Pascal Praud et vous - Violences contre les policiers : depuis Magnanville, «rien n'a changé», témoigne une policière

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Transcript
00:00 Mélinda.
00:01 Merci à vous de donner la parole aux policiers en général et à leur famille.
00:09 Ce qui effectivement, aujourd'hui c'est un jour important parce qu'il y a eu ce
00:15 drame il y a sept ans et on voit qu'aujourd'hui il n'y a absolument rien qui a changé.
00:21 La violence contre les policiers en civil ne cesse d'augmenter, on a encore eu un
00:28 cas très récemment la semaine dernière qui ne va pas jusqu'à la mort heureusement
00:34 mais tout le monde craint de pire je pense.
00:38 Mélinda, est-ce que vous pouvez nous dire votre quotidien ? Vous habitez dans quelle
00:43 ville ?
00:44 Alors, je ne vais pas trop donner de détails mais j'habite en province, en Normandie.
00:51 Vous habitez dans une maison ou dans un appartement ?
00:54 On habite dans une maison.
00:56 Est-ce que cette maison, vous avez le sentiment qu'elle est protégée ou est-ce que vous
01:00 pensez par exemple que ceux qui aujourd'hui sont des délinquants et peut-être ceux qui
01:07 sont mêlés aux affaires dont votre mari s'occupe peuvent savoir où vous habitez ?
01:13 Alors, ils peuvent parce qu'effectivement maintenant on habite dans une ville moyenne
01:20 mais mon mari a fait le choix, il a commencé par 6 ans de région parisienne et on a fait
01:28 le choix de vivre séparément pour justement éviter ça, pour qu'il puisse venir me rejoindre
01:33 avec le rapprochement familial, pour qu'on puisse vivre un peu plus sereinement en province.
01:39 Donc vous vous sentez quand même plus en sécurité que lorsqu'il était en région
01:43 parisienne, c'est ça ?
01:44 C'est ça, tout à fait.
01:46 Après je sais qu'il a des collègues, il a évidemment des collègues qui sont restés
01:49 en région parisienne et on sait que pour eux c'est difficile.
01:53 J'imagine ceux qui vont en Seine-Saint-Denis le matin ou dans des départements qui sont
01:58 à "haut risque" c'est plus difficile.
02:00 Mais est-ce que vous diriez que lorsque votre mari quitte la maison le matin, est-ce que
02:05 vous avez peur ? Est-ce que parfois vous vous dites, et pardonnez-moi de le dire de manière
02:09 aussi crue, c'est peut-être la dernière fois que je le vois ?
02:13 Oui, on en parle d'ailleurs assez régulièrement avec l'actualité, oui, parce qu'on ne sait
02:21 jamais sur quoi il peut tomber.
02:23 Il y a pour tout un tas des refus d'autre tempérer dont on parle beaucoup, mais il
02:28 y a aussi les violences conjugales où ça peut vite déraper, enfin beaucoup de choses,
02:34 la détresse sociale, enfin voilà.
02:35 Ils sont mis en danger assez régulièrement, même dans les villes moyennes, un peu partout
02:41 et c'est vrai qu'il faut qu'ils soient vigilants en permanence, parce que tout peut
02:48 basculer.
02:49 Il est policier depuis combien de temps votre mari ?
02:52 Ça va faire 20 ans bientôt.
02:56 Depuis le 1er janvier, est-ce qu'il est rentré un soir en vous disant "aujourd'hui ça a
03:03 été plus rude que d'habitude" ou est-ce qu'il y a depuis le 1er janvier un fait qui
03:10 s'est passé où il était en grand danger ?
03:12 Oui, c'est déjà arrivé, oui.
03:17 Je ne sais pas si c'est depuis le 1er janvier.
03:22 Après je sais qu'il ne me dit pas tout, parce qu'il ne veut pas nous inquiéter, les gens
03:29 sont au moi, mais oui, ça lui est déjà arrivé, oui, tout à fait.
03:33 Et c'était par exemple dans un refus d'autre tempérer ou dans un autre type d'affaires
03:38 ?
03:39 C'était dans un cas de violence conjugale où il avait affaire à quelqu'un de très
03:46 récalcitrant et c'était un week-end où forcément ils sont peu nombreux et ils n'ont
03:52 pas forcément de renforts, donc il se retrouve à quelques-uns à essayer de maîtriser quelqu'un
04:00 d'une grande violence.
04:01 Donc oui, ça peut vite déraper.
04:09 C'est bien d'avoir ce témoignage Belinda, parce qu'on entend peu souvent les compagnes
04:15 de policiers et le stress qui est le vôtre.
04:18 Et puis également, j'imagine que vous devez de temps en temps à la fois apaiser et puis
04:22 remonter le moral tout simplement, comme ça peut se faire dans un couple.
04:26 Parfois c'est l'homme qui remonte le moral à son épouse et parfois c'est le contraire.
04:29 Mais est-ce que parfois chez votre mari, policier depuis 20 ans, il y a eu du découragement
04:35 au point d'imaginer de quitter la police ou vous-même, auriez-vous pu vous dire à
04:41 un moment "bon, fais autre chose parce que c'est trop dur" ?
04:44 Les deux.
04:45 À la fois il a eu du découragement, ce qui est dommage parce qu'il fait son métier
04:52 avec passion.
04:53 Pour lui, il a voulu être policier, c'était pour aider l'orphelin.
04:58 Il le fait avec passion jusqu'à peu de temps.
05:02 Mais là c'est vrai qu'il y a du découragement parce que ça devient trop difficile.
05:07 Et oui, je lui ai déjà dit que s'il pouvait changer de métier, qu'il le fasse.
05:13 Et d'ailleurs notre fils, notre fils qui est ado, lui il voudrait faire policier comme
05:18 papa mais on ne veut pas qu'il soit policier.
05:21 Il a quel âge votre fils ? Il a 12 ans.
05:23 Bon bah écoutez, vraiment merci Mélinda parce qu'il y a beaucoup d'intelligence dans
05:27 votre témoignage et beaucoup de sensibilité.

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