L'impatience monte sur la laborieuse réforme migratoire de l'UE

  • 11 months ago
La réforme de la politique d'asile européenne va-t-elle enfin voir le jour? Les ministres de l'Intérieur se réunissent jeudi à Bruxelles au moment où d'intenses tractations sont en cours pour tenter de convaincre l'Allemagne d'approuver le dernier volet du pacte migratoire.

La paralysie de ce règlement suscite la frustration au sein de l'UE, face à la hausse des arrivées de migrants à ses frontières extérieures.

Le texte est destiné à organiser une réaction européenne en cas d'afflux massif de migrants dans un pays de l'UE, comme lors de la crise migratoire de 2015-2016.

Les milliers d'exilés arrivés récemment sur l'île de Lampedusa ont rappelé l'urgence d'une solution commune.

Ce règlement de "crise" prévoit un régime dérogatoire aux procédures d'asile habituelles.

Il prolonge de 12 à 20 semaines la durée possible de détention d'un migrant aux frontières extérieures, et permet des procédures d'examen des demandes d'asile accélérées et simplifiées pour un plus grand nombre d'exilés (tous ceux venant de pays dont le taux de reconnaissance, c'est-à-dire le taux de réponse positive aux demandes d'asile, est inférieur à 75%).

Il prévoit par ailleurs un déclenchement rapide de mécanismes de solidarité envers l'Etat membre confronté à cet afflux, sous la forme notamment de relocalisations de demandeurs d'asile ou d'une contribution financière.

En juillet, la majorité nécessaire à l'adoption de ce règlement n'avait pas été atteinte: la Hongrie, la Pologne, l'Autriche et la République tchèque avaient voté contre tandis que l'Allemagne, la Slovaquie et les Pays-Bas s'étaient abstenus.

L'abstention de l'Allemagne était due à l'opposition des Verts, membres de la coalition au pouvoir, qui réclamaient des aménagements pour les mineurs et les familles.

Dimanche, la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock a encore émis des critiques sur ce texte, estimant qu'il "inciterait de facto à nouveau à l'acheminement d'un grand nombre de réfugiés non enregistrés vers l'Allemagne en cas de crise".

"Pas de temps à perdre"

Toutefois, la ministre de l'Intérieur Nancy Faeser (SPD, parti social-démocrate), a affirmé mercredi sa détermination à "finaliser la législation sur le système d'asile européen commun".

Le blocage du texte provoque l'impatience de nombreux pays de l'UE, et celle des députés européens.

"Nous n'avons pas de temps à perdre", a exhorté la secrétaire d'Etat belge à la Migration, Nicole de Moor, lors d'une conférence organisée lundi par le centre de réflexion European Policy Centre (EPC).

Une absence d'accord sur le pacte migratoire "pourrait menacer l'unité européenne", a-t-elle averti.

Pour faire pression sur les Vingt-Sept, le Parlement européen a décidé la semaine dernière de mettre sur pause ses négociations avec les Etats membres sur deux autres règlements du paquet migratoire, visant à renforcer la sécurité aux frontières extérieures.

Il s'agit de l'élargissement d'Eurodac, la base de données biométriques des demandeurs d'asile, et la mise en place d'un nouveau filtrage obligatoire préalable à l'entrée d'un migrant dans l'UE.

"On ne peut pas se contenter de faire avancer le volet sécurité (de la réforme) sans faire avancer celui de l'asile" et de la solidarité entre Etats membres, a justifié la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola.

L'objectif affiché est de boucler l'adoption de ce paquet avant les élections européennes de juin 2024, afin de ne pas réitérer l'échec de la précédente Commission à conclure une refonte du système d'asile.

Au-delà des élections, le sort d'une telle réforme pourrait être compromis en raison de possibles changements dans la composition politique du Parlement européen.

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