l'occasion de le dire,
10:33 beaucoup d'histoires avec d'anciens internes
10:36 qui ont connu les clowns lorsqu'ils démarraient
10:39 leurs études de médecine, qui, 20 ans plus tard,
10:42 sont chefs de service et nous disent qu'on voudrait
10:45 que le RER médecin vienne. -C'est une grande famille.
10:48 -On aimerait pouvoir avoir les moyens,
10:50 les ressources nécessaires pour ouvrir
10:52 dans de nouveaux services et dans de nouvelles villes.
10:55 -On peut aller sur votre site pour voir comment on peut vous aider.
10:59 -Merci infiniment à toutes les deux.
11:02 Malheureusement, l'émission touche à sa fin.
11:05 -Merci à toi.
11:06 -Je voudrais vous parler de l'agenda de fin d'émission.
11:10 Maintenant, vous commencez à connaître cette rubrique.
11:13 D'abord, un livre super de Moussa Kamara,
11:16 que j'avais reçu en saison 1 d'Envie d'agir,
11:18 qui a lancé une association déterminée.
11:21 Le livre s'appelle "Déterminés", évidemment.
11:24 Les presses de la cité, ça vient de sortir.
11:28 D'ailleurs, mesdames, je vous emmène.
11:30 -Merci.
11:31 -Je vais pas pouvoir jeter.
11:33 -Vous avez des bras très longs.
11:35 -Et puis, je vous rappelle que le 18 septembre,
11:38 donc dans deux jours,
11:39 c'est le début des semaines du développement durable.
11:42 Normalement, c'est une semaine.
11:44 Maintenant, c'est trois semaines,
11:46 tellement cette thématique est importante.
11:49 Vous savez à quel point on s'y engage, nous aussi.
11:52 Je vous rappelle aussi, bien sûr, nos podcasts "Envie d'agir",
11:55 disponibles sur Deezer, Spotify, Apple
11:59 et bien sûr, MyKanal.
12:01 Et on se retrouve très vite sur C8 pour plus d'Envie d'agir.
12:06 Merci.