Jean Garcia, président de l'Union départementale des pompiers

  • l’année dernière
Pendant le congrès national des sapeurs-pompiers à Toulouse, Jean Garcia, le président de l'Union départementale des pompiers a répondu aux questions de Simon Colboc, sur France Bleu Roussillon ce jeudi.
Transcript
00:00 7h46, l'invité de France Bleu, Roussillon, c'est un pompier ce matin, Simon Colbeck.
00:06 Bonjour Jean-Garcia, vous êtes le président de l'union départementale 66 des pompiers
00:12 et vous êtes en direct depuis Toulouse où se tient le congrès national des sapeurs-pompiers.
00:16 C'est jusqu'à dimanche, avec vous Jean-Garcia on va faire le point sur l'été, les grands
00:20 feux, les nouveaux outils aussi qui arrivent, la nouvelle technologie à votre disposition
00:24 justement.
00:25 D'abord Jean-Garcia un mot sur cette annonce du département, hier 100 pompiers professionnels
00:30 en plus pour les Pyrénées-Orientales d'ici 8 ans.
00:33 En 2031 le département comptera 100 pompiers professionnels de plus qu'aujourd'hui, 430
00:39 au total.
00:40 Est-ce que c'est une bonne nouvelle Jean-Garcia ou est-ce que finalement c'est le cours normal
00:44 des choses vu l'augmentation de la population chez nous ?
00:46 C'est une excellente nouvelle, je salue l'effort du conseil départemental de ses élus et
00:55 de la présidente, mais déjà depuis 2 ans ils ont commencé à faire cet effort-là
01:02 puisqu'ils ont déjà rallongé le budget du SIS de près de 5 millions permettant le
01:08 recrutement de 403 sapeurs-pompiers volontaires, 27 sapeurs-pompiers professionnels et 16 personnels
01:15 administratifs.
01:16 Ce sera facile de les trouver ces 100 pompiers professionnels en plus ?
01:19 On espère, comme toujours, susciter des vocations ou permettre que des sapeurs-pompiers volontaires
01:29 passent le concours et fassent de cette activité, dans un premier temps, une véritable profession.
01:36 Et ces 100 pompiers en plus, il va falloir aussi les installer, est-ce que ça veut dire
01:40 aussi qu'il faudra une caserne supplémentaire ? On parle du Massabol pour l'instant qui
01:43 tiendrait la corde pour une nouvelle caserne, c'est votre avis aussi, il va falloir des
01:46 casernes en plus ?
01:47 Alors, c'est une excellente nouvelle de prévoir justement, ou dans certains départements
01:55 on ferme des casernes, prévoir l'implantation d'une nouvelle caserne pour pallier à ce
02:02 problème de maillage territorial, c'est une excellente nouvelle pour les populations
02:07 des villages aux environs de cet axe stratégique.
02:11 Donc vous nous dites, il va falloir des casernes en plus aussi ?
02:13 Déjà une en plus, c'est énorme, ça fait des années qu'on n'avait pas construit
02:20 de casernes et qu'au contraire on fermait, donc là c'est une excellente orientation.
02:25 Jean Garcia, vous êtes donc à Toulouse pour le congrès national des pompiers, c'est
02:29 jusqu'à dimanche, congrès qui intervient après un été de nouveau très rude sur
02:32 le front des incendies.
02:33 Chez nous dans le département, il y a eu évidemment Cerbère au printemps, Saint-André
02:38 au mois d'août, mais la saison des incendies avait démarré extrêmement tôt, dès cet
02:42 hiver avec ce feu important en bordure du Bourdigou à Torreil.
02:46 Jean Garcia, vous sentez que le métier de pompier évolue aussi sous l'effet du réchauffement
02:50 climatique ?
02:51 Oui, tout à fait.
02:53 Qui plus est dans notre département, où on a une sécheresse déjà depuis deux ans,
02:59 et il va falloir adapter nos techniques, nos méthodes et notre stratégie en fonction
03:08 de ce réchauffement climatique et des impacts que ça a sur la météo.
03:14 Et ça veut dire quoi alors, adapter votre stratégie ?
03:16 C'est justement pour ça que le président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers
03:23 de France souhaite interpeller le ministre de l'Intérieur, parce qu'il faut accompagner
03:30 les efforts des conseils départementaux qui soutiennent les dix.
03:36 Il faut accompagner leurs efforts financiers et il est important que le gouvernement accompagne
03:43 ses élus, parce qu'il faut vraiment qu'on finance la mobilisation des moyens humains
03:48 et matériels.
03:49 Alors justement le matériel, il évolue très rapidement aussi avec les nouvelles technologies.
03:52 Des drones ont été achetés par le SDI-66 ces dernières années.
03:58 Comment ça pourrait évoluer ces prochaines années ? Est-ce qu'il y a du matériel en
04:01 plus ? Est-ce qu'il faut développer aussi ce côté nouvelles technologies chez les
04:05 pompiers ?
04:06 Oui, c'est essentiel justement pour nous adapter, selon moi, aux changements climatiques.
04:13 Ces drones ont été achetés cette année et ils ont permis notamment les surveillances
04:19 des incendies qui ont touché le département cet été, puisque avec beaucoup de technologies,
04:26 de l'infrarouge, on peut situer les foyers et les surveiller.
04:31 Ensuite, d'autres matériels comme par exemple des petits robots radiocommandés permettent
04:38 de faire des reconnaissances longue distance sans mettre en danger le personnel, comme
04:45 par exemple ce fut le cas lors de l'incendie de la cathédrale Notre-Dame.
04:49 Mais vous, ça vous servirait dans quel cadre ? Pas pour les feux de végétation ?
04:52 Alors ce type de robot, non.
04:55 C'est plus sur les feux d'infrastructure, ou comme on avait connu il y a une vingtaine
05:03 d'années, le feu de parking souterrain à Canet.
05:05 Oui, dans des conditions effectivement très compliquées pour les pompiers pour se déplacer.
05:10 Les 7h et 51 minutes.
05:11 France Bleu Roussillon, l'invité du 6/9.
05:14 Avec nous Simon Colboc, Jean Garcia, notre invité, le président de l'union départementale
05:19 des pompiers.
05:20 Et Jean Garcia, un aspect très important dans la lutte contre les feux de végétation,
05:22 c'est évidemment le débroussaillement.
05:24 Le feu de Saint-André l'a malheureusement bien mis en lumière au mois d'août.
05:27 Est-ce qu'on en fait assez ? Est-ce qu'il faut durcir les sanctions pour ceux qui ne
05:30 respectent pas les règles du débroussaillement de ce point de vue ?
05:33 C'est plutôt de la prévention qu'il faut faire.
05:39 C'est vrai que malheureusement, disons que le citoyen français et catalan n'a pas cette
05:48 culture de la sécurité, cette culture de la prévention.
05:53 Même si par exemple les détecteurs de fumée sont obligatoires dans les maisons, certes
06:01 on les met en place mais on ne les contrôle pas.
06:05 Et concernant la protection de nos habitations lorsqu'on habite juste à côté de massifs,
06:11 c'est vrai que ce débroussaillage est essentiel.
06:14 Et on pense que ça ne nous touchera pas et malheureusement, comme ce fut le cas sur la
06:21 trentaine d'habitations à Saint-André cet été, ça peut nous arriver.
06:25 Donc une partie débroussaillement, prévoir peut-être des tuyaux d'arrosage ou un système
06:32 d'aspersion pour protéger l'habitation, tout ça ce sont des réflexions, des techniques,
06:38 une préparation et une sensibilisation au risque que nous devons avoir.
06:43 Mais ça, ça va prendre du temps, s'il s'agit de changer les mentalités, ce n'est pas du
06:46 jour au lendemain que ça se fait ?
06:47 Non, tout à fait.
06:48 Il va falloir préparer la population à ces changements.
06:53 On parle beaucoup des feux, évidemment, parce qu'on a tous en tête ces images très fortes,
06:57 très marquantes du feu de Saint-André, notamment de cet été.
07:01 Mais la plupart des interventions des pompiers, il faut quand même le dire, c'est pour l'aide
07:04 aux personnes.
07:05 Avec le manque de médecins, la population qui vieillit, le nombre d'interventions ne
07:10 cesse d'augmenter aussi pour les pompiers.
07:11 Est-ce que vous n'avez pas le sentiment d'être un peu ceux qui bouchent les trous de la raquette
07:15 finalement dans le système de secours français ?
07:17 Oui, c'est vrai qu'on fait souvent appel à nous à défaut.
07:24 Et là aussi, notre président de la Fédération nationale compte bien demander un travail
07:32 partagé avec le ministère de la Santé sur la gestion de ces interventions d'ambulance
07:37 parce qu'il faut impérativement qu'on recadre l'activité d'urgence pour les sapeurs-pompiers.
07:42 Il y a trop de bobologie aujourd'hui ?
07:43 Oui, clairement, oui, on a une augmentation de près de 8% sur ce type d'intervention
07:52 qui ne relève pas de nos missions premières.
07:57 Un dernier mot, Jean-Garcia, il ne nous reste que quelques secondes.
08:01 Un mot sur la sécurité aussi, on l'a vu lors des émeutes en juin dernier.
08:04 Les pompiers sont parfois aussi des cibles en tant que représentants de l'État.
08:08 Est-ce que dans les Pyrénées-Orientales, vous êtes confronté à ces problèmes, aussi
08:12 à ces violences ? Est-ce que vous êtes suffisamment protégé quand vous intervenez à Perpignan
08:17 par exemple ?
08:18 Alors, lorsqu'on est victime de ces événements, on dira qu'on n'est pas assez protégé.
08:27 Ce qui est certain, c'est qu'il ne faut pas relativiser, ça se produit trop, en mon
08:34 sens, puisque les pompiers, quand on intervient, c'est pour porter secours et nous attaquer,
08:43 alors qu'on porte secours peut-être à une mère, à un enfant.
08:48 Mais c'est de plus en plus dans les Pyrénées-Orientales ou pas ce phénomène ?
08:50 De plus en plus non, en termes physiques non, en revanche, d'un point de vue verbal et menace,
09:01 c'est en train de croître comme tout naturellement partout dans la population, puisqu'on a une
09:06 malheureusement, la société française a de plus en plus de violences, y compris verbales.
09:13 Merci beaucoup Jean Garcia, je rappelle que vous êtes le président de l'union départementale
09:16 66 des pompiers en direct de Toulouse pour le grand congrès national des sapeurs-pompiers.
09:21 Excellente journée à vous.
09:21 Bonne journée à toutes et tous, merci.

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