Lucille est atteinte de schizophrénie. Elle nous parle de son quotidien pour déstigmatiser cette maladie. Elle s’engage aussi pour l’inclusion des personnes avec un trouble psychique avec son association La Maison Perchée.
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00:00 La schizophrénie, c'est une maladie qui est très stigmatisée aujourd'hui.
00:04 Oui, ça fait partie de moi, mais ce n'est pas entièrement moi,
00:07 parce que mon caractère prend aussi toute sa place.
00:09 Je m'appelle Lucille, j'ai 29 ans,
00:14 je suis une décofonatrice de l'association La Maison Perchet.
00:17 La schizophrénie, c'est une maladie psychique
00:21 qui se déclare à l'adolescence ou au début de l'âge adulte le plus souvent.
00:24 Il y a deux volets dans cette maladie,
00:26 il y a les symptômes positifs et les symptômes négatifs.
00:28 Les symptômes positifs, c'est tout ce qu'on va avoir en plus de notre fonctionnement normal.
00:32 Et les symptômes négatifs, c'est ce qui va être de rester enfermée,
00:36 de ne pas réussir à faire une tâche, de procrastiner beaucoup.
00:41 Et c'est une maladie qui est très stigmatisée aujourd'hui,
00:45 comme beaucoup de maladies psychiques d'ailleurs.
00:47 La décompensation, c'est vraiment une rupture dans le psychisme.
00:50 Je travaillais en Irlande et ça a duré un mois et demi, deux mois.
00:53 J'avais beaucoup d'hallucinations, j'étais vraiment plus là en fait.
00:57 Et c'est encore une période, ça fait plus de sept ans,
01:00 mais c'est encore une période, quand j'y repense, me fait souffrir.
01:03 Les symptômes les plus fréquents, qui sont les plus stigmatisés aussi,
01:08 c'est l'entente de voix qui peut arriver.
01:11 Les psychoses, donc vraiment avoir peur en fait,
01:14 c'est avoir peur d'un événement qui va se passer comme tout le monde,
01:17 sauf que quand tu souffres de schizophrénie,
01:18 tu es dans un mode comme si ça allait vraiment, vraiment, vraiment se passer.
01:22 Il y a une errance pour le diagnostic, il y a des gens qui attendent très longtemps.
01:26 Moi, ça n'a pas été mon cas. Au bout de deux ans, ma diagnostic est la schizophrénie,
01:30 mais en psychiatrie, il peut y avoir un retard sur les diagnostics.
01:33 Il y a beaucoup de facteurs environnementaux, génétiques.
01:36 Oui, probablement.
01:38 Le plus difficile dans cette maladie, comme à l'intérieur du bien,
01:40 en plus quand on est jeune, c'est que c'est un moment où on rencontre beaucoup de gens,
01:43 où on a une vie sociale.
01:44 Tu as envie d'être honnête, mais tu ne l'es pas par peur du regard des autres.
01:49 Oui, ça fait partie de moi, ce n'est pas entièrement moi,
01:51 parce que mon caractère, il prend aussi toute sa place.
01:53 Mais oui, j'ai ce diagnostic, j'ai cette maladie qui fait que
01:57 je peux, au quotidien, être différent de quelqu'un d'autre.
02:02 Pour être rétabli et pour bien vivre avec sa maladie,
02:05 hygiène de vie, déjà je me couche à la même heure tous les soirs,
02:07 je prends mon traitement à la même heure.
02:09 Ça fait un peu mamie, mais c'est...
02:11 Créer sa zone de confort, j'ai toujours été en dehors de ma zone de confort
02:14 et là, j'ai besoin d'avoir une zone de confort.
02:16 Être entouré, ce n'est pas donné à tout le monde,
02:18 être entouré d'amis et de la famille, c'est très important.
02:20 Si j'ai un conseil à donner, ça serait de célébrer toutes les petites victoires
02:24 tout au long du parcours.
02:25 C'est très important d'apprendre à se connaître
02:28 et de pouvoir repérer les signes avant de couvrir de la maladie.
02:30 Avant, il y a quelques temps, soit je prenais un médicament,
02:34 soit je m'enfermais, soit je demandais une hospitalisation
02:37 parce que pendant tant de temps, je n'arrivais plus à gérer les angoisses.
02:40 Je ne sais pas si les angoisses diminuent avec le temps,
02:42 mais ce que je pense, c'est qu'on s'habitue à les vivre
02:45 et qu'on arrive, un peu comme en méditation, à laisser passer les choses.
02:50 Ça peut être très violent, ça peut être une grande souffrance,
02:53 mais laisser passer les choses et savoir se dire
02:56 "oui, à ce moment-là, je souffre, mais je sais qu'à un moment, ça va s'arrêter".
02:59 La schizophrénie et d'autres maladies psychiques, comme la bipolarité,
03:01 ça peut être utilisateur et travers comme des insultes.
03:05 Les médias et les fictions entretiennent ça,
03:07 même la littérature de Sir Jekyll et Mr Hyde,
03:10 qui va se transformer, etc.
03:12 Ce n'est pas ça du tout, le fait que les schizophrènes soient dangereux,
03:15 ce qui est faux, puisque au contraire, c'est dans la population,
03:19 les personnes souffrant de troubles psychiques ou de handicaps
03:22 vont plus être agressées que la moyenne.
03:25 Ça participe aussi à plus d'inclusivité,
03:27 si on laisse la place aux gens qui ont ces maladies-là
03:29 de pouvoir l'exprimer naturellement sans avoir peur du regard des autres.
03:33 La Maison de Percher, c'est une association basée sur la péridance,
03:37 donc l'entraide entre personnes souffrant de troubles psychiques,
03:40 schizophrénie, bipolarité et troubles borderline,
03:43 qui a été créée il y a un peu plus de trois ans
03:45 par Maxime, Caroline, Victoria et moi-même.
03:47 C'est vraiment une association qui vise à aider les jeunes adultes
03:50 souffrant de troubles psychiques par la péridance.
03:53 On essaye aussi de déstigmatiser ces troubles dans les médias.
03:56 Et notre troisième volet, c'est vraiment d'essayer d'agir en sorte
04:01 pour améliorer les pratiques en psychiatrie.
04:04 Quand on souffre de troubles psychiques, ce qui revient souvent, c'est
04:07 « Ah, je peux parler de ça librement ici, sans jugement. »
04:10 Quand on peut être vraiment soi-même dans un endroit,
04:13 c'est vrai que c'est ce qu'on voulait et c'est appréciable.
04:15 Merci.
04:16 [SILENCE]