• l’année dernière
Transcription
00:00 Salut K.I. James, tu vas répondre à tout ce que les gens pensent de toi, c'est parti ?
00:03 Yes !
00:04 La réalisation pour moi c'est un peu nouveau.
00:11 J'avoue que je m'appuie beaucoup sur Layla C qui réalise tous mes clips depuis plus de 10 ans.
00:29 Je n'ai pas vraiment la prétention de devenir un grand réalisateur, j'ai plutôt la prétention d'être un auteur.
00:37 Je suis avant tout un scénariste et un auteur avant d'être un réalisateur.
00:43 Mais seulement, on dit que le réalisateur peut réécrire ton film.
00:48 C'est pour ça que j'essaie toujours d'être aussi réalisateur des films que j'ai écrits.
00:53 Je ne me qualifierais jamais de grand, je me qualifierais de quelqu'un qui essaye et qui va au bout de ce qu'il essaye.
01:02 Il y a très longtemps, je disais souvent que j'étais mélancolique.
01:09 Je disais souvent "K.I. James le mélancolique", "La rue a fait de moi K.I. James le mélancolique".
01:13 Et depuis que j'ai eu mon premier enfant, cet état de mélancolie a beaucoup disparu.
01:23 Ça s'est beaucoup apaisé parce que les enfants ont cette capacité à absorber votre tristesse.
01:30 Un sourire et c'est fini.
01:32 Un banlieusaaaaaar !
01:35 Je ne sais pas pourquoi avec 3A en tout cas.
01:38 Banlieusards, fiers de l'être, même s'il n'y a pas que des belles choses dans nos banlieues.
01:44 Il y a aussi beaucoup de solidarité dans les halls.
01:49 Il y a eu beaucoup, beaucoup d'humour.
01:50 On a passé aussi des moments tristes mais des moments très drôles.
01:54 T'as connu bien Ami ? Qu'est-ce que ça va nous faire ?
01:56 Ça va te refaire une nouvelle vie ? C'est le nouveau Demba, c'est ça ?
01:58 Déjà moi, je n'ai jamais eu de succès fulgurant qui me dépasse.
02:07 Mon premier disque est sorti en 1992.
02:09 J'ai eu le temps de me préparer à ça et de ne pas prendre la grosse tête.
02:15 Il n'est pas à mon sens une condition d'être présent dans le quartier
02:22 pour œuvrer pour les gens du quartier, ce qui m'attache à mon quartier.
02:26 C'est l'amour que j'ai pour les habitants de ce que j'appelle moi les quartiers prolétaires.
02:31 Il y a beaucoup de gens qui me réduisent un peu à ce morceau
02:36 qui est un aspect de ce que je dis parce qu'il existe des inégalités,
02:41 il existe des injustices qu'il faut dénoncer
02:46 mais je n'ai jamais été non plus dans la pleurniche ou la victimisation
02:52 et je ne pense pas que tout est de la faute de l'autre.
02:55 Vous avez souhaité l'immigration, grâce à elle vous vous êtes gavé jusqu'à l'indigestion.
03:00 J'ai aussi beaucoup de morceaux où je me suis moi-même remis en question
03:04 et j'ai remis en question les gens que je prétends aimer, défendre et représenter.
03:09 Si on devait choisir trois titres pour représenter mon état d'esprit,
03:13 je dirais "Banlieusard", "Lettre à la République" mais aussi "Constat amer".
03:17 En fait moi j'ai découvert le rap comme ça.
03:25 Les premiers groupes que j'ai écoutés et qui m'ont influencé avaient un message politique.
03:32 D'abord les grands de mon quartier qui s'appelaient le Posse Ideal,
03:34 et c'est pour ça que nous on s'appelait "Ideal Junior",
03:36 ils faisaient du rap politique que les gens qualifieraient aujourd'hui de conscient.
03:41 J'écoutais Public Enemy, j'écoutais KRS-One.
03:44 Donc moi j'ai cru naïvement que le rap se faisait comme ça.
03:48 Donc je n'ai jamais pensé qu'on pouvait faire autrement.
03:52 Ouais c'est incroyable.
03:56 Aujourd'hui je rencontre beaucoup de jeunes d'ailleurs qui ne me connaissent pas en tant que rappeur.
04:00 Ils disent "ah il y a l'acteur de Banlieusard"
04:04 et puis après il y a d'autres jeunes qui ont des parents qui ont écouté ma musique
04:09 ou des grands frères qui ont fait un peu la transmission.
04:12 Mais c'est vrai qu'il y a beaucoup de jeunes qui ne connaissent pas ma musique et mon répertoire.
04:18 C'est pas un objectif de toucher forcément les plus jeunes,
04:22 même si la musique c'est quand même un truc assez spécial
04:27 où tu apparaîs, tu disparais, tu es remplacé.
04:31 Moi j'essaie de faire ce que j'aime et de dire ce qui me semble important de dire.
04:36 Oui Mafia Kinfri c'est mon collectif
04:42 dans lequel il y avait plusieurs groupes dont 113, OGB et d'autres encore.
04:49 Et avant on s'appelait L'Union et puis on est devenu Mafia Kinfri.
04:54 Et pour beaucoup on a marqué quand même une page de l'histoire du rap français.
05:00 EDLV qui était mon premier groupe avec DJ Mehdi, Teddy Corona,
05:11 Jessie Money et Célim du 9/4.
05:20 Nous quand on a commencé à faire du rap, c'était très différent.
05:24 Aujourd'hui il y a beaucoup de rappeurs qui rentrent dans le rap pour faire de l'argent.
05:28 Nous on faisait du rap pour s'exprimer et parce qu'on aimait ça,
05:31 pour vous dire même, il nous arrivait de dépenser de l'argent pour pouvoir faire du rap.
05:36 Aujourd'hui il y a des rappeurs qui te disent clairement,
05:38 ils ne feraient pas de rap si ça ne rapportait pas d'argent.
05:42 Donc la démarche était totalement différente.
05:44 Le milieu du rap c'est un tout petit microcosme.
05:48 Il n'y avait pas beaucoup de gens qui écoutaient du rap.
05:51 Dans la cité les gens écoutaient plutôt de la funk, de la soul.
05:54 Et puis après ça s'est démocratisé.
05:57 Quand nous on a commencé, on ne pouvait pas imaginer
06:00 que le rap prendrait une telle importance en France.
06:02 Selon certains, je fais partie des meilleurs paroliers,
06:08 mais il y en a d'autres.
06:10 Il y a Youssoupha qui je trouve est un très grand parolier.
06:14 Elino aussi qui écrit des choses très percutantes.
06:18 Les histoires viennent de légendes, les légendes deviennent des mythes.
06:21 Je roule des bâtons dans les jambes, noir qu'émite.
06:24 C'est vrai que si tu interroges quelqu'un qui connaît le rap depuis 20 ans,
06:30 mon nom sortira en général dans les 5 premiers.
06:33 Moi j'ai toujours accordé une grande importance à l'écriture.
06:36 Et moi j'ai toujours même privilégié le fond sur la forme.
06:41 Ce qui fait que tu peux trouver des gens qui vont dire
06:44 "Kerry James c'est peut-être le meilleur parolier du rap français".
06:47 Et il y a des gens qui vont dire "Par contre le flow non,
06:50 moi j'aime pas du tout ce flow".
06:52 Mais si tu veux dire des choses,
06:55 tu dois un peu sacrifier le flow et la forme.
07:00 Le meilleur rappeur de tous, même si j'aime pas son dernier son.
07:03 C'est son choix.
07:04 Les goûts et les couleurs ça ne se discute pas.
07:09 Après moi j'ai un public qui est presque un petit peu extrémiste.
07:13 C'est-à-dire qu'il ne supporte pas que j'aille dans un autre registre
07:18 que celui qu'il reconnaisse.
07:21 C'est-à-dire qu'il faut que ça soit profond, mélancolique,
07:25 révolté et politique.
07:27 Dès que je vais un peu ailleurs,
07:30 ils disent non mais j'essaie de ne pas me laisser enfermer.
07:33 Oui c'est difficile de ne pas être impacté par les critiques négatives,
07:37 on est un peu fait comme ça.
07:39 Sans commentaire où tout le monde te dit "c'est super",
07:43 et qu'il y en a un qui te dit que c'est pas bien,
07:45 tu ne retiendras que le négatif malheureusement.
07:49 J'essaie de prendre du recul et de me dire
07:53 que quand même, en général, les gens m'aiment.
07:57 Et c'est ce qui est important.
07:59 Colmini ! Colmini ! Colmini !
08:01 [Musique]

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