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Transcription
00:00 Isabelle Vittarie est avec nous.
00:01 Isabelle, vous êtes allée voir cette semaine les Poupées Persanes, c'est au Théâtre de la Pépinière.
00:06 Oui, et pourquoi je suis allée voir les Poupées Persanes ?
00:08 Parce que j'en avais marre dans les dîners en ville de parler du voile en Iran
00:12 sans trop savoir pourquoi ils en sont là et quoi d'y caissent.
00:15 Alors, plutôt que de m'inscrire à la fac et commencer un master sur l'histoire de l'Iran,
00:19 je me suis dit je vais aller voir les Poupées Persanes, comme ça j'apprends, je comprends, sans rien glander.
00:24 Ce qui est un peu ma philosophie de la vie.
00:27 Donc vous allez me dire "oui, une pièce sur l'Iran, on va s'ennuyer".
00:31 Hop hop hop, que nenni, Thomas !
00:33 Haïda Asgharzadeh qui a écrit la pièce et qui n'en est pas à son premier succès,
00:38 c'est sa cinquième pièce, elle a d'ailleurs eu le Molière 2023 du meilleur auteur, s'il vous plaît.
00:44 Donc Haïda nous raconte deux histoires en parallèle.
00:46 Attention, ambiance.
00:49 1978, en Iran, des hommes et des femmes intellectuels se rebellent contre le régime du Shah.
00:54 Et l'autre histoire se déroule en France, en décembre 1999,
00:59 une mère d'origine iranienne traîne ses deux filles adolescentes et râleuses dans un petit chalet perdu sous la neige.
01:05 Et l'on passe d'une histoire à l'autre en un claquement de doigts.
01:08 Bravo à la virtuosité, et le mot est faible, des six comédiens qui jouent chacun plusieurs rôles.
01:14 Et aussi bravo à Régis Vallée pour cette mise en scène très astucieuse, un peu à la gondrie, vous voyez.
01:20 On passe d'une jôle iranienne à une boîte de nuit dans les années 2000 en une seconde.
01:24 C'est très rythmé, chaque scène est ciselée à la perfection, il ne s'attarde pas sur les émotions.
01:29 Et Dieu sait qu'il y en a de l'émotion dans ce spectacle.
01:33 Vous vous doutez bien que les petits intellos iraniens de 1978 y prennent cher.
01:38 Emprisonnement, torture et tutti quanti.
01:42 Et quand les deux histoires se rejoignent, alors ça vous explose à la figure.
01:47 Émotion, émotion, émotion.
01:49 - Vous avez pleuré Isabelle ?
01:51 - Oui, oui j'ai pleuré.
01:53 Et je dis merci, car c'est pour ça que je vais au théâtre, pour vivre ces émotions.
01:57 Parce que quand je pleure, je me sens vivante.
02:00 Bon, un peu moche aussi avec mon mascara qui a coulé et j'ai confié le nez rouge.
02:03 Moche, mais vivante.
02:05 Et c'est ce qui est aussi un peu la philosophie de ma vie.
02:09 Qu'est-ce qui ressort le plus dans cette pièce ?
02:11 C'est l'humanité.
02:12 Ils se battent pour qui ces intellectuels iraniens de 1978 ?
02:16 Pour nous, les humains d'après ?
02:18 Quelqu'un qui perd sa vie pour que moi j'ai une vie plus belle, c'est pas bouleversant d'humanité ça ?
02:23 Et puis, se battre pour ses idées, fuir pour survivre, c'est universel.
02:27 On a tous un aïeul qui a dû fuir son pays d'origine.
02:30 Alors moi j'adore les gens qui disent "oui, nous on est français depuis toujours".
02:34 Oui, peut-être sur mille ans, deux mille ans, mais si on remonte plus haut, il y a forcément un aïeul qui vient d'ailleurs.
02:41 Sauf si la famille a vécu dans un trou pendant des millénaires et que c'est reproduit entre elles.
02:47 Et je vous raconte pas la gueule du dernier nez.
02:51 - Isabelle, je vous sens bien lancée là. J'imagine le prochain dîner.
02:55 - Oh là là là là là là, je suis en pleine forme là. Là ça va pas rigoler.
02:57 J'ai posé des questions et remuer le bourgeois, je ne vous dis que ça.
03:01 Je finirai sur la table en hurlant, en hommage à toutes ces femmes iraniennes.
03:05 Wedi, Wedi, Wiki !
03:07 - Ça n'a rien à voir, ça c'est du latin ça Isabelle, c'est l'empereur César à Rome.
03:11 C'était en 47 avant Jésus-Christ.
03:13 - Je comprends tout, c'est une catastrophe.
03:15 Le latin j'y connais rien.
03:17 Bon, il va falloir que je me cherche une pièce de théâtre sur l'antiquité romaine.
03:21 - Ah c'est ça, la solution.
03:23 - Et vous, pendant ce temps-là, vous allez voir les Poupées Persanes au théâtre de la Pépinière à Paris
03:27 du mardi au samedi à 21h et les matinées de samedi à 16h.
03:31 - On nous avait donné très très envie d'aller voir ce spectacle.
03:33 - J'ai pleuré pendant la chronique.
03:36 - Quelle communauté émouvante.
03:37 - Votre mascara a coulé. Faites attention.
03:39 - J'ai cru que vous alliez repleurer en évoquant l'émotion de la pièce.
03:46 - Je trouve que c'est très important parce que les pièces de théâtre comiques, il y en a plein,
03:51 mais des pièces qui vous font chialer, c'est rare.
03:54 - On parlera d'une grande pièce demain d'ailleurs dans Culture Média avec Zabou Bretman que je suis allé voir hier soir.
04:00 C'était fabuleux.