Trois semaines auparavant, 10.000 migrants sont arrivés en trois jours sur l'île italienne de Lampedusa. Et certains sont arrivés il y a quelques jours à Paris. Certains associations, qui viennent en aide aux migrants en distribuant de la nourriture, ont également noté une hausse de la demande.
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00:00 Alors première question, est-ce qu'ils sont plus nombreux ?
00:01 On a pu discuter avec les bénévoles d'un collectif qui est sur place depuis plusieurs années.
00:06 Ce collectif s'appelle "Petit Dèche Solidaires" et donc qui, chaque matin,
00:10 sept jours sur sept, distribue des petits déjeuners, un café, une viennoiserie
00:14 à ces migrants, à ces réfugiés qui en feraient la demande.
00:18 Et ce qu'ils nous disent, ces bénévoles, c'est que depuis une semaine, c'est très simple.
00:22 Pour eux, ils comptent en fait le nombre de gobelets qu'ils distribuent.
00:25 Et on est passé de quelques 250-280 gobelets à 450-470, encore plus de 400 hier.
00:32 Donc il y a effectivement une augmentation de la demande,
00:35 une augmentation du nombre de bénéficiaires, tout bêtement, de personnes qui sont à Paris
00:41 et qui ne sont pas du tout accueillies.
00:43 Je rebondis sur ce que vous disiez, qui vivent dans la rue,
00:46 qui vivent pour la plupart sous le métro aérien, qui sont SDF et qui ne sont donc pas accueillies.
00:52 Ensuite, en ce qui concerne votre seconde question,
00:55 est-ce qu'on connaît le nombre de ces personnes qui sont passées par l'Ampedusa ?
00:59 Non, pour plusieurs raisons.
01:00 D'abord parce qu'il n'y a pas de compte qui est fait par l'État.
01:05 Ces personnes, la plupart du temps, arrivent en Italie par l'Ampedusa,
01:09 ensuite la Sicile, rejoignent le continent européen et passent illégalement en France.
01:15 Et quand ils arrivent à Paris, ils ne sont pas, en tout cas illégalement,
01:18 pour la plupart, ils ne sont pas tracés.
01:21 Et donc, on ne sait pas combien ils sont.
01:24 Hier, on a pu discuter avec Sébastien Rioux, avec plusieurs d'entre eux,
01:28 qui nous ont expliqué que oui, dans les dernières semaines,
01:30 ils étaient passés par l'Ampedusa,
01:32 mais il est extrêmement compliqué de vous donner un décompte précis, évidemment.
01:37 Vous avez pu échanger avec deux d'entre eux, qui s'appellent Brana et Saïd.
01:41 Qu'est-ce qu'ils vous racontent ?
01:42 Alors, Brana, c'est un réfugié érythréen qui nous dit être âgé de 18 ans.
01:46 Il nous explique être parti il y a quatre mois d'Érythrée.
01:49 Il nous dit que c'est très dur là-bas parce que là-bas, il y a la guerre.
01:52 On le sait, il y a énormément de conflits, notamment avec l'Ethiopie, autour du Tigré.
01:56 Il nous explique qu'à Paris, il y a la paix.
02:00 C'est complète à comprendre, mais il fait le parallèle entre un pays, le sien, qui est en guerre,
02:03 et la France où il est aujourd'hui, qui est en paix.
02:06 Il nous explique avoir un diplôme de mécanicien et lui souhaite rejoindre son frère,
02:10 qui vit en Allemagne, où on a aussi rencontré, vous le disiez effectivement, Saïd,
02:14 un autre réfugié soudanais qui nous dit être âgé de 20 ans,
02:17 qui lui nous explique qu'au moment où on le rencontre,
02:20 autour de lui, il y a une trentaine de personnes qui viennent d'Érythrée, d'Ethiopie.
02:22 Les autres sont originaires du Soudan.
02:24 Certains sont afghans ou banglades.
02:27 Et c'est vrai qu'on les interroge sur leur vie, sur leur passé,
02:31 mais pour eux, c'est extrêmement difficile d'en parler
02:34 parce qu'ils ont vraiment vécu des situations extrêmement compliquées.
02:38 C'est ce que nous raconte en substance Saïd.
02:40 - Comment est-ce qu'ils y vivent ? Dans quelles conditions ?
02:43 - Des conditions extrêmement difficiles.
02:45 Ils sont sans domicile fixe pour la plupart.
02:48 Ils vivent entre eux, dans des petits groupes d'amis
02:52 ou d'affluences d'origine,
02:56 pas parce que ça leur fait plaisir,
02:58 mais surtout parce que c'est important pour eux, il faut le comprendre,
03:01 on vit dans la rue et donc on a besoin d'être en petit groupe pour se protéger
03:05 parce que ce n'est pas évident.
03:06 On sait que ces quartiers dans lesquels ces réfugiés vivent
03:10 sont soumis à des trafics de drogue.
03:13 Donc, il y a beaucoup de violence.
03:14 Et donc, la plupart du temps, ces personnes vivent entre elles, se soutiennent.
03:18 Et puis, elles espèrent pouvoir rejoindre des pays
03:22 dans lesquels ils ont un proche
03:24 ou on leur a dit que tel pays était intéressant
03:27 parce qu'il y avait du travail.
03:28 Et donc, pour les personnes avec qui on a pu discuter,
03:31 c'était l'Angleterre, c'était les Pays-Bas,
03:34 c'était l'Allemagne ou c'était encore la Belgique, par exemple.
03:38 - Ils ne veulent pas rester en France ?
03:39 - Certains, sans doute.
03:42 Pour travailler, la plupart du temps, ce qu'ils nous expliquent,
03:44 c'est qu'ils ne veulent absolument pas être un poids pour une société,
03:47 quelle qu'elle soit.
03:48 Il y a cette volonté déjà d'échapper à leur destin dans leur pays.
03:52 Ils ont vécu des choses terribles.
03:54 Ils sont passés par des mois de voyage absolument éprouvant.
03:58 Par exemple, en Libye, on nous raconte que là-bas,
04:01 si on se fait arrêter par la police, il y a deux solutions.
04:03 Soit on paie les policiers, soit on va en prison
04:07 avec les conditions qu'on imagine.
04:08 Donc, arrivés en France, ces personnes-là ne se disent pas non plus
04:12 "ça y est, je suis en France, c'est les vacances",
04:13 mais ils ont envie de faire quelque chose de leur vie.
04:15 Et c'est pour ça qu'ils ont entrepris ce voyage.
04:17 Donc, sans doute, il y a-t-il des personnes qui souhaitent
04:20 vivre en France et travailler.
04:21 Moi, je n'ai pas discuté avec elles, mais il y en a aussi
04:23 qui souhaitent vivre ailleurs.
04:24 En fait, si vous voulez, le pays de destination,
04:26 que ce soit la France ou un autre, n'est pas tant,
04:29 j'ai l'impression, une question importante pour eux.
04:31 Et ce qui est plus important, c'est de trouver un travail
04:33 et de s'insérer dans une société.
04:34 - Bien, on va laisser avec nous Benoît.
04:36 Merci beaucoup pour cette enquête.