• l’année dernière
Actuellement il y 350 places d'hébergement dans les hôtels du département de la Loire. Valentin Porte l'affirme, il pourrait y en avoir une centaine en moins cet hiver. Désastreux pour le coordinateur de la Maison solidaire, réseau d'hébergement pour les mineurs étrangers isolés

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Transcription
00:00 7h45, nous sommes le jeudi 5 octobre. Des dizaines de familles sont à la rue en ce début du mois d'octobre.
00:07 L'État doit-il réquisitionner largement les logements libres pour les mettre à l'abri ?
00:11 C'est la question que l'on vous pose et on vous écoute à ce sujet au 04 77 10 0 0 10.
00:16 Réagissez aussi à ce que va nous dire David, notre invité.
00:19 Et on vous lit également sur les réseaux sociaux. Bonjour Valentin Porte.
00:22 Bonjour.
00:23 Vous êtes le coordinateur de la Maison Solidaire. On l'a dit, c'est un réseau d'hébergement qui s'adresse donc aux mineurs étrangers isolés.
00:29 On parle depuis ce matin de 150 familles qui sera à la rue dans la Loire selon les associations.
00:34 Ce sont des chiffres que vous pouvez nous confirmer ?
00:37 En tout cas, les chiffres qui nous sont transmis par le SIAO, c'est 270 ménages,
00:43 donc qui peuvent être des cellules familiales ou des personnes seules, qui appellent régulièrement le 115.
00:49 Sur une semaine, ça représente 675 appels.
00:52 Pour la semaine dernière, uniquement 8 solutions proposées.
00:56 Donc effectivement, ça fait beaucoup de monde sans solution ou sans solution pérenne.
01:03 Sur ce chiffre-là, c'est 165, je pense que c'est le chiffre que vous avez en fait.
01:07 165 personnes qui se disent réellement à la rue, 165 ménages qui se disent réellement à la rue,
01:12 et pour lesquels 8 solutions en une semaine.
01:15 Et quasiment 90 enfants.
01:17 84 enfants entre 0 et 17 ans, oui, effectivement, qui font partie de ces ménages qui sollicitent le 115 tous les jours.
01:24 Le SIAO est très faible, vous l'avez dit, pour les solutions d'hébergement.
01:28 C'est une situation qu'on connaît, mais qui aujourd'hui prend une ampleur inédite dans notre département de la loi ?
01:35 Le désengagement de l'État dans ses prérogatives d'hébergement d'urgence,
01:40 et d'inconditionnalité de cet accueil, effectivement, il se dégrade depuis de nombreuses années.
01:46 Donc à chaque fois qu'il y a des petites fluctuations dans les arrivées,
01:50 des millions de demandeurs d'asile sur le territoire, ça pose problème.
01:54 Ou systématiquement, quand on se rapproche de l'hiver, les gens anticipent la venue du froid,
02:00 et sollicitent plus souvent le 115.
02:03 L'année dernière, sur la même période, il y avait plus de 20 solutions proposées chaque semaine par le 115.
02:10 Là, on est tombé à 8.
02:11 Et on nous parle en plus, alors on n'a pas d'informations claires et sûres,
02:16 de toute façon, cette information sera confirmée seulement quand ça va arriver,
02:20 mais on nous parle de 100 places en hôtel, d'hébergement d'urgence,
02:24 qui vont également fermer sur les 350 actuellement possibles.
02:27 Alors que c'est une ressource très importante, les logements en hôtel,
02:33 comment ça pourrait s'expliquer, se justifier là ?
02:36 L'État dit qu'il n'y a plus de sous, voilà, l'État dit qu'il n'y a pas de sous.
02:40 Donc, ça pose tout un tas d'autres problèmes, dans tous les autres services publics, de toute façon,
02:47 on n'est pas les seuls à être impactés,
02:50 et ces solutions en chambre d'hôtel, c'est effectivement les dispositifs qui sont, pour les personnes, les plus vulnérables.
02:59 Donc en fait, on va se retrouver avec des gens très vulnérables,
03:03 qui seront de plus en plus nombreux, et sans solution.
03:07 Alors après, on peut critiquer la mise à l'abri en hôtel, parce que ça a un coût, effectivement,
03:11 et il serait bien plus intelligent d'utiliser les locaux des associations qui existent déjà,
03:16 et qui sont parfois vides, mais pour lesquels l'État ne débloque pas de financement pour pouvoir accueillir les gens.
03:21 Et il y a énormément de logements vacants, on sait à Saint-Etienne, par exemple,
03:25 il y en a énormément, il y en a partout dans la Loire.
03:27 Est-ce que vous, c'est la question qu'on pose aux auditeurs et aux téléspectateurs ce matin,
03:32 est-ce que pour vous c'est une solution, l'État force la main aux propriétaires,
03:37 et réquisitionne les logements vacants pour mettre tout le monde à l'abri ?
03:40 De là à forcer les gens à accueillir des personnes dans leur bien,
03:45 dont je ne pense pas que ce soit nécessaire,
03:47 il y a suffisamment de places sur les associations existantes,
03:50 des places qui sont vides parce qu'il n'y a pas de financement pour les occuper,
03:53 ou en tout cas des bâtiments qui seraient disponibles et qui pourraient être en capacité d'accueillir,
03:59 si l'État finançait correctement les associations pour qu'elles puissent faire leur travail.
04:03 Les associations et les particuliers qui se mobilisent,
04:07 on donne l'exemple ce matin de l'école Chappe à Saint-Etienne,
04:10 qui s'organise pour accueillir une famille,
04:13 comment on ferait s'il n'y avait pas cette mobilisation des simples citoyens ?
04:18 C'est intéressant que vous me posiez la question,
04:20 parce que j'ai emmené ce petit livret là aujourd'hui,
04:22 c'est un rapport de la Fondation Abbé Pierre,
04:25 qui est titré "Loger les plus exclus quand les citoyens s'en mêlent".
04:30 Si la Fondation Abbé Pierre en est venue à faire un rapport sur l'investissement des citoyens auprès de ces personnes là,
04:36 c'est justement parce que depuis 20 ans et encore plus depuis 10 ans,
04:41 la situation se dégrade fortement et pousse les gens qui rencontrent ces situations,
04:46 dans les écoles, dans les hôpitaux, dans leur travail, etc.,
04:50 parfois dans la rue, et qui y sont confrontés,
04:53 sont emmenés à créer des dispositifs d'accueil qui relèvent de vraies structures,
04:59 telles que nous, par exemple, à la Maison Solidaire,
05:03 on a commencé, moi j'accueillais chez moi,
05:05 la Maison Solidaire c'était chez moi, j'accueillais une famille, puis deux,
05:08 et face au constat qu'on a fait qu'il y avait de plus en plus de monde,
05:14 on a élargi le dispositif,
05:16 le réseau d'hébergeurs est venu compléter l'accueil à mon domicile,
05:19 et puis ensuite, c'est donc Fondation Abbé Pierre et d'autres fondations,
05:24 notamment Emmaüs France et puis la Fondation Rothschild depuis cette année,
05:28 qui nous financent de quoi payer des loyers et des charges
05:32 pour des personnes qui relèvent de dispositifs de l'État.
05:36 Donc cet engagement, il est merveilleux,
05:40 c'est une réponse humaine qu'on trouve par rapport à l'action de l'État
05:45 et au discours du gouvernement et d'une grande partie de nos politiques,
05:50 malheureusement sur les exilés.
05:52 - Ça serait rassurant si on n'avait pas besoin de vous.
05:54 - C'est surtout que le poids qu'on laisse peser sur les citoyens
05:58 font que ça a bien marché pendant un certain temps,
06:02 mais ça commence à s'effondrer,
06:03 parce que les gens s'épuisent, les collectifs manquent de ressources,
06:06 et que la violence de l'État sur ces questions-là,
06:10 elle est de plus en plus forte.
06:12 Si on se retrouve dans la situation actuelle avec des nourrissons de 5 jours
06:15 qui sont sortants de maternité et qu'il n'y a pas de solution d'hébergement proposée,
06:19 et que les assistantes sociales de l'hôpital en viennent à nous contacter,
06:23 pour trouver des solutions,
06:25 ce n'est pas normal, c'est que le système ne fonctionne plus du tout.
06:31 - Merci Valentin Porte, d'avoir donné votre point de vue de spécialiste,
06:37 et puis de retour de terrain sur la situation des sans-abri
06:41 dans les départements de la Loire et particulièrement à Saint-Etienne.
06:43 Je rappelle que vous êtes le coordinateur de la Maison Solidaire,
06:46 un réseau d'hébergement pour les mineurs étrangers isolés.
06:49 Merci d'avoir été avec nous ce matin.
06:51 - De rien.
06:52 - Vous pouvez retrouver toutes les infos sur Francebleu.fr, il est quasiment 7h52.

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