SIMONE - COMIK OUT : Sophie Belvisi

  • l’année dernière
Transcript
00:00 Salut Simone, je m'appelle Sophie, je suis comédienne
00:02 et je suis ce qu'on appelle une jeune aidante familiale
00:05 pour ma maman qui a une maladie apparentée à Alzheimer.
00:07 [soupir]
00:08 Alors oui, nous les aidants familiaux, on est un peu champions olympiques en apnée.
00:12 Rendez-vous l'année prochaine Paris, tremble !
00:14 Être l'aidante familiale de son parent,
00:16 ou de n'importe quelle autre personne de sa famille d'ailleurs,
00:18 c'est pas uniquement faire à manger à son parent,
00:21 donc commandé chez Uber Eats pour ma part,
00:23 et lui donner la becquette en mode hôtesse d'Air France.
00:26 Tuuuuut !
00:28 Ladies and gentlemen, votre avion est bien arrivé à Boca Boca,
00:31 où la température est super high, ouh !
00:33 Et tcham et la poule partout !
00:35 Note aux parents qui regardent cette vidéo,
00:37 ne pas faire ça sur vos enfants, ça peut se retourner contre vous.
00:40 Non, être l'aidante de son parent, c'est également gérer tout ce qui est paperas,
00:43 charges administratives et mentales d'une personne qui a le double de ton âge,
00:47 de ta vie et de toutes les entourloupes que tu pourrais faire à la CAF.
00:50 On fait tout ça, arrêtez de juger.
00:51 Et pour tous ceux qui auraient la phobie de cliquer sur le bouton "OK"
00:55 pour valider la déclaration d'impôt au mois de mai,
00:57 accrochez-vous, la suite est pire.
00:59 Comment vous dire que moi, à 20 ans, je gérais les comptes bancaires de ma mère ?
01:02 Sauf qu'à 20 ans, on fait quoi normalement ?
01:04 Bah pour moi, c'était les premières grandes histoires d'amour.
01:06 Eh bah, comptes bancaires, love story...
01:09 Bad match, les amis.
01:10 Allô, monsieur Dupuy ? Oui, je vous appelle parce que ma maman,
01:12 elle a une rente invalidité de 1 300 euros par mois.
01:15 Là, il y a la taxe foncière, taxe habitation, ça fait 2 500 euros le mois,
01:18 je sais pas trop comment je vais gérer.
01:20 Ah, on peut échelonner, nickel !
01:22 Salut ! Ouais, je suis bien rentrée.
01:25 Bah écoute, toi aussi, tu me plais, j'aimerais qu'on aille plus loin
01:28 et que je te présente ma mère.
01:30 C'est un peu rapide, on pourrait pas échelonner ?
01:33 Et moi, je pense que quand on devient l'aidant de son parent,
01:36 quelque part, on devient une sorte d'aidant permanent.
01:38 Par exemple, moi, quand je vais en soirée,
01:40 je deviens l'aidant de tout le monde, alors que personne m'a rien demandé.
01:43 Tiens, je t'ai ramené un petit verre, t'en avais déjà un ?
01:45 Bah écoute, au moins, comme ça, t'en as un d'avance, je suis prévoyante.
01:48 Par contre, juste, t'as un petit truc, là, voilà, comme ça, on t'a enlevé.
01:50 Tu vas aux toilettes ? Bah écoute, je t'accompagne, je te tiens à la porte.
01:53 Tu me dis si tu veux que je te tienne les cheveux, hein ?
01:56 Et je pense, en soi, on est tous l'aidant de quelqu'un, quelque part.
01:58 Quelqu'un qui souffre de dépression, bipolarité,
02:01 de tendance à mettre de la crème dans la pasta carbonara.
02:04 Je vous vois, la France.
02:05 Et ma maman, elle a une maladie apparentée à Alzheimer.
02:08 Mais Alzheimer, qu'est-ce que c'est ?
02:10 Diapositive.
02:11 Non, je déconne, y a pas de budget.
02:13 Mais pour le commandé mortel,
02:15 Alzheimer, ce serait une maladie de vieux à travers laquelle on oublie des trucs.
02:18 Comme si toutes les personnes atteintes de ce mal avaient écouté le podcast de Larousseau.
02:22 Tu oublieras tous ces jours, tous ces gens,
02:25 le prénom de tes enfants,
02:28 mâcher avec tes dents, parce que t'en as plus vraiment.
02:31 Tu oublieras, tu m'oublieras.
02:34 Et on le sait qu'en soi, Alzheimer, c'est beaucoup plus complexe que ça.
02:37 On peut observer d'ailleurs, chez les personnes atteintes de cette maladie,
02:40 une sorte de déconnexion par rapport à la réalité.
02:42 Genre t'es là, mais t'es pas là.
02:45 Ah bah t'as l'air, y a un début.
02:47 Et ma maman, plus précisément, elle a ce qu'on appelle le syndrome de Benson,
02:51 qui la touche depuis qu'elle a 49 ans.
02:53 Et moi y a un truc qui m'attriste dans tout ça, c'est...
02:57 Le mec Benson, il a associé son nom à une maladie liée à l'oubli.
03:02 Non mais pourquoi il lui a pas donné le nom d'un truc qu'on voudrait tous oublier ?
03:04 Je sais pas, moi genre... Zemmour, les endives...
03:08 Non, personne n'aime ça.
03:10 La Reine des Neiges.
03:12 Non mais le pire, c'est que ça marcherait, ce serait hyper vendeur.
03:14 Le syndrome de la Reine des Neiges, ça congèle le cerveau et ça libère des pensées de merde.
03:19 Libérée, téléphrée, je ne me souviendrai plus jamais.
03:24 En parler avec humour, pour moi, c'est une manière d'en parler au plus grand nombre
03:28 et surtout de décomplexer un sujet qui est encore trop tabou.
03:31 Et croyez-moi, on peut rire de ce qui nous fait mal.
03:33 Ça nous rend pas toujours plus fort, mais au moins on en parle et on reste pas déca-isolé.
03:37 De toute façon, on en sortira pas vivant.
03:40 Mais l'avantage, c'est que là, on l'est.
03:42 Alors soyons-le vraiment.
03:43 Merci Simone !
03:45 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
03:48 [SILENCE]