Coup de com' ou coup de maître : Renard, l'homme qu'il fallait aux Bleues ?
COUPE DU MONDE FEMININE - Hervé Renard est le nouveau sélectionneur des Bleues. Après une année marquée par les affaires extra-sportives et la personnalité clivante de Corinne Diacra, la FFF est arrivée à convaincre une personnalité qui fait l'unanimité. Mais fera-t-il l'affaire sur le banc alors qu'il n'a jamais entraîné d'équipe féminine ? Maxime Dupuis et Martin Mosnier ouvrent le débat.
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00:00 Allez, on va démarrer avec l'intronisation d'un nouveau sélectionneur de l'équipe de France féminine.
00:07 Et pour succéder à Corinne Diacre, la FFF a choisi Hervé Renard.
00:12 Hervé Renard, qui n'a aucune expérience dans le foot féminin,
00:15 qui a débarqué ce vendredi en conférence de presse pour nous expliquer un peu pourquoi il est venu ici.
00:23 Dans trois mois, il y a quand même une Coupe du Monde à gagner pour l'équipe de France.
00:26 L'équipe de France qui fait toujours partie, quand même, malgré tout, des références au niveau des sélections féminines.
00:33 Maxime, pour toi, est-ce que Hervé Renard, dont on rappelle qu'il a quand même un palmarès,
00:37 un joli palmarès, champion d'Afrique avec la Zambie et la Côte d'Ivoire en 2013 et 2015,
00:41 il a participé à deux Coupes du Monde, est-ce que c'est l'homme qu'il fallait pour les filles d'équipe de France ?
00:47 Ça, j'ai envie de te dire que je te le dirai peut-être dans trois mois.
00:49 Une chose est sûre, c'est que Renard, c'est un parcours évidemment particulier.
00:53 Renard vient de passer quatre ans en Arabie Saoudite à diriger la sélection,
00:56 évidemment en point d'or que cette victoire face à l'Argentine en Coupe du Monde,
01:00 qui est la plus grande victoire de l'Arabie Saoudite depuis 1994, la Belgique avec le Slum, d'Alo Weyran.
01:06 D'ailleurs, si vous ne l'avez jamais vu, je vous conseille d'aller voir sur YouTube.
01:11 Hervé Renard, c'est un personnage particulier, puisqu'on a vu que là où il a réussi, c'était à l'étranger exclusivement.
01:18 En France, ça s'est moins bien passé et souvent avec des sélections, évidemment,
01:22 on l'a vu en Afrique, il gagne quand même deux fois la canne, ce qui n'est pas rien.
01:25 Et en fait, on a l'impression que c'est quelqu'un qui est fait aussi pour des missions un peu commando.
01:30 Voilà, il a le double avantage.
01:32 On en reviendra après là dessus, d'avoir du charisme.
01:35 D'ailleurs, Philippe Diallo, président par intérim de la FFF l'a dit, c'est quelqu'un de charismatique.
01:39 Et ce n'est sûrement pas un détail dans le fait qu'il ait été choisi et de savoir mener une opération commando.
01:44 Parce que, évidemment, là, ce qui arrive à l'équipe de France, c'est évidemment le besoin d'aller vers ça.
01:49 On rappelle quand même les faits.
01:51 La précédence sélectionneuse, d'ailleurs, sur la forme, moi, je trouve ça pas terrible ce qui s'est passé.
01:56 C'est fait lâcher par ces joueuses.
01:59 Ça se passait très, très mal avec elles.
02:01 Donc, évidemment, à un moment, il aurait peut-être fallu couper les liens, on va dire un peu plus tôt,
02:05 mais c'était la gouvernance Logred, etc.
02:07 Donc, au fond, les joueuses ont profité aussi de la fin de Logred pour la mettre dehors.
02:12 Et c'est aussi un risque pour elles parce qu'évidemment, elles vont arriver à la Coupe du Monde avec une pression XXL,
02:17 le droit à l'erreur qui sera vraiment très réduit.
02:21 Donc, maintenant, est-ce qu'il est l'homme de la situation ?
02:22 Je pense qu'il a en tout cas le profil de la réussite sur des missions courtes et un peu, on va dire, chaudes.
02:29 Lui, il n'aime pas trop qu'on le réduise à ça, mais n'empêche qu'il a ça.
02:33 Maintenant, est-ce qu'il réussira ?
02:34 J'en sais rien parce qu'il y a quand même quelque chose qu'il faut dire.
02:36 C'est qu'Hervé Renard a entraîné, depuis le début de sa carte d'entraîneur,
02:40 que des sélections des clubs masculins.
02:43 On le voit dans le choix de ses adjoints.
02:45 Eric Blaik, qui est là, c'est quelqu'un qui faisait partie de l'ancien staff avant de partir,
02:48 qui connaît pertinemment le football féminin.
02:51 Donc, il va lui falloir un grand niveau d'adaptation et surtout de la rapidité pour y arriver
02:55 parce que je pense qu'il rentre dans un secteur qui ne coûtait pas du tout avant d'arriver.
03:00 Il y a deux choses.
03:02 Déjà, passé de Diacre à Renard, tu passes un peu de la lune au soleil ou de l'hiver à l'été quand même.
03:07 Donc, au niveau de coups de com', je trouve ça exceptionnel de la part de la FFF.
03:13 Le problème de cette équipe de France, alors évidemment les sportifs,
03:16 parce qu'elle se cogne un plafond de verre depuis quand même quelques années,
03:18 mais au-delà de ça, c'était aussi et surtout un problème d'image ces derniers temps.
03:23 C'est-à-dire qu'entre les affaires entre les joueuses, entre le management de Corinne Diacre,
03:30 l'image, elle s'était détériorée.
03:32 Et donc là, tu choisis un sélectionneur qui a une image sympathique.
03:37 Et je ne parle pas là de ses chemises blanches, de son bronzage, tout ça.
03:39 Je ne parle pas du tout de ça.
03:40 Je parle d'une image sympathique.
03:41 D'ailleurs, il était en noir aujourd'hui.
03:42 Je ne sais pas si c'est un bon jarre, mais bien sûr.
03:45 Donc, il y a ça.
03:47 Et voilà, sur quelqu'un qui attire la lumière à lui, sur un nom, sur une gueule.
03:54 Et je pense que pour la près de Diacre, il n'y avait quand même pas beaucoup mieux.
03:59 En plus, en termes de palmarès, on l'a dit, deux cannes, deux Coupes du Monde avec des sélections.
04:04 Alors oui, des sélections hommes, mais tout de même, tu prends quand même un des sélectionneurs en vogue du dernier mondial.
04:10 Tu as parlé de l'exploit de l'Arabie saoudite face à l'Argentine.
04:13 Je trouve que médiatiquement, c'est une façon aussi d'enterrer un peu tous les cadavres et de mettre la poussière sous le tapis.
04:19 Tout ce qui s'est passé ces derniers mois, voire ces dernières années avec l'équipe de France.
04:25 Donc, c'est un frais restart et je trouve ça et je trouve ça plutôt bien.
04:29 En plus, tu parlais d'adaptabilité.
04:32 Je pense qu'en termes d'adaptabilité, tu peux pas faire beaucoup mieux qu'Arvé Renard, qui a réussi en Zambie,
04:37 qui a réussi en Côte d'Ivoire avec des stars, qui a réussi en Arabie saoudite.
04:40 Alors, c'est pas les hommes et les femmes, certes, mais c'est quand même des contextes hyper différents avec des joueurs,
04:46 des sélections à qui tu parles différemment, sans doute des cultures différentes.
04:50 Et je pense qu'en termes, voilà, il sait s'adapter à Arvé Renard.
04:53 Je sais pas si ça fonctionnera parce qu'encore une fois, on n'a pas de boule de cristal devant nous.
04:57 Mais en tout cas, je pense qu'en termes de profil, aussi bien au niveau de la com, c'est à dire de partir sur quelque chose de nouveau,
05:02 de frais et de gai, j'ai envie de dire, parce que c'est important, qu'il y ait un peu de joie de vivre dans cette équipe de France qui en manquait.
05:11 Et en termes aussi de profil, je pense que c'est en tout cas un joli coup de la part de la FFF.
05:15 Pour avoir un peu suivi, même beaucoup, l'équipe de France masculine version Raymond Domenech,
05:20 quand Indiak s'était devenu un peu Raymond Domenech, mais sans les sailles verbales et l'humour au fond,
05:26 parce qu'il arrivait quand même toujours à ramener quelque chose d'humoristique, même si à la fin, il était devenu sa propre caricature.
05:31 Elle était triste, quoi.
05:32 Ouais, c'est sûr qu'Arvé Renard, on passe dans autre chose.
05:34 Maintenant, comme tu dis, tu dis pas beaucoup mieux.
05:36 Sportivement, je suis pas sûr parce qu'il y a sûrement des entraîneurs qui étaient déjà dans le football féminin,
05:44 qui avaient cette expertise, notamment on parle d'Eric Blaik, peut-être qu'Eric Blaik faisait plus l'affaire.
05:50 Alors, il a été dans le staff, donc ça passera très bien, c'est vrai.
05:53 Je pense que le côté com était hyper important.
05:54 Mais voilà. Et justement, je voulais appuyer là-dessus.
05:56 Philippe Diallo a dit qu'il fallait que le sélectionneur, il l'a dit aujourd'hui,
05:59 il fallait que le sélectionneur ait une expérience du haut niveau et qu'il soit charismatique.
06:03 Bah voilà.
06:04 Autre chose ajoutée par Jean-Michel Aulas, qui expliquait que l'appel d'offres pour les droits TV
06:11 va être pratiquement lié entre l'équipe de France et la D1 Arkema.
06:15 Ça, ça dit quoi ?
06:16 C'est que la locomotive équipe de France, elle doit servir aussi Champéna qui est à la traîne.
06:20 On vient de voir.
06:21 Donc, en gros, pour quelqu'un, pour vendre le foot féminin.
06:23 C'est un peu ça.
06:24 En fait, il faut quelqu'un qui l'incarne.
06:26 Il faut un sourire.
06:26 Ouais, il faut un sourire.
06:27 Et des résultats quand même.
06:29 On voit quand même que, et c'est pas un hasard, jeudi soir,
06:33 deux équipes françaises se sont fait sortir en quart de finale de la Ligue des champions, Lyon, le PSG.
06:39 Si Jeune Mabus n'était plus arrivé depuis 2014.
06:43 Ça prouve quoi ?
06:44 Pas forcément que les équipes françaises sont moins bonnes, mais que c'est qu'autour, ça a progressé.
06:48 Parce qu'à partir du moment où, notamment les Anglais s'y sont mis au football féminin,
06:52 ils ont mis les moyens avant.
06:54 Je caricature, mais il y a dix ans, on avait Wolfsburg, en gros Lyon.
06:57 Là, il y a d'autres pays qui arrivent.
06:59 Et donc, le bien, le bien, le bien être et les performances du football français passent par plus de moyens.
07:06 Et évidemment, on comprend un peu l'engrenage de dire si l'équipe de France va mieux,
07:10 si en plus, le football de club est mis dedans, ça aidera à le rendre plus compétitif.
07:15 Et donc, Renard, il a une mission finalement qui dépasse presque le cadre de l'équipe de France et de la Coupe du monde.
07:23 D'ailleurs, Hervé Renard, qui va devenir le premier entraîneur de l'histoire,
07:25 je pense, à enchaîner deux Coupes du monde en huit mois.
07:28 Plus les JO un an après, donc c'est plutôt pas mal.
07:31 Mais voilà, je pense que ça passera.
07:33 Pas l'Air Juta, il faut le dire, c'est quand même une Coupe du monde à haut risque pour lui,
07:38 parce qu'on oubliera si ça se passe mal, on oubliera qui vient d'arriver.
07:41 Ça, c'est la règle du genre.
07:43 En revanche, les joueuses, elles ont intérêt à être très, très, très bonnes.
07:45 [Musique]