Victimes françaises en Israël: l'interview intégrale de la porte-parole du ministère des Affaires étrangères

  • l’année dernière
Une femme française est morte et sept autres ressortissants sont portés disparus en Israël, a affirmé ce dimance la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Anne-Claire Legendre. La branche armée du Hamas a déclenché samedi à l'aube l'opération "déluge d'Al-Aqsa" contre Israël. Des hommes armés en provenance de la bande de Gaza se sont également infiltrés sur le sol israélien, dans les villes situées à la frontière, et ont enlevé des civils et des militaires israéliens.
Transcript
00:00 Bonsoir Alain-Claire Legendre, merci d'être sur le plateau, vous êtes porte-parole du Quai d'Orsay.
00:03 Bonsoir Thierry Arnault, historienne internationale BFM TV.
00:06 Information cet après-midi du Quai d'Orsay, un décès, la France en deuillé pour la première fois officiellement en Israël.
00:14 Que sait-on de cette ressortissante française puisqu'il s'agit d'une femme ?
00:17 Alors nous avons en effet, malheureusement, très tristement, à déplorer le décès tragique d'un de nos ressortissants,
00:24 une ressortissante française dans les attaques terroristes menées par le Hamas contre l'État d'Israël.
00:31 C'est une nouvelle évidemment que nous avons partagée cet après-midi avec la plus grande tristesse
00:37 et nous sommes en contact avec sa famille pour lui apporter tout le soutien nécessaire face à cette épreuve.
00:43 C'est le travail que font aujourd'hui nos équipes diplomatiques à la fois à Paris mais aussi sur le terrain
00:48 puisque vous savez que notre ambassade en Israël, notre consulat général à Tel Aviv et notre consulat général à Jérusalem sont pleinement mobilisés.
00:55 On va revenir justement à ce que c'est extrêmement intéressant de voir dans une situation de crise comme celle-là, comment on s'organise.
01:01 Que peut-on dire, que pouvez-vous dire sur cette ressortissante française, les conditions de son décès ?
01:05 Parce qu'on sait qu'évidemment, on parle d'attaques du Hamas mais on parle de plusieurs attaques, plusieurs sites, plusieurs modes opératoires différents.
01:11 Est-ce qu'on sait, est-ce que vous pouvez nous dire ce qui s'est passé concernant cette française ?
01:14 Non, je ne peux rien vous dire à ce stade. Vous savez qu'aujourd'hui, nous sommes évidemment en contact avec sa famille
01:20 et par respect pour sa famille, par respect pour la mémoire de cette ressortissante française, nous ne pouvons pas dévoiler ici les circonstances de ce drame.
01:30 Il y a également, et c'est BFMTV qui l'annonçait aujourd'hui, l'inquiétude concernant plusieurs Français portés disparus.
01:38 C'est selon notre chaîne, est-ce que là aussi, vous avez des informations sur le nombre de Français dont on est sans nouvelles ?
01:45 Parce que portés disparus, évidemment, c'est une expression qui peut avoir beaucoup de conséquences désormais.
01:49 Alors, nous avons indiqué que ces ressortissants n'étaient pas localisés.
01:53 Donc aujourd'hui, le travail qui est effectué par nos équipes diplomatiques sur le terrain,
01:57 c'est un travail pour essayer de localiser et de comprendre la situation de ces ressortissants.
02:03 Nous sommes évidemment en contact étroit avec leur famille.
02:06 Nous sommes également en contact avec les autorités israéliennes avec qui nous menons cette recherche.
02:11 Les États-Unis ont déjà annoncé qu'ils estimaient qu'il y avait plusieurs dizaines d'Américains parmi les otages pris par leur amasse.
02:20 Les Allemands déplorent aussi quelques otages d'ici.
02:23 Qu'en est-il de la France ? Est-ce qu'on a des inquiétudes ou des informations à ce sujet ?
02:27 Alors, je ne peux rien confirmer de tel.
02:28 Comme je l'indiquais, nous sommes en contact avec les autorités israéliennes pour comprendre la situation qui est celle de nos ressortissants aujourd'hui non localisés.
02:36 Mais à ce stade, je ne peux pas confirmer quelle est leur situation précisément.
02:40 Juste pour clarifier la situation, on a combien de Français qui vivent en Israël aujourd'hui ?
02:45 Je crois qu'il y en a à peu près entre 50 et 60 000 qui sont enregistrés au consulat de Pétain.
02:49 Alors, nous avons 62 000 Français enregistrés en Israël.
02:52 Mais nous avons aussi 25 000 Français enregistrés dans les territoires palestiniens auprès de notre consulat général.
02:58 Et bien entendu, compte tenu de l'attrait pour ce pays de la part d'une grande partie de notre population,
03:05 avec beaucoup de touristes qui se rendent en Israël, nous avons probablement un nombre plus important de ressortissants sur le territoire.
03:14 Aujourd'hui, je ne peux pas confirmer de chiffres, mais il est probable que ce nombre est en effet plus important que le nombre des enregistrés.
03:21 Ici à Paris et aussi sur place, c'est-à-dire que ces familles qui sont là-bas, on sait que ça a été très compliqué
03:25 parce qu'en plus le début de l'attaque, c'était un jour de shabbat, donc beaucoup de communications ont été fermées.
03:30 Comment ça se passe ? Qui leur parle ? À qui peuvent-elles s'adresser ?
03:35 Alors très concrètement, nous avons donc une cellule de crise qui est en place, sur place, sur le terrain,
03:39 qui est organisée par nos consulats généraux.
03:42 Donc comme je l'indiquais, c'est à Tel Aviv et à Jérusalem que nous avons deux consulats généraux
03:46 qui sont aujourd'hui les points de contact pour ces familles, évidemment avec notre ambassade à Tel Aviv.
03:52 Il y a donc une réponse téléphonique qui est aujourd'hui organisée, qui leur permet de poser des questions.
03:57 Et donc je peux vous indiquer que nous avons eu d'ores et déjà dans cette cellule de crise plus de 250 appels reçus et traités
04:03 par nos équipes sur le terrain, mais il y a aussi toute une série de messages qui leur ont été envoyés.
04:08 Vous imaginez bien que dans une situation aussi tragique, nous avons passé des consignes de la plus extrême vigilance
04:15 à tous nos ressortissants, avec une vigilance toute particulière pour les abords de Gaza, bien entendu.
04:20 On leur demande quoi concrètement ? De rester chez eux ? Evidemment de s'approcher de Gaza, vous l'avez dit, ça semblait évident.
04:26 Absolument, on leur demande l'extrême vigilance, ne pas se déplacer, éviter évidemment tout particulièrement
04:31 de se déplacer dans la proximité de Gaza et à Jérusalem également, et évidemment de prendre contact avec nos emprises,
04:40 mais aussi de suivre très strictement les instructions données par les autorités.
04:43 Est-ce que certaines de ces personnes qui vous contactent demandent à être rapatriées ?
04:47 Est-ce que si la situation devait perdurer, la France doit réfléchir ou commence à réfléchir à comment rapatrier ces dizaines de milliers de Français ?
04:54 Vous avez entendu la Première Ministre ce midi s'exprimer à ce sujet. Elle a indiqué que ce n'était pas d'actualité.
05:01 Vous savez que l'aéroport Ben Gurion reste ouvert, qu'il y a encore des vols existants.
05:07 Alors Air France a de fait pris la décision de suspendre ces vols, mais nous espérons un retour à la normale du côté d'Air France
05:15 compte tenu du fait que l'aéroport reste ouvert.
05:17 Que vous dit l'ambassadeur français qui est sur place ? Il y a deux sites de représentation françaises.
05:24 Mais qu'est-ce qu'ils vous racontent ? Le chaos, la sidération était visiblement générale à la fois sur place et aussi un peu ici.
05:31 Mais qu'est-ce qu'eux, ils vous racontent ? Est-ce qu'ils ont pu avoir des contacts ? Est-ce qu'ils peuvent sortir ?
05:35 Est-ce qu'ils peuvent échanger ? Est-ce qu'ils peuvent recueillir des informations ?
05:37 Bien sûr, nos diplomates sont au contact. Ils sont au contact à la fois des Français.
05:41 C'est évidemment leur priorité aujourd'hui que de s'occuper de la communauté.
05:45 Et nous sommes évidemment aussi en contact des autorités israéliennes pour comprendre ce qui s'est passé.
05:50 Et vous savez à cet égard que le président de la République et la ministre ont eu immédiatement hier la possibilité de s'entretenir pour le président
05:58 avec le président Herzog et le premier ministre Benjamin Netanyahou et pour la ministre avec son homologue Eli Cohen
06:03 pour à la fois leur exprimer toute notre solidarité et leur indiquer que nous étions en soutien, marquer évidemment nos pensées pour les victimes.
06:13 Vous avez indiqué tout à l'heure le bilan extrêmement lourd qui est celui connu par Israël face à une offensive dont j'indiquais,
06:21 comme je l'indiquais tout à l'heure, qu'elle est vraiment sans précédent.
06:24 Elle a également contacté son homologue palestinien, qui fait partie de la liste des nombreux appels qu'elle a eu au cours des dernières heures. Pour lui dire quoi ?
06:31 Alors la ministre s'est en effet entretenue avec son homologue palestinien, mais pas seulement palestinien.
06:35 Elle a eu hier son homologue égyptien, jordanien. D'ailleurs le président de la République également s'est entretenu avec le président Sisi.
06:42 Et vous savez qu'aujourd'hui elle a eu par ailleurs des contacts avec les Émiriens, les Saoudiens, les Qatariens.
06:48 C'est extrêmement important. Tout d'abord pour exprimer la nécessité de reconnaître ce droit d'Israël à se défendre face à une telle attaque terroriste
06:57 et également pour évoquer la possibilité d'un embrasement régional et évidemment faire tout dans notre possible pour éviter cet embrasement.
07:07 Mais lorsqu'on parle à un responsable palestinien aujourd'hui, qu'on représente à la diplomatie française, que lui dit-on ? Que lui demande-t-on le cas échéant ?
07:14 Aujourd'hui ce que nous disons c'est qu'en effet Israël a le droit de se défendre et de indiquer très clairement le caractère terroriste de cette attaque.
07:22 Je crois qu'il faut le souligner et je crois qu'un des éléments les plus odieux qui vient confirmer ce caractère terroriste c'est évidemment les prises d'otages.
07:31 Les prises d'otages particulièrement indignes et odieuses et nous appelons évidemment à la libération immédiate des otages pris aujourd'hui par le Hamas.
07:39 L'autorité palestinienne n'a visiblement pas la main, ne contrôle pas grand-chose dans les territoires palestiniens.
07:45 Qui aujourd'hui peut œuvrer à la désescalade ? Est-ce qu'aujourd'hui Paris œuvre à la désescalade ?
07:50 Quand on voit le président iranien Raisi qui se soutient ouvertement, palestinien qui a appelé les responsables du Hamas et du djihad islamique.
07:57 Quelle peut être la place de la France dans cette désescalade ? Quels sont les mots ? Quel emploi ? Et à qui peut-elle les adresser ces mots ?
08:02 Tous nos efforts vont en effet pour éviter cet embrasement régional, pour faire en sorte que ces attaques cessent.
08:08 Et c'est le message que nous avons passé à tous les partenaires régionaux.
08:12 C'était bien le propos du président de la République et de la ministre adressé à leurs homologues dans la région.
08:18 Vous savez que nous aurons également une réunion du Conseil de sécurité des Nations Unies dès ce soir pour évoquer la situation.
08:25 Et c'est évidemment le propos qui sera tenu dans cette enceinte.
08:28 La France souhaite comme certains de ses partenaires que la question de l'aide économique aux palestiniens soit mise sur la table.
08:35 Il faut rappeler que c'est une économie qui vit sous perfusion, notamment grâce aux fonds européens.
08:40 L'aide directe et indirecte de pays comme la France est très importante.
08:43 Pour donner un ordre de grandeur, la moitié de la population de la bande de Gaza est dépendante de l'aide alimentaire.
08:49 L'Allemagne a souhaité évoquer ce sujet et éventuellement suspendre l'aide économique aux palestiniens.
08:55 Est-ce que c'est aussi la position de la France ?
08:57 Je crois que nous n'en sommes pas là aujourd'hui.
08:59 Comme l'a indiqué la ministre, notre priorité c'est évidemment d'éviter un embrasement régional.
09:04 Elle a eu l'occasion de s'exprimer aujourd'hui dans Ouest-France.
09:08 Vous avez pu voir ses propos et d'indiquer que le Hamas n'était pas le représentant de tous les Palestiniens
09:12 et qu'il y avait aussi des Palestiniens qui souhaitaient pouvoir vivre dans la paix côte à côte avec les Israéliens.
09:19 C'est d'ailleurs la solution préconisée par la communauté internationale.
09:23 Et quand la situation reviendra au calme, il sera évidemment urgent de revenir à la nécessité de trouver une perspective politique sur la solution des deux États.
09:33 Une dernière question très concrète avant de vous libérer ce soir.
09:37 Évidemment, je n'imagine très mal que les francophones qui sont en ce moment sur le sol israélien puissent nous regarder.
09:44 Mais leurs proches qui nous écoutent, qui nous regardent ce soir, que doivent-ils faire s'ils veulent avoir des nouvelles, aider, passer des informations ?
09:52 Je crois que ce qui est important c'est de dire à leurs proches de respecter les consignes qui sont données à la fois
09:58 par nos représentations diplomatiques et par les autorités israéliennes sur le terrain.
10:02 C'est le plus important. Et de bien rester en contact avec nos représentations diplomatiques sur le terrain qui sont vraiment mobilisées 24h/24 pour leur venir en aide.
10:11 Merci beaucoup Anne Carugent d'avoir été ce soir porte-parole du Quai d'Orsay.
10:15 Je rappelle donc cette Française qui a été tuée sur le sol israélien et l'information BFMTV que vous ne nous avez pas confirmé.
10:22 Mais sept Franco-Israéliens qui sont portés disparus sur le sol israélien.

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