Julie Hélénon dénonce la pilophobie et les remarques faites aux femmes sur leurs poils : "Aller chez le gynéco ne nécessite pas de venir épilée"
Le livre "L'Égalité à quelques poils près", écrit par le collectif Liberté, Pilosité, Sororité et publié aux éditions Leduc, est disponible en librairie.
Le livre "L'Égalité à quelques poils près", écrit par le collectif Liberté, Pilosité, Sororité et publié aux éditions Leduc, est disponible en librairie.
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00:00 Je suis allée voir une gynécologue et là elle pousse hein !
00:03 Vous êtes venu non épiler ?
00:06 Il y a énormément de femmes et de filles qui vont au cours de leur vie être confrontées à des remarques pilophobes.
00:11 Faut vraiment arrêter avec ça.
00:12 Voici quelques témoignages qu'on a reçus sur le compte Paye ton poil.
00:16 J'étais hyper précoce à l'école primaire. J'avais déjà quelques poils sous les aisselles.
00:19 Une fille l'a vue et m'a appelée poil de rat. Cela m'a traumatisée.
00:22 C'est pour ça que j'ai commencé à m'épiler dès l'âge de 9 ans.
00:25 Ça va être des commentaires du genre "chewbacca" ou genre "petit singe".
00:29 Il y a beaucoup de témoignages sur la pilophobie au sein du foyer familial qui sont assez violents.
00:34 On m'a offert une épilation pour mon anniversaire sous prétexte que mes poils comme ça ce n'était plus possible.
00:39 L'autre jour il faisait super chaud et on était sur la terrasse avec mes parents.
00:41 Mon père torse nu bien sûr. Je suis en débardeur et je m'étire et là il voit le pauvre centimètre de poil que j'ai.
00:48 Il me dit "ça va t'es à l'aise ? C'est dégueu chez une fille. Arrête de montrer ça ou je vais te tondre."
00:52 C'est vrai qu'il y a un lieu quand on arrête de s'épiler auquel on pense pas souvent, c'est le milieu professionnel.
00:57 Moi j'ai déjà été confrontée à ça. Je travaillais dans un secteur professionnel très masculin.
01:02 Je commençais tout juste à ne plus m'épiler et en fait un jour j'ai été prise de folie.
01:07 Je me suis dit "bon tu vas mettre une jupe et tu vas aller au travail".
01:09 Dès que je suis arrivée à la machine à café ça a été silence radio.
01:12 Tout le monde avait les yeux rivés sur mes poils. J'ai eu trop honte pour prendre mon petit thé avec moi.
01:17 Je suis direct repartie cacher mes jambes sous mon bureau.
01:20 Maintenant ça va mieux. Par exemple j'ai mon monosourcil tous les jours sur le visage.
01:25 Mes poils d'aisselle je les assume complètement.
01:28 Dans le milieu médical on a très souvent le droit à des remarques également sur nos pilosités.
01:33 J'ai des poils qui commencent à pousser sur mon menton.
01:35 La dermatologue m'a indiqué qu'il fallait je cite "agir de manière urgente avant que cela ne s'aggrave".
01:40 Une fois je suis allée consulter une gynéco sans être épilée, que ma mère consulte aussi.
01:44 Cette gynéco a fait des remarques sur ma pilosité à ma mère.
01:47 Depuis j'évite les consultations médicales sans épilation préalable.
01:50 La première fois que je suis allée voir une gynécologue, j'écarte les jambes et là elle pousse.
01:55 Et moi je suis crispée, je me dis "bon ça y est elle a vu quelque chose, je suis malade etc."
02:00 Et elle me fait "ah mais vous êtes devenue non épilée ?"
02:04 Aller voir un médecin généraliste ne nécessite pas de devenir épilée.
02:08 Aller chez le gynéco ne nécessite pas d'aller épiler.
02:11 Aller chez l'ostéopathe ne nécessite pas d'être épilée.
02:16 Un témoignage pour illustrer le fait que ça s'infiltre jusqu'à notre sphère privée.
02:21 "Si tu as des poils, faut pas t'étonner que je descende pas en bas."
02:24 Cette phrase prononcée par mon ex, sachant que je préfère esthétiquement,
02:27 mais aussi que je laissais pousser pour des raisons de santé,
02:30 suite à un dérèglement de la flore et à des douleurs et inconforts pendant les rapports.
02:34 Il était évidemment au courant de tout ça et de mon mal-être.
02:37 Ça peut être expliqué en partie par le fait qu'il y a l'influence des films porno, de la pornographie.
02:43 Dans le cas des hommes, souvent, ils commencent à regarder du porno jeune.
02:48 Et donc du coup, dans leur esprit, une femme, ça n'a pas de poils.
02:51 C'est vrai que l'exemple typique qui démontre bien qu'on s'épile pour les autres
02:55 parce qu'on a peur du regard des autres, c'est la piscine en fait.
02:58 Il faut penser aux jambes, il faut penser aux aisselles, il faut penser aux maillots.
03:02 J'ai commencé à avoir des poils sous les bras et aux maillots à l'âge de 9 ans.
03:06 Je prenais des cours de natation et de sauvetage et ça me plaisait beaucoup.
03:09 Puis, à l'âge de 10 ans, mon professeur a commencé à me surnommer "l'ours".
03:12 Je me suis donc épilée à la cire intégralement de mes 10 à mes 14 ans,
03:17 à en pleurer quand le sujet était abordé.
03:19 J'ai arrêté de m'épiler à 19 ans, à la période du premier confinement.
03:22 Je considère que j'ai eu plutôt de la chance parce que ma famille est complètement ok.
03:26 Ma mère me raconte souvent que "J'ai croisé une fille qui n'était pas épilée dans le centre commercial, j'ai pensé à toi."
03:32 Ou encore ma petite amie qui m'a dit "Il n'y a pas si longtemps, grâce à toi, j'ai un rapport beaucoup plus décomplexé avec mes poils."
03:39 Et ça, c'est vraiment le plus beau compliment qu'elle pouvait me faire.
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