60 ans de tubes et de polémiques. À la veille du début de sa dernière tournée dont 100.000 places se sont arrachées en huit heures, BFMTV retrace le parcours d’un artiste parfois incompris. "Michel Sardou, confidentiel", un reportage de Caroline Mier, Étienne Grelet, Benoît Chevalier et Julie Beaurain.
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00:04 Autrefois grande fierté nationale, le France est désormais en rade.
00:09 Pas rentable, il est proche du démantèlement.
00:13 Le candidat à la présidence, Valéry Giscard d'Estaing, s'engage à le renflouer.
00:17 - PAC Beaufrance, le comité de défense reçu cet après-midi à l'Elysée, espère obtenir la survie du bateau.
00:24 Mais une fois élu, VGE ne tient pas sa promesse.
00:28 Comme pour les Ricains, Sardou y voit un symbole du déclin de la France.
00:32 - Je l'ai vu une fois, oui, entre deux grands tas d'ordures, tout seul, abandonné, rouillant sur place.
00:37 Ça m'avait fait beaucoup de peine parce que c'est quand même... c'était un très beau bateau.
00:41 Et il est là, lamentable, entouré de fils de fer barbelés. C'est un petit peu triste.
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00:48 - C'est un reporter. Il se considère comme l'observateur de son époque.
00:53 - Ça l'a énervé de voir que le France avait été pillé, souillé,
00:59 puis après finalement acheté pour faire un espèce de bateau de croisière misérable avec des petits moteurs.
01:04 Ça l'a vraiment énervé. Donc il a voulu faire une chanson sur le France.
01:08 Il a voulu s'exprimer là-dessus. C'est vraiment ça.
01:11 Il va prendre des choses à droite, à gauche, il va picorer.
01:14 Quelque chose qui le choque vraiment, qui l'embête vraiment, il va y faire une chanson dessus.
01:18 Ce jour-là, il chante pour la première fois le France à la télévision.
01:24 Il est filmé de face, les yeux rivés dans la caméra.
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01:46 - Souvent, il le chante, il y croit. Il m'a appelé plus jamais France, la France elle m'a laissé tomber.
01:51 Il dit pas ça comme il chante le botin. Il y croit, il y croit vraiment.
01:56 - La voix de Michel, tout d'un coup, on entend, on est pris et ça passe.
01:59 Il y a quelque chose qu'il a qui est rare.
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02:04 - Sardou est le bateau jusqu'à l'incarner à la première personne.
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02:18 - Il fait partie des gens qui disent toujours "je".
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02:28 - Michel est un acteur, il vient d'une famille d'acteurs.
02:31 Il a vraiment ce truc d'interprétation. J'interprète des personnages à travers des chansons.
02:36 Il y en a, c'est du théâtre. Lui, c'est de la chanson.
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02:50 - C'était une tradition. Aujourd'hui, on le fait très peu.
02:53 Il y a très, très peu d'artistes qui endossent le costume ou la personnalité d'un personnage.
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03:04 - Giscard, lui, apprécie peu cette prise de position.
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03:11 - Et je sors ça, ouverture des infos, la chanson, carrément.
03:14 Et d'un seul coup, ça refilait l'histoire du France sur le tapis.
03:18 Ce qui n'a pas plu à Giscard d'Estaing, il est utile de vous le dire.
03:21 - Il m'a fait un redressement d'un pot, cet enfoiré.
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03:25 - La chanson touche en plein coeur une France ouvrière,
03:30 emprunt à un sentiment de déclassement, d'abandon.
03:33 - Quand on a fait le France à Saint-Nazaire pour la première fois,
03:36 il y avait tous les gens du France qui étaient là.
03:39 On a été forcés de le faire trois fois.
03:41 Ils pleuraient, les gens. Tous les syndicalistes étaient là, ils pleuraient.
03:44 Il y avait un triomphe.
03:45 - Je l'ai chanté trois fois de suite.
03:48 Ils l'attendaient un peu, en ce sens, c'était un peu leur chanson à eux.
03:52 C'était un public formidable.
03:53 Il y avait dans la salle beaucoup de gens, des anciens, beaucoup d'anciens marins,
03:56 beaucoup d'anciens, enfin, famille de marins du France.
03:59 Alors, ils écoutaient ça avec beaucoup d'attention
04:02 parce qu'ils se sentaient concernés, ce qui est normal.
04:03 - C'est l'un de nos records.
04:05 On a dû, à l'époque, frôler les 1,5 million, 2 millions d'albums.