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Les chroniqueurs du Cercle débattent autour d'un film sortant en salles ou en diffusion sur CANAL+
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Transcription
00:00 -Le procès Goldman, votre film, revient sur le second procès de Pierre Goldman,
00:04 qui était un fils de résistants juifs,
00:08 qui est un militant d'extrême gauche,
00:10 qui a été accusé de ce double meurtre,
00:12 qui a été un auteur d'un livre à succès
00:14 et qui finira lui-même assassiné quelques années plus tard.
00:17 Qu'est-ce qui vous a donné envie d'adapter ce film,
00:21 cette histoire-là, aujourd'hui, en 2023 ?
00:24 -Il y a beaucoup de choses, mais avant tout, la personnalité de Pierre Goldman,
00:26 qui est quand même assez incandescente,
00:29 c'est un personnage complexe, tout le monde a vu le film,
00:32 il est très brillant,
00:36 une éloquence incroyable,
00:38 mais en même temps très provocateur, toujours sur le fil.
00:43 Donc ça, je pensais qu'il y avait quand même une matière de cinéma incroyable.
00:48 Et puis le procès.
00:49 L'idée de faire un film de procès, ça faisait longtemps que je voulais le faire.
00:52 C'est vraiment le mélange.
00:53 -Et vous aviez un avis tranché sur lui ou vous vous êtes laissé porter
00:55 par votre vie d'enseignement ?
00:58 -Vous attaquez déjà !
00:59 Non, tranché, non, c'est impossible.
01:02 De toute façon, c'est une histoire, pour ceux qui la connaissent,
01:05 je ne sais pas qui la connaissait déjà.
01:06 Et je pense que c'est ce qui fait que cette histoire continue encore d'intéresser.
01:11 Il y a beaucoup de questions sur cette affaire,
01:14 sur l'assassinat des pharmaciennes,
01:16 il y a beaucoup de questions sur son assassinat à lui.
01:18 Je pense que c'est parce que c'est irrésolu que ça continue à être intéressant.
01:23 -Alors, on regarde un extrait de votre film et on en parle après.
01:26 -Toutes les personnes que vous avez citées ici ont dit du mal de moi aux policiers,
01:29 c'est exactement pour les mêmes raisons que Christiane.
01:31 Je ferai remarquer à la cour qu'ils sont tous noirs
01:33 et que c'est pour cette raison et cette raison seulement
01:35 qu'ils ont tous été malmenés et intimidés par les policiers
01:38 dès leur arrivée à la PJ.
01:39 (acclamations)
01:49 -Pierre Goldman, sous-entendez-vous que la police de ce pays est raciste ?
01:51 -Non seulement je le sous-entends, mais je l'affirme.
01:54 -Eh bien, c'est une honte !
01:55 (acclamations)
01:56 S'il vous plaît !
01:58 -Monsieur le président,
02:00 je pense que ce que mon client a voulu dire,
02:02 c'est que certains policiers peuvent parfois avoir un comportement raciste,
02:05 certainement pas que le corps policier dans son ensemble est raciste.
02:07 -Non, je veux dire que la police est raciste absolument toute la police.
02:09 (acclamations)
02:13 S'il vous plaît !
02:14 (acclamations)
02:19 S'il vous plaît !
02:20 (acclamations)
02:24 Asseyez-vous !
02:25 (acclamations)
02:28 -C'est un bon résumé de la personnalité de Goldman.
02:30 Je crois que presque tout est...
02:31 Voilà, il politise son procès, il est très...
02:36 Il contredit son avocat, il supporte pas...
02:38 Il veut avoir la main mise sur sa défense, il est...
02:42 -Il électrise l'audience.
02:43 -Il électrise l'audience et surtout, il est son propre ennemi, en fait,
02:46 parce qu'il dit quand même des choses
02:48 qui peuvent se retourner à tout moment contre lui.
02:50 C'est ce que va lui dire Cashman la semaine après.
02:52 "Arrête, on ne connaît pas les opinions des jurés,
02:54 cessez d'invectiver la police à tout bout de champ."
02:57 Et il dit en même temps...
02:59 C'est un militant, il a de l'idéologie,
03:03 donc il fait passer des messages aussi.
03:04 Son procès, il lui sert de tribune.
03:07 -Alors, on aimerait bien maintenant explorer le code génétique de votre film.
03:12 On aimerait commencer à connaître vos films de procès préférés,
03:16 les films que vous aimez.
03:18 -Qu'est-ce que j'ai dit ?
03:19 J'ai dit "JFK", "Le procès de Viviane Hamsalem" et "En cas de malheur".
03:23 -Alors, "JFK", vous pouvez nous en parler ?
03:25 Qu'est-ce qui vous plaît ?
03:26 -"JFK", je l'ai vu il y a longtemps,
03:28 mais c'est vraiment la mécanique à l'américaine.
03:30 C'est là où c'est un des premiers films où on voit la thèse du complot.
03:36 -Il a été aussi controversé comme ça.
03:39 -Alors qu'on nous avait raconté pendant des années
03:42 que c'était un crime d'un fou isolé,
03:45 donc c'était stupéfiant, quand même.
03:48 Et puis, voilà, c'est vraiment la grande mise en scène à l'américaine,
03:51 les flashbacks, le contraire de ce que j'ai fait.
03:53 (Rires)
03:54 Mais c'est super.
03:56 En fait, c'est quand même...
03:58 Et c'est l'avocat qui est la figure centrale.
04:01 Moi, je trouve qu'on s'identifie aux avocats,
04:03 moi, en tout cas, dans les films de procès.
04:06 -Et moi, j'ai découvert, grâce à vous,
04:08 "Le procès de Viviane Hamsalem", qui est la fin d'une trilogie.
04:12 -Vous ne l'aviez pas vue ? -Non, je ne l'avais pas vue.
04:14 -C'est un grand film.
04:15 Pour moi, c'est plus proche de ce qu'on a fait, nous.
04:17 C'est très minimaliste, pas de fioritures,
04:20 pas de folklore judiciaire.
04:23 On est vraiment sur les faits, le texte,
04:25 et surtout, la force du film, c'est qu'il convoque la société israélienne.
04:28 C'est-à-dire qu'au-delà de l'affaire,
04:30 c'est un film sur Israël, en fait,
04:33 et sur cette société, les hommes, les femmes.
04:35 C'est extraordinaire de la voir.
04:38 Je la connaissais un petit peu, voilà.
04:41 C'est une actrice extraordinaire.
04:43 Voilà, pour moi, ça se rapproche plus...
04:45 C'est plus une référence par rapport à mon film,
04:48 où l'affaire, pareil,
04:50 l'affaire des pharmaciennes dans "Le procès Goldman",
04:53 elle n'est pas... C'est une affaire assez banale.
04:55 C'est vraiment un braquage qui dérape.
04:58 C'est vraiment tout ce que ça convoque, en fait,
05:00 qui rend l'histoire passionnante.
05:02 -Un film de procès, on le voit avec votre film,
05:05 c'est aussi une occasion pour un acteur
05:07 de déployer tout son talent.
05:09 Est-ce qu'il y a un acteur ou une actrice
05:11 qui vous avait éboui dans un film de procès ?
05:14 -Brigitte Bardot, mais non, il y en a plein.
05:16 Mais j'ai dit Brigitte Bardot, parce que je l'adore.
05:19 Au-delà d'un cas de malheur, en fait.
05:21 -Et la vérité. Elle est dans la vérité.
05:23 -Mais tous les films, je trouve qu'elle a tout inventé.
05:26 Pour moi, elle a inventé le jeu moderne.
05:29 -Cette scène, elle est incroyable.
05:31 -Elle a un jeu qui est indémodable, Brigitte Bardot.
05:33 -Oui, elle a sa petite magie singulière.
05:35 -Elle a été très en avance sur beaucoup de choses,
05:37 même sur des choses moins... moins terribles.
05:40 Enfin, pas terribles.
05:42 -Mais c'était presque le procès de sa modernité.
05:44 -Oui, oui. Sa modernité lui a fait être aussi en avance
05:47 sur des sujets plus sulfureux, mais sur les animaux,
05:50 sur l'écologie, sur le féminisme, sur l'extrême droite.
05:55 Elle a souvent dit, 20 ans avant tout le monde,
05:58 30, 40 ans avant tout le monde, ce qui arrivait.
06:00 -Est-ce qu'il y a un film que vous auriez pu montrer
06:03 à vos acteurs pour leur dire ce que vous avez envie d'être ?
06:06 -Non, je leur ai montré aucun film,
06:09 mais j'aurais répondu à côté.
06:11 Si je leur avais montré quelque chose,
06:13 je leur aurais montré un procès américain en direct,
06:16 ces procès télévisés, parce que nous, c'est ce qu'on n'a pas.
06:19 Ce spectacle judiciaire. -La loi l'interdit.
06:23 -La loi l'interdit. On n'a pas d'image des procès.
06:26 J'ai fait semblant de montrer un vrai procès.
06:28 -On peut enregistrer les grands procès historiques.
06:31 -Je crois qu'ils ont commencé avec V13.
06:33 -Qui auront une valeur... -On a vu la scène des gants.
06:37 Je dis "la scène", c'est pas un film.
06:39 C'est des archives pour dans 50 ans.
06:41 -Vous avez vu, juste avant, la fameuse séquence
06:44 avec les gants de Jess Simpson, qui est en grand moment...
06:47 -En tout cas, je leur ai montré ça,
06:50 parce que c'est cette couleur-là que je voulais.
06:53 Je voulais quelque chose de très live, très réel.
06:56 -Pourquoi ce choix de ne jamais sortir du procès ?
06:59 -Je voulais vraiment faire un film de procès.
07:02 Le sujet, c'est pas Goldman, c'est la justice,
07:06 c'est la dialectique. C'est faute de preuves,
07:09 parce que l'intime conviction se forge sur la parole.
07:12 C'est quand même vertigineux.
07:14 C'est propre au système français, c'est particulier.
07:17 -Où c'est finalement pas à l'américaine,
07:19 avec le parjure possible.
07:21 -Il y a le fameux psychos, on s'intéresse à la personnalité
07:24 des accusés, et ça devient un match de paroles,
07:28 où finalement, c'est le plus éloquent qui gagne.
07:31 -Il le dit un moment, c'est parole contre parole.
07:34 -Oui, c'est ça. Et pour les jurés qui doivent envoyer
07:37 un gars en prison, ou au contraire relâcher
07:40 peut-être un coupable, c'est compliqué comme tâche.
07:44 -Votre film traite d'un personnage qui existe.
07:47 Vous avez déjà vu un film qui vous a fait changer d'avis
07:50 sur un personnage historique ?
07:52 -Oui, "The Queen" de Stephen Field.
07:54 -Vous ne pouviez pas saquer la reine ?
07:57 -Non, je la connaissais pas. J'adorais la voir en ronde-botte,
08:00 avec son 4x4, traverser ses champs.
08:03 -Avec ses cordises ?
08:05 -C'est pas du tout un biopic, pour moi, "The Queen".
08:08 J'aime pas les biopics, mais c'est un personnage
08:12 qui s'inspire d'un personnage réel.
08:14 On est dans la chambre à coucher...
08:16 -Ca vous l'a rendu humaine ? -Oui, ça nous la rend très proche.
08:19 C'est quand même la vertu du cinéma.
08:21 -Est-ce qu'il y a une influence secrète sur votre film ?
08:25 -Il n'y en avait pas, vraiment.
08:27 Je me suis un peu trituré pour répondre à cette question.
08:30 J'ai répondu le spécialiste sur le procès Lichban,
08:33 pour redire à quel point j'avais été plus inspiré
08:36 par le documentaire que la fiction.
08:39 J'ai voulu faire un film de fiction et de cinéma,
08:42 mais... Ouais, elle est belle, cette photo.
08:45 Je voulais qu'on ait une sensation
08:49 d'être dans un documentaire.
08:51 C'est pour ça que j'aime beaucoup le documentaire,
08:54 de filmer les gens de loin, de ne pas avoir l'impression
08:57 que la caméra est entre nous et l'acteur.
09:00 [SILENCE]

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