• il y a 2 ans
Le fils de Coluche parcourt le routes de France à la rencontre des bénévoles et des bénéficiaires des Restos du cœur. A l'occasion de son passage dans la Loire, il est venu réagir à l'actualité de l'association et de celles et ceux qui s'engagent pour elle.

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Transcription
00:00 Il est 7h45, tout pile, l'heure de retrouver Romain Colucci, votre invité.
00:06 Il est l'administrateur des Restos du Coeur, David Valverde.
00:09 Exactement.
00:10 Comment ferait-on sans les Restos du Coeur ? Vous nous appelez maintenant pour nous donner
00:13 votre avis, glisser un mot à Romain Colucci, nous raconter aussi votre engagement de bénévole
00:18 ou votre réalité de bénéficiaire.
00:20 Bonjour Jacqueline.
00:21 Oui bonjour.
00:22 Vous êtes à Tartara et vous nous appelez ce matin forcément pour dire un petit mot
00:26 à Romain.
00:27 Vous avez été vous-même bénéficiaire des Restos il y a quelques années, c'est ça ?
00:31 Oui, c'est ça, j'ai été bénéficiaire, enfin ça date à loin, j'avais 10 ans.
00:37 Et c'est la première fois que j'allais aux Restos du Coeur.
00:41 Je les admire tous les bénévoles parce qu'il en faut absolument.
00:46 Et ce que j'admire aussi, c'est le donateur parce qu'il aide beaucoup de personnes.
00:53 Voilà, moi je suis vraiment contente pour ça.
00:57 Jacqueline, je vous pose la question, qu'est-ce qu'on ferait aujourd'hui sans les Restos du Coeur ?
01:02 Sans les Restos du Coeur, on serait vraiment mal.
01:05 À mon avis, il y aura encore plus de gens qui ne s'en sortiraient plus et ce serait
01:12 vraiment la misère.
01:14 Moi je remercie encore les Restos du Coeur, grâce à Colucci.
01:19 Parce que ça vous a permis de retrouver un rythme un petit peu plus normal, c'est ça
01:25 aujourd'hui Jacqueline ?
01:26 Oui, oui, tout à fait.
01:28 Vous m'excusez mais bon.
01:31 On sent votre émotion Jacqueline.
01:33 Merci de nous avoir décroché le téléphone ce matin au 04 70 10 00 10.
01:38 Vous faites comme Jacqueline pour partager vos émotions ce matin au contact de Romain.
01:42 Vous intervenez ce matin en direct sur France Bleu Saint-Etienne-Loire.
01:46 France Bleu Saint-Etienne-Loire, où vous écoute 04 70 10 00 10, David Valère.
01:54 Elle était émue Jacqueline Romain Colucci.
01:57 Ça vous émeut vous aussi en retour ?
01:59 Oui, c'est un beau témoignage.
02:01 Merci Jacqueline, elle a eu le courage de parler et puis de dire les choses simples
02:05 des gens comme Jacqueline.
02:07 Un accident de la vie ou un trou d'air, rappelez ça comme vous voudrez.
02:11 La malchance c'est qu'ils se retrouvent à avoir besoin des Restos du Cœur.
02:15 Il y en a malheureusement de plus en plus.
02:17 C'est-à-dire que les carrières continues, permanentes, ça existe de moins en moins dans notre société.
02:23 Il y a de plus en plus de petits boulots, de petites précarités, de petites périodes de précarité.
02:28 Et il faut bien avoir de l'aide pendant ces petites périodes de précarité pour ne pas tomber au plus bas.
02:33 Et c'est à ça aussi que servent les Restos du Cœur.
02:35 C'est à renvoyer un peu d'air frais sous les ailes pour que ça porte et qu'on puisse arriver jusqu'au bout du voyage.
02:43 Il y a trois semaines tout juste, il y avait ce cri d'alarme du président des Restos.
02:47 L'association était dans le rouge, elle allait pas pouvoir survivre bien longtemps.
02:51 Est-ce que ça va mieux aujourd'hui ?
02:53 Oui, l'appel du président Patrice Louray, il a apporté, grâce à vous notamment, les médias, on vous en remercie.
03:01 Et il a été entendu, c'est vrai que grâce à la générosité des Français, qui s'est jamais démenti, on va pouvoir éviter l'effet titanique.
03:11 J'aime bien le film, mais j'ai pas envie que ça arrive aux Restos du Cœur.
03:15 Donc ça, on va pouvoir sauver le bilan déjà, c'est une première chose.
03:19 Ensuite, c'est un sauvetage ponctuel.
03:23 Sur le long terme, on attend des mesures pour les bénévoles, pour l'association de l'aide européenne, à beaucoup de niveaux.
03:33 On peut en parler pour les bénévoles, c'est le statut des bénévoles.
03:35 On voudrait une petite aide fiscale pour que les bénévoles puissent défiscaliser leurs frais de déplacement.
03:45 Que ferait-on sans les Restos du Cœur ?
03:47 On vous pose la question ce matin.
03:49 On prend vos appels, vos témoignages, on a une question à poser à Romain Colucci, 04 77 10 00 10.
03:57 Donc vous n'êtes pas totalement rassuré aujourd'hui ?
03:59 C'est vrai que la perspective, c'était à 3 ans, comme le disait le Président.
04:03 Cette année, ça va aller mieux, mais tout n'est pas réglé.
04:07 Non, tout n'est pas réglé, parce que la précarité a quand même explosé, on peut le rappeler en quelques chiffres.
04:15 Le Restos du Cœur a créé cette association en 1985.
04:17 La première année, les Restos du Cœur avaient distribué 8,5 millions de repas en 1985.
04:23 A l'époque, c'était énorme.
04:25 Aujourd'hui, on est à 170 millions de repas distribués sur la saison qui finit.
04:29 C'est donc 20 fois plus.
04:31 Le nombre de repas a été multiplié par 20.
04:35 Donc évidemment, avec une inflation galopante comme on a aujourd'hui, nous on achète un tiers de ce qu'on distribue gratuitement.
04:41 Alors, c'est difficile.
04:43 Quand le nombre de personnes augmente de plus de 20%, Antoine Gérassi, le responsable départemental des Restos du Cœur, me fait oui de la tête.
04:53 Effectivement, dans tous les départements, et y compris ici dans la Loire, il y a plus de 20% d'augmentation de la fréquentation.
04:59 Et tous ceux qui étaient déjà inscrits viennent plus souvent aussi, je crois.
05:03 Bref, le nombre de repas a explosé.
05:05 C'est la deuxième fois en 15 ans qu'il y a une aussi forte augmentation de la précarité.
05:09 La première fois, c'était après la crise des subprimes en 2008.
05:13 Et on a du mal à faire face.
05:15 On a du mal, donc on a besoin d'une aide structurelle, permanente et concrète.
05:19 Avec effectivement les Français qui ont de plus en plus de mal à eux aussi à joindre les deux bouts.
05:24 Et donc du coup, qui se retournent vers vous.
05:27 On a parlé de la crise du carburant.
05:29 Il y a eu cette annonce hier du président de la République, Emmanuel Macron, qui a de nouveau fait une annonce pour essayer de soulager les Français.
05:36 C'est un mécanisme qui sera limité aux travailleurs, qui ne dépassera pas ce qu'on appelle les 5 premiers décides,
05:41 c'est-à-dire les 50% des travailleurs les plus modestes, et qui sera au maximum de 100 euros par voiture et par an.
05:45 C'est très limité, mais c'est beaucoup plus pertinent, si je puis dire.
05:48 C'est-à-dire qu'on n'aide pas les ménages qui n'en ont pas besoin, et on n'aide pas les déplacements, si je puis dire, de confort.
05:53 On aide ceux qui en ont besoin pour se travailler.
05:55 Un nouveau chèque de 100 euros, Romain Colucci, on le disait il y a quelques minutes.
05:59 Mais c'est suffisant ou pas, ces mesures-là ?
06:02 Vous les qualifieriez, vous comme d'autres, de mesurettes ?
06:05 Non, je trouve que c'est bien d'essayer de répondre à une demande dans un moment de crise.
06:12 Vous savez, le principe, nous, au Restos du Coeur, c'est qu'il faut que la crise soit passagère et que la solidarité soit permanente.
06:18 Et il ne faut pas que cette balance-là se déséquilibre.
06:21 Donc c'est très important d'aider les Français, parce que ça leur permet de passer le moment de la crise.
06:26 Et on espère, effectivement, que ça ira mieux après.
06:29 Bon, je n'ai pas de bonnes nouvelles à vous annoncer.
06:32 Je n'ai pas de boule de cristal, mais je ne suis pas hyper optimiste non plus.
06:36 On a Sophie qui nous a appelées durant cette matinale, qui a répondu à cette question qu'on continue de vous poser.
06:42 Que ferait-on sans les Restos ?
06:44 Eh bien, moi, je pense que ça serait difficile sans eux, parce que, surtout en cette période,
06:49 aussi bien les étudiants que ceux qui en ont besoin, ça serait difficile pour se nourrir.
06:54 Heureusement qu'ils sont là, parce que les gens sont vraiment un peu dans la misère en ce moment.
06:59 Ça vous met la pression, aux Restos, de faire quasiment une mission de service public ?
07:04 Ça nous met la pression...
07:08 Non, je n'ai pas l'impression que ce soit la pression qui soit la plus difficile à gérer.
07:13 C'est le manque de moyens, c'est le manque de coopération, parfois.
07:17 Mais on est soutenu par les Français, parce qu'on n'est pas qu'une image de la précarité,
07:21 on est aussi une image de la générosité des Français, qui depuis plus de 38 ans ne se dément pas.
07:26 Et nous, on est payé en sourire, on est payé en convivialité.
07:29 Voilà, c'est le salaire du bénévole, la convivialité.
07:32 Et c'est vrai que les sourires qu'on reçoit, les yeux qui brillent, les petits merci,
07:36 les petits mots que les bénévoles reçoivent des personnes accueillies,
07:40 ça, c'est notre moteur, c'est notre énergie.
07:43 L'État, il pourrait faire plus pour vous, il pourrait faire plus pour les Restos.
07:47 Vous avez parlé du statut du bénévole, mais aujourd'hui, on annonce 10-15 millions d'euros
07:51 dans les caisses des Restos de la part de l'État.
07:54 Il faudrait plus Romain Colucci ?
07:56 Ah bah là, c'est vous qui l'avez dit, mais moi je vais dire oui !
07:59 Bien sûr qu'il faudrait plus !
08:02 Pour vous donner un ordre de grandeur, parce qu'on ne coûte pas cher les Restos du Coeur,
08:06 le budget des Restos du Coeur n'a pas grand-chose près, c'est le budget des opéras de Paris.
08:10 Opéra Guernier, Opéra Bastille.
08:13 Donc l'État, ce n'est pas un gros trou dans le budget de l'État d'avoir les Restos du Coeur.
08:19 Au contraire, j'ai envie de dire.
08:21 Donc c'est vrai que c'est difficile des fois d'entendre des gens qui disent
08:28 "on ne peut pas aider plus les Restos du Coeur parce que vous comprenez le budget".
08:30 Oui, je comprends le budget, bien sûr, mais il y a l'équilibre budgétaire et puis il y a l'équilibre alimentaire.
08:34 Et l'équilibre alimentaire, c'est au moins aussi important.
08:37 Il ne faut pas s'occuper que du budget, il faut s'occuper des gens aussi.
08:40 Parce que la dette, on ne la sent pas au quotidien.
08:43 Vous ne levez pas le matin en vous disant "ah j'ai 40 700 euros de dette sur les épaules, c'est un peu lourd".
08:47 Par contre, la pénurie alimentaire, c'est quotidien, c'est tous les jours.

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