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La mère de Socayna, tuée en Septembre 2023 d'une balle perdue lors d'une fusillade à Marseille, témoigne sur BFMTV

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Transcription
00:00Je suis la maman de Soukaina.
00:03C'est la jeune fille de 24 ans qui est décédée le 10 septembre
00:08avec une balle perdue.
00:11C'est une balle qui a percé le mur.
00:14Soukaina était étudiante au droit à la science politique.
00:22Soukaina est une fille vraiment vivante, pleine de joie.
00:29Soukaina était vraiment très cultivée.
00:32Elle travaillait beaucoup, elle lisait beaucoup de livres,
00:37elle faisait des tableaux, même des fois elle tricotait.
00:42Soukaina était ma mère, c'est comme ma mère, c'est comme ma sœur.
00:49Soukaina s'occupait de mes papiers.
00:54C'est elle qui est derrière sa sœur.
00:57Elle était tout pour nous.
01:02Alors, le 10 septembre, c'était un soir,
01:09et Soukaina c'était un jour de congé, moi aussi c'était le jour de mon congé,
01:13elle s'est levée tard.
01:16Elle a pris son café, elle écoutait un peu la musique.
01:22Après elle est sortie de sa chambre,
01:25elle a mis sa casserole, elle voulait faire ses pâtes.
01:29Elle est passée devant moi, elle me disait « Coucou maman ».
01:33Elle est rentrée, après on entendait des tirs de kalachnikov.
01:40Moi je croyais que c'était des pétards, on est allé à la fenêtre.
01:44On n'a rien vu parce qu'il y avait des arbres, on n'a rien vu.
01:49Après j'ai dit à ma fille « La petite ferme-toi parce que ça fait peur ».
01:56Et après la petite est allée toquer dans la porte de la chambre de Soukaina
02:04pour récupérer le chargeur.
02:08J'ai entendu des cris, ma fille a poussé des cris.
02:13Je suis allée voir.
02:17J'ai trouvé ma fille dans un mar de sang.
02:23Le sang qui coulait de partout.
02:28Je n'ai rien compris.
02:32La balle...
02:37C'est très compliqué.
02:41Ce que vous nous racontez est absolument bouleversant.
02:44On pense évidemment tous ici à votre fille.
02:47J'ai tourné ma fille, il n'y a plus de joues, il n'y a plus de dents, il n'y a plus rien.
02:53Ils lui ont démonté la tête avec une balle.
02:58Après l'arrivée des pompiers, elle a été transportée à l'hôpital.
03:05Jusqu'à 6 heures du matin j'attendais la réponse.
03:10Le médecin m'a dit qu'on ne pouvait rien faire pour ma fille.
03:16La balle est montée dans sa tête, elle lui a détruit le cerveau.
03:25Soukaina est décédée le 12 septembre à l'hôpital.
03:32Je me demande ce qu'on a fait.
03:37Qu'est-ce qu'elle a fait la pauvre ?
03:40Elle est partie tôt.
03:43Je n'ai rien compris jusqu'à maintenant.
03:47Pourquoi ma fille est partie ?
03:50Elle est partie trop tôt, il m'a laissée toute seule.
03:53Si on vous donne la parole ce soir, on est tous bouleversés par ce qu'on entend ici.
03:59Ce qui s'est passé dans le cadre d'un règlement de comptes d'un trafic de drogue
04:03montre aussi la situation là où vous habitiez, à Marseille,
04:07la situation dans un certain nombre de quartiers.
04:09C'est ce qui va nous permettre d'ouvrir cette discussion sur la question de la sécurité.
04:13Je vous remercie encore une fois.
04:15C'est un moment suspendu et on voit à quel point la vie s'est arrêtée.
04:19Vous êtes meurtrie par le chagrin.
04:22Est-ce que malgré tout, vous ressentez aussi de la colère ?
04:27Vous n'avez même pas la force d'être en colère.
04:30Qu'est-ce que vous avez envie de dire ?
04:32Je n'ai plus de force.
04:35Je n'ai plus envie de continuer dans cette vie.
04:38Mais il y a ma fille, la petite.
04:41Où je vais la laisser ? Je n'ai plus de goût.
04:45Je n'ai plus rien.
04:47Je n'ai rien compris de ce qui s'est passé.
04:50Des kalachnikovs, des mineurs.
04:53C'est un mineur qui a tué ma fille.
04:55Quand il a tué Sokaïna, il n'avait que 15 ans.
04:59Et Laila, vous avez à votre gauche, Aurore Berger, ministre du gouvernement.
05:03À votre droite, Jean-Philippe Tanguy, membre du Rassemblement national.
05:06Et en face de vous, Fabien Roussel.
05:08Je sais à quel point c'est difficile.
05:11Est-ce que vous avez des questions à leur poser sur ce sujet de la sécurité ?
05:17Est-ce qu'il vous est arrivé ?
05:19Il n'y a pas de sécurité.
05:20Je n'ai plus confiance.
05:22En plus, je n'ai jamais su qu'on vivait dans des cartons.
05:25C'est une balle qui a percé le mur.
05:32Peut-être Aurore Berger sur ce sujet, ministre du gouvernement ?
05:37Désolée, c'est très dur en fait.
05:39Des mineurs qui se retrouvent avec des kalachnikovs.
05:42Des mineurs qui rentrent dans les quartiers.
05:45Raffaler les quartiers, à gauche, à droite.
05:48Je ne comprends pas.
05:50La présence des armes de guerre.
05:52Ma fille s'est fait tuer avec une arme de guerre.
05:55Un kalachnikov.
05:59Est-ce que la France est en guerre ?
06:01On ne le savait pas.
06:02Est-ce qu'il y a eu une guerre ?
06:05Mais s'il y a eu une guerre, c'est qui contre qui ?
06:08On est des citoyens, on n'a rien fait.
06:11Avant, c'était entre eux.
06:13Mais non.
06:14Qu'est-ce qu'on a fait ?
06:16Rien.
06:17Est-ce que ma fille mérite de partir ?
06:19A 24 ans, une étudiante.
06:22Je passe mes journées à la cimetière.
06:24Parler quoi ? Parler avec une pierre ?
06:27Ma fille était toute la journée avec moi.
06:29Elle ne sortait même pas.
06:30Ça fait 15 ans que j'habite dans ce quartier.
06:32Personne ne connaissait ma fille.
06:34Personne.
06:35Elle était une fille très discrète.
06:37On vivait en cachette.
06:38Moi, je travaillais toute la journée.
06:40Ma fille était à la fac.
06:44La petite, elle est au collège.
06:47On faisait notre activité.
06:49On voyageait.
06:52On était une famille heureuse.

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