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Tous les vendredis dans Week-end 3D, Karine de Ménonville fait sa "mise au poing". Aujourd'hui, elle évoque la mort de Socayna à Marseille et les victimes innocentes aux noms oubliés.

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Transcription
00:00 -Ravie de te retrouver, Karine. -Salut, François.
00:05 -Bonsoir, Karine. Une mise au point ce soir sur quel sujet ?
00:08 -Une mise au point qui a un prénom, François. Elle s'appelle Sokhaina.
00:12 "Ma fille s'est fait tuer dans sa chambre, jamais je n'aurais pu imaginer ça."
00:18 Ce sont les mots tout simplement de sa maman.
00:20 Sokhaina, aujourd'hui, on est vendredi, elle mérite qu'on dise qui elle était.
00:24 Sokhaina, c'était une jeune fille, une jeune femme sage de 24 ans.
00:28 Dimanche dernier, elle était dans sa chambre, elle étudiait,
00:32 parce que Sokhaina était studieuse. Sa maman disait qu'elle était tout le temps
00:36 dans les livres, elle commençait sa deuxième année de droit en faculté.
00:40 Alors, il est 23h, dimanche dernier, on est dans la cité Sintis,
00:44 à Marseille, dans le 10e arrondissement. Sokhaina vient de se préparer
00:48 un café dans la cuisine et elle rentre dans sa chambre parce qu'elle va étudier,
00:52 à peu près comme tous les jours. Elle a plein de projets, nous raconte sa maman.
00:56 À l'époque même, parmi tous ses projets, une école de commerce peut-être à Lyon.
01:00 Il est 23h10 et on entend des rafales de tir au bas de l'immeuble.
01:04 Apparemment, il s'agit de jeunes dealers en mission d'intimidation.
01:08 Ce sont des rafales de Kalashnikov,
01:12 au moins deux selon l'enquête, tirés à l'aveugle.
01:16 Une balle a transpercé le mur en contreplaqué
01:20 qui se trouvait sous la fenêtre de Sokhaina et s'est terminée
01:24 dans son visage. C'est sa jeune sœur qui l'a découverte.
01:28 Sokhaina est morte quelques heures plus tard de ses blessures.
01:32 Depuis, évidemment, sa mère crie sa douleur.
01:36 C'est une évidence. Mais surtout, et c'est à ça qu'il faut prêter attention,
01:40 elle parle de sa fille. Elle dit qui était sa fille, qui était cette jeune fille
01:44 de 24 ans qu'elle a élevée, qui était cette jeune femme pleine de vie.
01:48 Et de leur côté, les autorités, qu'est-ce qu'elles font ? Elles parlent de drame
01:52 absolu, de balles perdues, de victimes collatérales.
01:56 Quasiment personne n'a prononcé le prénom de Sokhaina.
02:00 On écoute Gérald Darmanin.
02:02 Incontestablement, manifestement, il s'agit d'une victime
02:06 collatérale de règlement de compte ou de reconquête ou de conquête
02:10 de point de vue dans un quartier qui n'est pas le plus
02:14 criminogène de la ville.
02:16 Alors, victime collatérale, honnêtement, le terme, moi, je trouve que ça pique un peu.
02:20 Sokhaina est ce qu'on appelle la troisième victime innocente depuis le début de l'année à Marseille.
02:24 Il y a eu un homme de 63 ans dans un snack. Il se trouvait là, par hasard, au mauvais endroit,
02:28 au mauvais moment. Une mère de famille de 43 ans, c'est au mois de mai, 5 enfants.
02:32 Pareil, au mauvais endroit, au mauvais moment. Et si on élargit, à Nîmes, il y a eu
02:36 un enfant de 10 ans, il s'appelait Fayed. Alors ce que je tiens à dire, c'est que tous avaient
02:40 un prénom, un nom, une famille, une vie dont personne
02:44 ne parle vraiment. Et depuis quand c'est acceptable ? Depuis quand on peut si
02:48 facilement coller cette étiquette de la victime collatérale ? On classe le dossier
02:52 et on passe à autre chose. Pourquoi ces victimes qui avaient certes une vie
02:56 ordinaire, mais réelle, n'ont pas droit à plus ? Et plus, c'est-à-dire
03:00 le respect, l'hommage de la nation, que leur nom ne soit pas oublié,
03:04 que leur famille soit prise en charge. Sokhaina, c'est le dernier visage
03:08 d'une guerre qui se déroule chez nous. C'est une guerre contre la drogue. Le manque
03:12 d'humanité, de respect, de mémoire à son égard, ajoute à l'horreur et je trouve que

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