"Gérez mieux vos stocks:" l'appel des parents de Lenny, handicapé et touché par une pénurie de médicament, au laboratoire Novo Nordisk

  • l’année dernière
Susie et Jerry étaient en direct dans Première Edition, pour évoquer le cas de leur fils touché par une pénurie de médicaments.

Category

🗞
News
Transcript
00:00 ...
00:03 -Avec nous le Dr Jean-Pierre Thierry,
00:05 médecin et consultant à BFM TV.
00:07 Bonjour, docteur. Merci d'être avec nous.
00:09 Géry et Suzy Chaudet sont aussi avec nous.
00:12 Bonjour à tous les deux.
00:13 C'est un cri d'alarme que vous vouliez lancer
00:15 ce matin dans "Première édition" sur BFM TV.
00:18 Vous êtes les parents de Léni.
00:20 Léni, il a 13 ans et il est touché par une maladie génétique.
00:24 Est-ce que vous voulez nous dire d'abord quelle est cette maladie ?
00:27 -Oui, bonjour. Il a un syndrome de Noonan.
00:30 -Quels sont les symptômes de cette maladie ?
00:34 -Euh...
00:36 Il a un faciès particulier,
00:38 des retards d'apprentissage et de croissance
00:41 et beaucoup de surveillance suite à beaucoup de risques.
00:45 -C'est un syndrome qui touche beaucoup d'enfants ?
00:48 -Euh...
00:49 Un sur 2000 ou 2500, je crois.
00:52 -Donc, ce n'est pas rien. -C'est ça.
00:54 -Et voilà. Donc, il y a un médicament
00:57 que Léni prend régulièrement.
00:59 Sauf que ce médicament, il est en rupture de stock, c'est ça ?
01:02 -Effectivement.
01:04 -Depuis combien de temps ?
01:06 -Alors, nous, on a du mal à l'avoir depuis...
01:09 La dernière dose a été donnée le 23 août.
01:12 -Il faudrait qu'il prenne ce médicament tous les combien ?
01:15 -Tous les soirs. -Ah, tous les soirs.
01:18 -C'est un médicament qui lui fait quoi ?
01:20 -Qui l'aide à grandir.
01:23 Son corps ne fabrique pas assez d'hormones de croissance,
01:27 donc on lui en apporte synthétiquement.
01:29 -Et donc, du jour au lendemain...
01:31 Du jour au lendemain, vous avez découvert,
01:33 vous avez appris que ce médicament n'était plus disponible.
01:37 -Voilà, rupture de stock.
01:39 -Rupture de stock.
01:40 Et il y a moyen de compenser l'absence de ce médicament ?
01:44 -Non, parce que dans le syndrome de Noonan
01:46 ou le syndrome de Turner,
01:48 c'est le seul médicament qui a été approuvé.
01:51 -Mais c'est un médicament qui n'est pas produit, je crois,
01:55 par un petit labo, n'est-ce pas ?
01:57 -Non, je crois que c'est un très gros labo.
02:01 Je crois qu'il est dans les 10 labos mondiaux,
02:04 s'il me souvient pas. -Docteur ?
02:06 C'est quel labo ?
02:08 -Oui, c'est Novo Nordi, c'est un laboratoire danois.
02:10 Alors, effectivement, c'est pas un petit laboratoire
02:13 car sa capitalisation boursière vient de passer devant celle de LVMH.
02:17 -Et comment expliquer cette rupture de stock ?
02:20 -En cas particulier, il y a souvent des ruptures de stock
02:23 ou des pénuries sur des médicaments assez anciens,
02:26 et ça touche presque toutes les classes de médicaments,
02:29 y compris des anciens anticancéreux, qui restent indispensables.
02:32 Là, on est face à un médicament biologique,
02:35 et l'explication donnée par Novo Nordisk,
02:37 c'est un problème de fabrication, pas obligatoirement du médicament,
02:41 mais du stylo-injecteur indissociable pour l'utilisation du médicament.
02:45 -C'est moins le principe actif que ce qui permet de l'administrer ?
02:49 -Oui, ça peut sans doute être le stylo-injecteur,
02:52 sachant que Novo Nordisk utilise énormément de stylo-injecteurs
02:55 dans le diabète, dans certaines hormones,
02:58 mais aussi pour le médicament vedette qui va arriver,
03:01 pour l'obésité.
03:03 Et donc, quelquefois, ils prennent des décisions stratégiques
03:06 de changer d'usine, de production, etc.
03:08 -C'est prévisible, tout ça, docteur ?
03:10 -Oui. Vous savez, les pénuries,
03:12 ça devient une urgence de santé publique.
03:15 Il y a beaucoup de causes.
03:16 Une des causes, c'est les capacités de production.
03:19 Si il y a très peu d'usines dans le monde,
03:22 ça peut être une catastrophe naturelle,
03:24 des problèmes de qualité.
03:25 Là, c'est pas le cas.
03:27 Et ça peut être la stratégie des entreprises,
03:29 notamment pour les anciens médicaments,
03:32 si elles considèrent qu'ils sont mal rémunérés.
03:34 -Le médicament que prend Léni est injecté par un stylo-injecteur
03:38 qui sert aussi à injecter un antidiabétique, l'ozempic ?
03:42 -Non, ils sont spécifiques, en fait.
03:44 Ils sont adaptés à chaque médicament.
03:47 Mais on peut se poser la question
03:49 de la capacité à produire ces stylos dans le temps,
03:52 sachant que les entreprises, elles peuvent se mobiliser
03:55 pour ce qui est de plus rentable.
03:57 -Vous êtes en train de dire que Léni, c'est pas rentable ?
04:01 -Je pense que c'est rentable.
04:02 D'abord, parce que c'est indépendant du prix.
04:05 Il y a une pénurie, car les médicaments ne sont pas chers.
04:08 Les Américains sont en pénurie de ce médicament
04:11 dans la même indication.
04:13 Par contre, ce qui est étonnant,
04:15 c'est que l'entreprise avait dit, face à sa pénurie,
04:18 à sa difficulté de production,
04:20 que ce soit le stylo ou le médicament,
04:22 qu'elle avait dit comme l'AMMS qui a été dit par la famille,
04:26 comme l'autorisation de mise sur le marché
04:28 dans le syndrome de Noonan est spécifique,
04:31 que l'entreprise s'était engagée, même en cas de pénurie,
04:34 à fournir prioritairement les enfants traités pour ce syndrome.
04:38 C'est étonnant que Nouveau Nord 10 France
04:41 ne vous ait pas mis à disposition, même à travers la pharmacie.
04:44 Vous avez sollicité ?
04:46 -Oui. -Oui, bien sûr.
04:47 -On a appelé le labo.
04:49 On nous a juste dit, "Rupture de stock,
04:51 "on sait pas quand ça reprend."
04:53 Je trouve que c'est un peu léger.
04:55 C'est vrai que ce n'est pas un médicament vital,
04:58 mais comme pour nous, notre fils, dans sa maladie,
05:02 il supporte vraiment tout.
05:04 La seule chose qui lui tient à coeur,
05:06 c'est quand même d'arriver à une taille à peu près dans la norme.
05:10 Quand il me dit pourquoi j'ai plus mon traitement,
05:13 ce qui m'agace, c'est de lui répondre, "Je ne sais pas."
05:16 C'est un gros labo.
05:18 Juste, apparemment, pour une histoire de plastique,
05:21 puisque le stylo est en plastique,
05:23 les stylos, on les ramène à la pharmacie.
05:25 Après, il y a forcément un moyen de recycler.
05:28 C'est pas normal qu'on ne puisse pas injecter
05:31 l'hormone de croissance à notre enfant.
05:33 Pareil pour les autres parents qui ont des enfants
05:36 Noona ou Turner, pour une histoire de contenant.
05:39 -Comment ils vivent ça, Lénie ?
05:42 -Pas très bien, parce que...
05:45 Actuellement, il fait 1,44 m pour 13 ans.
05:49 Donc, il prenait quand même...
05:54 Il a commencé le traitement en janvier, il faisait 1,38 m.
05:58 Aujourd'hui, on est en septembre,
06:00 on l'a mesuré début septembre, il fait 1,44 m.
06:02 Donc, ça fonctionne.
06:04 Le problème, c'est que l'arrêt du traitement,
06:06 on ne sait pas l'effet que ça va avoir.
06:09 C'est des centimètres qu'il ne récupérera pas.
06:11 -L'hiver sera compliqué.
06:13 L'hiver sera compliqué,
06:14 c'est ce qu'avait dit l'ancien ministre de la Santé.
06:17 Il y a un plan du gouvernement pour lutter contre ces situations
06:21 insupportables à entendre.
06:23 -On parle presque d'urgence sanitaire.
06:25 Il y a des plans depuis assez longtemps,
06:27 puisque ça existe depuis 2010, mais ça augmente.
06:30 Donc, il y a des plans,
06:32 on voit qu'ils ont commencé à être appliqués.
06:34 On parle de pénalités appliquées aux entreprises,
06:37 mais pour l'instant, les amendes sont faibles.
06:40 On parle de relocalisation industrielle.
06:42 C'est vrai au niveau français,
06:44 mais ce sera surtout vrai au niveau européen.
06:47 Il y a 14 000 médicaments, donc on ne va pas tout relocaliser.
06:50 Et puis, globalement, il y a une opacité
06:53 sur le fonctionnement de ce marché, y compris sur la logistique.
06:56 Il peut y avoir des exportations parallèles,
06:59 on ne sait pas où sont les stocks.
07:01 Il y a eu un déficit de régulation.
07:03 Quelquefois, c'est vrai que les médicaments très anciens
07:06 sont pas assez rentables,
07:08 il faudra améliorer la régulation du médicament.
07:11 Il y a un rapport sénatorial, une grosse mobilisation,
07:14 et les familles sont très mobilisées.
07:16 -Gérie et Suzy, familles mobilisées.
07:18 Imaginez que, je sais pas, un dirigeant de Novo Nordisk
07:22 est en train de nous regarder.
07:23 Dites-lui quelque chose.
07:25 -Bah, j'irai mieux vos stocks,
07:28 et sachant qu'il y a déjà eu une pénurie en octobre 2022,
07:32 on va pas avoir une pénurie tous les ans.
07:35 C'est pas un médicament vital,
07:37 mais qui est important.
07:38 C'est des enfants déjà en situation de handicap
07:41 qui subissent beaucoup de choses, leur famille aussi,
07:44 parce que c'est très lourd.
07:46 Si, nous, parents, on peut gérer un stock de médicaments
07:49 pour notre enfant,
07:50 une multinationale peut le faire aussi.
07:53 Sinon, venez chez nous, on vous donnera des conseils.
07:56 -Bravo.
07:57 -Bon courage. On embrasse très fort Lénie.
08:00 -Merci.
08:01 -Merci d'avoir été avec nous.
08:03 -Tenez-nous au courant de l'évolution de la situation.
08:07 Merci infiniment.

Recommandée