7 MINUTES POUR COMPRENDRE - Disparition de Lina: ce que va changer la cellule d'enquête

  • l’année dernière
Lina, 15 ans, a disparu depuis maintenant 11 jours. Elle s'est volatilisée sur le chemin de la gare de Saint-Blaise-la-Roche, en Alsace. Une cellule d'enquête régionale est en train d'être constituée. 

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Transcription
00:00 On va maintenant en Alsace, 11 jours après la disparition de Lina dans le Barin,
00:03 toujours aucune trace de l'adolescente de 15 ans qui s'est littéralement volatilisée
00:07 sur le chemin de la gare de Saint-Blaise-la-Roche.
00:09 Une cellule d'enquête régionale est en train d'être constituée.
00:13 7 minutes pour comprendre ce que cette cellule va changer à l'enquête.
00:17 Et avec nous pour en parler, Mélanie Bertrand qui est à Plaine.
00:24 Bonjour, Maxime Brandt, j'étais là, du service de la justice de BFMTV également.
00:26 Et Marc Rolland, le porte-parole de l'APNM Gendarme et Citoyens.
00:31 Avant de vous entendre, un témoignage ce matin.
00:33 Celui de l'une des amies de Lina qui s'appelle Sarah
00:36 et qui ne veut pas croire que Lina serait montée dans la voiture d'un inconnu.
00:40 Selon moi, à mon avis, elle a dû être enlevée en voiture.
00:46 Pour moi, ce n'est pas possible autrement dans le sens, par quelqu'un qu'elle connaît.
00:49 En tout cas, quelqu'un qu'elle connaît parce qu'elle ne monte pas dans la voiture d'un inconnu,
00:52 elle reste quand même assez méfiante.
00:54 Elle ne va pas monter dans la voiture d'un inconnu comme ça.
00:59 Même s'ils lui proposent d'aller à Strasbourg, ça pourrait l'arranger ou quoi que ce soit.
01:02 Elle préférerait prendre le train que de monter avec quelqu'un qu'elle ne connaît pas.
01:06 Parce qu'elle connaît les risques.
01:07 Elle peut toujours monter dans la voiture de quelqu'un qu'elle ne connaît pas.
01:09 Ça se trouve, elle sentait la personne en confiance et au final, la personne était mal intentionnée.
01:14 Mais cette hypothèse-là, je n'y pense pas trop parce que vraiment, elle est méfiante.
01:18 Mélanie Bertrand, vous êtes à Plaine.
01:20 La piste d'une voiture dans laquelle Lina serait montée,
01:23 est-ce que c'est une piste sur laquelle les enquêteurs travaillent toujours ce matin ?
01:29 C'est sans doute une piste sur laquelle effectivement les enquêteurs continuent de travailler,
01:33 même si nous n'avons pas assisté à de nouvelles fouilles, à de nouvelles perquisitions,
01:38 comme ça avait pu être le cas en fin de semaine dernière.
01:41 Vous le savez, depuis ce week-end, on est entré dans une nouvelle phase de recherche.
01:44 C'est la procureure de la République de Strasbourg qui le dit avec des investigations
01:48 qui seront sûrement de longue haleine.
01:50 Ce sont ces mots.
01:51 Depuis quelques jours, ce sont désormais deux juges d'instruction qui pilotent cette enquête.
01:55 Et sur le terrain, s'il n'y a plus de battus, de ratissages, d'opérations de grande ampleur,
02:00 bien sûr que les enquêteurs de la section de recherche de Strasbourg
02:03 continuent de collecter, d'analyser les éléments recueillis.
02:06 Depuis maintenant 11 jours que Lina a disparu,
02:09 l'information judiciaire est ouverte pour enlèvement et séquestration.
02:13 Mais la procureure le disait encore il y a quelques jours,
02:16 aucune piste n'est écartée ni privilégiée à ce stade.
02:19 Personne n'a été placé en garde à vue, aucune charge n'est retenue contre quiconque.
02:24 Les enquêteurs qui continuent d'analyser, je le disais, par exemple la téléphonie
02:27 ou encore les caméras de vidéosurveillance pour tenter de retrouver la moindre trace de Lina.
02:32 - On entend aussi Mélanie Sarra dire son traumatisme, elle dit qu'elle ne dort plus.
02:35 C'est le cas, on le sait, de nombreux habitants du village.
02:38 Quelle est l'atmosphère désormais sur place ?
02:40 - Eh bien, j'ai envie de vous dire que les villages de plaine,
02:45 les hameaux aux alentours retrouvent petit à petit leur calme.
02:49 Pour vous donner un exemple, depuis qu'on est arrivés sur place ici dimanche,
02:52 on n'a croisé aucun véhicule de gendarmerie.
02:56 Les journalistes quittent peu à peu la zone,
02:58 on est loin de l'agitation médiatique des premiers jours.
03:01 La famille de Lina aussi a choisi de plutôt rester en retrait.
03:04 Sa maman n'a pas donné de nouvelles interviews ces derniers jours.
03:08 Et pourtant, la disparition de l'adolescente est sur toutes les lèvres.
03:11 Hier encore, on a pu constater nous-mêmes qu'elle alimentait les conversations
03:15 dans les cafés, dans les restaurants du coin.
03:17 Et c'est la raison peut-être pour laquelle, sans doute,
03:19 une cellule psychologique est à nouveau mise en place aujourd'hui ici à Plaine.
03:24 Elle va ouvrir dans une demi-heure maintenant, jusqu'à midi,
03:27 pour accueillir les riverains, les habitants du coin
03:30 qui auraient besoin de parler, de s'exprimer.
03:32 Le médecin-coordinateur me disait, nous serons 4, 3 psychologues et 1 psychiatre,
03:36 parce que la semaine dernière, on a eu affaire à des parents
03:39 qui cherchaient les bons mots pour assurer leurs enfants,
03:41 des adolescents qui ont le même âge que Lina,
03:43 qui vivent dans les mêmes villages et qui sont en situation de stress.
03:46 Eh bien, nous serons là pour les accueillir.
03:48 La semaine dernière, pour vous donner une idée,
03:50 une dizaine de personnes s'étaient rendues ici sur place.
03:52 Merci Mélanie. En réalité, ce que vous décrivez dépasse largement
03:55 le simple cadre de Plaine.
03:57 L'histoire de Lina est dans tous les esprits, dans toute la France.
04:00 Maxime, BFM TV a appris hier qu'une cellule d'enquête régionale
04:04 était en train de se constituer à Plaine.
04:07 De quoi s'agit-il exactement ?
04:09 Une cellule d'enquête, c'est poser un cadre pour regrouper des enquêteurs
04:13 et poser le fait qu'ils ne vont travailler que sur une seule affaire.
04:18 Si vous voulez, il faut imaginer que dans n'importe quel enquêteur de gendarmerie,
04:21 il a un certain nombre d'affaires à traiter.
04:23 Il peut y avoir des cambriolages, il peut y avoir des agressions.
04:26 Eh bien, quand il y a une grosse affaire comme cette affaire,
04:29 comme parfois des cambriolages en série, comme par exemple pour le petit Émile,
04:32 on décide de créer une cellule d'enquête,
04:33 c'est-à-dire qu'on regroupe des enquêteurs qui vont ne faire que ça.
04:36 Ils vont travailler uniquement sur cette affaire chaque jour
04:39 pour essayer de découvrir la vérité.
04:41 Avec des moyens supplémentaires ?
04:42 Avec des moyens supplémentaires, c'est-à-dire que cette cellule d'enquête
04:45 va permettre de simplifier le fait qu'ils peuvent appeler des renforts
04:49 et se servir de tous les moyens de la gendarmerie.
04:51 On parle beaucoup de l'IRCGN, l'Institut des scientifiques de la gendarmerie,
04:55 qui peuvent venir fouiller des voitures et des maisons.
04:57 Ils peuvent aussi solliciter les chiens, comme on a pu le voir lors des recherches.
05:00 Ils peuvent aussi solliciter la science du comportement de la gendarmerie,
05:04 les profilers qui peuvent étudier le comportement de quelqu'un.
05:07 Ils peuvent solliciter tous les moyens du territoire
05:09 pour essayer de continuer cette enquête.
05:11 Marc Rolland, on comprend que maintenant,
05:12 ils ne vont travailler que là-dessus, les gendarmes de cette unité.
05:15 Ça veut dire que ce n'était pas le cas jusqu'à présent.
05:16 Ça change quoi ?
05:18 Si, tout à fait.
05:19 Mais désormais, avec la phase judiciaire renouvelée
05:22 au titre de l'information judiciaire,
05:25 la gendarmerie a décidé à juste titre,
05:27 et c'est souvent le cas, d'armer une cellule d'enquête,
05:30 une unité provisoire de police judiciaire.
05:33 Et comme le disait Maxime Brandstetter,
05:35 une unité qui regroupe des officiers de police judiciaire
05:39 avec des compétences, des spécialités, des technicités variées
05:43 pour abonder un dossier souvent complexe,
05:46 parfois sériel, sensile, mais toujours grave.
05:50 Il y a des moyens scientifiques aussi
05:52 qui vont être mis à la disposition de cette cellule.
05:55 Est-ce que ce sont des moyens supplémentaires,
05:56 avec par exemple des outils
05:58 qui n'auraient pas encore été utilisés jusqu'à présent, Marc ?
06:01 L'ensemble du spectre de la chaîne criminalistique a été utilisé
06:05 et on observera d'ailleurs que dans toutes les grandes affaires,
06:08 le schéma criminalistique et scientifique
06:11 accompagne toujours le process de l'investigation judiciaire.
06:15 Aujourd'hui, nous sommes arrivés à un stade où l'exploitation
06:19 et les retours des premières analyses,
06:21 des premières réquisitions vont commencer à parvenir aux enquêteurs.
06:24 À eux maintenant de les mettre en exergue,
06:26 une sorte d'émulation et d'émulsion des éléments de retour
06:30 pour les mettre en cohérence et surtout identifier
06:33 de nouvelles pistes de travail.
06:34 La constitution de cette équipe, ça nous dit quoi en fait de l'enquête,
06:37 de l'endroit où elle en est ?
06:40 Ça nous dit surtout que désormais,
06:42 on va rentrer dans le temps du silence.
06:45 Pour autant, le procureur avait une liberté de communication
06:49 en opportunité pour des motifs d'intérêt public.
06:52 Désormais, la phase visible de l'investigation va s'amuser
06:57 et on va rentrer vraiment dans les investigations judiciaires
06:59 qui seront complètement occultées de la presse
07:03 pour garantir à la fois l'équité du procès pénal,
07:06 mais surtout le succès de la manifestation de la vérité
07:09 en évitant de polluer à la fois les enquêteurs,
07:12 les témoins, les magistrats et d'alerter le cas échéant, le suspect.
07:16 Merci à tous les trois d'avoir été avec nous ce matin
07:18 dans cette Minute pour Comprendre.

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