• il y a 10 mois
(Republication d'une vidéo publiée le 31 janvier 2022)

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Transcription
00:00 Bienvenue au Désordre Mondial, je suis Rachel Marsden.
00:03 C'est reparti pour un nouvel épisode de la série de propagande
00:06 "Et si la Russie envahissait l'Ukraine ?"
00:10 Voilà un argument bien pratique pour les Américains
00:13 qui justifie par cette rhétorique anxiogène
00:16 le fait d'inonder la frontière russo-ukrainienne d'armes et de troupes.
00:21 Il est pourtant assez facile de comprendre pourquoi la Russie
00:25 s'inquiète d'avoir à ses frontières un voisin hostile
00:30 qui tient table ouverte pour Washington,
00:33 le partisan le plus fervent au monde du changement de régime.
00:38 Huit ans après l'Euromaïdan,
00:40 les manifestations soutenues par l'Occident
00:42 qui ont abouti au renversement du président Viktor Yanukovych,
00:47 lequel avait bloqué la signature d'une association avec l'Union européenne
00:52 au profit d'un accord avec la Russie,
00:54 les mêmes acteurs occidentaux se promènent ouvertement
00:58 à la frontière russe avec armes et combattants.
01:02 Le bataillon Azov, dont l'entraînement secret,
01:05 sous la supervision de la branche terrestre de la CIA,
01:08 aurait commencé dès la fin des troubles en Ukraine en 2014,
01:13 est souvent décrit comme une unité néo-nazie de la guerre nationale ukrainienne.
01:19 Désormais intégrée à l'armée ukrainienne,
01:22 elle représente bien le style de combattants
01:26 que Washington soutient depuis toujours.
01:28 On pense notamment aux djihadistes qui ont lutté contre l'Union soviétique
01:32 en Afghanistan pendant la guerre froide,
01:35 ou plus récemment aux rebelles syriens
01:38 soutenus par le Pentagone et la CIA à hauteur d'un milliard de dollars
01:43 dans une tentative avortée d'évincer le président Bashar al-Assad.
01:49 Washington et ses alliés de l'OTAN sont bien conscients
01:52 que plus ils rapprochent leurs troupes et leurs armes de la frontière russe,
01:57 plus ils sont en mesure d'engager des conflits par procuration
02:00 ou des actions de déstabilisation contre Moscou,
02:04 sous prétexte de protéger les habitants,
02:07 même au prix de guerres et d'instabilité sans fin,
02:11 dont ceux-ci seront les premières victimes.
02:14 Des fissures commencent pourtant à lézarder l'Alliance occidentale.
02:19 Les Européens, dotés d'un minimum de sang-froid,
02:22 comme la France et l'Allemagne,
02:25 finiront-ils par calmer le jeu avant que l'Ukraine ne devienne
02:30 la prochaine Syrie ou la prochaine Libye,
02:33 au seul bénéfice des États-Unis ?
02:35 [Musique]
02:44 Le désordre mondial, présenté par Rachel Marsden.
02:48 [Musique]
02:50 Avec moi aujourd'hui pour discuter de tout cela,
02:52 Pierre Laurent est journaliste spécialiste de l'URSS
02:56 et le monde post-soviétique et de la Russie,
02:59 et il est aussi l'auteur du livre "L'Ukraine, une histoire entre deux destins"
03:04 aux éditions Bartia. Bienvenue à l'émission !
03:07 - Merci de m'inviter, bonjour.
03:09 - Bonjour. Alors, est-ce qu'on devrait s'inquiéter maintenant ?
03:12 Cette fois-ci ? Pour la énième fois ?
03:15 - C'est l'histoire du berger qui criait au loup pour s'amuser et...
03:21 au début, tous les villageois arrivaient à son secours et puis à la fin,
03:26 plus personne ne bougeait et c'est là que le loup est vraiment arrivé.
03:29 - Sauf qu'il bouge. - Il bouge.
03:31 - Sauf qu'il bouge, côté occidental, les alliés de l'OTAN...
03:33 - Effectivement. - ...donnent de l'aide au développement,
03:35 il y a des armes, il y a du personnel qui arrive sur place.
03:40 Alors, c'est pour ça que les gens commencent à s'inquiéter.
03:43 Surtout quand on lit la presse occidentale, on a l'impression qu'on y est,
03:48 qu'on est au point d'un gros conflit qui risque de chauffer grave.
03:53 - Oui, effectivement, mais c'est justement cela.
03:56 En fait, on attend l'avenue du loup et le loup, c'est le loup russe
04:00 qui non seulement n'arrive pas,
04:04 on prévoyait l'offensive fin novembre, puis le 1er décembre,
04:09 puis le 7 janvier, puis, puis, puis, puis...
04:13 Et en fait, si l'on regarde réellement la situation,
04:16 ce qui se passe actuellement, c'est que depuis deux ans en Ukraine,
04:24 ce sont les oligarques qui ont pris réellement le pouvoir
04:29 et le seul moyen que le président Zelensky a de résister,
04:34 c'est de s'appuyer de toutes ses forces sur les États-Unis
04:38 et sur certains alliés occidentaux.
04:40 Mais pas tous, parce que certains sont très réticents.
04:44 La France, l'Allemagne, mais en revanche,
04:47 les pays de l'Europe de l'Est qui sont antirusses,
04:52 c'est-à-dire la Pologne, les Pays-Baltes,
04:54 soutiennent cette vision de Zelensky
04:59 qui ne voit que les États-Unis comme ses principaux soutiens et alliés.
05:06 De la même manière, pour les États-Unis,
05:09 c'est un moyen extraordinaire, l'Ukraine,
05:12 de créer une dynamique autour de cet organisme
05:17 que le président Macron désignait comme étant en état de mort cérébrale,
05:24 qui est l'OTAN.
05:25 L'OTAN n'existe que parce qu'il y a un ennemi.
05:27 Si l'ennemi n'existe plus, c'est-à-dire la Russie,
05:30 à quoi sert l'OTAN ?
05:31 Ça se transforme en une amicale d'anciens combattants
05:34 ou éventuellement en une organisation d'aide au développement
05:39 des pays en sous-développement de l'Europe.
05:41 Or, ce n'est pas cela.
05:43 Donc, le seul moyen de garder l'OTAN,
05:48 c'est de créer, de maintenir une ambiance de psychose sur l'Ukraine.
05:55 En fait, ce qui est assez intéressant, c'est qu'il y a beaucoup de propagande qui sort,
05:58 et je dis bien propagande parce que ce sont des sources officielles gouvernementales
06:02 qui émettent, par exemple, le gouvernement britannique.
06:06 La ministre des Affaires étrangères, Liz Truss,
06:09 a fait une déclaration sur le projet du Kremlin d'installer,
06:12 d'après elle, un leadership pro-russe en Ukraine.
06:15 En fait, elle émet une liste de, un, deux, trois, quatre personnes,
06:21 et dit que ces gens-là, qui sont des anciens, par exemple,
06:24 les premiers vice-premiers ministres de l'Ukraine,
06:26 anciennement, entre 2012 et 2014.
06:29 En fait, il y a deux anciens vice-premiers ministres,
06:34 anciens chefs adjoints du conseil ukrainien,
06:37 premier ministre ukrainien, Mikola Azarov, par exemple.
06:40 Ce qui est marrant, c'est qu'il y a, en réponse,
06:43 il y a même un des individus qui se trouve sur la liste,
06:46 qui s'appelle Yevhen Murayev,
06:50 et qui a répondu en soulignant qu'en réalité,
06:53 il est, lui, il est sous sanction russe,
06:56 un fait qui sape les affirmations de Londres de lui étant
07:00 une future marionnette du Kremlin,
07:02 qui pourrait être installée par Vladimir Poutine lui-même
07:05 pour diriger l'Ukraine.
07:07 Et lui, il a dit, et je cite,
07:09 "Tout ce que je peux penser, c'est que le ministère britannique
07:12 des affaires étrangères a reçu des informations erronées
07:15 de la part de certains éléments en Ukraine,
07:17 et ils l'ont répété sans vérification appropriée."
07:20 Il a dit, "Je pense aussi que moi-même et d'autres sommes pris
07:23 dans la confrontation géopolitique
07:25 en cours entre les États-Unis,
07:28 le Royaume-Uni, l'OTAN, et là aussi,
07:31 je pense que nous sommes pris au milieu."
07:33 Ce qui est intéressant, c'est que cela est sorti le 22 janvier.
07:38 Deux jours avant, William Burns,
07:40 qui est le directeur de la CIA,
07:42 s'est rendu à Berlin et à Kiev.
07:45 Et c'était en visite secrète
07:48 en Europe, avant le voyage d'Anthony Blinken,
07:51 pour faire un peu de diplomatie.
07:53 Alors tout cela se déroule sur un fonds diplomatique.
07:56 Est-ce qu'il y a des magouilles dans cette affaire d'après vous,
08:00 par la CIA ?
08:02 Je crois que...
08:04 Vous savez, il est très difficile de dire que la CIA n'est pas dans une magouille.
08:09 Parce que c'est son travail.
08:11 Son travail, c'est d'être présente là où
08:15 il y a des problèmes dans le monde.
08:17 Maintenant qu'elle manipule
08:19 l'information de manière à servir ses intérêts
08:23 et les intérêts des États-Unis par derrière, bien entendu,
08:26 qu'elle manipule l'information pour
08:29 éventuellement soutenir une vision
08:32 qui est celle des amis
08:34 de la CIA à l'intérieur d'un pays.
08:37 En Ukraine, c'est évident.
08:39 Mais la CIA n'est pas la seule à agir.
08:43 Il y a d'autres forces qui agissent,
08:46 qui ont une caractéristique commune,
08:50 c'est de considérer que l'Ukraine est une victime
08:54 et la Russie un agresseur.
08:56 C'est par exemple dans le domaine des fondations privées,
09:02 c'est le cas des fondations Open Society de George Soros.
09:08 Il y a donc un ensemble de forces occidentales
09:12 qui ont d'une certaine manière
09:14 un intérêt premier
09:16 à ce que le conflit ne se résolve pas.
09:20 Et à l'intérieur de l'Ukraine, il y a des forces
09:22 qui se servent de cette position occidentale
09:26 pour dire "Regardez, nous sommes les victimes,
09:29 nous ne pouvons pas appliquer les accords de Minsk
09:32 parce qu'ils sont déséquilibrés,
09:35 alors que lorsqu'ils ont été signés,
09:37 ils étaient tout à fait équilibrés.
09:39 S'ils avaient été appliqués en 2015
09:42 comme c'était, normalement ça devait se faire,
09:45 il n'y aurait plus de conflits aujourd'hui dans le Donbass.
09:49 On rejette sans cesse la faute sur la Russie,
09:53 mais la Russie dans ce combat
09:56 est plutôt un spectateur qu'un participant.
09:59 C'est-à-dire que si réellement les politiciens ukrainiens
10:03 se mettaient d'accord comme Zelensky au début,
10:06 lorsqu'il a été élu, le voulait,
10:08 pour enfin appliquer les accords de Minsk
10:10 et régler la situation,
10:12 il n'y aurait plus de la part de la Russie aucun problème.
10:16 La Russie, là, ce qu'elle voit, c'est actuellement,
10:19 dans le Donbass, il y a une situation militaire
10:23 qui est gelée.
10:25 Certains en Ukraine, et en particulier le bataillon
10:28 ou plutôt le régiment Azov que vous avez cité,
10:32 ont envie que ça se dégèle,
10:35 mais dans leur sens.
10:38 C'est-à-dire que la situation se résolve en faveur de l'Ukraine,
10:42 que l'Ukraine récupère les territoires autonomistes
10:46 de Donetsk et de Lugansk.
10:50 Mais le gouvernement, jusqu'à présent,
10:53 le gouvernement ukrainien était très réticent.
10:56 Si, en revanche, soudain,
10:59 par un miracle, le président Biden disait
11:03 "Nous envoyons des troupes et nous soutenons
11:07 le cas d'agression russe avec des troupes au sol,
11:11 des troupes américaines et des troupes de l'OTAN",
11:14 alors là, il n'y aurait plus de réticence
11:17 de la part du gouvernement ukrainien pour se lancer
11:20 à l'assaut, parce qu'ils auraient un background,
11:24 ils auraient un soutien qui serait très important.
11:29 Et ça, la Russie en est consciente.
11:31 Si la Russie masse des troupes ou met des troupes
11:34 et crée des... En fait, ce sont plutôt des manœuvres,
11:38 parce que ces troupes-là ne sont pas stationnées,
11:40 elles bougent d'un endroit à un autre,
11:42 elles ne sont jamais au même endroit.
11:44 Et là, actuellement, il y a des manœuvres en Crimée
11:47 et dans la partie occidentale de la Russie.
11:50 Si elle met des troupes là, c'est justement pour dire aux Ukrainiens
11:54 "Attention, n'allez pas trop loin, parce que, de toute manière,
11:57 il y aura une réponse, nous sommes là.
12:00 Nous sommes les garants, nous les Russes,
12:02 nous sommes les garants de l'application des accords de Minsk."
12:06 Et si la France et l'Allemagne sont également sur une position
12:09 relativement modérée, c'est parce que la France et l'Allemagne
12:13 sont également des garants des accords de Minsk.
12:15 Et ce serait un désaveu total pour ces deux pays
12:19 si soudain, tout dégénérait, alors que, normalement,
12:23 la solution était toute proche.
12:25 - Alors, tout le monde pense à la guerre comme étant
12:28 une action hostile entre deux États,
12:31 mais aujourd'hui, on passe plutôt à l'époque
12:34 où il y a des guerres par procuration.
12:36 On a déjà évoqué le bataillon Azov,
12:40 qui, d'après plusieurs sources et responsables de la CIA,
12:44 était bien entraîné par la CIA, formé par la CIA,
12:48 dans la même manière où on voit les rebelles syriens
12:51 qui suivent ce modèle.
12:53 De l'autre côté, il y a les Occidentaux qui disent
12:55 que les Russes préparent des paramilitaires
12:59 qui sont du même genre pour peut-être participer
13:03 dans une confrontation éventuelle.
13:05 Est-ce que vous y croyez ?
13:07 - Écoutez, en ce qui concerne la CIA,
13:09 le problème, c'est que, comme d'habitude,
13:11 on a beaucoup d'idées sur ce que la CIA fait,
13:16 mais on n'a pas réellement de preuves.
13:18 En revanche, on a une preuve.
13:20 - Ils y ont tout. C'est leur travail.
13:22 - Oui, bien entendu. Mais on a une preuve.
13:24 Permettez-moi, excusez-moi réellement,
13:26 parce que je connais vos origines.
13:28 Donc, ce sont plutôt les Canadiens
13:30 qui ont été vraiment très naïfs.
13:32 - C'est formidable, quoi !
13:34 (Rires)
13:36 J'avoue !
13:38 - Vous voulez envoyer de l'aide au développement,
13:41 mais pas les armes.
13:42 - Non, mais en ce qui concerne le régiment Azov,
13:44 le régiment Azov est également entraîné,
13:47 non pas par la CIA, parce que ça, c'est couvert,
13:49 on ne le sait pas réellement,
13:51 mais c'est vraisemblable.
13:53 Mais, très clairement, ils sont entraînés
13:56 par l'armée canadienne.
13:58 Mais l'armée canadienne, elle ne sait pas
14:01 que ce sont des militants et des militaires
14:06 du bataillon Azov.
14:07 - Mais comment ne pas savoir ?
14:08 Parce qu'il y a un logo qui est carrément évident,
14:11 un peu néo-nazi.
14:12 - Officiellement, ils ne savent pas.
14:13 Bien entendu qu'ils le savent.
14:14 - Ils ont, comment dire, le soleil noir,
14:18 le tatouage.
14:19 - Oui, ils ont le soleil noir et le Wolfgang.
14:21 - Comment savoir qu'ils ne s'entraînent pas ?
14:23 J'avoue que les Canadiens peuvent être naïfs,
14:25 mais jusqu'à ce point ?
14:26 - Non, non.
14:27 Mais c'est officiellement, ils ne savent pas.
14:29 Bien entendu qu'ils le savent.
14:30 Mais la meilleure preuve, c'est qu'en décembre 2018,
14:35 il y a eu une réunion du commandement canadien à Kiev
14:41 avec le commandement et les combattants
14:45 qui étaient entraînés par les troupes canadiennes,
14:48 donc les combattants ukrainiens.
14:50 Et il y avait évidemment des membres du régiment Azov.
14:56 Et au lieu de dire...
14:59 Alors le lieutenant général commandant les troupes canadiennes,
15:03 qui s'appelle Jean-Marc Lantier,
15:06 au lieu de dire "Nous ne participons pas si ces gens-là restent là",
15:13 ils sont restés.
15:15 Et ils ont fait en sorte que les photos de la manifestation
15:20 ne soient pas publiées.
15:22 Ils ont fait un lobbying total,
15:24 et c'est l'un des journaux d'Ottawa, Ottawa Citizen...
15:29 - Ottawa Citizen, c'est le grand journal d'Ottawa
15:32 et un des grands journaux du pays ?
15:34 - Oui, et ça a été révélé là, dernièrement, ces deux dernières semaines.
15:39 Il y a deux articles très importants sur cela,
15:42 sur le fait que les canadiens savaient qui était Azov
15:45 et que malgré tout ils ont continué à les former.
15:48 Sans compter que les occidentaux en général,
15:51 pas seulement les canadiens ou les américains
15:53 ou les français ou les allemands,
15:55 mais en général, ils soutiennent un centre de formation
16:00 de l'armée de terre ukrainienne,
16:03 qui se trouve à Kiev,
16:05 et... Pardon, à Alvov, en fait.
16:09 Et ce centre de formation
16:12 est la pépinière d'un mouvement
16:15 qui s'appelle, c'est un groupe,
16:18 qui est une émanation d'Azov
16:22 et des autres gros puscules
16:25 de néo-nazis et fascistes d'Ukraine.
16:30 - Donc ces gens-là pourraient vraisemblablement jouer un rôle,
16:33 si jamais... - Bien sûr qu'ils jouent un rôle.
16:35 - Pierre Laurent, journaliste spécialiste de l'URSS
16:38 du monde post-soviétique et de la Russie,
16:41 est l'auteur du livre "L'Ukraine, une histoire entre deux destins"
16:46 aux éditions Bartillat.
16:48 Merci beaucoup pour votre temps aujourd'hui.
16:50 - Merci à vous.
16:51 - Et merci à vous de nous avoir rejoints dans l'émission.
16:53 Vous pouvez réécouter l'émission à tout moment
16:55 sur deshormondiales.com ou spoutniknews.com
16:58 [SILENCE]

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