Charles III au Sénat: le discours de Yael Braun Pivet

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Ce jeudi 21 septembre le roi Charles III poursuit sa visite en France et prononce un discours devant les parlementaires français. La présidente de l'Assemblée nationale a rendu hommage à l'amitié franco-britannique  Pour suivre toute l'actualité politique et parlementaire, abonnez-vous à notre chaîne YouTube : https://www.youtube.com/user/publicsenat?sub_confirmation=1   Notre site internet : http://www.publicsenat.fr   Abonnez-vous à notre newsletter : https://urlz.fr/iinC    Suivez-nous sur les réseaux sociaux Facebook : https://www.facebook.com/publicsenat Twitter : https://twitter.com/publicsenat Instagram : https://instagram.com/publicsenat LinkedIn : https://www.linkedin.com/company/2996809/

Transcript

00:00 le président du Sénat,

00:02 mesdames et messieurs les ministres,

00:04 mesdames et messieurs les sénateurs,

00:07 mesdames et messieurs les députés,

00:11 mesdames et messieurs.

00:12 Pour que la présidente de l'Assemblée nationale

00:17 prenne la parole dans l'hémicycle du Sénat,

00:20 il faut un grand événement.

00:23 Et c'est, en effet, un moment historique

00:28 que nous vivons et un grand honneur que vous nous faites,

00:32 votre Majesté, qui connaît bien la France,

00:36 mais qui y vient pour la 1re fois en tant que souverain

00:39 du Royaume-Uni, de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord.

00:43 Cette visite se devait de comporter une dimension parlementaire,

00:48 car il faut le reconnaître,

00:51 si le Royaume-Uni réclamait des royalties sur l'idée du Parlement,

00:56 toutes les démocraties du monde lui seraient redevables.

01:00 En France, dès le siècle des Lumières,

01:04 le partage du pouvoir entre exécutifs et législatifs

01:08 fait l'admiration des esprits éclairés.

01:11 Si Montesquieu théorise la séparation des pouvoirs,

01:16 il en observe la pratique de l'autre côté de la Manche.

01:21 Et c'est aussi à Londres que Voltaire

01:24 puise l'inspiration de ses lettres anglaises.

01:27 Mirabeau, quant à lui, plusieurs fois victime de l'arbitraire royal,

01:33 vénère tout particulièrement l'abeas corpus britannique.

01:37 Et c'est donc sous le titre d'"Observation d'un voyageur anglais"

01:42 qu'il publie sa critique des prisons d'État françaises.

01:46 Dans ce livre, il crédite nos voisins, vos sujets,

01:52 d'un plus grand respect des droits de l'homme

01:54 que cette nation a si glorieusement appris.

01:58 Allusion évidente à la "Glorious Revolution" de 1688.

02:04 Lui-même publie son pamphlet un siècle plus tard, en 1788.

02:10 Et si l'année suivante, la volonté...

02:13 Le même Mirabeau défie le roi du France

02:16 en lui opposant la volonté du peuple incarné

02:19 par la 1re Assemblée nationale,

02:21 c'est tout simplement qu'il veut acclimater en France

02:25 le modèle britannique de monarchie constitutionnelle.

02:29 Finalement, ce sont presque les Anglais

02:32 qui effirent la Révolution française.

02:36 La famille régnante n'était pas d'accord

02:37 et la France évolua vers un autre système.

02:40 La République naît le 21 septembre,

02:43 il y a 231 ans, jour pour jour.

02:49 Ainsi ont toujours vécu nos 2 peuples,

02:51 s'observant, s'influençant,

02:55 longtemps rivaux, mais depuis plus d'un siècle,

02:59 toujours alliés pour défendre la démocratie

03:03 et les droits de l'homme.

03:06 Le calendrier mémoriel est là pour nous le rappeler.

03:09 L'année prochaine, en 2024,

03:12 nous célébrerons tout à la fois

03:14 les 120 ans de l'entente cordiale

03:17 et le 80e anniversaire du débarquement.

03:21 Nous nous reverrons donc, comme le chantait Véraline,

03:24 pour continuer de sceller ce pacte d'amitié

03:28 et ce long partenariat qui nous unit sur ce qui est essentiel.

03:33 Aujourd'hui, la guerre est revenue sur le sol européen.

03:38 Et dès lors que les valeurs les plus fondamentales

03:42 se trouvent menacées par un usage illégal

03:46 et illégitime de la force,

03:48 nos 2 pays se retrouvent une fois de plus du même côté,

03:54 celui du droit international et du respect des droits de l'homme.

03:59 2 membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies,

04:03 2 membres de l'OTAN,

04:05 2 démocraties d'influence capables de s'entendre,

04:09 cela compte dans un monde en proie

04:12 aux tentatives de déstabilisation et de désinformation.

04:16 Enfin, en tant que femme,

04:20 1re présidente d'une assemblée parlementaire française,

04:25 je voudrais saluer la mémoire de ces femmes

04:28 qui, plus tôt qu'en France,

04:31 ont su faire évoluer les mentalités

04:34 pour que soient reconnues les mêmes droits

04:36 aux 2 moitiés du genre humain.

04:39 J'aurais donc une pensée pour ces suffragettes anglaises

04:43 qui obtiennent gain de cause dès 1918.

04:46 Et je veux croire que c'est en observant les femmes britanniques,

04:50 leur engagement, leur civisme,

04:53 dans les épreuves de la guerre et du blitz

04:55 que le général de Gaulle signa l'ordonnance du 21 avril 1944,

05:01 qui rendit enfin les Françaises électrices et éligibles.

05:08 A Londres aussi, pendant la guerre,

05:10 un jeune Français qui avait rejoint la France libre

05:13 découvrit qu'on pouvait acheter en pharmacie

05:15 des produits anticonceptionnels

05:17 permettant aux femmes de contrôler leur natalité.

05:20 Il s'appelait Lucien Neuvirt,

05:23 futur député et futur sénateur,

05:26 qui obtiendra en 1967

05:29 la légalisation de la pilule en France.

05:32 Au moment où, dans le monde,

05:34 et jusque dans de grandes démocraties,

05:38 les droits des femmes sont remis en question

05:40 sur la base d'un discours nataliste agressif,

05:43 il est bon de rappeler cet épisode

05:45 qui est beaucoup plus qu'une anecdote.

05:49 La liberté ne se segmente pas.

05:52 On est libre ou on ne l'est pas.

05:55 Et nous voulons l'être dans toutes les dimensions de la vie.

05:59 Sire, nos deux démocraties continueront d'avancer ainsi

06:05 vers notre idéal commun de liberté

06:08 et de respect de la personne humaine.

06:11 Chacune à son pas,

06:13 chacune à sa manière,

06:15 mais toujours main dans la main

06:18 quand il faut être ferme.

06:21 Ainsi, je sais qu'ensemble, nous avancerons

06:23 et ferons avancer le monde

06:26 sur la préservation de l'environnement

06:28 et de la biodiversité,

06:30 cause pour laquelle nous avons votre investissement personnel

06:33 depuis votre jeunesse.

06:35 Sur cet enjeu majeur,

06:37 sur cette grande question du millénaire,

06:40 Marianne et Britannia resteront deux sœurs.

06:46 Comme le déclara Winston Churchill à la Chambre des communes,

06:50 le Tout-Puissant, dans son infinie sagesse,

06:53 n'a pas jugé bon de créer les Français à l'image des Anglais.

06:59 Et il disait aussi,

07:01 "La France et la Grande-Bretagne

07:03 "ont trouvé le chemin de la liberté par des voies bien différentes,

07:07 "mais tant qu'elles feront cause commune,

07:10 "il sera bien dangereux de les provoquer

07:13 "et bien difficile de les abattre."

07:17 Sire, il est impossible en quelques minutes

07:20 de résumer des siècles de voisinage et de partenariats multiples,

07:24 mais je sais que nous nous comprenons

07:26 pour continuer à faire ainsi cause commune.

07:30 Nos deux pays, qui se sont mis d'accord

07:32 pour restaurer et entretenir la tapisserie de Bayeux,

07:35 sauront donner une suite enthousiasmante

07:37 à cette première bande dessinée de l'histoire.

07:41 C'est tout le sens de votre visite.

07:43 Et c'est pourquoi je suis fière et heureuse de vous dire,

07:48 au nom de la représentation nationale,

07:51 bienvenue en France.

07:53 (Applaudissements)

07:59 (Générique)

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