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00:00 A 7h51, Camille Huppenois, on le dit, c'est la semaine du cœur qui est organisée par
00:05 la Fédération de Cardiologie.
00:06 A cette occasion, on va poser, vous allez d'ailleurs poser de nombreuses questions
00:10 à notre invité, 02 38 53 25 25 pour nous rejoindre et pour échanger en direct avec
00:16 le cardiologue François Carref.
00:17 Un des plus grands spécialistes de l'insuffisance cardiaque.
00:20 Bonjour Professeur.
00:21 Bonjour.
00:22 Vous donnez aujourd'hui une conférence avec le Dr Olivier Jeunet.
00:25 C'est organisé en partenariat avec la CPTSO, la Communauté Professionnelle Territoriale
00:30 de Santé Orléanaise.
00:31 C'est à 20h30 à la médiathèque d'Orléans.
00:33 On ne parle pas assez, François Carref, de l'insuffisance cardiaque.
00:37 Le grand public ne connaît pas assez cette maladie.
00:39 Oui, c'est vrai.
00:41 On se rend compte qu'on a souvent des diagnostics qui sont faits tard, alors qu'il y a des petits
00:46 signes qui doivent alerter.
00:47 Et ce n'est pas quelque chose auquel l'on pense.
00:49 Bien souvent, les gens, quoi qu'on en dise, ne pensent pas assez souvent à leur cœur.
00:54 Surtout que ce qui est trompeur, comme on va le voir, c'est que les symptômes ne font
00:57 pas du tout penser que c'est un problème cardiaque.
00:59 Parce qu'il y en a des symptômes.
01:00 On peut en détecter assez tôt, finalement, dans la maladie.
01:03 Oui, on peut en détecter assez tôt.
01:04 En fin de compte, en deux mots, si vous voulez, le cœur c'est une pompe.
01:08 Cette pompe envoie du sang dans l'ensemble du corps.
01:11 Ça touche tous les organes.
01:13 Et de temps en temps, ce cœur n'envoie pas assez de sang.
01:16 Et c'est pour ça qu'en fait, les symptômes que l'on va avoir vont être dus à autre
01:19 chose.
01:20 Ces symptômes, on peut les résumer sous l'acronyme EPOF.
01:22 C'est simple.
01:23 E, c'est l'essoufflement.
01:24 POF, c'est la prise de paix.
01:26 C'est la prise de poids.
01:27 O, c'est les oedèmes.
01:28 Et F, c'est la fatigue.
01:30 Bien sûr, ce sont des signes qui peuvent ne pas nous alerter parce que ça peut très
01:33 bien arriver.
01:34 Mais quand c'est quelque chose qui est nouveau, on se rend compte que quand on monte l'escalier,
01:38 on est un peu plus essoufflé que d'habitude.
01:39 Ou bien que nos amis avec qui on va se promener, tout d'un coup, on a du mal à parler avec
01:43 eux quand on marche.
01:44 Ou bien qu'on a les jambes gonflées, qui restent gonflées, qui gonflent de plus en
01:48 plus, petit à petit.
01:49 Une prise de poids inhabituelle, ou tout d'un coup, vraiment d'un coup de barre, et je
01:53 sens que ça dure, et bien ça peut être une insuffisance cardiaque.
01:56 Donc, on n'a aucun symptôme cardiaque.
01:58 C'est les organes qui ne reçoivent pas assez de sang.
02:00 Et donc là, il faut consulter si on a le moindre doute finalement.
02:03 Oui, je crois qu'il ne faut pas se poser de questions.
02:07 Il faut consulter.
02:08 Il faut d'abord consulter son médecin traitant, bien évidemment, qui lui va faire le premier
02:13 dépistage et voir si on s'oriente vraiment vers cette possibilité d'insuffisance cardiaque
02:16 ou pas.
02:17 En examinant, tout simplement, en auscultant le cœur, en examinant, s'il y a besoin,
02:21 il fera un électrocardiogramme s'il peut le faire, et ça va nous permettre de gagner
02:24 du temps.
02:25 Parce que plus on attend, bien évidemment, plus le cœur se fatigue, plus le cœur se
02:28 fatigue, plus on est essoufflé, et puis des fois, on a besoin d'appeler les urgences.
02:32 Et puis le traitement, j'imagine, n'est pas le même selon que l'on détecte plus
02:35 tôt ou plus tard l'insuffisance cardiaque.
02:37 Quel est le traitement finalement ?
02:38 Alors, il y a deux types de traitements.
02:40 Il y a un traitement pour les symptômes.
02:41 Le traitement pour les symptômes, c'est essentiellement un diurétique, c'est-à-dire
02:45 quelque chose qui vous augmente la quantité d'urine que vous allez éliminer.
02:48 Le traitement le plus classique, c'est le Lasilix, qui est le traitement, le furosémide
02:52 que l'on utilise classiquement.
02:54 Mais lui, il ne traite que les symptômes, c'est-à-dire qu'il ne va pas améliorer
02:57 le pronostic de la maladie.
02:58 Et puis on va avoir des médicaments qui vont diminuer le travail du cœur.
03:01 Le cœur est fatigué, qu'est-ce que je vais faire ? Je vais donner des médicaments.
03:04 Alors, un médicament qui va ralentir la fréquence du cœur, mon cœur va battre moins vite,
03:08 donc c'est moins fatigant pour lui.
03:09 Et puis ensuite, ce cœur qui est une pompe, il envoie le sang dans des tuyaux.
03:14 Les tuyaux sont plus ou moins serrés, avec des résistances plus ou moins importantes.
03:18 Donc, qu'est-ce que je vais faire ? Donner un autre médicament qui va diminuer les résistances.
03:21 Ouvrir les vaisseaux.
03:22 Alors, ces médicaments ont une petite inconvénience, c'est qu'ils baissent la tension artérielle,
03:27 donc ça inquiète souvent les patients.
03:29 - Retrouver un équilibre finalement.
03:30 - Voilà, retrouver l'équilibre, et ça peut inquiéter les patients et des fois le médecin
03:33 traitant qui trouve que la tension baisse.
03:35 Mais il n'y a pas d'autre solution.
03:37 Mon moteur peine, je lui diminue son travail.
03:40 - Le cardiologue François Carré est avec nous en direct ce matin sur France Bleu Orléans.
03:43 Vous pouvez échanger avec lui.
03:45 Est-ce que vous pensez souffrir d'insuffisance cardiaque ? Si c'est le cas, on peut vous
03:49 conseiller.
03:50 Venez nous rejoindre dans les Témoins de l'Actu.
03:51 Nous vous attendons.
03:52 02.38.53.25.25.
03:53 - Vous avez été récompensé, François Carré, l'an dernier par la Fondation pour la Recherche
03:58 Médicale, pour vos recherches justement sur l'activité physique et pour votre engagement
04:03 aussi en faveur du sport, parce que vous y accordez énormément d'importance à l'activité physique.
04:07 - Oui, parce que c'est vrai que je m'occupe d'insuffisance cardiaque, mais je suis avant
04:10 tout cardiologue et médecin du sport.
04:12 Et on peut être insuffisance cardiaque et faire du sport, bien évidemment.
04:16 On va adapter, nous médecins, c'est notre rôle.
04:18 Et pour moi, c'est simple, ça fait 40 ans que je me bats contre l'inactivité physique
04:21 et la sédentarité.
04:22 Et je pars du principe que nous médecins, nous devons toujours, toujours associer de
04:27 l'activité physique aux médicaments.
04:28 Bien sûr, je vais proposer ça à un malade qui a une maladie stable, mais on oublie qu'il
04:33 y a une synergie, donc un complément d'effet quand j'associe mes médicaments à l'activité
04:39 physique, parce que de toute façon, quoi qu'on fasse, génétiquement, nous sommes
04:42 programmés pour bouger.
04:43 Si nous ne bougeons pas, ça ne fera qu'aggraver notre maladie ou surtout favoriser le développement
04:47 de la maladie.
04:48 - Vous dites que ça fait 40 ans que vous luttez pour une meilleure activité physique.
04:51 Vous étiez précurseur sur le sujet en médecine ?
04:53 - Alors précurseur, je ne peux pas me permettre de le dire.
04:56 En tout cas, en France, j'étais un des premiers à le dire.
04:58 Je me rappelle très bien de la première intervention que j'avais faite avec des collègues.
05:00 J'avais 20 minutes pour parler.
05:02 Au bout de 10 minutes, la moitié était partie.
05:04 - Parce qu'ils n'étaient pas convaincus ?
05:05 - Parce que ça ne les intéressait pas.
05:06 En France, nous avons un problème vis-à-vis des médecins, qui ne s'est pas de leur faute.
05:11 On leur a appris ça.
05:12 On a appris pareil.
05:13 Un symptôme = un médicament.
05:14 Vous êtes essoufflé, je vous donne un médicament.
05:15 Vous avez mal à la tête, je vous donne un médicament.
05:16 Vous avez mal aux jambes, je vous donne un médicament.
05:18 Alors que l'activité physique peut résoudre bien grand nombre de ces médicaments.
05:22 Mais ça, on ne l'a jamais appris.
05:23 Moi, comme je dis toujours, pour rappeler, j'étais le roi de la nutrition.
05:28 Après 15 années d'études de médecine, je savais 5 fruits, 5 légumes.
05:30 Voilà.
05:31 - Donc on n'a pas assez poussé la recherche, on n'a pas assez poussé les aides aussi.
05:37 Parce que vous dites que le sport c'est important pour la santé, pour accompagner les malades.
05:40 Mais le sport sur ordonnance n'est pas remboursé par la sécurité sociale ?
05:44 - Non, c'est une grande question.
05:45 Effectivement, il y a eu une tribune hier dans Le Monde à ce sujet.
05:48 Et c'est vrai qu'en France, nous ne sommes pas dans la prévention.
05:53 Dans très peu de choses, nous sommes dans la prévention.
05:55 Quand on regarde d'autres pays, en réalité.
05:56 La prévention, on n'y croit pas.
05:58 Donc on sait un peu la réaction.
05:59 On se retrouve dans quelque chose, on va intervenir.
06:02 En médecine, on ne fait pas de prévention.
06:04 Quand je dis, et là c'est vraiment quelque chose de très grave que je devais dire, c'est
06:08 que de toute façon nous ne pourrons pas prendre en charge tous les malades qui vont arriver.
06:11 L'OMS parle de 500 millions de malades de plus d'ici 2030.
06:16 Nous en France, c'est à peu près, entre 2000 et 2025, 1 million de malades en plus.
06:21 Ces malades sont jeunes, de plus en plus jeunes.
06:23 Il y a la désertification médicale.
06:25 - Qui touche beaucoup le Loiret d'ailleurs.
06:27 - Et qui vous concerne beaucoup.
06:28 Qui va prendre en charge ces malades ?
06:30 Et en 2025, je suis certain qu'il y aura beaucoup de Français qui n'auront pas de médecin.
06:34 Tout simplement parce que les médecins ne peuvent pas travailler de 0h à 24h.
06:38 Donc en fin de compte, on ne va pas tout changer en une journée.
06:41 Mais ça fait des années que nous le répétons.
06:42 Nous devons faire de la prévention.
06:44 Nous devons faire la prévention.
06:45 Et en particulier à vis-à-vis des enfants.
06:47 - Vous-même, vous sacralisez un moment de votre journée pour faire du sport.
06:50 - Ma journée depuis 12 ans, elle dure 23h30.
06:53 30 minutes d'activité physique, je me gare à 1 km de l'hôpital.
06:56 Je marche 10 minutes le matin, 10 minutes le soir pour retrouver ma voiture, 10 minutes après manger.
06:59 Je ne suis pas Superman.
07:00 Tout le monde peut le faire.
07:01 Donc voilà, ça fait 12 ans que ma journée ne fait que 23h30.
07:04 - Il vous reste une demi-heure pour dormir.
07:06 Le sommeil c'est important aussi docteur.
07:09 - Le sommeil est essentiel.
07:10 Les troubles du sommeil favorisent aussi les problèmes d'assainissance cardiaque en plus.
07:14 - Une question du petit Marc d'Orléans qui nous rejoint en direct à l'antenne.
07:18 On parle de plus en plus de taxer la malbouffe et les sodas par exemple.
07:22 Pour récupérer de l'argent, est-ce que ça pourrait servir par exemple
07:25 à prescrire des séances de sport par le biais des médecins ?
07:29 - La façon de rembourser, ce n'est pas à nous tellement, on n'est pas économiste.
07:34 Par contre, moi ce qui ne me choquerait pas si vous voulez,
07:36 c'est que quand je vois toutes les publicités sur les voitures,
07:40 les publicités sur la malbouffe, toutes ces publicités-là,
07:44 ça ne me choquerait pas qu'on leur dit "Vous faites cette publicité,
07:46 mais on vous prend 1% de votre budget pour faire de l'information"
07:51 parce qu'il n'y a pas d'information à la télévision,
07:53 sur les maladies et le risque d'être inactif et sédentaire.
07:56 Ça pourrait être une possibilité, c'est ce que je proposerais.
08:01 Puisque vous parlez de ça, prenez l'exemple typique, nous en sommes en France,
08:04 quand vous regardez le robot qui tend la pelouse,
08:07 qu'est-ce que fait le monsieur qui a la maison ?
08:09 Il boigne bien un hamac, alors qu'il pourrait jouer avec son fils au badminton sur la pelouse tendue.
08:12 Mais ça ne vient pas à l'idée du publiciste, même pas !
08:15 - C'est vrai ! Merci beaucoup d'être venu en parler ce matin dans les Témoins de l'Actu,
08:19 à réécouter bien sûr dès maintenant en podcast.
08:21 - Exactement sur francebleu.fr et l'application ici.
08:24 Bonne journée !
08:25 - Merci beaucoup !