Jean-Luc Pignol, président de l’Interprofession des appellations cidricoles, dresse un bilan très positif de la santé économique du Calvados. Le célèbre digestif normand rayonne à l’international.
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00:00 8h16, bienvenue si vous voulez rejoindre nous sur France Bleu et France 3 Normandie.
00:04 Notre invité ce matin Didier est Jean-Luc Pignol, président de l'Interprofession des Appellations Cédricoles
00:09 et directeur commercial des distilleries Bunel et Perrault.
00:13 Bonjour Jean-Luc Pignol, bienvenue.
00:15 Bonjour à vous deux.
00:16 Vous avez récemment été réélu président de l'Interprofession des Appellations Cédricoles.
00:21 Ce matin sur France Bleu, Normandie, on a choisi de faire un zoom sur le calvado,
00:26 il fait partie de notre patrimoine. Est-ce que la filière se porte bien en 2023 ?
00:31 Ça va plutôt bien puisque nous avons enregistré sur l'an dernier des progressions de plus de 5%
00:38 que ce soit sur le calvados, le pommeau ou le cidre.
00:41 Actuellement sur un cumul moyen mobile, annuel mobile, on est toujours en positif
00:46 même si les ventes déclinent un petit peu parce que évidemment le calvados n'est pas nécessairement
00:52 un produit de première nécessité, en tous les cas pas pour tout le monde.
00:54 Vous faites allusion à l'inflation, effectivement. Les calvados premier prix sont à combien ?
00:59 À combien ?
01:00 D'euros.
01:01 En prix, ça varie entre 14 et 15 euros, mais le calvados premier prix n'existe pas en théorie
01:08 parce que c'est un produit AOP, AOC et le premier prix n'est certainement que dans...
01:15 Alors on dirait le moins cher.
01:16 Le moins cher, oui.
01:17 Effectivement.
01:18 Le calvados s'exporte de plus en plus, quels sont les marchés comme ça
01:23 qui prennent vraiment goût au calvados ?
01:26 Alors historiquement, c'est l'Allemagne qui est le premier pays importateur de calvados
01:33 et les Etats-Unis viennent d'arriver numéro 2, ils étaient un an, il y a un an, ils sont à quatrième
01:38 et il y a un très gros augment du calvados aux Etats-Unis, qui est un nouveau produit chez eux
01:43 et qui fait +170% sur un an.
01:46 170% !
01:48 Oui, +170% c'est impressionnant.
01:49 Ça va faire rêver tous les chefs d'entreprise d'entendre une telle augmentation.
01:51 Comment on explique ce succès ?
01:53 C'est un effet de mode ou alors ça suit une stratégie d'exportation des producteurs ?
01:58 Alors en tout cas, il y a plusieurs facteurs.
02:00 Le premier facteur, c'est que depuis de nombreuses années, le produit s'améliore en qualité
02:07 et les jeunes producteurs qui reprennent des exploitations familiales ou historiques
02:12 n'ont pas peur de voyager, n'ont pas peur de revendiquer leurs produits en dehors des frontières
02:17 et il y a une volonté de l'interprofession à les soutenir et à les accompagner.
02:21 Ce n'est pas l'interprofession qui fait le travail, ce sont les producteurs.
02:24 Est-ce que des pays asiatiques s'intéressent à nos alcools ou alors est-ce que ce sont des marchés à conquérir ?
02:29 Alors paradoxalement, les pays asiatiques étaient des pays qui étaient très importateurs de Calvados il y a quelques années.
02:37 On remarque une légère inflexion depuis 2 ans,
02:40 mais c'est l'Amérique du Nord qui tire sur les produits
02:44 et aussi les pays d'Europe du Sud
02:49 qui sont l'Italie et l'Espagne qui commencent à venir sur nos produits.
02:53 Alors on voyage beaucoup dans tous ces pays, mais les Normands, ils aiment toujours leur Calvados ?
02:58 Les Normands, ils aiment tous leurs produits, mais ils ont du mal à revendiquer
03:01 et à se rendre compte que le produit Calvados, c'est le produit qui est fait dans la distillerie à côté de chez soi,
03:06 qui crée de l'emploi, qui permet d'avoir des pommiers pour abriter les vaches,
03:09 qui crée le paysage normand et les Normands ont du mal à...
03:15 Mais ils ne l'achètent plus le Calvados ?
03:17 Non, c'est pas ça, c'est qu'en fait le Calvados, on a le souvenir du grand-père
03:20 au fond de la ferme qui offrait son Calvados gentiment avec le café
03:24 sur du mono-sépage, juste une pomme qui était prise sur une seule variété.
03:31 Aujourd'hui on travaille sur plusieurs variétés, on fait des mélanges comme dans le vin,
03:34 on fait des assemblages, donc on se souvient de ce produit qui pouvait brûler,
03:38 qui pouvait piquer, qui pouvait être très haut en degré.
03:40 Aujourd'hui tout est calibré sur du 40° comme du whisky, comme du rhum
03:44 et avec des assemblages qui font ce produit un produit agréable
03:48 et qui n'est pas un torboyau, qui ne brûle pas l'estomac.
03:50 Ça existe encore le Calvados torboyau, ça se fait encore dans les fermes ?
03:53 Moi je n'appelle pas Calvados, j'appelle ça Dagout.
03:56 Donc en tout cas ça existe toujours.
04:00 Quelles sont les perspectives ? On peut gagner encore des parts de marché ?
04:04 Il y a une très très grosse volonté, un très gros projet qui est en route
04:07 avec un projet 1144 qui est financé à 80% par l'Europe
04:13 et qui va permettre de communiquer sur trois ans sur les Etats-Unis,
04:17 qui est un marché porteur.
04:18 On a des actions avec les barmans, avec le Calva Club qui aura lieu en décembre à Honfleur
04:23 sur le thème de la coquille Saint-Jacques, avec les assemblages qui peuvent se faire.
04:26 Des campagnes d'affichage que vous pouvez voir ici, mais aussi dans le métro parisien
04:30 et dans les gares SNCF de Paris et principalement à Saint-Lazare.
04:35 Et puis des actions de tous les jours et une nouveauté, il y a aussi une volonté de la région
04:41 sur un plan qui est en train de se finaliser, j'espère qu'on finalisera bientôt,
04:45 sur la communication sur les produits sidériques en transversal, qu'elle soit d'appellation ou non.
04:51 Mais il ne faut surtout pas, là on parle Calvados, il ne faut pas oublier aussi que la Normandie
04:57 c'est aussi du pommeau, c'est aussi des cides, c'est aussi des poirets.
04:59 Et il faut qu'on arrive à ce qu'un pays d'Auge, un Cotentin ou un poiret d'Omfront
05:04 soit considéré comme un champagne versus des crémants par exemple.
05:08 - Voilà, vous êtes parti à la conquête du monde, il faut aussi reconquérir les Normands, c'est ce qu'on retient.
05:12 - Exactement.
05:13 - Pignol, président de l'interprofession des appellations, Cédric Holla, invité ce matin à France Bleu France 3.
05:18 Bonne journée. - Merci à vous, moi aussi.
05:20 - Merci, 8h21, notre invité bien sûr à retrouver en podcast, notamment sur votre application, ici sur votre smartphone.