Élie Chouraqui, metteur en scène et producteur du spectacle original "Les Dix Commandements", réagit sur BFMTV au conflit qui l'oppose à Pascal Obispo, qui prépare une nouvelle version de l'œuvre.
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00:00 Nous allons nous intéresser à tout autre chose, une affaire dévoilée par le journal
00:04 le Parisien ce matin, un conflit qu'on ignorait entre Elie Chouraki et Pascal Obispo à propos
00:10 de la comédie musicale Les Dix Commandements.
00:12 Nous qui avions l'envie d'aimer, d'un seul coup on apprend que rien ne va plus entre
00:17 Elie Chouraki et Obispo.
00:19 Elie Chouraki est sur notre plateau et aussi Julie Jacob, avocate spécialisée en droit
00:23 de la propriété intellectuelle.
00:25 Est-ce que vous pouvez nous résumer un peu l'affaire ?
00:26 Oui, avec cette grande question, donc la comédie musicale Les Dix Commandements fêtera-t-elle
00:30 ses 25 ans sur scène ? Comme l'a annoncé Pascal Obispo, un spectacle nouvelle version.
00:35 Les Dix Commandements, l'envie d'aimer, c'est comme ça que ça s'appelle.
00:38 Elie Chouraki, vous êtes donc le metteur en scène, on le sait, du spectacle d'origine
00:42 et vous avez saisi la justice pour le faire interdire.
00:44 Est-ce que vous nous en voulez si on diffuse quand même le teaser de ce qui devrait voir
00:49 à le jour le 9 mars prochain ?
00:50 Et précisons, pas seulement metteur en scène, producteur !
00:52 Et producteur, oui.
00:53 Parce que ça c'est important.
00:54 Producteur, metteur en scène et auteur aussi.
00:56 Et auteur.
00:57 Les Dix Commandements, l'envie d'aimer, version 2024.
01:01 On regarde.
01:03 *Musique*
01:16 *Musique*
01:41 Cette chanson, l'envie d'aimer, on a une pensée évidemment pour Daniel Lévy qui n'est plus là.
01:45 Et c'est d'ailleurs ça qui me rend triste au fond.
01:47 Il n'est plus là pour chanter cette chanson.
01:50 Vous êtes en train de vous déchirer autour des Dix Commandements avec Pascal Obispo.
01:53 Que se passe-t-il Elie Chouraki ?
01:55 Moi je ne me déchire pas, je dis simplement qu'il y a des trucs qui se font et des trucs qui ne se font pas.
02:00 Moi j'ai créé les Dix Commandements en l'an 2000.
02:03 En l'an 2000 j'ai appelé Pascal Obispo, Sonia Reykel, Kamel Wali et les autres.
02:08 J'ai dit voilà ce que je veux faire, voilà comment on va le faire.
02:11 J'ai rencontré Pascal, je lui ai dit "Pascal voilà", il m'a dit "je ne sais pas, c'est compliqué".
02:15 Je l'ai convaincu de le faire, je l'ai emmené avec moi dans cette aventure.
02:18 Pendant deux ans, on a travaillé vraiment côte à côte, c'était une lune de miel d'amitié.
02:23 On a travaillé ensemble, je disais "non là il faut faire ça, je veux qu'on...
02:28 Quand il passe la mer rouge, je veux que ce soit mon frère qui le chante et non pas un truc de lutte.
02:36 À la fin je veux que ce soit un spectacle, il faut que ce soit une envie d'aimer,
02:40 il faut que ce soit un spectacle qui raconte ce désir d'aimer, que c'est plus facile d'aimer que de haïr".
02:45 - En comprenant lui, il a composé les musiques.
02:47 - Lui il a fait les musiques, Florence Higuerot, on fait les paroles avec ce que je viens de vous dire aussi.
02:52 Sonia Reykel avec laquelle j'ai travaillé, salut Sonia, a fait les costumes aussi
02:59 avec le travail que je faisais avec elle, Kamel de la même façon.
03:02 Et tout d'un coup, vous voyez les cheveux blancs que j'ai vraiment,
03:07 je les ai eus à cause des 10 commandements tellement j'avais peur avant le spectacle que ça ne marche pas.
03:12 - Et là la seule chose qui ne change pas dans le nouveau spectacle, ce sont les chansons mais composées par Pascal Obispo lui-même.
03:18 - Mais non, c'est pas les 10 commandements.
03:20 - C'est les 10 commandements, l'envie d'aimer.
03:22 - Oui, c'est les chansons. Les 10 commandements c'est un ensemble, c'est un tout,
03:28 c'est une mise en scène, une chorégraphie, une façon de raconter l'histoire.
03:33 C'est quelque chose qui est indissociable.
03:37 Là tout d'un coup on prend la musique, imaginez que moi je prenne la musique du Roi Lion
03:42 et que je change la mise en scène et que je dise "je vais faire le Roi Lion".
03:45 Vous pensez qu'il serait content que c'est Disney ?
03:47 Et bien moi je fais exactement la même chose.
03:49 Ça me met en rage parce que j'ai peur qu'on abîme mon spectacle, j'ai peur qu'on trahisse ceux qui l'ont amené.
03:53 - Oui mais si ce sont ces chansons, si les paroliers, pardon, je te fais l'avocat de Pascal Obispo
03:57 qu'en plus je connais bien, un gars qu'on aime bien Pascal.
04:01 Ces musiques, apparemment les paroliers sont d'accord aussi,
04:05 donc au fond s'ils ne reprennent pas votre livret où est le problème ?
04:08 Parce que les 10 commandements, pardon, c'est ni à vous, c'est ni à vous, ni à Obispo, c'est à Moïse.
04:14 - Évidemment, loin de là. C'est à nous, non c'est plus qu'à Moïse, c'est à nous tous.
04:18 C'est à vous, moi, à tout le monde.
04:20 Non ce que je veux dire c'est qu'on peut faire tout avec ces chansons,
04:24 les chanter, faire des spectacles avec des chanteurs, les mettre...
04:30 Mais pas un spectacle musical, pas une comédie musicale qui s'appelle les 10 commandements.
04:34 Alors au lieu de mettre le X avec un X, il y a quelque chose de particulier, ça ne se fait pas.
04:40 On ne rentre pas chez les gens pour prendre la poterie et puis...
04:44 - Vous voulez rappeler, si je comprends bien à Pascal Obispo,
04:46 le 10e commandement, tu ne dois pas convoiter la propriété d'un autre.
04:50 - Exactement.
04:51 - Ah c'est ça, c'est le 10e commandement.
04:53 - Et vous regrettez de ne pas avoir été associé au projet ?
04:56 - Mais non, je regrette. Vous savez, c'est très bizarre.
04:59 Il y a trois mois, avec mon équipe on est là et on dit "bon ben maintenant on va appeler les salles
05:04 pour fêter le 25e anniversaire du 10e commandement, on va louer les salles".
05:08 Et j'ai mon partenaire qui appelle et qui me dit "mais Eli, j'ai un problème,
05:12 il y a un spectacle qui s'appelle les 10 commandements qui a déjà retenu les salles".
05:16 Alors en plus tout était très mystérieux, pas de producteur, personne ne savait qui était.
05:21 On a mis des mois avant de comprendre ce qui se passait.
05:24 Je dis "enfin ce n'est pas possible".
05:26 Ça se fait ça, franchement ? Vous croyez que moi j'aurais remonté les 10 commandements
05:30 avec une autre musique que celle d'Obispo sans lui demander au moins son avis ?
05:34 D'abord je ne l'aurais jamais fait parce que moi je suis quelqu'un d'honnête et de...
05:39 Voilà, j'ai la mémoire du plaisir.
05:42 - Si j'ai bien compris, parce que depuis on a un peu étudié l'affaire,
05:45 c'est pas nouveau, il y a déjà eu quelques problèmes il y a quelques années
05:48 quand vous, vous avez voulu refaire les 10 commandements et que lui faisait Jésus.
05:52 En fait il y avait une guerre entre Jésus et Moïse.
05:55 - Non oui. - Si c'est ça.
05:57 - Quand j'ai fait les 10 commandements, il m'a dit "je ne veux pas qu'on utilise ma musique".
06:01 Ce qu'il a perdu. Ce qui prouve bien que c'est une oeuvre composite.
06:05 Ce sont des artistes qui se sont retrouvés un jour, qui ont dit "on va faire ça ensemble".
06:10 Et on ne peut pas déchiqueter cette oeuvre-là et la présenter comme l'oeuvre originale
06:15 parce que tout le monde dit "c'est les 25 ans du spectacle de l'Issouakie quand même".
06:19 - Ça d'accord. Alors avant de demander son avis à madame Maître Julie Jacob
06:22 qui est spécialiste du droit et de la propriété intellectuelle,
06:25 un tour de table auprès de nos camarades, peut-être Natacha Polony
06:28 qu'on retrouve à cet horaire qu'elle connaît bien entre 20h et 21h.
06:32 Merci de revenir nous voir Natacha. Qu'est-ce que vous en pensez ?
06:35 - Alors je suis sur ce sujet-là à peu près au même niveau que tous nos téléspectateurs.
06:41 C'est-à-dire que j'ai découvert cette affaire en lisant Le Parisien ce matin
06:45 et je n'ai pas les éléments juridiques. Moi j'attends d'avoir la parole des juristes
06:50 de différents bords d'ailleurs parce qu'il peut y avoir des interprétations du droit extrêmement complexes.
06:55 Mais on est face à une affaire où on est incapable de trancher par soi-même.
06:59 - On va voir qui est capable de trancher blanche le rideau.
07:01 - Alors moi je ne vais pas trancher non plus. Comme Natacha vient de le dire,
07:04 je n'ai pas d'éléments juridiques à apporter mais je trouve que ça soulève une question
07:08 qui est très intéressante et qui est marqueur un petit peu de notre époque.
07:12 C'est cette capacité qu'on a à reprendre des productions.
07:15 Starmania qui a fait sensation en début d'année, le retour de la Star Academy.
07:21 - Pardon, je vous interromps, c'est justement un bon exemple parce que la mise en scène de Thomas Joly
07:24 était totalement différente de ce qu'on avait connu au départ.
07:27 - Non Laurent, ce n'est pas un bon exemple parce que là les auteurs et les héritiers étaient d'accord.
07:32 Tous d'accord pour refaire une mise en scène, pour changer la mise en scène.
07:38 - Peut-être parce que Franz Gann n'était plus là.
07:40 - Oui déjà oui. Et en plus, n'oubliez pas que ce qu'a fait Michel Berger, il l'a fait d'une autre façon.
07:48 C'est lui avec Plain Abandon qui ont écrit le spectacle. Alors que le spectacle c'est moi qui l'ai écrit.
07:53 - Je dissocie vraiment votre affaire et ce constat plus général que je remarque
07:58 dans la production audiovisuelle et de spectacle.
08:00 - Un problème de créativité.
08:02 - Je lui dis mais la grande promesse de la mondialisation culturelle, du numérique, des échanges,
08:07 d'être dans une espèce de créativité sans borne et sans limite, elle est contredite je trouve depuis quelques mois.
08:12 - J'ai fait un spectacle qui s'appelle Rodolphe, qui est l'histoire du premier troubadour
08:17 et que je vais bientôt monter à Paris.
08:19 - J'ai hâte de le voir.
08:21 - Elle est en train de vous dire "laissez l'huile, elle dit commandement et faites du neuf".
08:24 - Oui oui je suis d'accord.
08:26 - Pablo, faire du neuf en matière de création artistique ça veut pas forcément dire tout réinventer from scratch systématiquement.
08:33 Moi ce que je vois c'est que, moi je connais bien le spectacle vivant et tout particulièrement la danse
08:38 et je sais que ce type de conflit ça arrive en permanence.
08:41 C'est à dire qu'en gros vous avez des chorégraphes ou des metteurs en scène qui disent
08:44 "ah mais c'est dégueulasse, pourquoi tu reprends mon spectacle ?".
08:47 Il y a des bouts du spectacle qui sont repris, des bouts de chorégraphie qui sont reprises
08:51 et du coup les metteurs en scène ou les chorégraphes qui arrivent après sont obligés de modifier les chorégraphies
08:57 pour pas que ça ressemble trop.
08:59 Alors là, vous il y a des histoires de gros sous, c'est aussi ça dont il est question.
09:03 - Non, alors pardon, j'interromps, c'est vraiment pas le problème, franchement.
09:06 Ça n'est pas le problème, le problème c'est que...
09:09 - Tu ne mentiras pas !
09:11 - Non non, Laurent...
09:13 - Je vous rappelle le commandement !
09:14 - Laurent, il y a 25 ans que j'exploite ce spectacle, franchement j'ai fait ma vie avec.
09:19 Donc le problème de l'argent il est vraiment très secondaire.
09:22 C'est vrai qu'il existe, il existe comme dans tous les spectacles, on veut gagner notre vie.
09:25 - Mais Obispo vous a reproché d'avoir gardé une part indu des recettes, c'est ce qu'on a pu lire dans cet article du Parisien.
09:30 - Jamais, une part indu des recettes.
09:32 - C'est ce qu'on a pu lire dans l'article.
09:33 - Avec tout à la SACD, à la SACM, c'est bizarre quand même.
09:36 - Alors, justement, peut-être qu'on peut avoir l'avis d'une spécialiste de la question
09:39 parce qu'on a quand même ce que dit aussi le coproducteur de ce spectacle, Albert Cohen,
09:43 qui était d'ailleurs aussi, qui faisait partie de la troupe à l'origine, de votre spectacle d'origine.
09:48 Voilà ce qu'il répond.
09:49 "Nous sommes dans notre bon droit, la justice décidera mais je suis serein.
09:52 Nous faisons un spectacle tout à fait nouveau qui n'a strictement rien à voir avec la version originale de 2000.
09:57 C'est une nouvelle mise en scène avec de nouvelles chorégraphies, un nouveau casting et de nouveaux costumes.
10:01 Le seul point commun ce sont les chansons de Pascal Obispo dont il est le compositeur et le propriétaire."
10:05 - C'est déjà pas mal en même temps.
10:07 - C'est déjà pas mal.
10:08 - Et il était coproducteur aussi sur le premier spectacle.
10:10 - Et le second, ça s'appelle "L'indicant noir" et que ce soit Pascal.
10:12 - Alors Julie Jacob peut-être.
10:13 - Ça fait beaucoup.
10:14 - Maître Jacob, mais attendez, Maître Jacob parce qu'on a donné la parole à tout le monde.
10:17 Et Olivier Babaud, c'est sa première ce soir.
10:19 - C'est vrai, vous avez raison.
10:20 - Il y a des priorités dans cette édition.
10:22 Il n'a encore rien dit Olivier et après on écoutera notre avocate.
10:26 Alors j'allais dire Maître Babaud.
10:28 - Moi je suis déchiré parce que j'adore tous les artistes et tout ce que vous faites.
10:32 Et je trouve que c'est dommage qu'il y ait ces oppositions.
10:35 Mais si on prend un peu de recul historique, c'est très intéressant de voir que ce problème existe depuis des siècles.
10:40 Autrefois, Molière et Lully avaient à peu près le même problème.
10:43 Bach, Pompée, Vivaldi, c'était quelque chose qui était relativement normal avant qu'on invente le droit d'auteur.
10:48 Vous vous souvenez, c'est quand même Beaumarchais qui a complètement changé.
10:51 - C'est vrai.
10:52 - La façon dont avant, même quand Flaubert a vendu son livre à l'éditeur, une fois qu'il l'avait vendu, c'était terminé.
10:57 Il n'avait plus aucun droit dessus.
10:59 On a une philosophie différente.
11:00 Et en fait, avant la vision juridique que vous allez nous donner, je crois qu'il y a une question de philosophie de l'art.
11:04 C'est quoi l'intégrité d'une œuvre ?
11:06 Qu'est-ce qu'on a le droit de reprendre ?
11:08 Avec Internet aujourd'hui, c'est intéressant, on soulève aussi la question de qu'est-ce qu'on peut reprendre pour le réinventer, pour le citer ?
11:15 Sur les réseaux sociaux, on le fait beaucoup finalement.
11:17 Et ça suscite une production artistique qui est assez intéressante parce qu'elle est foisonnante de nouveautés.
11:24 Effectivement, il y a la question de la rémunération derrière.
11:26 Donc la vraie question, c'est comment tu permets la réinvention, la réutilisation, mais sans débouter l'intégrité d'une œuvre qui fasse que le créateur...
11:35 Et lui sera qui ? Et Maître Jacob ?
11:38 En quelque sorte, il y a une chose qui est formidable, c'est le bon sens et l'honnêteté humaine.
11:43 C'est simple, on fait un truc en groupe.
11:47 Vous savez, vous faites un devoir de groupe à l'école, il y a tous les élèves qui font le devoir, puis il y a un gosse qui prend le devoir et qui maîtresse, maîtresse, c'est moi qui l'ai fait.
11:54 Ça se fait pas, quoi, franchement.
11:56 C'est dégueulasse.
11:57 Je crois que là, pour le coup, il est maintenant temps, elle a pris des notes, elle a écouté tout ce que tout le monde a dit.
12:01 Je rappelle que vous avez donc assigné en justice la société comme productrice du nouveau spectacle pour contrefaçon du droit d'auteur, contrefaçon sur la marque et concurrence des loyales, et parasitisme.
12:12 Est-ce que la colère d'Eli Chouraki est justifiée sur le plan légal ? Est-ce qu'il peut espérer remporter quelque chose ?
12:19 Alors moi, je n'ai assigné personne, je suis là de façon neutre.
12:23 On peut nous rendre pour conseil, voyez-vous.
12:25 Bien sûr.
12:26 Mais désolément, je vous le dis d'avance.
12:27 Sinon, c'est cher.
12:29 Alors la question qu'on doit se poser en premier, c'est est-ce qu'un concept qui est d'appropriation universelle est protégeable ou pas ?
12:36 Est-ce que les dix commandements qui ont été écrits par Moïse au Sinai, sur le mont Sinai, sont protégeables ?
12:42 Est-ce que le terme "les dix commandements" sont protégeables ? C'est une vraie question.
12:46 C'est ça la question.
12:47 C'est ce que j'ai un peu dit tout à l'heure.
12:48 C'est à l'un ni à l'autre, c'est à Moïse.
12:50 Absolument.
12:51 Et en vérité, c'est un terme qui est quand même générique, une locution générique, qui relève quand même du patrimoine universel.
12:57 Donc ça, c'est un premier point.
12:59 Il y a eu d'ailleurs deux peplums, j'ai appris ça en m'en renseignant un petit peu, dans les années 50 aux Etats-Unis.
13:04 Je vais vous dire mieux que ça.
13:07 Je vais vous dire mieux que ça.
13:08 C'est aujourd'hui, aujourd'hui, l'anniversaire de la naissance de Charlton Heston.
13:13 Il aurait eu 100 ans aujourd'hui.
13:16 Il était né en 1923 et Charlton Heston, c'est le Moïse éternel depuis le film de Cécile Béné.
13:22 Il n'est pas question juste de dire que les décommandements n'appartiennent pas à tout le monde.
13:28 Bien sûr, ça appartient à tout le monde.
13:30 Mais quand même, un spectacle, une comédie musicale, musique de Pascal Obispo, c'est quand même un peu...
13:35 Je vais quand même poursuivre mon raisonnement juridique.
13:39 Je vois, en regardant l'extrait, qu'on est dans un spectacle où va y avoir une nouvelle mise en scène.
13:46 Donc, pas le même metteur en scène que le spectacle de la version originale d'Eli Chouraki.
13:52 Une nouvelle chorégraphie, une nouvelle troupe, des nouveaux costumes, un nouveau casting.
13:59 Donc, tout est nouveau.
14:00 Tout est nouveau, sauf la mise en scène d'Eli Chouraki.
14:03 Pardon, mettre une question dans ce que vous dites.
14:05 Tout est nouveau par rapport à quoi ?
14:07 Nouveau par rapport au premier spectacle.
14:10 Oui, absolument.
14:11 Donc, ça veut bien dire qu'on se réfère au premier spectacle.
14:14 Et c'est peut-être là qu'il y a une biguité.
14:16 Pardon, tout est nouveau sauf les chansons.
14:17 Absolument.
14:18 Mais surtout, ça signifie que la référence, c'est le premier spectacle,
14:24 et qu'on va donc refaire ce spectacle avec des nouveautés.
14:27 Est-ce qu'on ne peut pas l'interpréter comme ça ?
14:29 Vous avez parfaitement raison.
14:30 Il y a une version, je dirais, originale et une nouvelle version du spectacle.
14:35 Maintenant, quelle est la différence entre les deux ?
14:38 Tout simplement, c'est le livret musical.
14:40 À qui appartient les chansons ?
14:42 Elles appartiennent à Pascal Obispo, aux auteurs des textes, Lionel Florence et je ne me souviens plus.
14:48 Vous êtes en train de lui miner le moral.
14:50 Vous êtes en train de lui dire qu'il n'a aucune chance en justice.
14:52 Non, je souhaite donner un avis complètement neutre,
14:55 mais c'est vrai qu'à partir du moment où tout le spectacle musical, la musique,
15:00 le livret musical appartient à Pascal Obispo,
15:03 et s'il le réinterprète avec une nouvelle mise en scène et complètement autre chose,
15:08 on peut s'interroger sur le point de savoir si ce ne serait pas une nouvelle oeuvre.
15:13 Et d'ailleurs, je regardais...
15:15 Donc vous faites avec la même musique, vous faites une nouvelle oeuvre.
15:18 Ça veut dire qu'il y aura une jurisprudence qui dira que par exemple,
15:21 je veux prendre Notre-Dame de Paris, la musique de Notre-Dame de Paris,
15:25 payer mes droits à SACEM, les droits sont à SACEM, je paierai à SACEM,
15:30 et donc une fois que j'ai les droits, je peux faire ce que je veux de Notre-Dame de Paris,
15:34 ce que je veux du Roi Lion, ce que je veux de Roméo et Juliette,
15:37 votre comédie musicale préférée, ce que je veux de...
15:40 Non mais c'est une aberration, excusez-moi.
15:42 - En fait, c'est la SACEM qui délivre les autorisations pour tous les exploitations musicales.
15:48 - Il y a un juge qui va juger.
15:50 - Mieux que ça, avant le juge, est-ce qu'il n'y aura pas une conciliation ?
15:53 Je crois qu'il y a une conciliation possible.
15:55 - J'ai appelé, moi, avant, quand j'ai appris ça, j'ai tout de suite appelé des gens,
16:00 par un intermédiaire qui m'est très cher, un ami à moi, qui est ami du producteur, je l'ai fait appeler.
16:05 - Non mais faut que vous appelliez Obispo, vous avez bien son téléphone, vous ne pouvez pas l'appeler directement,
16:09 et lui dire "Pascal, on se voit, on boit un coup et on discute".
16:12 - Non mais il y a une médiation qui est prévue avant les préleurs.
16:18 - Mais moi, je suis prêt à tout, je veux bien parler avec tout le monde,
16:22 simplement il y a une chose qui m'effraie, c'est qu'on a fait un spectacle qui est absolument magnifique,
16:27 qui a fait le tour du monde depuis 25 ans, que j'ai emmené partout,
16:31 qui maintenant appartient aux français, qui appartient à notre culture.
16:36 - 2 millions d'albums vendus.
16:38 - Voilà, et ce qui me fait peur, c'est que ce truc soit disloqué, détruit,
16:43 j'entends parler d'un décor virtuel, je n'ai aucun point de vue sur le metteur en scène qui va le faire,
16:48 si le spectacle se fait, mais tout ça me fait mal au cœur,
16:52 on remplace les costumes de Sonia Riquel par d'autres costumes,
16:55 on remplace les chorégraphies de Kamel Gouali, je trouve que...
16:59 Faites autre chose, il a raison notre ami, il a raison,
17:03 c'est vous qui fassiez autre chose, qui fassiez par exemple, je ne sais pas, sans moi,
17:10 il peut faire Renaud et Juliette par exemple.
17:13 - C'est une nouvelle oeuvre.
17:15 - Vous ne pouvez pas admettre que c'est une autre production,
17:17 que vous n'avez plus mal à partir, avec ce qui va se passer en mars.
17:21 - Mais la musique à Martien, à Pascal Obispo...
17:26 - Non, parce que je suis l'auteur du spectacle, et je suis l'auteur de...
17:29 - Vous n'êtes pas un des auteurs du spectacle.
17:31 - Oui, mais je suis l'auteur de la ligne qui a fait que les musiques ont été...
17:36 - A la fois je défends Pascal Obispo parce que je l'aime bien,
17:39 mais je défends un peu Elisouraki aussi, parce que je comprends aussi que les chansons,
17:45 forcément que Pascal Obispo a composées, elles ont été composées avec une ligne directrice
17:50 qui suivait le livret du spectacle, qui a été lui livré, écrit par Elisouraki.
17:55 Donc effectivement, il y est aussi pour quelque chose.
17:58 - Aujourd'hui, tout s'est bien passé.
18:00 Mais imaginons que j'ai fait "Le Dix Commandements",
18:02 qui m'ont coûté vraiment très cher, beaucoup d'argent,
18:04 où j'ai mis ma maison au clou, où j'ai mis mon catalogue de films au clou à l'époque.
18:08 Et imaginons que ça n'ait pas marché.
18:10 Aujourd'hui, le producteur que j'ai été, que je suis toujours,
18:15 il n'a plus aucun droit sur l'oeuvre qu'il a produite ?
18:17 - Oui, parce qu'il y a le droit d'auteur, il y a le droit voisin du producteur.
18:21 Ce n'est pas la même chose.
18:23 - Je crois qu'on a à peu près dit l'essentiel sur le sujet.
18:27 On va vous souhaiter bonne chance, et à l'un et à l'autre, à Pascal Obispo avec son projet.
18:32 Et on espère évidemment que vous réussirez, qu'il vous donne de l'offre gratuite pour la première.
18:38 - Si je serais libre, on serait tous au fond.
18:42 - Et puis que vous, avec Rodolphe, si j'ai bien compris, c'est ça,
18:45 vous fassiez un nouveau succès, c'est tout ce qu'on vous souhaite.
18:48 - Mais je veux finir là-dessus, c'est une oeuvre qui nous appartient à tous, à tous les créateurs.
18:55 Pas seulement à un mec qui prend ses billets et qui dit "c'est moi qui l'ai faite".
19:01 - J'ai l'impression d'avoir été Jésus, d'avoir essayé de réconcilier les uns et les autres.
19:05 - Jusqu'au Salomon. - Merci en tout cas d'avoir accepté notre invitation, vous aussi Maître Jacob.