(Republication d'une vidéo publiée le 29 septembre 2022)
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ÉducationTranscription
00:00 [Musique]
00:11 La Seconde Guerre mondiale a affecté la vie de millions de personnes.
00:15 [Bruits de tirs]
00:19 Pendant ce conflit, la majorité du pouvoir était entre les mains des leaders des trois pays.
00:23 [Bruits de tirs]
00:27 Le Royaume-Uni, les États-Unis et l'URSS.
00:30 [Musique]
00:42 Le 31 mars 1945, un avion des forces armées britanniques aériennes
00:47 atterrissait en Crimée avec une passagère très importante à bord.
00:51 L'épouse du Premier ministre britannique, Clémentine Churchill.
00:56 [Bruits de tirs]
00:59 C'était un cadeau de Winston Churchill à son épouse à l'occasion de son anniversaire.
01:03 Elle allait fêter ses 60 ans le lendemain.
01:06 [Musique]
01:09 Oleg Kloboustov, historien des services secrets, explique les raisons de cette visite hors du commun.
01:15 [Musique]
01:18 C'était une femme très énergique avec une position civile très active.
01:23 Quand l'Allemagne a attaqué l'Union soviétique, elle a créé un fonds d'aide.
01:28 Le peuple soviétique était très reconnaissant envers cette femme.
01:32 [Musique]
01:36 Clémentine Churchill a été le premier donateur financier.
01:40 Le fonds a recueilli un total de plus de 9 millions de livres sterling.
01:45 [Musique]
01:48 C'était une somme absolument incroyable à l'époque.
01:51 Il faut souligner que les dons ne venaient pas seulement des banquiers, de managers ou d'entrepreneurs,
01:57 mais aussi de simples ouvriers, de travailleurs qui se rendaient compte que l'Union soviétique
02:02 protégeait la Grande-Bretagne d'une possible mise en esclavage par les troupes de la Wehrmacht.
02:09 [Bruits de tirs]
02:14 Clémentine Churchill a effectué une tournée de 42 jours à travers des villes russes.
02:19 [Bruits de tirs]
02:26 Elle a apporté du matériel médical pour les soldats de l'armée rouge.
02:30 [Musique]
02:33 Elle a rencontré les ouvriers d'une chocolaterie.
02:36 [Musique]
02:38 Et apporté des cadeaux dans des écoles et des foyers pour enfants.
02:41 [Musique]
02:47 Voici les images uniques de sa rencontre avec des pionniers dans le célèbre camp pour enfants d'Artek.
02:53 [Musique]
02:57 « Le 7 mai, la veille du jour de la victoire, elle a été reçue par Staline,
03:01 qui l'a remercié pour toute l'aide qu'elle avait apportée à l'Union soviétique. »
03:06 [Musique]
03:10 Le gouvernement soviétique a décerné à Clémentine Churchill l'ordre de la bannière rouge du travail
03:15 et l'un signe d'or pour l'excellence dans la défense sanitaire.
03:19 Le 9 mai 1945, l'épouse du Premier ministre britannique a célébré le jour de la victoire à Moscou.
03:27 « Le 9 mai, Clémentine Churchill a prononcé à la radio un discours
03:32 dans le cadre duquel elle s'est adressée au peuple soviétique en disant qu'ils avaient gagné.
03:37 Elle était à ce moment-là avec le peuple soviétique. »
03:40 [Musique]
03:44 Pendant ce temps, son mari Winston Churchill planifiait une nouvelle guerre, l'opération « Unsinkable ».
03:52 La Grande-Bretagne et les États-Unis auraient prévu d'utiliser les 12 divisions allemandes restantes
03:58 pour attaquer l'URSS le 1er juillet 1945.
04:02 [Bruits de l'avion]
04:05 « Je crois que la raison d'un être humain normal est incapable de saisir une telle complexité.
04:11 Un homme envoie sa femme bien-aimée en union soviétique
04:15 et en même temps l'ordre de préparer un plan de guerre contre ce même pays. »
04:21 [Musique]
04:25 Winston Churchill, Premier ministre britannique, réserviste de l'armée,
04:29 journaliste, écrivain, artiste et lauréat du prix Nobel de littérature.
04:34 [Musique]
04:36 Le père de Churchill descendait du duc de Marlborough.
04:39 Sa mère était la fille d'un éminent financier américain.
04:42 Churchill avait étudié à l'Académie militaire royale, mais n'est pas allé plus loin dans ses études.
04:48 [Musique]
04:50 « C'était un perturbateur en quelque sorte, n'est pas aller à l'université.
04:54 Je crois qu'il ne voulait pas.
04:56 Il a eu des problèmes à l'école, mais c'était une très bonne école, à Rowe. »
05:00 Ancien diplomate, l'écrivain britannique William Malinson
05:04 connaît bien la biographie de Winston Churchill,
05:07 le britannique le plus important de tous les temps, selon un sondage de la BBC.
05:11 [Musique]
05:13 « Il a commencé sa carrière militaire à Cuba.
05:16 Il s'était battu du côté de l'Espagne contre les rebelles cubains.
05:19 Il a ensuite servi en Inde, puis il s'est rendu au Soudan,
05:23 où il a participé à la bataille d'Omdurman.
05:26 Il a été témoin de sérieuses manœuvres militaires.
05:29 Il s'était battu dans la guerre de Bors, il a même été emprisonné et s'est évadé.
05:34 Il s'est également enrôlé pendant la Grande Guerre,
05:37 celle que nous appelons la Première Guerre mondiale. »
05:40 « Churchill était aussi une figure romantique.
05:45 Il voulait être un grand chef de guerre,
05:48 comme son célèbre ancêtre, le duc de Marlborough. »
05:53 [Musique]
05:55 Paul Craig Roberts a été aide du secrétaire au Trésor des États-Unis.
05:59 Il analyse dans ses ouvrages les raisons qui ont provoqué la Seconde Guerre mondiale.
06:04 [Musique]
06:08 « Churchill a pris le chemin de la guerre parce qu'il voulait le pouvoir.
06:13 C'était son chemin vers le poste de Premier ministre. »
06:16 [Musique]
06:18 Joseph Dugashevili, dit Staline, fils d'un cordonnier d'une paysanne,
06:23 au pouvoir depuis 1922.
06:26 [Musique]
06:31 « Si on considère objectivement les succès de l'Union soviétique sous Staline,
06:36 il faut reconnaître qu'ils sont gigantesques.
06:39 La population soviétique a pu jouir de prestations sociales,
06:42 de soins médicaux, d'une éducation, d'un niveau de vie plus élevé. »
06:47 [Musique]
06:49 Professeur et docteur en philosophie de la Montclair State University dans le New Jersey,
06:54 Groover Fure est très connu pour ses ouvrages sur l'histoire et la politique soviétique.
06:59 [Musique]
07:02 « C'était une éminente figure politique, sans aucun doute,
07:06 l'un des leaders politiques les plus importants du XXe siècle. »
07:10 Mais au début, les alliés traitaient « Oncle Joe »,
07:13 comme on appelle Staline en Occident, avec arrogance.
07:16 Le dirigeant soviétique était issu d'un milieu social défavorisé,
07:20 était passé par la prison et l'exil.
07:23 « Staline s'est fait tout seul.
07:27 Il s'est même inventé un nom, Staline, qui veut dire « un homme fait d'acier ». »
07:32 Scott Bennett, spécialiste du contre-terrorisme et ancien analyste de l'armée américaine,
07:38 connaît bien l'histoire complexe de la coopération américano-soviétique.
07:43 « Pendant la Seconde Guerre mondiale,
07:45 Staline a joué un rôle de leader assez efficace dans la guerre
07:48 pour contrer les avancées allemandes. »
07:51 Franklin Delano Roosevelt, le 32e président américain,
07:55 a dirigé le pays de 1933 à 1945.
08:00 Franklin Roosevelt est né dans une famille très riche,
08:05 qui appartenait à l'édite locale depuis les années 1600.
08:10 La famille Roosevelt est la famille de la guerre.
08:14 La famille Roosevelt et la famille Delano avaient bâti leur fortune dans la négocie,
08:21 la construction navale et d'autres commerces.
08:26 Roosevelt était un homme pragmatique
08:29 et quand cela correspondait aux intérêts américains,
08:32 il était prêt à coopérer avec l'Union soviétique.
08:35 C'est sous sa présidence qu'ont été établis en 1933
08:38 des relations diplomatiques entre les États-Unis et l'URSS.
08:42 « Franklin Delano Roosevelt est considéré par beaucoup d'historiens,
08:47 d'universitaires et d'hommes politiques américains
08:50 comme l'un des plus grands présidents.
08:53 Il a eu quatre mandats, c'est le seul de l'histoire à avoir eu quatre mandats.
08:58 Il a fait revenir les États-Unis à la vie après la dépression économique
09:03 qui a suivi le krach boursier dans les années 1920. »
09:07 La grande troïka, c'est ainsi qu'on appelait les leaders de la Seconde Guerre mondiale.
09:14 Ils avaient des personnalités différentes,
09:17 venaient de milieux très différents et avaient des regards opposés.
09:21 Chacun défendait les intérêts de son propre peuple et de ses classes dirigeantes.
09:26 « A l'époque, l'humanité traversait la plus grande guerre de l'Histoire. »
09:34 Anton Lazzo, docteur en histoire,
09:38 analyse en profondeur dans ses livres la Seconde Guerre mondiale.
09:43 « Pour la première fois de l'Histoire,
09:49 une alliance de ce type s'est formée contre l'Allemagne,
09:57 entre des États ayant des systèmes sociaux et politiques différents.
10:04 C'était quelque chose de nouveau.
10:07 Il n'y avait ni recettes, ni règles. »
10:11 La Seconde Guerre mondiale a officiellement commencé lorsque les troupes allemandes
10:18 ont attaqué la Pologne le 1er septembre 1939.
10:23 Mais leur reconfiguration du monde avait commencé bien avant.
10:28 1938, Anschuls, puis invasion de Tchécoslovaquie
10:38 et sa division par l'Allemagne, la Pologne et la Hongrie.
10:42 Les alliés de la Tchécoslovaquie, la Grande-Bretagne et la France
10:46 la trahirent au nom de la paix avec l'Allemagne nazie.
10:49 La Pologne et la Hongrie participèrent à la division de la Tchécoslovaquie.
10:59 Avec la cupidité du Nien, la Pologne a participé au vol
11:08 et à la destruction de l'État tchécoslovaque.
11:11 Le président américain Franklin Roosevelt
11:17 n'avait manifesté aucune objection face à l'Anschluss
11:21 et à la division de la Tchécoslovaquie.
11:24 Les États-Unis n'avaient aucune envie de se mêler du conflit européen.
11:28 Le monde glissait vers une guerre majeure,
11:30 mais Churchill et Staline étaient les seuls hommes politiques européens
11:34 à s'en rendre compte.
11:36 L'URSS appelait à garantir la sécurité de la Tchécoslovaquie,
11:41 y compris en y envoyant des forces soviétiques.
11:44 Mais la Pologne refusait de laisser passer les troupes sur son territoire,
11:48 trahissant ainsi son allié géopolitique.
11:52 Ensuite, elle a de fait participé à la partition
11:55 quand la région de Téchen a été prise.
11:59 La proposition soviétique a été ignorée.
12:04 Les événements se sont déroulés comme si la Russie soviétique n'existait pas.
12:08 Nous l'avons payée très cher plus tard.
12:11 À Munich, la Grande-Bretagne et l'Allemagne signèrent un pacte de non-agression,
12:18 ce qui constituait le point culminant de la politique d'apaisement avec Hitler.
12:25 "Je vous ai apporté la paix", déclara avec fierté
12:28 le Premier ministre Chamberlain au peuple britannique à son retour de Munich.
12:37 Réponse de Churchill.
12:40 "Nous avons subi une défaite totale et sans équivoque.
12:45 Ceci est le résultat d'une gestion imprévoyante
12:48 pour laquelle la Grande-Bretagne et la France vont payer très cher."
12:54 "Churchill s'est rendu compte, et il n'était pas le seul parmi les leaders britanniques,
13:00 que cette politique dite d'apaisement, qui encourageait Hitler, avait été une grosse erreur."
13:08 Il était clair pour Churchill que la partition des frontières européennes avait commencé
13:15 et qu'une guerre était inévitable.
13:18 Mais comme il n'était pas membre du gouvernement, il ne pouvait rien y faire.
13:22 Bien plus tard, Churchill écrira, "C'était les années de ma solitude, désolé."
13:28 La situation à Munich était également claire pour les États-Unis.
13:32 Certains disaient qu'Hitler avait mis Chamberlain en joue.
13:39 La France et l'Angleterre ont conclu une paix honteuse.
13:43 Mars 1939.
13:50 L'Union soviétique proposa aux pays occidentaux
13:53 de former un bloc antifasciste pour contrer les intentions d'Hitler.
14:00 "Stalin avait essayé d'unir l'Occident pour s'opposer ensemble au fascisme.
14:04 Il était contre les événements de Munich, contre l'entrée d'Hitler en Tchécoslovaquie,
14:09 mais personne n'a accepté.
14:11 La proposition des soviétiques de 1939 de conclure une alliance avec la Grande-Bretagne
14:16 et la France contre Hitler n'a pas été la seule.
14:19 L'URSS a proposé cela pendant toute la deuxième moitié des années 1930."
14:28 Peter Kostnick, écrivain et professeur d'histoire à l'American University de Washington,
14:33 analyse l'équilibre du pouvoir en Europe avant la guerre.
14:37 "Nous aurions pu arrêter Hitler.
14:42 Nous aurions pu empêcher la Seconde Guerre mondiale
14:45 parce qu'Hitler était faible et connaissait sa faiblesse.
14:48 Il bluffait, estimant que l'Occident ne lui résisterait pas.
14:52 L'Occident, de son côté, espérait qu'il ne ferait qu'attaquer à l'Est.
14:57 Ce n'était donc que les soviétiques qui s'opposaient vraiment aux nazis dans les années 1930."
15:03 Les négociations entre l'URSS, la Grande-Bretagne et la France
15:08 pour créer un bloc antifasciste étaient dans une impasse
15:11 car des négociations secrètes anglo-allemandes avaient lieu au même moment.
15:15 En échange de la garantie de l'intégrité de l'Empire britannique,
15:18 la Grande-Bretagne offrirait à Hitler la liberté d'agir à l'Est.
15:24 Pour que la Grande-Bretagne survive, la Russie doit être sacrifiée.
15:28 Winston Churchill proteste.
15:30 Si par exemple, après avoir reçu la proposition russe,
15:33 Chamberlain avait répondu "Oui, réunissons-nous tous les trois et brisons le coup d'Hitler",
15:38 l'histoire aurait peut-être pris un autre chemin.
15:41 Il était clair pour Staline que les puissances occidentales
15:48 ignoraient ses propositions et qu'ils ne pouvaient plus miser sur elles.
15:52 En 1939, presque toute l'Europe avait déjà signé des accords avec Hitler.
15:57 1933. L'Allemagne, la France, la Grande-Bretagne et l'Italie signent le Pacte des 4 Puissances.
16:09 1934. Le Pacte Pilsudski-Hitler entre la Pologne et l'Allemagne est signé.
16:17 1935. L'accord naval entre la Grande-Bretagne et l'Allemagne est conclu.
16:22 1938. Le Royaume-Uni, la France et l'Italie conviennent de répartir la Tchécoslovaquie
16:30 entre l'Allemagne, la Pologne et la Hongrie.
16:33 1939. Des traités de non-agression sont signés entre l'Allemagne, la Lettonie et l'Estonie.
16:46 22 août 1939. Moscou.
16:49 Le commissaire soviétique aux affaires étrangères Molotov et le ministre allemand des affaires étrangères Ribbentrop
16:59 signent un pacte de non-agression. Le pacte prive l'Allemagne nazie de la possibilité de former des alliances avec d'autres États.
17:10 L'Union soviétique devait éviter que le premier ministre britannique Neville Chamberlain et le premier ministre français Édouard Daladier
17:18 passent du côté des forces fascistes et forment ensemble une coalition entre l'Angleterre, la France, l'Allemagne et l'Italie.
17:32 Les États-Unis poursuivent leur politique d'apaisement du Japon impérial, espérant que le Japon recentrerait ses efforts sur l'URSS.
17:40 L'Union soviétique ne voulait pas mener la guerre sur deux fronts, l'une avec le Japon à l'est et l'autre avec l'Allemagne à l'ouest.
17:48 L'URSS savait que les Allemands allaient attaquer tôt ou tard.
17:52 Et lorsque les Britanniques et les Français ont refusé de former une alliance contre l'Allemagne et l'Union soviétique,
17:57 le gouvernement polonais a également refusé.
18:01 Le 26 janvier 1934, la Pologne devenait le premier pays européen à conclure un traité de non-agression avec l'Allemagne, le pacte Piłsudski-Hitler.
18:14 La Pologne envisageait d'attaquer l'URSS avec l'Allemagne.
18:18 La Pologne ne doit pas rester passive en ce moment historique.
18:25 L'objectif principal est d'affaiblir et d'égraser la Russie.
18:30 Mais le 1er septembre 1939, la Pologne est attaquée par l'Allemagne.
18:38 La Pologne, comme bien d'autres États, tels que la Lituanie, la Lettonie et l'Estonie, ne s'inscrivait pas dans l'image de l'avenir du monde.
18:53 Ils ont donc tout simplement été écartés de l'histoire.
18:56 Il y a eu un État, il n'y en aura plus.
18:59 Ce sera des territoires purement allemands.
19:02 Le gouvernement polonais s'enfuit en Angleterre.
19:09 La Pologne cesse d'exister en tant qu'État.
19:12 Dans la Pologne occupée par l'Allemagne se propageaient les formes les plus hideuses de terrorisme.
19:18 Plus de 15 000 intellectuels ont été exécutés.
19:21 À un endroit, 300 personnes ont été alignées contre un mur.
19:24 On dit qu'à un autre, un groupe d'officiers allemands ivres a battu 70 otages.
19:29 136 étudiants polonais, dont certains n'avaient que 12 ou 13 ans, ont été massacrés.
19:34 Trois semaines plus tard, Staline envoyait son armée en Pologne.
19:40 Dans l'est du pays, l'armée rouge a été accueillie avec des fleurs.
19:44 La population y était composée à 70% de Russes, de Biélorusses et d'Ukrainiens,
19:50 qui étaient discriminés depuis que ces terres avaient été arrachées à la Pologne par la paix de Riga en 1921.
19:57 Il était vital pour l'Union soviétique de maintenir l'armée allemande le plus à l'ouest possible
20:03 pour gagner du temps et rassembler les forces dans tous les coins de son colossal empire.
20:11 Le pacte Molotov-Ribbentrop a été un facteur crucial de la victoire soviétique et des alliés.
20:16 S'il n'avait pas eu ces 200, 300 kilomètres supplémentaires à parcourir, l'Allemagne aurait pu occuper Moscou.
20:25 Cela a probablement sauvé Leningrad également, car l'armée allemande était très proche de Leningrad.
20:33 Hitler avait déjà déclaré qu'il allait tuer tous les habitants de Leningrad,
20:38 détruire la ville et la donner à la Finlande.
20:42 Le leader finlandais Mannheim était à 100% pour.
20:45 De son côté, pour tenir la promesse faite au peuple américain de ne pas s'impliquer dans la guerre,
20:52 Roosevelt adopte la loi sur la neutralité.
20:55 A cette époque-là, les États-Unis manifestaient clairement leur hostilité envers l'Union soviétique.
21:01 Au printemps 1940, toutes les relations entre les deux pays sont gelées.
21:06 L'Amérique a gardé sa neutralité, ce que Roosevelt a ensuite regretté,
21:12 car il a compris que c'était le moment où il était encore possible d'arrêter les nazis et les forces fascistes.
21:17 10 mai 1940, les troupes allemandes envahissent la France et un mois plus tard à peine, Hitler est déjà à Paris.
21:26 La majeure partie du pays est occupée. L'armée française n'existe plus.
21:32 Pour l'Union soviétique, la chute de la France a fait l'effet d'une douche froide.
21:37 La capitulation de la France signifiait l'émergence d'une situation géopolitique absolument différente.
21:42 Dans ses ouvrages, l'historien Alexei Isaev analyse plusieurs événements de la Seconde Guerre mondiale.
21:50 Pour l'Union soviétique, ça a été un encouragement pour entreprendre des mesures immédiates
21:57 en vue d'augmenter les capacités de combat de l'armée rouge.
22:00 L'URSS comprenait déjà depuis 1939 qu'il faudrait probablement lutter toute seule et tout était fait pour cela.
22:10 Sa politique d'apaisement ayant échoué, le premier ministre Chamberlain démissionne.
22:23 Le 10 mai 1940, le jour où l'Allemagne attaque la France, Winston Churchill devient le nouveau premier ministre britannique.
22:31 « Je n'ai à offrir que du sang, du labeur, des larmes et de la sueur. »
22:41 Il a remplacé Chamberlain parce que, comme on le sait, Chamberlain ne voulait pas de guerre avec l'Allemagne.
22:50 Churchill, semble-t-il, était d'un avis différent.
22:54 Il n'a jamais renoncé à la guerre avec l'Allemagne.
22:59 Il ne faisait pas confiance aux Allemands, il ne faisait pas confiance à Hitler et il n'aimait pas Hitler.
23:05 13 août 1940.
23:16 Le 3e Reich lance des attaques aériennes sur les villes britanniques.
23:20 La nuit suivante, 80 avions britanniques frappent Berlin.
23:34 En réponse, la Luftwaffe bombarde Londres.
23:37 L'opération Blitz dure près de huit mois.
23:44 De nombreuses villes britanniques subissent des destructions catastrophiques.
23:49 Le 3e Reich, en 1944, déploie des avions britanniques sur Berlin.
23:57 De nombreuses villes britanniques subissent des destructions catastrophiques.
24:02 Churchill apparaît partout, dans les ruines laissées par les frappes aériennes, dans les usines et les hôpitaux.
24:15 Il prononce des discours, travaille sur des plans militaires.
24:25 S'il n'avait pas 66 ans, il se serait lui-même précipité dans la bataille.
24:29 Mais l'Angleterre ne peut tenir seul face à l'Allemagne.
24:33 Donc, Winston Churchill demande de l'aide à Roosevelt.
24:37 Roosevelt n'avait aucune affection pour Churchill.
24:42 Il n'avait aucune confiance en les Britanniques et il croyait que les Britanniques se mêlaient activement des affaires du département d'état américain,
24:50 des agences de renseignement, des institutions universitaires cherchant à étendre leur influence sur le gouvernement
24:56 et les milliers d'universitaires américains pour promouvoir l'agenda atlantiste britannique.
25:01 Les États-Unis s'en tiennent à l'idée que la guerre, c'est la guerre, mais le business, c'est le business.
25:16 En échange d'aide, les États-Unis cherchent à s'emparer de la flotte royale anglaise.
25:20 Et quand cela ne marche pas, ils essaient d'échanger des vieux destroyers de la Première Guerre mondiale
25:25 contre le droit d'utiliser huit bases militaires britanniques dans l'Atlantique et les îles des Caraïbes.
25:31 Nous n'avons rien reçu des États-Unis que nous n'avons pas payé.
25:35 Rien qu'en 1940, la Grande-Bretagne a versé aux États-Unis 4,5 milliards de dollars, une somme énorme à l'époque.
25:46 Et quand Roosevelt a eu des doutes concernant la capacité de paiement des Britanniques,
25:50 il a envoyé un croiseur au Cap, où était stocké l'équivalent de 50 millions de livres en réserve d'or britannique.
25:58 Désespéré, Winston Churchill écrit à Roosevelt,
26:02 « En pleine guerre, la Grande-Bretagne est au bord de la faillite. »
26:06 Roosevelt ne voit aucun avantage à la défaite de la Grande-Bretagne,
26:12 et ensuite, ce sont les États-Unis qui feront face au risque de la guerre.
26:16 C'est là que l'approvisionnement qui prévoyait la fourniture gratuite d'armes et d'équipements militaires est entré en jeu.
26:22 Une analogie a été faite lors d'une audience du Congrès.
26:26 « Si la maison de votre voisin est en feu, vous lui donnerez votre tuyau,
26:31 afin qu'il puisse éteindre le feu pour éviter qu'il se propage à votre maison. »
26:39 Mais l'approvisionnement a entraîné des obligations financières.
26:43 « Ce qui n'était pas utilisé ou rendu devait être réglé.
26:48 C'est devenu un fardeau pour la Grande-Bretagne.
26:51 Ça a conduit à l'effondrement de son système colonial. »
26:55 « L'objectif de Churchill était de préserver l'Empire britannique.
27:03 Et les États-Unis voulaient un monde ouvert où pourrait pénétrer le dollar.
27:08 Où le commerce américain aurait accès à tout, au marché, à la main-d'œuvre et aux ressources du monde entier.
27:15 Ils avaient donc des intérêts très différents et contradictoires. »
27:20 Churchill avertit Staline qu'une attaque se prépare contre l'URSS et cherche à former une alliance avec la Russie.
27:37 Staline ne répond pas. Il ne fait pas confiance à Churchill.
28:04 « À 4h du matin, Hitler a attaqué et envahi la Russie.
28:07 Soudainement, sans déclaration de guerre, sans même un ultimatum.
28:11 Les bombes allemandes ont plu depuis le ciel sur les villes russes.
28:19 Une menace pour la Russie, c'est une menace pour nous.
28:23 C'est aussi une menace pour les États-Unis. »
28:28 Deux jours plus tard, le président américain Roosevelt se prononce en soutien de l'URSS.
28:34 Mais il existe d'autres forces politiques aux États-Unis.
28:39 « Harry Truman prononce en décembre 1941 un discours au Sénat en déclarant
28:47 « Si les Russes gagnent, nous devrions soutenir les Allemands.
28:51 Et si les Allemands gagnent, nous devrions soutenir les Russes et les laisser s'entre-détruire. »
28:56 Il y avait ce sentiment de ce type en Occident à l'époque.
28:59 Dangereux, destructeur. »
29:01 Roosevelt avertit Staline que le Japon a l'intention d'attaquer l'Union soviétique.
29:06 Mais les rapports des services de renseignement soviétiques
29:09 affirment que la décision d'attaquer n'a pas encore été prise.
29:13 Il est impératif que les États-Unis fassent comprendre au Japon qu'en cas d'attaque,
29:17 c'est l'URSS qu'ils soutiendront.
29:19 Mais les autorités britanniques américaines n'ont pas l'intention de soutenir l'URSS.
29:25 [Musique]
29:29 L'armée américaine assure Roosevelt que l'Allemagne pourra conquérir rapidement la Russie jusqu'à l'Oural.
29:36 [Explosions]
29:45 Selon les souvenirs de Churchill,
29:47 4 experts sur 5 du ministère militaire étaient sûrs que la Russie serait vaincue
29:52 en l'espace de quelques jours.
29:54 [Explosions]
29:58 Pourtant, l'armée rouge a résisté.
30:01 [Explosions]
30:05 Les Russes sont le premier adversaire sérieux.
30:08 [Musique]
30:16 Ce n'est pas vrai que l'Union soviétique n'était pas prête pour la guerre.
30:20 L'Union soviétique s'était préparée à la guerre d'un point de vue principalement économique et militaire.
30:26 En été 1941, on a quand même été pris au dépourvu.
30:30 Mais du point de vue du jeu à long terme,
30:33 avec la mobilisation industrielle qui n'a pas commencé en 1941,
30:37 mais beaucoup plus tôt,
30:39 la plupart des solutions ont marché et nous ont aidé à ne pas perdre en 1941,
30:45 comme la France en 1940.
30:47 Les alliés ont compris que les soviétiques combattraient Hitler jusqu'au bout.
30:53 C'est seulement en octobre 1941 que l'approvisionnement couvre l'URSS.
30:58 Mais la majorité des livraisons, environ 80%, vont toujours vers la Grande-Bretagne.
31:04 [Musique]
31:07 Toutes les livraisons ont été effectuées avec un paiement différé.
31:11 Il a été convenu que l'Union soviétique devrait payer pour tout ce qu'elle recevait
31:16 en l'espace de quelques années.
31:18 Et cela a été fait.
31:19 Cela a été fait deux fois.
31:21 C'est-à-dire que la somme initialement convenue a été fortement dépassée
31:25 à l'initiative des États-Unis.
31:29 [Musique]
31:31 7 décembre 1941.
31:34 [Explosion]
31:38 L'aviation japonaise attaque Pearl Harbor,
31:41 la principale base militaire américaine dans le Pacifique.
31:45 [Explosion]
31:47 L'Amérique entre en guerre.
31:50 Son importante base industrielle, qui avait été utilisée pour l'élaboration
31:56 de technologies civiles, a rapidement été réorientée pour produire des munitions,
32:01 des chars, des avions et des navires de guerre, pour financer la guerre.
32:06 [Musique]
32:08 Dès l'été 1941, Staline soulève la question de l'ouverture du deuxième front avec Churchill.
32:14 Mais le Premier ministre britannique refuse,
32:16 invoquant des difficultés de déploiement des troupes.
32:19 [Explosion]
32:21 Roosevelt promet un débarquement en France pour 1942.
32:25 Mais demande plus tard à Churchill d'informer Staline que l'opération n'aura pas lieu.
32:30 [Musique]
32:33 Churchill prend l'avion pour Moscou.
32:35 [Musique]
32:39 [Brouhaha]
32:47 La situation sur la ligne de front soviétique est désastreuse.
32:52 Les Allemands avancent vers Kouban et le Caucase du Nord et s'approchent de Stalingrad.
32:58 Le fils de Staline, le premier lieutenant Yakov Tchoukachvili,
33:03 est en captivité dans un camp de concentration nazi.
33:06 [Musique]
33:11 - Le premier ministre britannique est venu à Moscou à un moment stratégique très difficile.
33:18 Et Staline parlait à Churchill d'une manière très froide et ferme.
33:22 Il accusait directement les Britanniques de l'hâcheté.
33:26 Si vous continuez à jouer la carte de la sécurité comme vous l'avez fait jusqu'à maintenant,
33:31 vous ne gagnerez rien dans cette guerre.
33:34 [Musique]
33:37 Churchill veut quitter Moscou.
33:40 Mais Staline l'invite à son appartement du Kremlin.
33:44 Le banquet dure plus de 7 heures et les relations se font meilleures.
33:48 [Musique]
33:51 - Si seulement je pouvais dîner avec Staline une fois par semaine, nous n'aurions plus de problèmes.
33:56 [Musique]
33:58 [Bruit de moteur de voiture]
34:02 Novembre 1943, Téhéran.
34:07 [Bruit de moteur de voiture]
34:09 Capitale iranienne où les trois pays ont des ambassades.
34:12 [Bruit de moteur de voiture]
34:16 La première réunion de la Troïka.
34:18 [Bruit de moteur de voiture]
34:21 - Staline a insisté pour que la conférence ait lieu dans un endroit
34:25 où il y avait une connexion télégraphique avec Moscou.
34:28 Parce qu'une énorme bataille du front germano-soviétique était en cours à ce moment-là en Ukraine.
34:33 [Bruit de moteur de voiture]
34:36 Et les messages radios pouvaient être interceptés et décryptés.
34:40 [Musique]
34:42 L'ambassade américaine se trouve à la périphérie de la ville.
34:45 Et en raison de la menace terroriste, Roosevelt a accepté la proposition
34:49 de s'installer à l'ambassade soviétique où se déroulent également les réunions.
34:53 Churchill y arrive via un long couloir couvert reliant les ambassades soviétiques et britanniques.
34:59 Le premier ministre britannique n'apprécie pas le rapprochement Staline-Roosevelt.
35:04 [Musique]
35:07 - Tout était rendu encore un peu plus compliqué par le fait que Churchill n'était pas seulement un colonialiste,
35:13 mais aussi ouvertement raciste.
35:15 Ce qui offensait profondément les dirigeants américains,
35:19 Roosevelt et le vice-président, Henry Wallace.
35:22 - Bien sûr qu'il était raciste.
35:24 Il disait qu'il détestait les gens aux yeux bridés et à queue de cochon,
35:28 ce qui voulait dire les Chinois et les Japonais.
35:31 Mais il faut se rappeler que presque tout le monde était raciste à l'époque.
35:35 [Musique]
35:39 - Son attitude envers les Indiens en général était extrêmement raciste et dépréciative.
35:45 Son collègue du cabinet lors d'Amérie l'a enregistré en disant
35:52 "Les Indiens sont un peuple de bêtes avec une religion bestiale".
35:57 [Musique]
36:00 - Ajay Goyal est un journaliste indien qui sait très bien comment la couronne britannique a colonisé sa patrie.
36:06 [Musique]
36:10 En 1943, lors de la conférence de Téhéran, une grande famine a éclaté au Bengal,
36:16 engendrant la mort de presque 4 millions de personnes.
36:20 [Musique]
36:22 - Ce n'était pas une erreur humaine.
36:28 C'était une décision consciente de Winston Churchill de priver le Bengal
36:33 de céréales et de les expédier en Europe
36:37 car il voulait constituer des réserves de céréales en Europe
36:41 au cas où le deuxième front serait ouvert dans la guerre en Europe.
36:45 Quand on lui a dit "Les gens meurent en très grand nombre",
36:49 sa réponse a été d'écrire sur un dossier
36:52 "Si ils meurent en si grand nombre, comment se fait-il que Gandhi soit encore en vie ?"
36:59 [Musique]
37:01 Roosevelt envoie à la demande de Churchill des navires américains
37:04 pour transporter des céréales au Bengal.
37:07 Mais Churchill les détourne vers l'Europe et Roosevelt en est bien conscient.
37:11 [Musique]
37:16 - Personne ne doutait qu'une grande catastrophe avait lieu au Bengal.
37:23 Mais Churchill a décidé, ainsi soit-il.
37:27 [Bruits de la rue]
37:31 - La première rencontre change radicalement l'attitude de Roosevelt envers Staline.
37:36 Cette personne sait agir, il voit toujours un objectif.
37:40 C'est un plaisir de travailler avec lui.
37:42 Il n'y a rien de sournois.
37:44 Il définit le sujet dont il veut parler et il s'y tient.
37:48 - Les relations entre Roosevelt et Staline se font meilleures.
37:53 Roosevelt commence à parler à Staline.
37:56 Il se moque des Britanniques et de Churchill en disant
37:59 "Wiston s'élevait du mauvais côté du lit aujourd'hui."
38:02 Et à la fin, il commence à l'appeler "oncle Joe".
38:05 D'une certaine manière, les États-Unis et les Soviétiques
38:08 étaient plus proches que les États-Unis et les Britanniques à l'époque.
38:12 [Musique]
38:14 - À la même période, les Allemands offrent à Staline d'échanger son fils Yakov,
38:18 détenu dans un camp de concentration, contre le maréchal Friedrich Paulus.
38:25 Capturé près de Stalingrad.
38:27 Le maître du Kremlin répond "je n'échange pas des soldats contre des maréchaux.
38:32 Les Alliés sont au courant."
38:34 - Roosevelt était connu pour les éloges qu'il faisait à Staline,
38:37 à la Russie en général et à son peuple.
38:40 Tout comme pour son attitude froide et distante à l'égard de Winston Churchill.
38:44 [Bruits de l'avion]
38:50 - À Téhéran, Staline était en position de force.
38:53 Les Allemands s'étaient rendus à Stalingrad.
38:56 [Bruits de l'avion]
38:58 La grande bataille de Chars de Kursk avait été gagnée.
39:01 [Bruits de l'avion]
39:04 L'armée rouge avançait.
39:06 [Musique]
39:09 La Grande-Bretagne perdait son influence et cela était évident pour tout le monde,
39:14 y compris pour Churchill.
39:16 Plus tard, il dira "j'étais entre les grands ours russes d'un côté
39:21 et le bison américain de l'autre", un pauvre petit âne anglais.
39:25 [Musique]
39:29 La question clé de la conférence de Téhéran,
39:31 l'ouverture d'un second front, n'avançait toujours pas.
39:34 [Musique]
39:36 "Nous avons trop de choses à faire à la maison pour perdre notre temps ici",
39:39 a déclaré Staline en s'apprêtant à quitter la conférence.
39:43 Ensuite, les Alliés ont promis d'ouvrir un deuxième front avant mai 1944.
39:48 [Musique]
39:51 Un dialogue constructif s'est alors engagé.
39:54 L'avenir de l'Iran et l'architecture de l'Europe d'après-guerre
39:58 faisaient l'objet de discussions.
40:00 Roosevelt a proposé de diviser l'Allemagne en cinq petits États.
40:05 Churchill était pour.
40:08 Staline a insisté pour préserver l'unité de l'Allemagne.
40:12 [Musique]
40:15 "Téhéran était l'apogée de bonnes relations entre l'Est et l'Ouest.
40:19 La Troïka n'a jamais été aussi amicale et constructive
40:22 comme elle l'a été à Téhéran."
40:25 [Explosions]
40:32 6 juin 1944, Normandie.
40:36 Les Alliés ouvrent le deuxième front, 11 mois avant la victoire.
40:42 [Explosions]
40:47 "Après l'effondrement de la machine de guerre allemande,
40:51 c'est à ce moment-là que les Britanniques et les Américains
40:54 ont concentré plus de puissance pour attaquer l'Allemagne.
40:58 Mais ils l'ont fait à un coût énorme pour le peuple russe
41:01 et les soldats russes qui ont subi plus de pertes
41:03 que tout autre peuple dans cette guerre."
41:07 [Explosions]
41:11 L'opération Bagration a été pour Hitler encore plus désastreuse
41:16 que la bataille de Stalingrad.
41:19 Il a fallu cinq semaines à l'armée rouge
41:22 pour avancer de 720 km jusqu'à Varsovie.
41:27 Près de 20 divisions allemandes ont été complètement détruites.
41:32 50 autres ont subi de lourdes pertes.
41:36 "Pendant la majeure partie de la guerre,
41:38 les Américains et les Britanniques ont fait face à 10 divisions allemandes,
41:42 tandis que les Soviétiques ont affronté seuls
41:44 plus de 200 divisions allemandes."
41:47 [Musique]
41:50 Crimée, Yalta, février 1945.
41:56 [Musique]
41:59 Dernière réunion de la Grande Droïka.
42:03 Les Alliés avaient proposé de se réunir en Écosse,
42:07 mais Staline a répondu par une boutade,
42:10 disant qu'il n'aimait pas les hommes en jupe et l'humilité.
42:15 En réalité, le dirigeant soviétique voulait que les Alliés voient de leurs propres yeux
42:20 les territoires détruits de l'URSS.
42:26 Sympathisant avec Roosevelt,
42:29 Staline met à sa disposition le plus grand palais impérial,
42:33 celui de l'Ivadia.
42:36 Roosevelt avait du mal à se déplacer,
42:39 donc les principales séances s'y sont déroulées.
42:43 La délégation soviétique occupait le palais Yusupov
42:47 et les Britanniques le palais Vorontsov.
42:51 Les palais avaient miraculeusement survécu
42:54 et avaient été aménagés pour ce sommet.
42:58 "La réunion de Yalta a commencé par un rapport sur les succès de l'armée rouge
43:02 sur le front germano-soviétique.
43:05 Cela a produit une impression colossale sur les Alliés.
43:08 Les Alliés ne pouvaient pas se vanter de la même chose.
43:11 En février 1945, leur situation n'avançait pas.
43:15 Le 4 février 1945, l'armée rouge était à 70 km de Berlin,
43:20 sur les têtes de pont de l'Oder.
43:23 C'était un succès d'une immense envergure.
43:27 Il y avait des séances publiques à Yalta, avec la presse,
43:31 et des séances fermées où il a été convenu que deux, trois mois après la fin de la guerre en Europe,
43:36 l'URSS entrerait en guerre avec le Japon.
43:40 Roosevelt avait un très grand intérêt à ce que l'URSS entre en guerre contre le Japon.
43:46 Et Staline devait sécuriser les frontières orientales de l'URSS,
43:50 récupérer le sud de Sakhalin et les îles Kuril,
43:54 les territoires perdus pendant la guerre russo-japonaise.
43:58 Le sort de la Pologne était également en train de se décider.
44:02 Churchill voulait que les exilés du gouvernement pro-occidental à Londres retournent à Varsovie.
44:08 Staline avait besoin d'une Pologne amie, et il insistait sur la tenue d'élections libres.
44:13 Roosevelt a soutenu Staline, et Churchill a dû céder.
44:17 Il était prévu que la Pologne s'empare de vastes territoires allemands industrialisés.
44:25 Ce n'était rien de moins qu'un cadeau royal pour la future Pologne d'après-guerre.
44:31 La Pologne a donc été à l'origine de cette froideur, qui a conduit à la guerre froide.
44:39 Roosevelt a proposé de créer une nouvelle coalition internationale, l'Organisation des Nations Unies.
44:46 Les pays vainqueurs y auront droit de veto sur les décisions clés.
44:54 Pendant son séjour en Crimée, le premier ministre Churchill s'occupait également de choses plus personnelles.
45:01 Il a demandé de pouvoir se rendre sur la tombe de son aïeul Marlboro, mort près de Sébastopol, pendant la guerre de Crimée.
45:09 Staline et Churchill s'y sont rendus ensemble et ont déposé des fleurs, réalisant ainsi son rêve de longue date.
45:21 À Yalta, il y avait déjà des divisions entre alliés.
45:25 Ils étaient assis l'un en face de l'autre dans l'espoir de trouver une solution et menaient une politique anticommuniste et antisoviétique, surtout Churchill.
45:38 Les Britanniques et les Américains cherchaient à nuire à l'URSS pour la faiblir, de façon à ce qu'elle soit plus facile à gérer après.
45:49 Un mois plus tard, en mars 1945, les alliés entamaient des négociations secrètes avec l'Allemagne pour la reddition des troupes allemandes dans le nord de l'Italie.
46:02 L'Union soviétique l'a appris, bien sûr.
46:06 Une demande de participation a été envoyée, mais elle a été déclinée.
46:13 Ainsi, les alliés occidentaux violaient leurs obligations face à l'Union soviétique avant même la fin de la guerre.
46:22 Ils étaient alliés de l'URSS et menaient des négociations avec l'ennemi en même temps.
46:28 D'un point de vue politique, c'était une trahison.
46:32 D'un point de vue moral, on n'en parle même pas.
46:39 Dans une lettre au président Roosevelt, Staline a directement accusé les alliés de conclure un accord séparé avec l'Allemagne.
46:47 Roosevelt, déjà en phase terminale, a répondu.
46:51 « Vous avez été mal informé ». Ce à quoi Staline a rétorqué « Nos informateurs sont des gens modestes et honnêtes ».
46:59 Je ne peux pas totalement exclure que Roosevelt ait été trompé par ses subordonnés.
47:05 Le 12 avril 1945, Roosevelt disparaît subitement et Harry Truman devient le nouveau président américain.
47:19 C'est ce petit homme sans vision qui va maintenant prendre des décisions cruciales au tournant le plus monumental de l'histoire.
47:31 Le 30 avril 1945, le drapeau rouge est tissé sur le Reichstag.
47:48 Hitler était déjà mort et son successeur, l'amiral Dönitz, négociait la capitulation unilatérale en Occident avec les alliés.
48:00 En parallèle, début avril 1945, Churchill a donné à son état-major l'ordre de préparer un plan pour une éventuelle guerre contre l'Union soviétique.
48:16 L'armée britannique était tellement choquée par cet ordre qu'ils ont nommé l'opération « Untinkable », impensable.
48:23 Ils la considéraient comme une folie absolue et impossible, mais il fallait tout de même s'exécuter.
48:30 Ayant reçu ces informations, Staline a donné au maréchal Zhukov l'ordre de tourner l'armée vers l'ouest.
48:37 Les alliés ont compris qu'une attaque surprise ne fonctionnerait pas.
48:41 Quand Churchill, comme on le sait, a mobilisé les prisonniers de guerre allemands dans le nord de l'Allemagne pour retourner leurs armes contre l'Union soviétique,
48:51 il est venu à la conférence de Potsdam et Staline lui a demandé « Que se passe-t-il là ? Que faites-vous ? »
49:01 Churchill a répondu « Je n'ai pas été informé, je vais m'en signer ».
49:11 Mais voilà le double jeu des puissances occidentales.
49:16 Le double jeu a continué.
49:23 L'Allemagne a signé la capitulation le 7 mai au quartier général du commandement américain dans la ville française de Reims.
49:31 Staline était furieux.
49:33 Le peuple soviétique avait porté le principal fardeau de la guerre.
49:37 Mais la capitulation avait été signée en territoire français, les anglo-américains jouant le rôle principal.
49:46 L'acte de reddition doit être un événement historique important.
49:49 Il doit avoir lieu à l'endroit d'où l'agression fasciste est venue, à Berlin et pas de façon unilatérale,
49:57 mais avec le haut commandement de tous les pays de la coalition anti-hitlérienne.
50:16 Les Alliés ont dû le reconnaître et ont convenu de considérer le document signé en France comme un document préliminaire.
50:23 La deuxième reddition inconditionnelle a été signée dans l'un banlieue berlinoise de Karlhorst.
50:28 Du côté de l'Allemagne, l'acte a été signé par les hauts responsables militaires et le commandant en chef des forces armées, le général Kettel.
50:37 L'Union soviétique était représentée par le maréchal Zhukov.
50:42 Les Alliés par le maréchal Teder.
50:45 La signature a eu lieu le 8 mai à 22h43 heure européenne.
50:51 Il était minuit 43 à Moscou, le 9 mai.
51:13 17 juillet 1945.
51:16 Conférence de Potsdam.
51:21 Les trois grands dirigeants qui se sont réunis à Potsdam n'étaient pas les mêmes que ceux qui ont mené la Seconde Guerre mondiale.
51:33 La Troïka a changé en plein milieu des négociations de Potsdam.
51:42 Churchill a perdu les élections générales en Grande-Bretagne.
51:46 Lors de la conférence de Potsdam en juillet, Churchill a été démis de ses fonctions par le peuple britannique qui en avait assez de lui.
51:56 Même s'il est considéré aujourd'hui comme un grand chef de guerre, les britanniques n'étaient pas vraiment enthousiasmés par sa gouvernance à l'époque.
52:04 Churchill a négocié à Potsdam pendant neuf jours.
52:09 C'est le nouveau premier ministre britannique, Clement Attlee, qui a mené la conférence à son terme.
52:15 Harry Truman était devenu le nouveau président américain, un homme beaucoup plus hostile à l'URSS que Roosevelt.
52:24 Roosevelt était convaincu qu'une paix durable était impossible sans l'Union soviétique.
52:32 Roosevelt a été le dernier dirigeant américain à vouloir la paix, pas la guerre.
52:38 Dans le dernier message que Roosevelt a écrit à Churchill juste avant sa mort, il a écrit
52:44 « Ces problèmes entre nous et l'URSS surviennent tous les jours et ils sont résolus. Nous devons continuer à travailler ensemble. »
52:51 Roosevelt était convaincu que lui, que les Américains et les Soviétiques resteraient amis et alliés après la guerre.
52:58 À Potsdam, Truman a reçu une nouvelle. Little Boy était prêt.
53:04 Il s'agissait de la bombe atomique. Lorsqu'il a annoncé cela à Staline, le dirigeant soviétique a montré peu d'intérêt.
53:12 Oncle Joe n'a rien compris, s'est dit Truman, mais Staline savait déjà tout.
53:17 Les problèmes soulevés à Yalta s'aggravent à Potsdam, surtout concernant l'architecture européenne d'après-guerre.
53:25 L'Allemagne devait payer des réparations et perdre une partie de ses territoires.
53:30 Königsberg et ses territoires adjacents devaient être cédés à l'URSS.
53:36 À l'époque, les Alliés dépendaient encore largement de l'URSS dans la guerre en Extrême-Orient.
53:45 La guerre en Extrême-Orient était un levier puissant qui cachait toutes les contradictions,
53:52 qui commençaient à se manifester de manière particulièrement aiguë après la guerre.
53:58 Ce que les Japonais redoutaient le plus était que les Soviétiques puissent entrer en guerre dans le Pacifique.
54:04 Truman le comprenait. Staline assurait que les Russes respectaient le calendrier.
54:09 Truman décrit dans son journal «Staline entrera en guerre avec le Japon d'ici le 15 août et ce sera la fin des Jap. »
54:16 Remplissant ses obligations envers les Alliés, en août 1945, l'armée rouge mène une opération éclair de 20 jours contre l'armée russe.
54:26 Forte, de 1,5 million d'hommes.
54:30 De son côté, alors que cela n'était militairement aucunement nécessaire, l'Amérique a largué des bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki.
54:47 « Ça suffit. Nous ne sommes plus intéressés par l'alliance avec les Russes et pouvons cesser de respecter les accords conclus avec eux.
54:56 Nous devrions agir comme s'il n'y avait pas d'accord de Yalta. »
55:00 Un an plus tard seulement, le 5 mars 1946, Churchill a prononcé son célèbre discours de Fulton.
55:14 La guerre froide a commencé.
55:18 Le Japon a perdu la guerre.
55:21 Le Japon a perdu la guerre.
55:25 Le Japon a perdu la guerre.
55:29 Le Japon a perdu la guerre.