Plus de la moitié de la population française a eu au moins un épisode de mal de dos dans les douze derniers mois. Les lombalgies représentent à elles seules le deuxième motif de recours au médecin traitant et la troisième cause d'invalidité. Pourtant, malgré sa prévalence, le mal de dos n'est pas si bien compris. Les idées reçues sont très nombreuses sur ce "mal du siècle". Les mauvaises postures ou le port de charges lourdes font souvent oublier l'un des principaux responsables de ces douleurs : la sédentarité. Le mouvement est largement préconisé, contrairement à ce que pensent 45% des Français qui considèrent que face à de tels maux le repos est le meilleur remède.
Alors, connaît-on vraiment les causes du mal de dos ? Comment mieux prévenir et mieux prendre en charge la douleur ? Nous poserons ces questions à notre invitée Aurore Mambriani, kinésithérapeute et présidente d'OMT France.
La santé figure au premier rang des préoccupations des Français et au coeur de tous les grands débats politiques et sociétaux.
L'organisation des soins, le service public hospitalier, mais aussi le mal de dos, les allergies, la bioéthique ou encore la nutrition... Sur LCP-Assemblée nationale, Elizabeth Martichoux explore chaque mois un thème de santé publique.
Entre reportages, interviews de professionnels de santé, de personnalités politiques mais aussi de patients, ce rendez-vous aborde tous les maux d'une problématique de santé, ses enjeux, les avancées et les nouveaux défis pour mieux vivre demain !
Abonnez-vous à la chaîne YouTube LCP-Assemblée nationale : https://bit.ly/2XGSAH5
Et retrouvez aussi tous nos replays sur notre site : https://www.lcp.fr/
Suivez-nous sur les réseaux !
Twitter : https://twitter.com/lcp
Facebook : https://fr-fr.facebook.com/LCP
Instagram : https://www.instagram.com/lcp_an/
TikTok : https://www.tiktok.com/@LCP_an
Newsletter : https://lcp.fr/newsletter
#LCP
Alors, connaît-on vraiment les causes du mal de dos ? Comment mieux prévenir et mieux prendre en charge la douleur ? Nous poserons ces questions à notre invitée Aurore Mambriani, kinésithérapeute et présidente d'OMT France.
La santé figure au premier rang des préoccupations des Français et au coeur de tous les grands débats politiques et sociétaux.
L'organisation des soins, le service public hospitalier, mais aussi le mal de dos, les allergies, la bioéthique ou encore la nutrition... Sur LCP-Assemblée nationale, Elizabeth Martichoux explore chaque mois un thème de santé publique.
Entre reportages, interviews de professionnels de santé, de personnalités politiques mais aussi de patients, ce rendez-vous aborde tous les maux d'une problématique de santé, ses enjeux, les avancées et les nouveaux défis pour mieux vivre demain !
Abonnez-vous à la chaîne YouTube LCP-Assemblée nationale : https://bit.ly/2XGSAH5
Et retrouvez aussi tous nos replays sur notre site : https://www.lcp.fr/
Suivez-nous sur les réseaux !
Twitter : https://twitter.com/lcp
Facebook : https://fr-fr.facebook.com/LCP
Instagram : https://www.instagram.com/lcp_an/
TikTok : https://www.tiktok.com/@LCP_an
Newsletter : https://lcp.fr/newsletter
#LCP
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 LCP Assemblée nationale, en partenariat avec MGEN Mutuelle Santé Prévoyance présente État de Santé
00:10 Générique
00:38 Plus de la moitié des Français a eu mal au dos au moins une fois au cours des 12 derniers mois.
00:43 Pourtant, ces douleurs font encore l'objet d'idées reçues.
00:47 45% des Français considèrent par exemple que le meilleur remède est le repos.
00:52 Je sens paradoxalement que les pompes, que je n'aurais jamais imaginé être un mouvement qui pouvait m'aider par rapport aux douleurs que j'avais, m'aident petit à petit.
01:01 Ça j'ai du mal à comprendre la mécanique.
01:04 Les mauvais réflexes augmentent le risque de voir les douleurs s'installer et devenir chroniques.
01:09 Pour les médecins, il est donc nécessaire d'aborder ce mal du siècle dans toute sa complexité afin de mieux le prendre en charge.
01:17 On ne peut pas dire des choses comme "j'ai entre 45 et 60 ans, j'ai mal au dos à telle hauteur et ça me fait mal au moins en bas et donc pour tout le monde on va d'abord faire ça et si ça ne marche pas on m'opère".
01:30 Ces choses-là n'existent pas en douleurs du dos et en fait le traitement se guide de manière très personnalisée.
01:36 Mal de dos, halte aux idées reçues, c'est le thème de ce nouveau numéro d'État de santé.
01:42 Bonjour à tous et bienvenue dans État de santé, une émission consacrée au fameux mal du siècle, le mal de dos.
01:53 Il y a mille et une façons de souffrir, physiques, psychologiques, des vertèbres déplacés, des douleurs lombaires, un tour de rein.
02:00 Autant éviter les idées reçues tout de même. Bonjour à vous, Aurore Mamriani.
02:04 On va les passer en vue, c'est important parce qu'effectivement tout le monde a des histoires de mal de dos, pratiquement dans sa vie, vous êtes kinésithérapeute.
02:12 Je parlais par exemple de vertèbres déplacés. Est-ce que ça c'est une appellation, une formulation qui est conforme à la réalité ?
02:23 Pas vraiment, on ne peut pas dire ça. Les vertèbres ne se déplacent pas ou alors quand elles se déplacent, malheureusement c'est très grave et c'est une urgence.
02:31 Mais quand on va chez le kinésithérapeute et qu'on a mal au dos ou chez le médecin, c'est rarement une vertèbre qui est déplacée.
02:37 Alors, certaines personnes qui se font manipuler entendent bien des os, alors que ce soit des vertèbres d'ailleurs ou d'autres éléments du dos,
02:48 ils comprendent, il ne faut pas comment le dire, que ça fait "crac" quand même. Donc on se dit "alors là, elle a replacé la vertèbre, une vertèbre cervicale".
02:55 Ce n'est pas ça. Ce n'est pas une vertèbre qui est replacée, c'est ce qu'on appelle un phénomène de cavitation.
03:00 Il y a du gaz dans l'articulation et on peut écarter un petit peu les surfaces articulaires et on a une petite bulle de gaz qui se déplace, qui fait un petit "plop" qui est perceptible.
03:12 Le "crac" c'est un "plop" ? C'est plutôt un "plop" qu'un "crac". C'est plutôt un "plop" qui "crac". Et donc, pourquoi c'est important de bien nommer les choses ?
03:20 Parce que c'est important que les patients n'aient pas de faux schémas dans la tête, parce que ça peut amener des croyances sur la gravité et les enfermer eux-mêmes dans un cercle vicieux.
03:33 Et le fait d'avoir peur, ils vont limiter leurs mouvements et cette limitation du mouvement et cette peur de bouger, ça peut être un facteur de chronicisation, notamment sur les douleurs lombaires.
03:43 C'est important de repasser et de passer en vue les idées reçues et on va tout de suite regarder votre parcours.
03:55 Aurore Manbriani est kinésithérapeute. Elle est la présidente en France de l'association OMT, qui regroupe des kinés spécialisés dans la rééducation des troubles musculosquelettiques, comme les lombalgies.
04:07 Des troubles qu'Aurore Manbriani connaît particulièrement bien, car elle a exercé pendant 10 ans dans son cabinet libéral en Haute-Marne, auprès d'une patientèle ouvrière et agricole.
04:24 Alors Aurore Manbriani, il y a plein de noms pour qualifier le mal de dos, j'en ai passé quelques-uns en vue. Est-ce qu'il n'y a pas un terme générique ? La lombalgie par exemple, est-ce que ça concerne toutes les douleurs de dos ?
04:35 Non, la lombalgie c'est pour la région lombaire.
04:38 Donc le bas du dos.
04:39 Oui, c'est ça, le bas du dos. Ensuite on a la région thoracique, la région cervicale. Donc on peut avoir la lombalgie, la cervicalgie, c'est ce qu'on a de plus commun sur les maux de dos.
04:48 Et effectivement à part dire douleurs de dos ou maux de dos, c'est difficile parce que si on utilise d'autres termes, après on induit d'autres choses, par exemple des causes ou des conséquences.
04:57 Donc on peut dire qu'on a des douleurs ou des maux de dos.
05:00 Et demander à son kiné par exemple de savoir exactement de quoi il s'agit.
05:06 Deuxième idée reçue très importante, c'est que quand on a mal au dos, on s'immobilise, on s'allonge et on se dit que ça ira mieux.
05:15 C'est vraiment quelque chose qui est extraordinairement répandu. Est-ce qu'on a raison ?
05:21 Alors si on a des grosses douleurs de dos, sûrement qu'il y a plusieurs facteurs qui jouent.
05:28 De toute façon il y a plusieurs facteurs qui jouent et il peut y avoir un facteur de fatigue.
05:31 Donc si on est fatigué, il faut se reposer. Mais pour la douleur de dos en elle-même, le repos ne va pas améliorer les choses.
05:38 C'est-à-dire qu'au-delà d'un jour ou deux de repos, c'est déconseillé et il faut reprendre les activités.
05:44 Donc ce qu'on disait avant où il faut rester par exemple trois mois alité, ça c'est pire.
05:49 Ça empire, ça amène à un enredissement articulaire, ça entraîne le fait que les muscles sont moins actifs.
05:54 Donc ça veut dire que le travail en plus pour reprendre une activité normale va être plus long.
05:59 Donc un à deux jours de repos mais pas plus.
06:01 Ça c'est passionnant. On en reparlera d'ailleurs tout à l'heure avec le reportage de Marianne Cazot.
06:04 Troisième idée reçue, porter des charges lourdes, ça donne mal au dos. Vrai ou faux ?
06:10 Alors tout est une question de contexte mais chez quelqu'un qui est entraîné, il n'y a pas de raison que ça fasse mal au dos en fait.
06:17 Entraîné c'est-à-dire ?
06:18 Et bien c'est comme avec le sport.
06:20 Si vous demandez à quelqu'un qui n'a jamais couru de faire un marathon du jour au lendemain, il va avoir mal partout, mal aux jambes et tout ça.
06:26 Quelqu'un qui ne porte jamais de charges lourdes, si vous lui demandez du jour au lendemain de faire un déménagement avec des morceaux d'armoire, ça va être compliqué.
06:33 Mais quelqu'un qui a l'habitude de faire ça ou son corps est entraîné pour ça, ça ne va pas lui poser de problème en fait.
06:38 Néanmoins la question du travail, facteur de mal de dos, est quand même une question très présente dans le monde professionnel.
06:47 C'est un enjeu de santé publique. La preuve en quelques chiffres. Infographie.
06:52 Le mal de dos au travail, presque tout le monde connaît ça.
07:01 En France, plus de 4 actifs sur 5 déclarent en avoir déjà souffert.
07:05 Et malprévenir les lombalgies a un coût important pour la société.
07:09 Arrêtons-nous donc sur ces chiffres.
07:12 Le mal de dos représente 20% des accidents du travail et des maladies professionnelles.
07:17 Et un tiers des arrêts de travail de plus de 6 mois.
07:21 En 2017 par exemple, 12 millions de journées de travail ont ainsi été perdues.
07:28 Soit un coût de 661 millions d'euros pour l'assurance maladie et plus d'un milliard d'euros supportés par les entreprises sous forme de cotisations.
07:37 Une étude suédoise a montré que 85% du coût de la lombalgie chronique par patient était lié à cette perte de productivité au travail.
07:46 Concluant qu'une meilleure prise en charge permet de faire des économies, même avec les traitements les plus coûteux.
07:53 Quant aux employeurs, en font-ils assez ?
07:56 69% des salariés français ont le sentiment d'être mal accompagnés dans la prévention du mal de dos.
08:03 Les actions menées jusqu'à maintenant n'ont pas fait baisser la fréquence ni la durée des arrêts de travail.
08:10 Les formes chroniques, qui sont les plus invalidantes, ont même plutôt tendance à augmenter.
08:21 On passe en revue dans cette émission toutes les idées reçues relatives au mal de dos.
08:26 On dit souvent que quand quelqu'un a mal au dos, c'est psychologique.
08:29 On dit "mais parce que tu es nerveux, parce que tu es stressé, le stress est un énorme facteur de mal de dos".
08:35 Donc on dit "qu'est-ce qui ne va pas dans ta tête pour que tu aies mal de dos ?"
08:38 Est-ce que c'est une question pertinente ?
08:40 La question pertinente, c'est de savoir si la personne a mal au dos, quels sont tous les déterminants qui jouent sur son mal de dos.
08:46 Le stress peut être un facteur, comme le fait d'être contrarié par une situation conflictuelle au travail,
08:53 ou dans le cercle familial, ou dans un cercle amical.
08:56 Tout ça peut jouer sur le mal de dos.
08:58 Est-ce qu'il faut aller chez le kiné ou chez le psy ?
09:00 Les kinés peuvent savoir détecter quelle est cette part psychologique et réorienter vers quelqu'un.
09:06 Mais souvent, il n'y a pas qu'un facteur.
09:08 Ce qui est intéressant, c'est d'avoir une approche qui est pluriprofessionnelle.
09:14 C'est-à-dire qu'on voit le kiné pour certaines choses, on voit le psychologue pour d'autres choses.
09:18 Des fois, on voit une assistante sociale, des fois on voit d'autres thérapeutes,
09:21 un nutritionniste ou un professeur de sport qui va travailler sur des exercices plus spécifiques.
09:27 Et justement, un professeur de sport qui fait bouger son patient quand il a mal au dos,
09:33 c'est contre-intuitif, comme on le dit.
09:35 On ne pensait pas à cela il y a quelques dizaines d'années, au contraire.
09:39 Comment le mouvement peut-il soulager les douleurs ?
09:42 Voici un reportage signé Marianne Cazot.
09:44 Contrairement à une idée reçue encore très répandue, face au mal de dos, il faut bouger.
09:54 - Salut Etienne, ça va ? - Ça va, ça va.
09:56 Depuis qu'il est suivi dans ce cabinet de kénésithérapie pour sa lombalgie,
10:00 Etienne Marshall l'a bien compris.
10:02 Ok, alors, donc, tu m'as dit, là, t'as réussi à faire ce qu'on avait convenu.
10:07 - Oui. - Tout ce qu'on avait convenu.
10:09 Un peu plus.
10:10 Il n'avait jamais été autant encouragé à bouger pour soulager ses douleurs.
10:15 Je sens paradoxalement que les pompes, que je n'aurais jamais imaginées être un mouvement
10:19 qui pouvait m'aider par rapport aux douleurs que j'avais, m'aident petit à petit.
10:22 Et ça, j'ai du mal à comprendre la mécanique.
10:24 Regarde, si je prends ton coude et que je te laisse comme ça pendant 3 heures,
10:28 qu'est-ce qui va se passer au bout d'un moment ?
10:30 Je vais être complètement endolori, ankylosé.
10:32 Ça va s'ankyloser, ça va faire mal, etc.
10:34 Et qu'est-ce que tu vas vouloir faire ? Tu vas vouloir le tendre.
10:37 Il y a un peu ce côté-là avec le dos.
10:40 C'est-à-dire que s'étirer vers l'arrière ou grandir ou autre,
10:44 ce n'est pas quelque chose qu'on fait souvent.
10:46 On a plutôt tendance à être un peu tout le temps comme ça,
10:48 surtout quand on a un métier où on est tout le temps devant l'ordi.
10:51 Pendant ces longs mois de douleurs,
10:53 Etienne Marshall a peu sollicité ses muscles dorsaux, qu'il renforce aujourd'hui.
10:58 Et même ses mouvements, qui ne ciblent pas le dos, ont un impact sur la lombalgie.
11:03 - Et hop, tu montes. - Et je relève en montant.
11:05 Tu changes et c'est parti.
11:07 Etienne Marshall pourra les refaire chez lui.
11:10 En fait, la douleur, c'est un signal d'alarme.
11:12 Par exemple, si tu mets la main sur le feu, tu vas avoir l'alarme qui va arriver
11:14 pour te dire "enlève ta main parce que tu vas te brûler".
11:16 En gros, grossement, c'est ça.
11:18 Et le signal d'alarme, comme tout signal, il peut se régler.
11:20 Plus sensible, moins sensible.
11:22 Et plus il est réglé sensible, plus la douleur peut se déclencher facilement
11:25 pour des trucs qui sont anodins.
11:28 Et l'activité physique, on sait que c'est un excellent moyen.
11:31 Il n'y a pas que celui-là, mais c'est un des moyens qu'on a
11:33 qui permet de régler correctement le signal.
11:36 A l'inverse, trop de repos augmente le risque de voir les douleurs s'installer.
11:41 C'est ce qui est arrivé à Sylvie Bouchard.
11:44 Après une chute en VTT, elle est restée près de 20 ans,
11:47 immobilisée dans un corset pour traiter sa lombalgie chronique.
11:52 Elle pensait ne jamais pouvoir remonter sur un vélo.
11:55 A l'époque, il n'existait pas les programmes dont vous bénéficiez aujourd'hui,
11:59 les programmes de réentraînement à l'effort.
12:01 C'était bien tout le contraire qui était recommandé, c'était le repos strict.
12:05 En 2010, j'en pouvais plus, vous pouvez bien le comprendre,
12:08 psychologiquement c'était très difficile, 20 ans alités,
12:11 ça a été très très difficile sur le plan socio-familial,
12:15 sur tous les plans de la vie.
12:17 A force de persévérance et de patience, elle s'est remise à bouger,
12:21 à nager et enfin à pédaler.
12:24 Les médecins n'avaient plus rien à me proposer,
12:26 donc je n'avais pas le choix que de me prendre en main
12:30 et de me remuscler petit à petit au travers de la douleur.
12:34 Ça a duré 3 ans, c'était très très long, mais j'y suis arrivée.
12:37 Je vais beaucoup mieux, je ne prends plus de médicaments, je ne suis plus immobilisée.
12:40 C'est vraiment un réel message d'espoir que je leur fais passer.
12:44 Pour éviter à d'autres patients d'affronter seules une telle épreuve,
12:48 Sylvie Bouchard a rejoint l'équipe de ce programme spécialisé
12:51 en tant que patiente experte.
12:53 Un diplôme qu'elle a passé afin de faire valoir sa connaissance fine
12:57 de la lombalgie chronique.
12:59 C'est le docteur Chalea Valailler qui coordonne le programme.
13:03 Les patients arrivent souvent dans ce centre de rééducation
13:07 après plusieurs années de douleur, de mise au repos et d'échecs thérapeutiques.
13:12 On se dit "C'est bon, c'est la fin, je ne vais jamais pouvoir m'en sortir".
13:15 Parce que vous avez essayé tellement de choses.
13:17 Oui, c'est ça, on passe de main en main.
13:20 C'est un cas difficile, je ne sais pas quoi faire.
13:23 Donc on se dit "Qui va pouvoir faire quelque chose ?"
13:26 C'est bien pour ça qu'il faut cette équipe pluridisciplinaire
13:29 qui va vous aider à avancer et reprendre confiance.
13:32 Les patients comme Frédéric Vattier suivent ici un réentraînement
13:36 à l'effort intensif de 4 semaines.
13:39 Une nécessité.
13:41 Car à force d'éviter de bouger par crainte d'avoir mal,
13:44 ils ont perdu beaucoup de muscles.
13:47 Et le mouvement, ce n'est pas que l'exercice physique.
13:50 Ce sont aussi des activités du quotidien qu'il faut progressivement reprendre.
13:54 Voilà, maintenant je vais vous demander d'enfourner par exemple.
13:58 Avec l'ergothérapeute du centre, Céline Nardi peut maintenant
14:01 effectuer ses gestes qu'elle ne faisait plus.
14:04 Ah, ben voilà peut-être, parce que là il n'y a pas la grille.
14:08 Mais ouais, ben voilà, c'est pas mal ça.
14:11 Vous avez vu, vous avez encadré la porte.
14:13 Vous n'êtes pas de face.
14:15 J'aime beaucoup faire la pâtisserie avec mes enfants.
14:18 Et tout ce qui était atelier pâtisserie, jusqu'à l'heure actuelle, je ne les faisais plus.
14:22 Ça impacte la vie familiale parce qu'il y a plein de choses qu'on ne peut plus faire,
14:25 qu'on s'interdit de faire parce qu'on pense que la douleur fait qu'il faut arrêter.
14:29 Et après pour se remettre en route toute seule, ben c'est pas possible.
14:33 Ici, bien accompagnée, elle retrouve son autonomie.
14:38 Et la force de sortir du cercle vicieux de la douleur.
14:42 Et tout ça avec le mouvement.
14:45 Aurore Mamouiani, est-ce qu'il y a encore beaucoup de patients qui sont étonnés
14:52 si vous leur demandez de faire du sport alors qu'ils ont mal au dos ?
14:55 Il y a beaucoup de patients qui viennent en pensant avoir une autre réponse que faire des mouvements.
15:01 Parce qu'on ne parle pas forcément de faire du sport.
15:03 Parce que faire du sport, tout de suite, on a l'idée de transpirer un peu de compétition,
15:07 de choses un peu difficiles.
15:08 Et en plus, des fois les gens se retrouvent plus dans le fait d'avoir une activité simple
15:12 qui ne s'apparente pas forcément à du sport.
15:14 Et par exemple le jardinage, ça peut être une activité aussi.
15:17 Qu'on ne doit pas s'interdire si on a mal au dos.
15:20 Oui, c'est ça.
15:21 Idée reçue, la natation c'est bon pour le dos. Vrai ou faux ?
15:25 C'est bon chez les gens qui aiment la natation.
15:27 Et donc c'est bon pour le dos éventuellement.
15:30 Ça peut être bon pour les gens qui aiment la natation, les gens qui n'aiment pas la natation.
15:33 Il ne faut pas leur dire "faites de la natation, ça va être bon pour votre dos"
15:37 parce qu'en fait ils vont y aller une fois sous la contrainte,
15:41 parce que le médecin leur a dit ça, mais en fait ils n'aiment pas y aller.
15:43 Et du coup ils ne vont jamais y retourner.
15:45 Et en fait ce n'est pas ça qu'on cherche.
15:46 Ce qu'on cherche c'est que les gens bougent un petit peu plus.
15:49 Et quand on propose une activité, on demande aux gens qu'est-ce qu'ils aiment faire.
15:53 Parce que l'idée c'est qu'ils le gardent dans le temps.
15:55 Alors, autre idée reçue, il faut se tenir droit, on aura moins mal au dos.
15:59 Ce qui est embêtant dans cette idée, c'est un peu le "tiens-toi droit" qu'on dit aux adolescents.
16:04 Parce que les ados ils sont un peu tout le temps comme ça.
16:06 "Ah bah si" on dit.
16:07 Oui c'est ça. Et on leur dit "tiens-toi droit".
16:09 Alors qu'est-ce qu'ils font ? Ils se redressent comme ça d'un coup.
16:11 Ils prennent une position qu'ils ne prennent jamais.
16:13 Donc déjà leur corps n'a pas l'habitude, ils le font vite.
16:16 Et en plus leurs muscles ne sont pas entraînés à tenir cette position.
16:20 Donc à un moment ils vont dire "mais non, si je me tiens droit ça me fait mal au dos.
16:23 Et en fait je suis mieux quand je suis comme ça".
16:25 Donc par exemple pour des adolescents, ce qui est important c'est qu'en contrepartie,
16:28 dans une autre partie de la journée, de la semaine, il y ait d'autres activités.
16:32 Par exemple du basket, du volet ou une activité physique
16:36 qui fait que leur dos va prendre les autres positions
16:39 et les emmagasiner autant que la position en avant.
16:42 Donc ne pas forcément dire à ses enfants de se tenir droit.
16:46 Alors en fait plutôt que de dire à ses enfants "tiens-toi droit"
16:48 parce qu'il reste toute la journée dans le canapé,
16:50 il vaut mieux l'envoyer dehors et qu'il aille se balader en fait.
16:52 Intéressant cette approche globale que vous avez.
16:56 Alors autre question. On a une jambe plus longue que l'autre.
16:59 On a des pieds plats, on est cambré.
17:02 C'est pour ça qu'on a mal au dos ?
17:03 Non.
17:04 Non ?
17:05 Non. On a tous une différence d'à peu près 1 cm ou 1,5 cm des jambes.
17:10 Ça, ça ne pose aucun souci.
17:12 Et tout ce qui est pieds plats ou dos cambrés,
17:14 en fait on a un corps humain qui s'adapte depuis la naissance.
17:17 Donc sauf si on a les pieds plats après un accident ou un traumatisme
17:22 ou une cambrure de dos qui change après un traumatisme,
17:25 en fait le corps grandit comme ça depuis la naissance.
17:28 Donc il n'y a pas de raison particulière.
17:30 Je ne sais pas si c'était une idée reçue du corps médical pendant des décennies,
17:35 mais très longtemps, mal de dos, répété évidemment sur une longue distance,
17:40 vous entendez une opération.
17:42 C'est un petit peu moins vrai aujourd'hui.
17:44 Marianne Cazot est allée à Lille pour comprendre dans quel contexte
17:49 on prenait ou pas la décision d'opérer un reportage.
17:53 [Musique]
17:58 Dans 90% des cas, les douleurs lombaires disparaissent d'elles-mêmes
18:03 au bout de 4 semaines.
18:05 Mais parfois elles persistent.
18:07 Une question se pose alors, faut-il opérer ?
18:11 À la ligne, découverte fortuite du necktasie de l'orte thoracique ascendante
18:16 à 38 mm, pour moins de 5 mm d'épaisseur.
18:19 Il n'y a pas d'indication à une réévaluation systématique par imagerie
18:24 conformément aux recommandations actuelles.
18:27 Une question à laquelle Jean-François Budzik n'aime pas répondre.
18:31 Car à la différence de cette pathologie cardiovasculaire,
18:34 les lombalgies sont trop complexes pour être catégoriques.
18:37 On ne peut pas dire des choses comme "j'ai entre 45 et 60 ans,
18:41 j'ai mal au dos à telle hauteur et ça me fait mal au moins en bas,
18:45 et donc pour tout le monde on va d'abord faire ça,
18:47 et si ça ne marche pas on m'opère".
18:49 Ces choses-là n'existent pas en douleur du dos,
18:51 et le traitement se guide de manière très personnalisée.
18:55 Avec ces douleurs si particulières, le radiologue a appris
18:58 à ne pas toujours se fier à l'imagerie pour choisir un traitement adapté.
19:03 Prenons l'exemple de cette patiente pour laquelle il a mené l'enquête.
19:07 Une dame qui a 80 ans, qui est adressée pour faire un certain type
19:10 d'infiltration de la colonne pour une pathologie qu'on appelle
19:13 un canal lombaire rétréci.
19:15 Ses nerfs sont serrés au niveau de la colonne vertébrale,
19:18 comme le prouve cette image.
19:20 Une pathologie qui se manifeste par des douleurs nerveuses dans les jambes.
19:25 Mais dans ce cas précis...
19:27 "Elle a mal au dos, mais elle n'a pas du tout de douleurs dans les jambes,
19:30 ce qui montre que l'image qu'on voit ici, même si elle est impressionnante,
19:34 n'est pas la cause des symptômes.
19:36 Le traitement peut se concentrer là-dessus et vite tomber en échec,
19:39 puisqu'il est fort probable que l'infiltration de ses nerfs n'a pas grand intérêt,
19:42 et par contre, en allant chercher une approche personnalisée,
19:45 on revoit les images, on adapte les choses autrement,
19:48 en allant chercher le coupable qui est juste à côté du suspect principal,
19:53 qui pour le coup est complètement innocent."
19:56 Ne s'intéresser qu'à l'imagerie médicale peut donc induire en erreur.
20:00 Il faut un interrogatoire fouillé pour trouver le traitement adéquat.
20:05 "C'est plutôt ici devant, sur le côté, derrière?"
20:09 "Non, derrière c'est plus rare, plus devant, devant ou sur le côté."
20:12 "Vous faites quoi dans la vie, madame?"
20:14 "Je suis ouvrière en textile."
20:16 "Très bien, donc vous êtes amenée à rester debout, je suppose?"
20:19 "Oui, pendant 8 heures."
20:20 "Et éventuellement à porter des charges de l'eau."
20:22 "Oui."
20:23 "Qu'est-ce que vous attendez du traitement, du point de vue des douleurs?"
20:26 "En fait, chaque jour j'ai mal, mais il y a vraiment des moments où je souffre terriblement,
20:30 à en pleurer, et donc si déjà ça pouvait s'atténuer,
20:34 même limite avoir mal, mais ne plus souffrir."
20:37 Le choix du traitement ne dépend pas de la lésion, mais des attentes des patients.
20:41 Et Jean-François Budzik propose d'abord des alternatives à la chirurgie,
20:45 comme la radiologie interventionnelle.
20:48 Elle se fait au bloc, mais elle est très peu invasive.
20:51 "La patiente est positionnée, on va ensuite, sur le repérage, trouver la zone,
20:56 et puis on va trouver une zone qui soit sécurisée,
20:58 donc à cet endroit-là, il y a de la peau, des muscles à traverser,
21:01 donc c'est pas très compliqué, et puis on va raisonner aussi,
21:04 en fonction des petites terminaisons nerveuses qui sont dans le coin,
21:06 pour essayer de trouver l'approche la plus pertinente."
21:10 La radiologie permet de cibler la douleur de la manière la plus précise possible.
21:15 Jean-François Budzik injecte un anesthésique local,
21:20 puis un produit de contraste, qu'il peut suivre à l'imagerie.
21:24 "Voilà, donc là on a le produit qui a bien diffusé dans l'espace autour,
21:33 voilà, qui circonscrit exactement."
21:36 Une fois la zone identifiée, l'infiltration de produits corticoïdes est prête.
21:41 "Voilà, c'est terminé. Voilà, on va laisser infuser."
21:46 Si cela ne suffit pas à apaiser durablement la douleur,
21:50 le radiologue pourra s'y attaquer, en chauffant les nerfs par radiofréquence.
21:59 Pour chaque intervention, ce n'est pas la lésion qui est ciblée.
22:04 "L'information n'est peut-être dans l'articulation,
22:07 mais c'est le cerveau qui intègre tout ça avec d'autres choses,
22:09 et qui crée l'information de douleur.
22:11 Donc l'idée ici, c'est de ne pas forcément aller chercher,
22:15 par exemple, une articulation qui va être en cause,
22:17 mais de s'intéresser aux symptômes qui posent problème aux malades, c'est la douleur."
22:21 Si la cause du mal de dos est clairement mécanique,
22:25 la chirurgie peut être une bonne solution, mais elle est rarement nécessaire.
22:30 "Alors, Amanda Briani, c'est vrai qu'il y a beaucoup de patients
22:39 à qui on proposait une opération, et on l'a vu dans le reportage,
22:42 il y a des alternatives à cette opération.
22:45 Est-ce que c'est un progrès de la médecine ?"
22:47 "Oui, on peut dire que c'est un progrès.
22:49 La médecine, elle s'est conçue comme ça, elle s'est conçue sur un abord de la maladie.
22:52 Mais la maladie, ce n'est pas une maladie, ce n'est pas comme une tumeur,
22:56 c'est une affection, on peut dire, mais ce n'est pas quelque chose
23:00 qu'il faudrait enlever.
23:02 C'est pour ça qu'on a pensé aussi à la chirurgie.
23:04 La médecine, elle s'est construite la science en disant
23:06 que si le patient a mal, c'est qu'il y a quelque chose qui dysfonctionne
23:08 dans le corps du patient.
23:10 Et maintenant, on sait qu'on peut avoir des douleurs et des affections
23:14 sans qu'il y ait quelque chose qui dysfonctionne dans le corps du patient.
23:16 C'est-à-dire qu'il y a d'autres facteurs qui jouent autour
23:19 et qui peuvent se manifester par des symptômes physiques
23:23 ou des choses qui se passent au niveau du cerveau.
23:25 On va passer des idées reçues à la réalité de votre pratique médicale.
23:30 Évidemment, c'est comme pour beaucoup de rendez-vous médicaux,
23:33 c'est très long maintenant d'avoir un rendez-vous chez le kiné,
23:36 et il y a une volonté du législateur de faire en sorte
23:39 qu'on puisse aller directement chez le kiné sans passer par un généraliste.
23:43 Ça, ce n'est pas une idée reçue, c'est une mesure qui a été adoptée,
23:48 on verra dans un instant.
23:49 Vous avez souhaité interroger un député, comme c'est la règle dans cette émission,
23:52 sur cette question de l'application de la loi.
23:55 C'est Stéphanie Rist, députée Renaissance du Loiret,
23:58 qui est auteure de cette proposition de loi.
24:00 Et votre question était la suivante.
24:03 À quel moment pensez-vous que la loi pourra être appliquée ?
24:06 S'agit-il d'une première étape vers un élargissement de la disposition ?
24:10 Elle vous répond.
24:11 Cette loi a été votée au printemps.
24:17 On devrait avoir les décrets qui devraient sortir prochainement,
24:20 donc j'espère très fortement avant la fin de l'année.
24:22 J'aimerais bien sûr qu'on soit allés un peu plus vite,
24:25 mais ce qui est important, c'est que tous les kinésithérapeutes
24:27 qui travaillent en exercice de soins coordonnés,
24:30 dans les maisons de santé, dans les centres de santé,
24:33 les malades pourront aller directement voir ces kinés,
24:36 qu'il existe par ailleurs une expérimentation dans certains départements
24:39 pour ouvrir à plus de kinésithérapeutes.
24:42 Et une fois que les patients et les professionnels verront
24:47 que la sécurité du malade se fait sans aucun problème,
24:51 on pourra discuter d'un élargissement à tous les kinésithérapeutes.
24:56 Mais l'important est quand même de garder le soin coordonné,
24:59 puisque le parcours du patient, il faut qu'il soit respecté,
25:01 il faut que les professionnels de santé travaillent ensemble.
25:03 C'est vraiment majeur, à mon avis, sur la qualité de prise en charge des malades.
25:11 Alors on a compris que la loi, quand elle sera appliquée,
25:14 ne concernera qu'une petite partie des médecins.
25:17 Vous l'aviez évaluée à 3%.
25:19 Vous voudriez que ce soit élargi à tout le monde le plus vite possible ?
25:21 Pour les patients, ce serait bien que l'élargissement soit plus important, effectivement.
25:26 Mais cet accès direct, on le fait déjà un petit peu.
25:29 C'est-à-dire que quand on suit un patient pour une lombalgie, par exemple,
25:32 et qu'il vient nous voir le lundi en nous disant "bon, le dos ça va,
25:36 mais là je me suis fait mal au poignet ce week-end,
25:38 est-ce que vous pouvez regarder ?"
25:39 En fait, souvent, c'est ce qu'on fait.
25:41 Et ça, c'est aussi un petit peu de l'accès direct.
25:43 Passionnant de vous avoir entendue.
25:45 Je pense que vous avez remis certaines idées en place.
25:47 La dernière, en conclusion, elle est très légère.
25:50 Quoique, est-ce que porter des talons, ça fait mal au dos ?
25:54 Quand vous allez à un mariage, si vous mettez des grands talons,
25:57 vous n'avez jamais l'habitude de mettre des grands talons.
25:59 On sait ce qui se passe.
26:00 Vous cassez la figure, d'abord.
26:01 C'est un risque.
26:02 Mais on sait ce qui se passe au bout de trois heures.
26:04 C'est que toutes les femmes vont enlever leurs talons
26:07 et qu'elles dansent soit pieds nus, soit avec d'autres chaussures.
26:09 Donc, en fait, les gens sont quand même...
26:11 Le cerveau dit à un moment "Là, je ne vais pas bien".
26:13 Mais on a souvent mal aux pieds avant d'avoir mal au dos.
26:16 Et la deuxième chose, c'est qu'il y a des femmes,
26:17 elles ont porté des talons toute leur vie.
26:19 Et si vous les mettez à plat, elles vont vous dire
26:20 "Mais moi, je ne suis pas bien à plat".
26:22 Et il y a des femmes qui sont capables de marcher très vite
26:24 avec des très hauts talons, très fins.
26:26 C'est leur habitude.
26:27 Leur corps s'est habitué comme ça.
26:28 Elles, elles sont comme ça.
26:29 Elles aiment ça.
26:30 Et elles n'ont pas forcément mal au dos.
26:32 Il n'y a pas de modèle.
26:33 Il n'y a pas de modèle.
26:34 Dans la façon de prendre en charge le mal de dos,
26:36 c'est ce que je retiens de cette émission aussi avec vous.
26:38 Il n'y a pas de modèle.
26:39 Et non, parce qu'on a affaire à de l'humain.
26:41 Et l'humain, c'est complexe.
26:42 Merci infiniment de nous avoir accompagnés
26:44 dans ce numéro d'État de santé.
26:45 C'est un plaisir.
26:46 Et merci à tous de nous avoir suivis.
26:47 À très vite.
26:48 (Générique)
27:02 - LCP Assemblée nationale,
27:04 en partenariat avec MGEN Mutuelle Santé-Prévoyance,
27:08 vous a présenté État de santé.
27:11 Sous-titrage Société Radio-Canada