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00:00 [Bruits de la foule]
00:20 Éric Brocardi est avec nous, c'est toujours un bonheur de vous avoir Éric,
00:24 porte-parole de la Fédération Nationale des Sapeurs-Pompiers de France.
00:27 Éric, quand on voit ça, on se dit "c'est incroyable".
00:30 – Malheureusement, c'est ce qui peut se passer au quotidien
00:33 dans tous les hôpitaux de France à un moment donné,
00:36 lorsqu'il y a une trop forte demande,
00:38 une trop forte pression opérationnelle liée à une demande de secours.
00:41 Donc très clairement, ces images-là, elles montrent parfois la réalité,
00:45 il faut le dire.
00:46 Les sapeurs-pompiers, c'est près de 4,5 millions d'interventions,
00:49 c'est 4 millions liés au secours d'urgence aux personnes,
00:51 c'est ce qu'on voit là,
00:52 et c'est près de 3 millions de personnes prises en charge.
00:55 Donc très clairement, on est sur un souci aujourd'hui de pression opérationnelle
00:59 qui manque d'être évacuée par le biais du SAS des urgences.
01:04 Ce n'est pas forcément la meilleure des méthodes
01:06 que d'abcheminer tout le monde vers les urgences,
01:08 mais ça fait partie aujourd'hui, malheureusement,
01:10 d'un process sur lequel on a du mal à revenir ou à interférer,
01:14 parce qu'aujourd'hui, tout est imbriqué entre les sapeurs-pompiers,
01:17 le SAMU avec qui on travaille,
01:18 et ça repose avant tout, ce qu'on tient à dire, sur des humains.
01:22 Et quand vous avez les sapeurs-pompiers, comme les ambulanciers,
01:24 comme le personnel hospitalier intérieur,
01:26 ils tiennent la main des gens dans ces inexorables moments d'attente,
01:30 et c'est très clairement aujourd'hui une souffrance que l'on vit,
01:32 que l'on partage avec les gens.
01:33 Et donc à cela, le Congrès national des sapeurs-pompiers de France,
01:36 qui ouvre aujourd'hui, va accueillir, et c'est une première,
01:39 le ministre de la Santé aux côtés du ministre de l'Intérieur.
01:42 Donc parce qu'on a ces problèmes-là,
01:44 on a ces problèmes d'évacuation au niveau et d'anticipation
01:46 en termes d'acheminement des victimes aux urgences.
01:49 – C'est un pompier qui a filmé la scène, qui en avait marre d'attendre
01:52 et qui voulait montrer la galère des urgences dans ce pays,
01:54 c'est ça qui est fou.
01:55 C'est un pompier lui-même qui a voulu montrer cela à un gilet.
01:58 – C'est extrêmement rare, et d'ailleurs vos collègues ont dit,
02:01 mais on diffuse ça parce qu'on ne devrait pas être là,
02:03 parce que ça nous empêche d'être opérationnels sur des urgences ailleurs.
02:06 – En fait ce qui se passe là, c'est que le temps d'attente qui est ici,
02:08 ça a des répercussions sur le temps opérationnel.
02:10 Vous savez en France, c'est 250 000 sapeurs-pompiers
02:13 qui sont professionnels, mais aussi pour 80% des volontaires,
02:16 donc ça veut dire qu'ils ont quitté leur domicile,
02:18 ils ont quitté leur activité.
02:19 Les professionnels ont aussi une activité forte et soutenue
02:23 dans le cadre du domaine urbain, puisqu'ils sont principalement
02:26 localisés dans ces zones-là.
02:28 Donc il est clair que le temps qu'on passe là-dessus,
02:29 c'est des interventions que l'on ne fait plus à côté.
02:31 Et donc forcément c'est un effet domino inexorable qui tombe au fur et à mesure,
02:35 et quelque part ce n'est pas, on va dire, très engageant
02:38 vis-à-vis de la fonction publique, parce que très clairement,
02:40 derrière, qu'est-ce qui se passe ?
02:42 Les sapeurs-pompiers réfléchissent,
02:44 les sapeurs-pompiers ont du mal, continuent à agir,
02:46 et il y a une perte de motivation, il y a une perte de sens,
02:49 mais ça on le voit aussi dans l'épuration très claire
02:51 des services hospitaliers.
02:53 Je crois qu'aujourd'hui, le cœur du sujet, c'est de remettre l'humain
02:56 sur le devant de la scène, comprendre que la fonction publique
02:59 aujourd'hui repose sur des hommes, c'est très clair,
03:02 et derrière cela, vous avez du temps, de l'impatience,
03:04 et aujourd'hui on est de moins en moins patients,
03:06 et il y a des agressions qui s'enchaînent derrière.
03:08 Très clairement, malheureusement, ce que l'on voit,
03:12 c'est le résultat d'aujourd'hui, c'est mis en lumière.
03:14 Vous l'avez aussi pendant l'été, vous avez eu,
03:16 pendant cet été au mois d'août, des urgences qui ont fermé
03:19 en plein mois d'août à Saint-Tropez par exemple.
03:20 - 163 services d'urgence ont fermé au moins une fois cet été.
03:23 - Exactement, et c'est extrêmement dangereux déjà d'une part
03:26 pour la distribution, la prise en charge des victimes,
03:28 mais très clairement aussi derrière, ça pose le souci
03:30 du rallongement du délai d'intervention,
03:32 et donc forcément, quoi faire ?
03:34 - Il y a un chiffre qui fait vraiment flipper,
03:37 c'est en décembre 2022.
03:38 Écoutez bien, chez vous, à 19h58, ce chiffre, il est fou,
03:43 23 décès auraient pu être évités si les patients
03:47 avaient pu être pris en charge rapidement.
03:49 Incroyable ça.
03:50 - Alors c'est incroyable et ça, quelque part, ça relève aussi
03:52 ce qu'on pourrait appeler une réponse graduée,
03:55 c'est-à-dire qu'au sein des territoires,
03:56 vous avez des sapeurs-pompiers, des secouristes ++,
03:59 comme des ambulanciers, comme des acteurs du SAMU,
04:03 mais au-delà de ça, on aura une réponse graduée
04:05 parce que ce que vous avez vu à l'instant à l'écran,
04:08 ça ne nécessite pas forcément un acheminement aux urgences.
04:11 C'est-à-dire qu'entre quatre brancards,
04:13 vous avez forcément une personne qui est en détresse vitale,
04:15 et ça, ça ne peut pas attendre.
04:17 Et donc forcément, force est de constater qu'à l'intérieur,
04:19 vous avez M. Madal, tout le monde, qui ont décidé de s'engager
04:22 en tant qu'infirmiers ou infirmières et qui, eux, désespèrent aussi
04:26 pour essayer d'absorber ces mots de la société,
04:28 de pouvoir y répondre.
04:29 Mais derrière, on a une file d'attente qui dure
04:32 et clairement, il faut trouver des solutions
04:35 qu'on va pouvoir établir avec le Ministre de la Santé
04:36 lors du Congrès national des pompiers de France actuellement.
04:38 - Il y a Christophe Climaco, secrétaire de l'Union CGT Santé des Pyrénées-Orientales,
04:41 qui a dit "même sans une grande affluence,
04:43 on a souvent six heures d'attente aux urgences
04:46 et dix heures d'attente ou douze d'attente,
04:48 c'est monnaie courante ici, on alerte depuis des mois et des années
04:50 pour avoir plus de moyens, mais ça ne vient pas."
04:53 Oui Raymond ?
04:53 - Non, je ne sais pas si je dis des conneries,
04:55 mais j'ai un gros problème, moi par exemple,
04:57 je n'ai plus de médecin traitant, il est parti à la retraite
04:58 et j'avais un problème avec mon enfant,
05:00 j'étais aux urgences en fait, j'avais rien à foutre aux urgences.
05:03 Si j'avais un médecin traitant, j'avais rien à foutre aux urgences.
05:05 Peut-être que là, il y a des gens là-dedans.
05:06 - Alors lui, il est pompier.
05:07 - Non mais dans les brancards, comme il dit,
05:09 il y a des gens qui n'ont rien à voir là-dedans.
05:10 - C'est exactement ça. Vous prenez la même file d'attente en fait.
05:13 D'où l'idée peut-être de séparer les files d'attente.
05:15 - Le médecin traitant que tu n'as pas.
05:16 - C'est un problème d'organisation.
05:17 - Voilà, donc il y a un gros problème avec leur idée de médecin traitant.
05:20 Moi, il faut que je cherche un médecin.
05:21 Au Spa, je n'ai pas de médecin en fait.
05:22 Si demain, je fais un arrêt de travail au boulot, je n'ai pas de médecin.
05:24 - Elle lance un appel.
05:25 - Elle lance un appel, s'il y a un médecin qui veut bien me prendre,
05:27 moi et ma famille.
05:28 - On va bien donner au père, mais il n'aime pas ta gueule.
05:31 - Non, je rigole.
05:32 - C'est ça qui est dommage. En 2023, on est là en fait.
05:34 Je ne dois pas être tout seul.
05:35 - Est-ce qu'il n'y a pas certains patients qui sont responsables aussi ?
05:37 Parce que j'ai vu des reportages où ils disaient que les urgences étaient saturées
05:40 à cause de gens qui se rendaient aux urgences alors que ce n'était pas du tout urgent.
05:42 Du coup, les cas urgents ne passaient pas en ronde.
05:44 - C'est ce que je viens de dire.
05:45 - Non, parce que toi, tu ne pouvais pas faire autrement.
05:47 Les gens qui décident d'eux-mêmes d'aller aux urgences
05:48 alors qu'ils ne peuvent pas aller chez le médecin.
05:50 - Mais il n'y a pas de médecin traitant.
05:51 Il y a des gens qui ont des médecins et qui jugent que leur cas est urgent alors qu'il ne l'est pas.
05:54 - Oui, parfois, ça s'appelle l'assistanat.
05:56 Je l'ai vécu. Parfois, j'étais appelé et j'ai vu une personne aller vers cette intervention-là
06:03 et la personne attendait un boîte chez elle avec des valises.
06:05 Donc, comment voulez-vous à un moment donné comprendre le sens de votre mission
06:08 et comment expliquer à un moment donné que ce n'est pas votre mission ce type d'intervention ?
06:12 Donc, très clairement, on est sur un sujet aussi de qualification, de l'urgence
06:17 et on travaille sur le terrain avec l'ensemble du SAMI
06:21 parce qu'aujourd'hui, il y a une régulation qui se fait au téléphone mais qui ne suffit pas,
06:24 qui ne suffit plus.
06:25 On a vu, on va dire aujourd'hui, un service d'urgence au niveau du SAMI qui était mis à mal aussi.
06:30 Et derrière, ce sont des hommes et des femmes au bout du téléphone.
06:32 Les sapeurs-pompiers, c'est en gros 12 minutes entre le moment où vous décrochez l'appel des urgences
06:37 et le moment où vous avez des sapeurs-pompiers en boîte chez vous.
06:39 C'est quand même énormément en termes de service public.
06:41 Mais quelque part, ça s'effrite et ça s'érode.
06:43 Et clairement, derrière, ça va être votre enfant, votre grand-père, votre grand-mère
06:46 qui aura forcément besoin et qui à ce moment-là n'aura pas le recours nécessaire
06:50 au niveau des interventions, au niveau du potentiel de distribution des secours
06:53 qui pourraient intervenir parce qu'ils sont dans un fil d'attente.
06:55 - Jacques Cardos.
06:56 - Quels étaient les cas ce jour-là ?
06:57 Parce que ce sont des gens qui sont sur des brancards, ce n'est pas juste une file d'attente.
07:01 On a l'impression que ce sont des cas graves quand même.
07:03 - Alors déjà, on ne peut pas dire ce qu'il y a comme cas étant donné que c'est aussi un sujet de secret, évident.
07:09 Mais le sujet derrière, c'est que vous avez de tout.
07:12 Vous avez la détresse morale.
07:14 Vous avez la personne qui ne se sent pas bien mais qui n'arrive pas à déterminer ce qu'elle a.
07:17 Vous avez les moments de solitude.
07:19 Je vous mets au défi de comprendre ce qu'a votre voisin
07:21 et est-ce que vous serez au courant un jour s'il ne va pas bien ou pas.
07:24 Donc clairement, un mauvais aiguillage dès le départ, une mauvaise prise en charge aussi
07:28 qui n'est pas dû au niveau du service.
07:29 Et parce que quelque part, comme je n'arrive pas à définir ce que j'ai,
07:32 je trouve la solution la plus simple, c'est de solliciter les urgences.
07:35 - Oui.
07:36 - Est-ce qu'il y a beaucoup de gens qui abusent ?
07:37 C'est-à-dire qu'au lieu d'aller tout seul aux urgences,
07:39 font appel à vous en se disant qu'il faut être prioritaire en arrivant au service des gens.
07:42 - Oui, ça arrive.
07:43 Mais malheureusement, cette vidéo montre très bien une chose,
07:46 c'est qu'on n'est pas prioritaire malgré qu'on soit pris en charge par les urgences.
07:49 D'où le fait de rappeler nécessairement qu'aujourd'hui,
07:52 ce n'est pas parce qu'on appelle les sapeurs-pompiers que vous passerez plus vite dans tout le monde.
07:55 Tout un chacun a le droit d'accéder au niveau des urgences.
07:58 Je pense que comme on le disait, entre le ministère de l'Intérieur et le ministère de la Santé,
08:01 il y a un calibrage à effectuer parce que nous sommes à la fois sur secours d'urgence aux personnes,
08:05 comme nous sommes aussi rattachés à toutes les autres missions de secours.
08:08 Donc très clairement, il y a des voies d'accès et de travail qui doivent être dévoilées.
08:12 - Votre question n'était pas ouf.
08:13 - Je ne crois pas.
08:14 - Si, si.
08:15 - J'ai bien vu.
08:16 - Elle était bien.
08:19 - Eric Brocardi, ces images, j'ai l'impression qu'on les voit depuis des années sur nos écrans.
08:23 C'est-à-dire que ces files d'attente, ces brancards, on les voit depuis des années.
08:26 L'OMS nous dit qu'il y a 15 millions de personnels soignants
08:28 dont on manquera d'ici 2030.
08:32 C'est demain. On fait quoi ?
08:33 - En fait, on en parle de... Non ?
08:35 Cyril, je comprends.
08:37 Ah bon, pardon. Vous vous en fichez ?
08:39 Non, mais on en parle, ça fait des années.
08:41 - Oui, on en parle, ça fait des années.
08:43 Il y a eu des concentrations, on va dire, de reconcentration des urgences
08:47 dans le domaine de l'accueil, justement, des victimes.
08:50 Derrière, à savoir si cela suffit.
08:53 Clairement, quand on voit les images, non.
08:54 - On est d'accord, on voit ça depuis des années.
08:56 - Il faut le dire. Il faut montrer à un moment donné.
08:58 Le sujet qui est fondamental, c'est comment on peut mieux traiter.
09:01 Et ça a été développé aujourd'hui avec des solutions.
09:03 Tout le monde peut-être, entre guillemets, rigole de voir
09:05 les consultations via les téléphones, via les visios.
09:08 Mais aujourd'hui, ça peut être une solution pour, on va dire,
09:11 être un tampon et ça peut faire baisser un petit peu.
09:13 Aujourd'hui, il faut l'accepter, sauf que la fracture numérique est encore là
09:16 et que vous avez toujours, malheureusement, des personnages isolés
09:19 sur lesquels nous, nous avons le devoir d'être présent au cas de,
09:22 parce qu'ils sont en détresse.
09:23 Et très clairement, ça n'amortit pas le choc.
09:25 [Musique]