Négociations commerciales : «Il y a des conditions qui peuvent permettre de baisser les prix», estime Frédéric Descrozaille

  • l’année dernière
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Frédéric Descrozaille, député Renaissance de la 1ère circonscription du Val-de-Marne, répond aux questions de Dimitri Pavlenko. Ensemble, ils reviennent sur la volonté du gouvernement d'avancer les négociations commerciales entre industriels et distributeurs.
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Transcription
00:00 - Il est 7h12 sur Europe 1, Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin le député Frédéric Descrozail.
00:06 - Bonjour Frédéric Descrozail.
00:08 - Bonjour.
00:08 - Bienvenue sur Europe 1, député Renaissance du Val-de-Marne, en direct avec nous depuis l'Assemblée nationale.
00:14 Comment faire baisser les prix en grande surface pour redonner un petit peu d'air au budget des Français ?
00:19 Le projet de loi qui vise à avancer les dates des négociations commerciales entre les industriels et la grande distribution.
00:27 Ce projet de loi a été présenté hier en Conseil des ministres, donc à l'initiative du gouvernement,
00:32 qui multiplie depuis plusieurs mois les pressions pour que tout le monde fasse des efforts sur les prix.
00:37 Avant de nous livrer peut-être votre sentiment sur ce projet de loi, Frédéric Descrozail,
00:42 peut-être est-ce qu'on peut expliquer la logique qu'il y a derrière cette idée ?
00:46 En quoi avancer le calendrier de ces négociations pourrait faire baisser les prix dans les rayons, Frédéric Descrozail ?
00:54 En fait, il s'agit d'avoir des prix qui soient un reflet plus fidèle et plus rapide
01:01 de ce qui se passe sur l'ensemble de la chaîne de production, de transformation et de distribution en France.
01:08 Et on est le seul pays à avoir ça. Il y a une date légale, donc dans la loi, qui prévoit la signature de contrat et l'état annuel.
01:18 C'est entre le 1er novembre et le 1er mars que discutent tous les grands industriels et la grande distribution.
01:24 1er décembre, 1er mars, oui. Et cette spécificité française met de l'inertie dans la façon dont vont être absorbées
01:34 les cours, les matières premières, les charges de tous les opérateurs qui produisent et qui transforment.
01:43 Elle met de l'inertie dans le fait de la façon dont ça va se répercuter à la vente.
01:47 C'est-à-dire qu'on a une assez grande stabilité des prix à la vente et malgré la violence de la hausse des prix depuis 2 ans,
01:53 qui est quelque chose d'inédit en France depuis une quinzaine d'années, malgré cela, il faut quand même rappeler que cette hausse a été moindre qu'ailleurs que chez nos voisins.
02:01 L'idée du gouvernement, en avançant cette date de négociation, c'est de dire qu'il y a des baisses de cours,
02:08 il y a des conditions qui peuvent permettre de baisser les prix, baisser les tarifs et donc les prix à la vente,
02:14 il y a des industriels et donc on avance la date pour que les consommateurs puissent en profiter.
02:18 - Voilà, c'est ça. Donc normalement, on boucle les négociations commerciales au 1er mars, l'idée là serait de les avancer au 15 janvier
02:26 en espérant qu'on puisse acter des baisses de prix qui se voient rapidement dans les rayons.
02:30 Est-ce qu'on peut espérer, si ce projet de loi est adopté, Frédéric Descrosailles, un effet rapide sur le porte-monnaie ?
02:39 Est-ce que vous pensez véritablement que ça va faire baisser les prix dans les rayons ?
02:44 - Sur certains prix, je pense que c'est très difficile de dire ce qui va se passer sur l'ensemble des références
02:50 parce qu'il y a des dizaines de milliers de références qui sont concernées, de produits concernés.
02:55 Sur certains, on peut espérer très raisonnablement que oui, les industriels vont consentir des baisses de tarifs
03:02 et donc qui vont être répercutées à la vente par les distributeurs.
03:05 Sur d'autres, non. Sur d'autres, il va y avoir des industriels qui vont essayer de faire passer des hausses
03:12 bien moindres que l'année dernière, mais 2, 3, 4 points.
03:16 J'insiste sur quelque chose qui est quand même important, c'est qu'il y a une différence entre les tarifs des industriels
03:21 qui vont dans la distribution et les prix à la consommation que les distributeurs décident de mettre dans leur magasin.
03:27 Là, il y a le métier du distributeur qui peut répartir sa propre marge différemment selon les produits.
03:33 - Oui, marge qui peut être très importante sur certains rayons,
03:36 en compensation quasiment de ventes à prix coûtant sur d'autres rayons,
03:40 on commence à connaître un petit peu ce fameux mécanisme de péréquation.
03:45 Mais alors en même temps, Frédéric Decrozaille, je le disais, depuis des mois,
03:48 on voit il y a des opérations anti-inflation dans la grande distribution,
03:51 il y a eu des paniers anti-inflation, il y a eu ce geste aussi de certains grands industriels,
03:57 Bonduelle, Arribo, Panzani, pour n'en citer que quelques-uns,
03:59 qui mi-juillet ont consenti des diminutions de prix ou des promotions sur un très très grand nombre de produits.
04:05 On peut faire encore mieux donc ?
04:08 - De toute façon, là aussi c'est ce que fait le gouvernement,
04:13 de maintenir la pression sur les acteurs pour qu'il n'y ait aucune situation d'abus,
04:19 aucune situation dans laquelle un opérateur va...
04:21 - Car il y en a ?
04:22 - Il y a des abus aujourd'hui...
04:23 - ...fuités d'une fenêtre de...
04:25 - Je ne pense pas, sur les études que nous avons à la fois du Sénat,
04:30 de la Direction Générale des Finances, de l'Observatoire des Prix et des Marges,
04:33 il n'y a pas eu la révélation de ce qu'on peut appeler des profiteurs de crise là-dessus,
04:36 je crois qu'il y a des procès un peu rapides qui ont été prononcés,
04:40 mais ce qui est certain c'est que de toute façon...
04:42 - Oui, juste une chose, c'est que l'INSEE nous disait récemment
04:45 que quand même dans l'agroalimentaire, on avait des niveaux de marge largement supérieurs à 40%,
04:51 les fédérations de l'agroalimentaire s'en sont défendues en disant
04:54 "non non c'est pas vrai, on est plutôt autour de 5%",
04:57 il y a bataille de chiffres en ce moment, c'est pas facile d'y voir clair.
05:01 - Vous avez raison, et ce sujet-là il est en train d'être étudié par une partie du gouvernement,
05:06 je pense au cabinet d'Olivier Grégoire qui est très très impliqué sur ces questions-là, sur la Conso,
05:11 parce qu'il faut distinguer ce qui se passe au niveau des groupes,
05:16 et à l'échelle mondiale, et sur les filiales françaises,
05:19 parce que vous pouvez effectivement parfaitement avoir la filiale d'un groupe
05:23 qui par ailleurs gagne beaucoup d'argent et est très profitable à l'échelle mondiale sur plusieurs pays,
05:28 et une filiale française qui est le mouton noir du groupe.
05:32 Et comme il s'agit d'emplois français, d'usines françaises, d'investissements en France,
05:37 notamment dans la décarbonation, l'électrification des flottes,
05:39 et bien oui on peut se retrouver avec des taux de marge qui ne sont pas du tout
05:42 ceux qui sont dénoncés régulièrement du groupe,
05:45 mais des rentabilités de capitaux et des salaires en France qui sont bien moindres.
05:50 Donc oui, il va falloir éclairer ça, et je pense que c'est en cours.
05:54 - Le patron d'Unilever avait dit justement "moi, Unilever France,
05:57 je me fais taper sur les doigts par mon siège américain parce qu'on me dit d'écraser mes prix",
06:01 et oui, va se poser un moment la question du maintien d'un tissu industriel Unilever en France.
06:06 Il y a aussi ces réflexions d'ailleurs sur l'emploi qu'il faut prendre en compte quand on parle justement de prix.
06:12 Dernière question Frédéric Descrosailles.
06:14 Bon, vous le dites, on a un calendrier comme ça de négociations,
06:18 pourquoi on ne fait pas sauter ce calendrier ?
06:20 Pourquoi on ne laisse pas les industriels à la grande distribution négocier toute l'année
06:24 pour plus de souplesse dans les prix ?
06:27 - Alors c'est une excellente question, et en fait je pense que le Parlement va s'en emparer.
06:30 C'est certainement quelque chose dont on va débattre.
06:34 Je ne pense pas que ça puisse être fait là, d'ici le mois de novembre, avec un projet de loi,
06:40 parce que ce projet de loi, il faut qu'on l'examine assez rapidement
06:43 pour qu'il soit promulgué dès le mois de novembre,
06:47 sinon ce n'est pas la peine d'examiner le texte s'agissant de ces dates.
06:49 En revanche, l'idée de lancer un travail parlementaire exactement sur ce que vous venez de dire,
06:54 en fait, et du coup en revisitant toute la partie du code de commerce
06:58 qui s'applique aux négociations commerciales,
07:00 pour laisser peut-être les quelques principes de droit
07:02 qui sont fondamentaux pour ce qu'on appelle l'ordre public économique,
07:05 donc pour le législateur,
07:07 ça c'est une réflexion qui sera effectivement…
07:11 là je pense qu'elle va démarrer,
07:12 et ce projet de loi du gouvernement est une porte d'entrée,
07:16 on va certainement franchir le seuil pour le faire, oui.
07:19 – Merci Frédéric Descrosailles, député Renaissance du Val-de-Marne,
07:22 en direct de l'Assemblée Nationale sur Europe 1 ce matin.

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