Vincent Delahaye, le directeur de l'association Le Village

  • l’année dernière
Le Village à Cavaillon fête ses 30 ans. L'association accompagne les plus démunis en leur proposant un hébergement, du travail ou simplement du lien social.

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Transcription
00:00 - 7h45, bénévole ou bénéficiaire, est-ce qu'une association a changé votre vie ?
00:04 J'ai presque envie de dire à sauver votre vie.
00:06 Vous témoignez ce matin au 04 94 14 04 04, également sur notre page Facebook.
00:12 Cette question on vous la pose parce que l'association qui vient en aide aux plus démunis,
00:16 Le Village à Cavaillon, est bien faite, c'est 30 ans,
00:19 et c'est son directeur qui est l'invité du 6/9, France Bleu, vous cluse Romain.
00:22 - Bonjour Vincent Delahaye. - Bonjour.
00:24 - Merci beaucoup d'être avec nous dans ce studio, trois décennies après votre création.
00:28 Avez-vous le sentiment aujourd'hui d'être plus utile que jamais ?
00:32 - Utile, assurément. On préférait presque ne plus avoir à exister,
00:38 mais effectivement aujourd'hui on a le sentiment d'avoir un peu de mal à répondre à l'ensemble des besoins.
00:44 - Des besoins qui sont de plus en plus nombreux avec ce contexte d'inflation notamment ?
00:49 - Notamment, mais effectivement c'est aussi la précarité, la fragilité, ou les fragilités qui se déplacent.
00:56 Aujourd'hui il ne suffit pas d'avoir un emploi ou un toit pour être protégé de toute précarité.
01:03 Donc effectivement c'est des phénomènes un petit peu nouveaux,
01:06 on voit dans nos accueils de jour notamment des personnes qui ont un emploi
01:09 et qui viennent pour profiter d'un petit déjeuner, d'une douche, d'un café ou d'un thé.
01:13 - C'est nouveau, j'ai presque envie de dire, aujourd'hui la précarité, comme vous le dites,
01:17 ne touche pas seulement les personnes qui seraient au chômage ou qui ont d'autres problèmes dans leur vie,
01:23 on voit de plus en plus de travailleurs et peut-être aussi d'étudiants ?
01:26 - Bien sûr, oui oui, tout à fait.
01:28 Et des femmes seules avec leurs enfants qui peuvent avoir des petits boulots,
01:31 qui bossent quelques heures par semaine et à qui effectivement on vient en aide aussi.
01:35 Effectivement je pense qu'il faut sortir des grandes caricatures,
01:38 que les grands précaires ce sont les personnes qui ne bossent pas et qui sont à la rue et qui tendent la main.
01:42 Voilà, c'est beaucoup plus complexe que ça et je pense qu'on est aussi là pour peut-être,
01:47 on va dire, brandir un petit peu, en tout cas aider tout un chacun à peut-être avoir une relation un peu différente à la précarité
01:54 et effectivement cas échéants s'inscrire dans des actions de solidarité.
01:57 - Effectivement c'est important de mettre aussi de l'humain et des visages sur les personnes qui viennent taper à votre porte.
02:02 De plus en plus de personnes donc ?
02:04 - Il y a de plus en plus de personnes.
02:06 - Un afflux que vous arrivez vous à supporter, à encaisser en quelque sorte au village ?
02:11 - C'est un petit peu effectivement la difficulté que l'on a,
02:13 c'est de répondre convenablement à l'ensemble des besoins et des besoins qui évoluent aussi,
02:17 avec des franges de population qui sont un petit peu différentes.
02:22 Effectivement on voit des jeunes, on voit des jeunes mamans, on voit des personnes très âgées également pousser nos portes
02:28 et effectivement c'est des visages un petit peu nouveaux de cette précarité ou cette fragilité
02:34 pour lesquels l'association existe depuis 30 ans.
02:37 - Je vous pose cette question parce que c'est vrai que cette rentrée 2023 a été marquée par l'appel à l'aide
02:42 des Restos du Coeur, d'autres associations, la Croix-Rouge française a aussi appelé à l'aide.
02:47 De votre côté vous avez entre guillemets les reins solides ?
02:50 - Alors non, non, on a les mêmes fragilités que les restos, que la Croix-Rouge
02:55 ou que le Secours Populaire avec qui je pouvais m'entretenir hier.
03:00 Donc effectivement on est dans cette même fragilité avec cette perception
03:03 qu'on est dans un monde ou en tout cas dans un pays où les richesses sont là,
03:08 en tout cas elles ne semblent pas faiblir.
03:10 Et puis de l'autre côté, il y a cette précarité qui est présente
03:14 et puis ces systèmes de solidarité qui sont à la peine.
03:17 Donc voilà, c'est aussi cette difficulté que l'on a à joindre ces deux bouts,
03:22 entre ces capacités que l'on aurait à résoudre ces problèmes de pauvreté
03:27 et puis à l'autre bout, cette difficulté que l'on a quotidiennement à répondre à ces besoins.
03:31 Donc voilà, on fait au mieux, on essaie de s'appuyer le plus possible sur la puissance publique
03:35 mais qui souvent est un petit peu à la peine aussi pour des raisons qui sont peut-être plus complexes.
03:41 Et effectivement on fait appel à la générosité publique,
03:45 on fait appel à nos bénévoles et on fait appel à tout un chacun
03:48 qui peut à un moment donné avoir envie de donner un petit coup de main.
03:51 Donc voilà, on l'appelle à venir franchir la porte de nos accueils de jour,
03:55 de nos accueils et de donner un petit coup de main.
03:58 - François Baucluch, 7h49, quelle association vous êtes au quotidien ?
04:01 C'est la question qu'on vous pose ce matin.
04:03 De quelle manière et à quel point c'est important, voire même vital pour vous ?
04:06 Vous témoignez, 04 90 14 04 04.
04:09 On en discute en tout cas du rôle de ces assos du quotidien avec Vincent Delae,
04:13 qui est, je vous le rappelle, le directeur du Village à Cavaillon.
04:16 L'asso qui vient en aide au plus démuni depuis déjà 30 ans.
04:20 - Qui fête son anniversaire, Vincent Delae, vous parlez du rôle de la puissance publique.
04:25 Elle vous aide justement depuis 30 ans à grandir et à faire face à ces demandeurs de plus en plus nombreux ?
04:31 - Oui, oui, elle nous aide. Après, est-ce qu'elle nous aide suffisamment ? C'est bien le sujet.
04:35 - Je sens une pointe de regret ou d'attente supplémentaire.
04:38 - Oui, effectivement, je fais partie de ceux qui pensent que l'impôt devrait être peut-être un petit peu plus tourné
04:43 vers de la redistribution, notamment auprès des plus fragiles.
04:46 Mais ça ne veut pas dire qu'on ne nous aide pas. Mais est-ce qu'on nous aide suffisamment ?
04:49 C'est effectivement le sujet.
04:51 - Et la puissance publique locale est avec vous ?
04:54 - Alors, on a effectivement un soutien très fort des services de l'État.
04:58 On a plus de difficultés à mobiliser les collectivités locales.
05:01 Et effectivement, de plus en plus, on fait appel à la générosité publique,
05:06 c'est-à-dire les citoyens qui ont envie de s'engager, faire un don, passer du temps auprès de l'association.
05:11 Et puis également, ils nous arrivent d'aller chercher de l'argent auprès de fondations privées.
05:15 - On a très envie de l'entendre, la voix des bénévoles qui s'investissent au quotidien pour ces associations
05:19 qui viennent en aide aux autres.
05:21 Et on va écouter justement Renée, qui est avec nous ce matin depuis Carpentras. Bonjour Renée.
05:26 - Oui, bonjour à tout le monde. Ça fait plaisir que les bénévoles passent à la radio.
05:31 - Et vous l'êtes vous-même. Pour quelle association, Renée ?
05:34 - Alors moi, je fais deux associations que vraiment j'y tiens.
05:40 Mais une, beaucoup, c'est l'opération Joseph à Montpeu.
05:43 C'est une épicerie sociale et solidaire.
05:46 J'y travaille depuis un an et demi maintenant, deux fois par semaine, toute la journée,
05:53 c'est-à-dire de 9h à 18h. Et vraiment, c'est qu'un plaisir.
05:58 Et la deuxième association pour laquelle je passe beaucoup de temps, je vous fais un petit peu du tort,
06:03 c'est la radio Carpentras.
06:05 - Ah, mais c'est pas grave. C'est bien aussi de s'investir.
06:08 - C'est une concurrente.
06:11 - D'ailleurs, c'est une radio associative. Donc vous voyez que...
06:14 Mais c'est surtout que je veux parler...
06:17 Ça me tient à cœur de parler des bénévoles. Beaucoup, beaucoup.
06:21 - Vous avez 73 ans, vous, Renée. C'est ça aussi qui est important.
06:24 - Je vais avoir 73 ans, oui. Je vais avoir 73 ans.
06:26 - Depuis que vous êtes à la retraite, vous êtes investie dans le milieu associatif
06:29 et avec cette envie d'aider les autres.
06:31 - Oui, parce que j'ai passé ma vie auprès des autres.
06:34 Donc il me semblait normal et important que je continue à passer mon temps auprès des autres
06:40 et à donner mon savoir, ce que je sais faire,
06:43 et à prendre aussi ce que les autres peuvent me donner.
06:46 Ça, c'est important.
06:47 - Eh bien, c'est très bien. Merci pour ce témoignage, Renée.
06:49 On vous embrasse à Carpentra. - Merci à vous et bonne journée à toute l'équipe.
06:52 - Et on salue la radio concurrente, mais néanmoins,
06:54 la radio pour laquelle vous investissez au quotidien.
06:56 - Le rôle important des bénévoles, Vincent Delahaye,
06:59 on entendait le sourire dans la voix de Renée de Carpentra.
07:02 Vous aussi, vous redonnez le sourire.
07:04 C'est aussi votre mission au sein du village à Carayon.
07:07 - Oui, c'est effectivement de créer des endroits de poussible aussi,
07:10 je dirais, de relations entre les hommes et les femmes.
07:14 Et effectivement, nous, on a beaucoup de bénévoles.
07:16 On a énormément de bénévoles qui s'investissent tous les jours,
07:18 notamment essentiellement sur nos accueils de jour,
07:20 d'aptes de Carayon et de lits sur la Sorgue,
07:22 mais également sur d'autres actions.
07:25 Et effectivement, je pense que c'est à un moment donné aussi
07:29 une façon d'accomplir sa vie.
07:32 C'est effectivement donner, recevoir et permettre à ce que,
07:37 je dirais, le territoire dans lequel on vit soit le plus apaisé possible.
07:41 - Alors, on parlait évidemment de l'accueil de jour,
07:44 mais le village à Carayon, c'est aussi peut-être votre plus belle fierté.
07:48 Un gros projet, le restaurant de réinsertion à Avignon,
07:51 à Graines de Piment, c'est votre plus belle fierté,
07:54 ou en tout cas la plus belle vitrine de ce que vous faites dans votre association ?
07:59 - Je ne sais pas si c'est la plus belle vitrine.
08:01 En tout cas, effectivement, c'est une très belle initiative
08:05 qui permet à des jeunes qui n'ont plus la volonté d'accrocher à quoi que ce soit
08:12 de trouver un endroit de valorisation, d'existence, de réalisation.
08:17 Donc ça, c'est effectivement très chouette et c'est notre petit dernier.
08:21 Donc on y tient tout particulièrement.
08:23 Et je pense que ce qui est important, c'est que c'est aussi une initiative
08:27 qui a pignon sur rue et c'est ce qui est important pour nous aussi.
08:30 C'est comment des actions de solidarité s'inscrivent, je dirais,
08:33 dans la vie la plus ordinaire possible.
08:35 - Merci beaucoup Vincent Dolaé, directeur de l'association Le Village à Carayon.
08:39 Bon anniversaire pour vos 30 ans.
08:41 D'un mot, qu'est-ce qu'on peut vous souhaiter d'ailleurs ?
08:43 - De pouvoir continuer à mener à bien des actions de solidarité.
08:47 - Merci infiniment d'être passé par le studio France Bleu Vaucluse.
08:49 - Merci à vous. - Bonne journée à vous.
08:50 - Notre baladeur y est allé, Philippe Gersia d'ailleurs.
08:52 En début de semaine, il est venu vous voir.
08:54 Il s'est bien tenu Philippe ?
08:55 - Oui, oui, ça a été.
08:56 - Si vous voulez réécouter justement le reportage de Philippe sur place,
08:59 il est disponible à la réécoute sur francebleu.fr.

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