L'édito d'Agnès Verdier-Molinié : «Non au siphonnage des retraites et du chômage !»

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Dans son édito du 06/10/2023, Agnès Verdier-Molinié revient sur le siphonnage des retraites et du chômage par l'État.
Transcript
00:00 Romain, on a vraiment l'impression que Bercy réduit à faire les poches des régimes du privé
00:05 pour financer les promesses intenables du gouvernement.
00:09 Alors le raisonnement, il est un peu pervers.
00:11 C'est en gros, on a fait voter des réformes, le report de l'âge à la retraite à 64 ans,
00:16 la réforme de la séance chômage.
00:18 Alors finalement, vous allez faire des excédents grâce à nous et nous, on veut en prendre une partie.
00:22 Voilà. Et c'est ça que dit Bercy aux partenaires sociaux qu'il gère.
00:26 Il veut le faire quoi avec cet argent ?
00:28 Sur la GIRCARCO, en gros, ils disent "oui, on voudrait que vous participiez à la fameuse promesse gouvernementale
00:34 qu'on ne peut pas toucher moins de 1200 euros de retraite par mois, tout compris en brut".
00:41 Oui, mais les retraites complémentaires ne participent pas au coup de pouce sur le montant des pensions
00:46 pour arriver, vous savez, à 1200 euros.
00:48 Ça faisait partie du package réforme des retraites.
00:50 Oui, c'est ça. Alors c'est un calcul qui se fait sur la totalité de la retraite,
00:53 mais ce n'est pas une promesse des partenaires sociaux, c'est une promesse de l'État,
00:56 c'est une promesse du gouvernement.
00:58 Alors oui, c'est un engagement qui va coûter 1,7 milliard en 2030,
01:03 mais bon, les partenaires sociaux n'en sont pas responsables.
01:05 Et d'ailleurs, si on refait le film, qu'est-ce qui s'était passé avant cette réforme des retraites ?
01:11 Eh bien, les partenaires sociaux, eux, ils avaient voté un bonus-malus, on s'en souvient,
01:15 qui incitait à partir après 62 ans.
01:17 Et à ce moment-là, ils n'avaient pas demandé à l'État de les aider à financer.
01:21 Ils s'étaient débrouillés.
01:22 Alors, ce qui est très intéressant, c'est qu'on a l'impression que ça donne...
01:25 L'impression que ça donne, c'est que l'État a fait trop de cadeaux
01:29 pour faire passer la pilule de la retraite à 64 ans,
01:32 qu'il n'arrive pas à les financer, ces cadeaux.
01:33 C'est exactement ça.
01:35 Et alors, ce qui est incroyable, Romain, c'est que les excédents liés au report de l'âge,
01:40 pour l'AGIR Carco, ils sont estimés autour de 2 milliards, mais en 2030.
01:45 Pas du tout, tout de suite.
01:46 Et pour autant, le gouvernement, il dit "Ah ben moi, je prendrais bien entre 1 et 3 milliards dès 2024".
01:52 Sauf que le soi-disant excédent 2024, il va être plutôt,
01:55 on ne sait pas exactement le montant, mais peut-être autour de 500 millions d'euros.
02:01 Alors, on comprend pour une fois, à la fois les syndicats,
02:03 ils sont tous alignés, les syndicats du patronat et les syndicats de salariés,
02:07 qui hurlent en disant "Mais attendez, on n'est pas à la tirelire du gouvernement".
02:11 Et d'ailleurs, si on remonte encore plus loin dans les années 80,
02:14 François Mitterrand, quand il a changé l'âge de départ de la retraite de 65 ans à 60 ans,
02:20 qu'est-ce qu'il a fait ? Il a obligé les partenaires sociaux à accepter ce nouvel âge de départ à la retraite.
02:25 Et les cotisants du privé, ils ont eu quoi ?
02:27 Eh bien, ils ont eu des cotisations en plus, pour financer ça.
02:30 Et pour l'Unedic ?
02:31 Alors pour l'Unedic, c'est assez hallucinant aussi.
02:34 Parce que finalement, l'Unedic, on l'a chargé à fond avec le coût du chômage partiel,
02:38 pas la totalité, mais une grosse partie.
02:40 Ça a fait quoi ? Ça a fait bondir la dette de l'Unedic, qui est au-delà de 50 milliards aujourd'hui.
02:44 Et là, le gouvernement dit carrément "Moi, je voudrais bien fonctionner d'ici 2026,
02:49 12 milliards d'euros". Alors c'est encore pire.
02:52 Tout ça pour financer France Travail.
02:55 Et alors là, c'est lunaire, parce que ces derniers temps,
02:58 on a vu que l'Unedic avait réussi à faire un petit peu baisser sa dette.
03:01 Mais alors, si on lui pique tous les excédents, on ne peut pas baisser la dette de l'Unedic.
03:06 Et donc, on ne peut pas désendetter.
03:08 Donc là, il y a vraiment quelque chose qui est en train de se passer.
03:11 Et on peut se poser la question, si on commence à accepter ça, mais jusqu'où ça va aller ?
03:18 Sous-titrage Société Radio-Canada
03:21 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]

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