Législatives 2024 - Le contenu de l’accord à gauche et les contradictions de Raphaël Glucksmann

  • il y a 3 mois

Chaque jour, Céline Géraud et ses invités font un point complet sur l'actualité.
Retrouvez "Europe 1 13h" sur : http://www.europe1.fr/emissions/europe-1-midi3

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00:00Europe 1 13h. De 13h à 14h avec vous Céline Giraud et aujourd'hui pour décrypter l'actualité, vos deux chroniqueurs du jour, l'avocat Gilles-William Golnadel et Philippe Bilger, magistrat honoraire, président de l'Institut de la Parole.
00:13Bonjour messieurs, bienvenue à bord. Bonjour madame. Ravie de vous retrouver. Vous êtes prêts pour un tour de rollercoaster ?
00:18Vous connaissez ce manège d'attractions ? Je ne sais même pas de quoi on parle.
00:22C'est une espèce d'attraction très rock'n'roll. Pourquoi ? Parce que ce qu'il se passe actuellement sur la scène politique me fait penser à un énorme parc d'attractions.
00:30Le dernier tour de manège, c'est l'accord qui a été trouvé entre les quatre parties de gauche autour de ce projet commun, nom de code le Nouveau Front Populaire.
00:37Et Thierry Hundekijk, Raphaël Glucksmann, affirme ce matin soutenir et donc rallier cette union de la gauche.
00:43Alors, les mesures qui ont été annoncées dans ce programme, il y a trois abrogations de réformes symboliques, l'augmentation du SMIC qui serait porté à 1600 euros,
00:53net, le blocage des prix sur l'alimentaire, sur l'énergie, le rétablissement d'une voie de paix pour la France sur la scène internationale.
01:01En attendant, je vous propose d'écouter Glucksmann, Raphaël Glucksmann qui est prêt, dit-il, à mouiller le maillot pour gagner sans Mélenchon. Mais il a eu des garanties.
01:10Il n'y aura pas un chef de file. Il y a différentes incarnations. Et la vérité, c'est qu'à la fin, ce ne sera pas Jean-Luc Mélenchon.
01:17Pour une raison très simple, c'est qu'il faut une personne qui fasse consensus au sein des formations qui sont là.
01:23Et quand vous regardez la répartition, eh bien, il n'y a pas de domination écrasante de la FI, comme ça avait été le cas pendant la NUPES.
01:31Donc, en fait, la vérité, c'est qu'il émergera une figure qui pourra rassembler même au-delà du Front Populaire.
01:38Moi, je ne suis candidat à rien. Je ne vais pas être Premier ministre ou je ne vais pas gouverner la France.
01:43Ce que je vais faire, par contre, je vais mouiller ma chemise et aller soutenir les candidats qui vont avoir une responsabilité décisive qui est celle de gagner.
01:52Alors, on entend Raphaël Glucksmann avant de vous écouter. On l'a entendu, il veut mouiller le maillot. On va se souvenir de ce qu'il avait dit, souvenez-vous, le 1er mai.
01:59Dans cette mobilisation à laquelle il avait tenté d'insister, il avait été exfiltré victime d'insultes antisémites.
02:06Ce qui est sûr, c'est qu'il y avait des drapeaux de partis politiques. Il y avait des drapeaux de Révolution Permanente et de la France Insoumise.
02:11Ces gens sont des gens qui ne sont pas des démocrates. C'est tout, ce n'est pas des démocrates.
02:17On le voit dans le comportement interne de leur parti, dans leur structuration, dans leur discours, dans leur violence.
02:23Et nous, on rompt avec ça. Ce ne sont pas nos amis, ce ne sont pas nos camarades et ils font beaucoup de tort aux travailleurs et à la cause du progrès social.
02:32Voilà, Raphaël Glucksmann, c'est un retour de manivelle, Philippe.
02:36Oui, alors, comment dire, dans le conglomérat délétère de la gauche et de l'extrême-gauche jusqu'aux élections européennes,
02:47tout en ne votant pas pour Saliste et Place Publique, je trouvais que dans la médiocrité générale,
02:54il représentait, je dirais, une personnalité estimable, que le ton qu'il avait, le désir, à l'époque d'une éthique démocratique,
03:07pouvait le rendre infiniment sympathique, même pour quelqu'un de conservateur comme moi.
03:12Et puis, il rassemblait tous ceux qui ne voulaient pas justement adhérer aux causes de Jean-Luc Mélenchon.
03:17Le résultat des européennes acquis, j'ai vu à quel point il était apparemment empli de mille scrupules.
03:27Mais ça vous a surpris sa décision ce matin, finalement, d'en rallier cette union de gauche ?
03:30Non.
03:31En disant qu'il avait eu des garanties ?
03:32En définitive, ça ne m'a pas surpris parce que je connais la mollesse même de certaines personnalités apparemment roides et imprégnées de leurs devoirs.
03:43J'étais persuadé qu'à un moment donné, il, pardon pour l'expression très familière, il cannerait véritablement.
03:52Il l'a fait, il dit qu'il a des garanties.
03:55Je regrette tout de même que cette éthique démocratique dont il a parlé avant le résultat des européennes, il l'a réclamé, il l'exigeait.
04:04Eh bien, elle n'est pas venue et pourtant, il rejoint cette union.
04:09William Goldadel.
04:10Front populaire.
04:11Effectivement, ce revirement, ça vous a surpris, étonné, parce que là, on ne s'y attendait pas quand même.
04:16Chaque mot étant pesé, je considère que M. Glucksmann s'est aujourd'hui déshonoré.
04:22Et je vais vous expliquer pourquoi.
04:24Tant qu'il était à place publique et là, pendant la campagne électorale européenne, je lui reprochais de ne pas être très ferme par rapport à M. Mélenchon et les Insoumis.
04:37Mais il avait des convictions quand même.
04:39Voilà, et je pense que s'il l'avait été, il aurait eu encore un meilleur résultat.
04:43Mais peu importe.
04:44Mais ce matin, sur France Inter, il s'est pour moi déshonoré.
04:50Je vais vous dire pourquoi.
04:52Il a dit qu'en tant que juif de gauche, il s'exprime à France Inter, il dit en tant que juif de gauche, je vais vous représenter.
05:01Je ne me serais jamais permis d'indiquer qu'il était juif, M. Glucksmann.
05:06Je ne le fais jamais.
05:07Je ne le fais jamais.
05:08C'est lui-même qui dit qu'il va faire partie d'une alliance avec un parti antisémite et qu'il va représenter les juifs de gauche.
05:18Pardon, mais M. Glucksmann ne représente aucun juif.
05:22Il a été traité de sale juif dans une manifestation, on l'a dit, on vient de l'entendre.
05:30Mais pourquoi ? Pourquoi dit-il ça ? Comment raisonne-t-il, selon vous ?
05:35Je pense que je suis incapable de vous dire...
05:38Il dit que j'ai eu des garanties et en même temps je ne veux pas de Jean-Luc Mélenchon.
05:41Pourquoi ?
05:42C'est de la lâcheté ?
05:43Il se conduit comme un petit politicien qui utilise même sa judéité pour expliquer son engagement.
05:51Alors qu'au moins qu'il se taise sur ce point, j'ai connu son père, moi.
05:55Voyez, j'ai connu son père.
05:57Son père, André Glucksmann, qui était un intellectuel formidable
06:01et qui a passé sa vie à lutter contre l'extrême gauche totalitaire et antisémite.
06:06Je... Enfin, écoutez, je ne veux pas insister davantage.
06:09Je considère que ce matin, M. Glucksmann s'est désénoré.
06:14Philippe Bigère, vous trouvez qu'il y va fort ?
06:18Je ne connaissais pas cette phrase sur le juif de gauche.
06:21Je rejoins totalement, tout en n'ayant pas, évidemment, la légitimité qu'a Gilles et William là-dessus,
06:28pour trouver étrange cette phrase.
06:31Je n'irais pas... Juste une chose.
06:34On utilise tellement de l'autre côté de la frontière politique le terme déshonoré
06:40que je ne voudrais pas l'appliquer un peu à tort et à travers.
06:45En général, je ne le galvaute pas. Je l'ai pesé avant de le prononcer.
06:50Mais je pense que je devais le dire.
06:52On va continuer à en parler, évidemment, de cette gauche divisée, malgré tout.
06:56Pourquoi ? Parce qu'on entendra tout à l'heure, dans quelques instants,
06:59un auditeur qui a voté Raphaël Glucksmann pour les européennes
07:02et qui se pose beaucoup, beaucoup de questions aujourd'hui suite à ce ralliement.
07:07On se retrouve dans quelques instants.
07:08Et vous aussi réagissez dès maintenant au 01 80 20 39 21, le numéro est non surtaxé.
07:13Bon début d'après-midi avec Céline Giraud, de 13h à 14h sur Europe 1.
07:18Vous écoutez Europe 1, la suite d'Europe 1 13h avec vous, Céline Giraud.
07:22Et aujourd'hui, vous êtes entourée, pour décrypter l'actualité,
07:24de l'avocat Gilles-William Gennadel et Philippe Bilger, magistrat honoraire,
07:28président de l'Institut de la Parole.
07:30Et vous, chers auditeurs d'Europe 1, 01 80 20 39 21,
07:33si vous nous rejoignez, on continue à parler de ce qui se passe actuellement sur la scène politique.
07:37On est à 16 jours de ces élections législatives anticipées,
07:42avec du côté de la gauche, cette union enfin trouvée entre les quatre partis
07:47qui ont donc scellé un accord.
07:49Le Nouveau Front Populaire, c'est le nom de ce parti.
07:52Et c'est une surprise, on vient d'en parler, on continue à en parler.
07:55Raphaël Glucksmann a donc rallié cette union de la gauche.
07:59On va en discuter avec Sandrine.
08:01Bonjour Sandrine.
08:02Bonjour.
08:03Merci d'être avec nous en direct dans Europe 1 13h.
08:05Vous êtes auditrice d'Europe 1, vous nous écoutez à Montpellier,
08:09et vous aviez voté Glucksmann au premier tour.
08:12Vous êtes surprise ce matin.
08:14Écoutez, là ce matin, les bras m'entombent.
08:19Cette alliance avec la France insoumise, ça ne passe pas.
08:24Donc moi au deuxième tour, enfin n'importe quoi,
08:27aux prochaines élections, je ne voterai plus pour monsieur Glucksmann pour lequel j'avais voté,
08:33parce que j'estime que ce qu'il a fait ce matin, c'est une trahison.
08:37Donc je me vois dans l'obligation de ne plus voter pour le parti que je soutiens,
08:42qui était plutôt un parti de gauche, le PS,
08:45et de voter, je dirais presque contre mon camp, mais contre le RN aussi.
08:52Parce que là, ce qui vous dérange du côté de la France insoumise, c'est quoi concrètement ?
08:58C'est sur les propos de monsieur Mélenchon,
09:00qui est absolument devenu inaudible depuis quelques temps,
09:04et qui dépasse, si je puis me permettre, un peu les bornes.
09:08Donc là, je ne peux pas m'allier avec une personnalité comme monsieur Mélenchon et ses acolytes.
09:14C'est impossible pour moi.
09:16Impossible, comme c'est impossible pour moi de rallier l'extrême droite.
09:21Pour moi, l'extrême droite et l'extrême gauche sont absolument à éviter, à abolir.
09:28C'est pour moi impensable que la France puisse tomber dans l'un ou l'autre de ces travers.
09:34C'est impossible.
09:35Merci Sandrine. Effectivement, on sent votre émotion et le sentiment de trahison dont on parlait.
09:41Philippe Bilger, là, il est palpable.
09:43Là, on est avec une auditrice qui a voté Glucksmann et qui tombe de son siège ce matin.
09:47Absolument, une parfaite honnêteté intellectuelle et une indignation que je comprends.
09:52Si vous le permettez, un mot, je suis tout de même très étonné de cet opportunisme insupportable avant les européennes.
10:01Le Hamas n'était pas terroriste et je crois comprendre qu'aujourd'hui, depuis le résultat, il y a eu des massacres terroristes le 7 octobre.
10:11On ne parle pas du Hamas, là, on parle des actes qu'on considère qui sont terroristes,
10:15mais le Hamas, pour le coup, n'est toujours pas considéré comme un groupe terroriste.
10:18On fait allusion au massacre du 7 octobre, donc ça veut dire que c'est un opportunisme qui est scandaleux.
10:26Non, écoutez, moi, je trouve que l'auditrice respecte ses convictions et c'est très bien.
10:35Simplement, pour ma part, je n'accepte pas de renvoyer dos à dos les deux extrêmes.
10:42Il y a évidemment toujours deux extrémités dans les partis politiques et il me plaît.
10:47Vous savez, vous avez des radios où il existe une extrême droite mais pas d'extrême gauche.
10:53C'est un bâton politique à un seul bout, c'est quand même curieux.
10:56Non, je considère qu'aujourd'hui, il n'y a qu'un seul parti antisémite et il n'est plus à l'extrême droite.
11:03Voilà, la réalité, elle est là.
11:05Et Sandrine, on l'a entendu, va voter pour les Républicains aux législatives.
11:08De l'autre côté, on va écouter Jean-Paul Brett, c'est l'ancien maire de Villeurbanne.
11:13Il est contre cette union avec la LFI et il va donc se présenter en candidat socialiste indépendant
11:20alors qu'il y a un candidat LFI investi.
11:24Je ne me voyais pas être absent de ça parce que ce qui était prévisible, la reconduction des surtemps
11:29avec l'accord qui vient de se signer, faisait qu'on allait se retrouver avec un seul candidat à gauche
11:34qui était le candidat de la France Insoumise, Gabriel Amard et que ça ne va pas du tout.
11:39Depuis deux ans et demi qu'il est député, d'une part il était assez peu présent
11:43et puis surtout il a été vraiment de ceux à l'Assemblée nationale qui ont accompagné Mathilde Panot ou d'autres
11:49le bruit et la fureur.
11:51Et c'est vrai que ces attitudes à la fois outrancières très souvent ne me conviennent pas
11:56et je trouve qu'elles sont preuves d'une certaine irresponsabilité
11:59et qu'en tout cas elles ne peuvent pas donner crédit et une chance à une France de gauche,
12:04des élus de gauche, qui soit demain en situation d'exercer des responsabilités au niveau national.
12:10Ce n'est pas l'idée que je me fais de la gauche, donc c'est ça qui m'a fait sortir de mon trou.
12:14Voilà, Jean-Paul Bret, l'ancien maire de Villeurbanne qui va donc se présenter en candidat socialiste indépendant.
12:20Est-ce que le PS, Philippe Illégère, peut perdre politiquement à la suite de ce scrutin ?
12:25Ce serait dans un monde idéal, c'est évident qu'il devrait perdre.
12:30Mais comme il avait participé à la Nupes pour sauver ses sièges,
12:35à gauche je pense qu'il ne perdra pas autant que son immoralité devrait lui faire perdre.
12:43Je suis d'accord avec ce que dit Philippe Illégère, je constate simplement, malheureusement,
12:47je salue l'indépendance d'esprit de cette personne qui va se présenter à ce qualité de socialiste,
12:55mais il y en a peu.
12:57Même monsieur Hollande, mu uniquement par sa détestation rancunière de monsieur Macron,
13:05et il n'y a que ça qui peut expliquer son attitude,
13:08accepte justement cette alliance infâme.
13:12Je ne vois que monsieur Cazeneuve, qui ne fait plus beaucoup de politique,
13:16mais qui s'honore...
13:18Oui, c'est ça, à réagir.
13:20Mais il y a Emmanuel Valls aussi.
13:22Et bien entendu, Emmanuel Valls qui depuis longtemps a rompu avec tout ce qui avoisine la gauche extrême.
13:30Pour revenir sur François Hollande,
13:32il est tout de même extravagant qu'il trouverait indécent
13:36la nomination de Jean-Luc Mélenchon comme premier ministre,
13:40mais il ne trouve pas indécent cette alliance contre nature.

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