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Le pape François se rend ce vendredi à Marseille pour une visite de deux jours, une première pour un pape depuis 1533. Il officiera ce samedi au stade Vélodrome pour une messe géante. François a déclaré venir "à Marseille et pas en France". 

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00:00 - Retour sur le plateau de première édition, il est tout petit peu plus de 8h27 pour comprendre pourquoi le pape François Marseille, pourquoi est un pape qui, disant les choses, divise un peu.
00:10 - Avec nous pour en parler Thierry Hubert, vous êtes le producteur de l'émission "Le jour du seigneur", vous êtes également frère dominicain.
00:21 Merci d'être avec nous ce matin dans première édition face à Ulysse Gosset, éditorialiste politique internationale à BFM TV.
00:28 Bonjour Ulysse. - Bonjour. - Et Alexis Pluyet à Marseille, correspondant de BFM TV. Alexis, le pape arrive cet après-midi, il a dit et répété ces derniers jours qu'il ne venait pas en France, il vient à Marseille.
00:41 Comment les Marseillais vivent-ils ce moment ?
00:45 - Écoutez, les Marseillais que nous avons rencontrés, ils sont honorés, bien sûr, que le pape ait choisi Marseille.
00:52 La dernière visite d'un pape à Marseille, c'était en 1533, donc vous imaginez, c'est une fois dans une vie, donc voilà, tous nous ont dit qu'ils étaient très honorés.
01:01 Ils sont fiers aussi que le pape ait choisi Marseille, cette ville cosmopolite, cette ville méditerranéenne.
01:08 Mais il faut aussi dire que certains se préparent à un week-end un petit peu galère sur le plan pratique parce que la ville va être quasiment bouclée, en tout cas ici, le secteur du Prado.
01:19 Et puis évidemment, le secteur de Notre-Dame-de-la-Garde puisque le pape va passer la nuit à l'archevêché au pied de Notre-Dame-de-la-Garde demain soir et donc évidemment, et ce soir.
01:29 Donc le quartier va être complètement bouclé et donc depuis hier, interdit de stationner.
01:34 Demain, ce sera interdit de circuler.
01:36 Donc les riverains doivent garer leur voiture parfois à plusieurs kilomètres de chez eux.
01:40 Donc voilà, ça va être très compliqué.
01:42 Beaucoup nous disaient soit ils vont rester chez eux, soit ils vont faire beaucoup de marche à pied dans Marseille ce week-end.
01:48 Bon, une fois tous les 500 ans, c'est quand même pas très grave.
01:50 Il y a 500 ans, il n'y avait pas de voiture.
01:52 Ulysse, je voudrais qu'on commence par cette notion.
01:55 François vient à Marseille, mais pas en France.
01:58 Il l'a dit, il l'a répété.
02:00 Pourquoi cette nuance ?
02:02 Le pape a déjà fait 42 voyages depuis qu'il est au Vatican.
02:06 C'était en 2013.
02:08 Ça fait 10 ans et jamais dans un grand pays, ni l'Espagne, ni l'Allemagne, ni la France.
02:12 Pourquoi ? Parce qu'il réserve les grands pays pour plus tard.
02:15 Il se concentre sur le reste du monde.
02:17 Même pas par Gentin, ne l'oubliez pas.
02:19 Pour plus tard, il faut aller vite quand même.
02:21 Oui, mais enfin il a dit que ce sera pour la fin.
02:23 Reviendra-t-il notamment pour, par exemple, la réinauguration de Notre-Dame ? On verra.
02:27 Mais en tout cas, sa priorité, ce sont les migrants.
02:30 Quand on lui demande pourquoi Marseille, pourquoi cette visite qui est destinée à l'origine, aux rencontres sur la Méditerranée,
02:36 il dit parce que la Méditerranée est devenue un cimetière, mais ce n'est pas le plus grand cimetière.
02:42 Le plus grand cimetière, c'est l'Afrique du Nord, et c'est la raison pour laquelle je viens à Marseille.
02:46 Et sa première grande activité aujourd'hui, ça va être un recueillement devant le mémorial aux marins disparus en mer et aux migrants.
02:55 Il y a un très joli titre ce matin dans Libération, ça s'appelle non pas "Je vous salue Marie", mais "Je vous salue migrants".
03:00 C'est sa priorité, et il faut savoir que dès son élection en 2013, il s'est rendu à Lampedusa.
03:05 Et là, il a dénoncé la mondialisation de l'indifférence.
03:09 Il avait raison dix ans avant la crise de Lampedusa qui nous frappe aujourd'hui.
03:13 On voit qu'il avait raison de s'inquiéter du drame des migrants.
03:17 Et c'est la raison pour laquelle il a choisi Marseille qui est une ville-monde.
03:20 Une ville où justement se croissent toutes les populations de la Méditerranée.
03:23 Pour faire passer des messages également à Thierry Hubert, pour dire à la France que peut-être sa politique microaptable n'est pas conforme à ce que lui aimerait.
03:30 Oui, alors on peut dire que je pense que le pape François, il situe son débat à un niveau de parole sur des principes.
03:37 C'est de se dire aujourd'hui dans un monde cosmopolite et Marseille renferme cette notion-là, comment aujourd'hui on va apprendre à vivre ensemble.
03:47 Et on peut dire que là-dessus il peut être clivant parce qu'il déplace les catholiques qui avaient l'habitude d'un petit monde, d'un entre-soi, un petit peu peut-être même qu'on pourrait dire fermé,
03:58 mais en tout cas d'un petit entre-soi, et il dit mais le monde n'est plus comme ça.
04:02 Et parce que moi je viens d'Amérique, mes parents étaient eux-mêmes immigrés, je vais vous dire que dans l'évangile il y a quelque chose qui peut nous rassembler au-delà même de nos croyances.
04:14 Donc il bouscule les catholiques, ils sont mal à l'aise avec ce discours les catholiques aujourd'hui ?
04:17 En tout cas ils sont déplacés.
04:19 Ça veut dire quoi déplacer ?
04:20 Déplacer c'est-à-dire qu'il vient changer notre point de vue.
04:24 Ils sont bousculés.
04:25 Ils nous bousculent quand on change de point de vue, on ne voit pas les choses de la même façon.
04:28 Et donc c'est exactement ce qu'il essaye de mettre en place depuis son pontifica, et c'est sûr qu'on peut dire qu'avec l'Empédousa 2013, un de ses premiers voyages,
04:38 il y avait quelque chose de prophétique, qu'aujourd'hui l'actualité dans une synchronicité un peu curieuse nous ramène dans cette petite île d'accueil,
04:50 et tout d'un coup on a une vieille Europe qui dit "ah mais 11 000 migrants, ça met en péril la sécurité européenne".
04:56 Comment va-t-on vivre ensemble ?
04:59 On peut dire que c'est un pape qui a son franc-parler, il est débonnaire, il est très populaire.
05:03 C'est un pape social.
05:04 C'est une superstar, souvenez-vous des JMJ, les Journées pour la jeunesse au Portugal,
05:08 1,5 million de personnes, dont 200 000 qui ont participé à une veillée avec le pape.
05:13 Aujourd'hui c'est superstar au vélodrome, enfin ça sera demain.
05:16 On voit que c'est un pape différent, très différent de son prédécesseur Benoît XVI,
05:20 et on dit même que c'est un pape révolutionnaire.
05:23 Ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'il veut changer l'Église, la réformer, donner par exemple plus de place aux femmes.
05:28 Il veut rendre l'Église plus ouverte.
05:30 Mais depuis 10 ans, est-ce qu'il a changé l'Église ?
05:32 Il va essayer et il y a en octobre prochain un synode qui est déjà très critiqué,
05:36 parce que c'est vrai qu'il divise, notamment chez les catholiques traditionnalistes,
05:39 qu'il lui reproche en particulier d'avoir fermé les yeux, notamment maintenant, sur le mariage pour tous.
05:46 Et donc c'est un pape qui bouscule effectivement.
05:49 Ce qui est intéressant dans cette visite qui est semi-officielle,
05:54 qui n'est pas une visite d'État, mais à laquelle participera de facto Emmanuel Macron,
05:59 qui va s'en tenir pendant une heure, une audience d'une heure avec le pape,
06:02 qui va assister à la messe.
06:03 La question d'ailleurs qui pourrait être posée c'est,
06:05 est-ce qu'un président doit ou pas assister à la messe du pape ?
06:08 Mais avec, je vous disais, il est débonnaire, il tutoie facilement.
06:12 Deux mots.
06:13 Et il tutoie le président.
06:14 Emmanuel Macron le tutoie, oui.
06:15 Est-ce qu'il va essayer de faire passer des messages politiques,
06:18 peut-être pendant la messe de demain ?
06:20 Alors c'est lui qui prononcera l'omélie, il ne préside pas la célébration,
06:24 maintenant il ne donne que l'omélie.
06:26 Et de toute façon, oui, c'est du politique au sens de la cité,
06:30 au sens de quels sont les principes qui vont nous permettre de vivre ensemble.
06:34 Et qu'on ne peut pas, il y a un devoir d'humanité,
06:38 à accueillir l'autre, quand bien même il est très différent,
06:42 par le simple fait qu'il soit un être humain.
06:45 C'est la clameur des pauvres qu'il disait déjà dans l'Odat aussi,
06:48 et qui, en plus, dans la Méditerranée, renferme aussi le défi écologique,
06:53 si bien que c'est sûr que Marseille est un laboratoire
06:56 de ce que le monde vit comme concentré de problématiques
07:02 qui menacent aussi bien la planète que les êtres humains.
07:05 Merci d'avoir été avec nous ce matin, à vivre sur BFM TV
07:10 tous les temps forts de cette visite papale et cette messe au Stade Vélodrome.
07:14 Il arrive à 16h15 aujourd'hui, au moment où le roi Charles s'envole pour la Grande-Bretagne.
07:19 Changement de paradigme.
07:21 Les avenus se croisent, non, ne se croiseront pas en l'occurrence.

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