Casoni accusé de racisme : "Ce n'est pas du racisme ordinaire, mais extraordinaire", réagit Riolo

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Ce lundi, plusieurs joueurs de l'US Orléans et d'autres membres du club accusent l'entraîneur Bernard Casoni d'avoir proféré des propos à caractère raciste. Dans l'After Foot du jour, Daniel Riolo réagit "effaré" par les propos qu'aurait tenus l'entraîneur de l'US Orléans.

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Transcript
00:00 Mais d'abord, ces révélations aujourd'hui de France Bleu Orléans,
00:03 qui révèlent un enregistrement sonore qui a été communiqué à la radio, accusant
00:12 Bernard Casoni, entraîneur actuel du club local d'Orléans, de propos racistes.
00:19 Donc ces révélations de France Bleu Orléans sont à retrouver sur rmc-sport.fr aujourd'hui.
00:25 Cela ressemble grandement aux propos de Christophe Galtier, qui aujourd'hui va à Valta-Galtier
00:34 à un procès à venir.
00:36 – Galtier est l'entraîneur en Qatar ?
00:38 – Tout à fait.
00:39 Le 21 septembre dernier, je vous explique...
00:41 – Les propos du fils Galtier, tel qu'il l'a rapporté dans le rendez-vous.
00:44 Tout à fait précis.
00:45 Parce que Galtier est dément à avoir tenu ces propos.
00:47 – Tout à fait.
00:47 Et la présomption d'innocence, évidemment, je le rappelle.
00:49 Le 21 septembre dernier, donc à la veille d'un match entre Orléans et Châteauroux,
00:54 l'entraîneur d'Orléans, Casoni, sait que le micro de France Bleu Orléans est allumé
00:59 et interrogé sur les difficultés qu'il rencontre pour que son groupe adhère à ses principes,
01:04 il répond, je cite,
01:06 « Les joueurs ont des trucs où ils excellent, mais il y a des choses où ce n'est pas suffisant.
01:11 C'est là qu'on doit être plus performant, où tu dois gommer ça.
01:14 Moi, mon rôle, c'est de leur dire, de leur montrer, de les aider »,
01:17 dit Casoni, « et résoudre les problèmes ». Voilà, c'est tout.
01:20 Casoni rajoute, « Je l'ai fait dans tous les clubs où je suis passé,
01:24 je l'ai fait avec des maghrébins et ils ne sont pas plus cons que des maghrébins ».
01:27 Voilà ce que dit Casoni.
01:30 Bon, ça c'est le...
01:31 – Il s'arrête pas là, c'est-à-dire que...
01:32 – Ça c'est le premier...
01:34 – Le problème c'est qu'après il en rajoute encore.
01:36 – La première déclaration.
01:37 Là, les joueurs témoignent, sous couvert d'anonymat,
01:40 et d'autres membres du club sous couvert d'anonymat, disent,
01:42 « Cette fameuse phrase « vous n'êtes pas plus cons que des maghrébins »
01:44 est utilisée très souvent par Bernard Casoni lors d'entraînement.
01:48 Cette phrase, on l'entend toutes les deux semaines à l'entraînement, dit l'un des joueurs ».
01:53 Voilà, autre épisode.
01:56 Un joueur témoigne, « Nous étions en train de faire un exercice
01:59 où deux équipes s'affrontent en 55.
02:01 Mon équipe était composée uniquement de joueurs de couleur.
02:04 Là, le coach dit, pas besoin de chasubre pour eux, ils sont déjà noirs ».
02:09 Voilà ce que dit Casoni. Donc certains s'étonnent quand même des joueurs qui...
02:13 Le même joueur témoigne, il dit, « Moi j'ai regardé mon coéquipier à côté,
02:15 j'ai dit, mais il est sérieux là ? C'est quand même limite ».
02:19 Donc Bernard Casoni...
02:21 - C'est plus que limite, ouais.
02:22 - Alors là, je vous répète toutes les réactions, pour être factuel.
02:28 Donc un ex-cadre de l'US Orléans confirme l'impression, et il dit,
02:33 « Pour moi, Casoni est l'incarnation du racisme ordinaire ».
02:36 Il ne se rend pas compte de ce qu'il dit.
02:38 Selon cette même source, relayée par France Bleu Orléans,
02:42 Bernard Casoni a également demandé à ce que l'effectif orléanais soit blanchi.
02:47 Une demande formulée auprès d'un ancien joueur de l'US Orléans,
02:52 responsable de la cellule de recrutement, il s'appelle Mathieu Ligoul.
02:55 Donc Mathieu Ligoul a interrogé, répond,
02:58 « Est-ce que l'entraîneur m'a demandé de blanchir l'effectif ? »
03:00 « Je ne peux pas vous répondre ».
03:01 Voilà, donc lui, il ne veut sans doute pas se mouiller trop.
03:05 En tout cas, Casoni se défend, il dit, je cite,
03:08 « Je n'ai jamais demandé à blanchir l'effectif,
03:11 mais je veux simplement qu'il y ait un équilibre dans l'équipe.
03:13 Il ne faut pas qu'une communauté soit trop représentée.
03:16 S'il y a trop de créoles, ce n'est pas bon.
03:17 Pareil s'il y a trop d'africains ou trop de blancs. »
03:19 Voilà comment se défend Casoni.
03:23 Concernant la déclaration sur « Pas besoin de chasubre pour eux,
03:26 ils sont déjà noirs », Casoni s'explique,
03:28 « C'est du chambrage. Je suis un gars du Sud, c'est du football.
03:31 Ce n'est que du chambrage. Aujourd'hui, on ne peut plus rien dire ».
03:34 Ce soir, la commission de discipline de la Ligue s'est saisie du cas...
03:37 - Et pour la phrase « Ils ne sont pas plus con que les maghrébins »,
03:39 c'est quoi son excuse ?
03:41 - Là, je n'ai pas de justification.
03:43 - Il n'en avait plus en boutique ?
03:45 - Ah si, j'en ai une !
03:46 - Ah il l'avait quand même, merde !
03:47 - Il dit, pardon, je cite,
03:49 « Ma phrase sur les maghrébins en conférence de presse,
03:51 c'est pour dire à mes joueurs qu'ils sont aussi intelligents que des maghrébins.
03:54 J'ai bossé 6 ans là-bas, il a notamment été entraîneur en Tunisie longtemps,
03:57 et vous pensez franchement que je suis raciste ? »
04:00 Explique Casoni.
04:02 Voilà, donc ça ressemble grandement tout de même à l'affaire Galtier.
04:05 La Ligue a pas tardé à se saisir du dossier,
04:09 il va y avoir sans doute convocation dans la commission de discipline,
04:11 et le club d'Orléans a aussi fait savoir qu'il ouvrait une enquête interne,
04:16 en l'occurrence suite à ces révélations de nos confrères de France.
04:20 - Mais rappelons quand même que pour Galtier, au mois de décembre,
04:22 il va être devant un tribunal quand même.
04:24 Il y a eu une enquête, donc pour Casoni, ça devrait être la même chose.
04:27 - Ça y ressemble grandement.
04:29 - Je ne suis pas d'accord avec le...
04:30 Quand il dit « c'est du racisme ordinaire »,
04:33 je ne suis pas du tout d'accord, je pense que c'est du racisme assez extraordinaire même plutôt.
04:36 Je sais, je vous espérais,
04:39 c'est rare, plutôt rare qu'un entraîneur...
04:42 Je ne sais pas en quelle division ils sont Orléans,
04:45 - Au national.
04:45 - J'avoue que je ne suis pas au courant.
04:47 Moi je suis assez effaré quand même.
04:49 C'est hallucinant que...
04:52 J'ai même envie de dire, il est débile ou quoi ?
04:55 Il sait que ça va être répété, ça va sortir,
04:58 comment il peut tenir des propos pareils ?
04:59 Après, que les mecs...
05:02 Il y a un truc que je ne comprends pas.
05:04 C'est que, évidemment, je n'aime pas quand les gars balancent
05:08 et qu'on a vu trop d'affaires où les gars balançaient,
05:10 il n'y avait rien de vrai et tout, mais là en l'occurrence...
05:12 - Là Daniel, il y a un enregistrement, ça veut dire qu'il y a des joueurs qui ont sans doute à dessein
05:15 enregistré des propos pour ensuite les dénoncer.
05:18 - Bon, là aussi, il faut toujours se méfier,
05:19 il faut laisser l'enquête faire son taf parce qu'il peut y avoir du hors-propos et tout, mais...
05:23 Quoi qu'il en soit, je suis effaré par les propos et surtout,
05:26 les joueurs et le fameux gars qui ont dit...
05:29 "T'as blanchi les gars, mais pourquoi vous ne parlez pas les gars ?"
05:31 Il faut parler, là !
05:33 Moi, c'est comme dans l'affaire Galtier, quand je m'étais énervé un soir sur les joueurs,
05:36 Thuram et compagnie, qui n'arrêtaient pas en off d'aller se plaindre,
05:40 "Mais mec, parlez si vous avez à parler !"
05:44 "Vous redoutez quoi, en fait ? Qu'est-ce qui va se passer ?"
05:47 "On va vous bannir du club, vous allez vous faire virer ou quoi ?"
05:50 "Mais stop !"
05:51 - C'est quand même eux qui l'ont dénoncé.
05:53 - Oui, mais d'accord, mais parler à visage découvert, il n'y a pas de honte !
05:57 - Ce qu'on comprend, c'est qu'il y a eu un enregistrement qu'ils ont transmis à France Bleu Orléans
06:01 et qu'il y a eu des témoignages, anonymes, mais des témoignages tout de même.
06:04 - Que les mecs ne soient pas anonymes !
06:06 Ils disent clairement "ouais, nous, on ne supporte pas que le coach dise ça,
06:09 c'est pas possible, tu vois ?"
06:12 Moi, je suis assez...
06:14 - Par contre, il y a peut-être des joueurs qui craignent pour la suite de leur carrière...
06:16 - Je ne vois pas ce qu'ils craignent, en fait.
06:18 - Ou pour la suite de leur saison...
06:19 - Bref, de toute façon, peu importe ça,
06:21 le premier élément, c'est les propos dégueulasses de Cazony,
06:24 et puis maintenant, la suite sera donnée par la Ligue,
06:27 et je suis normal d'ailleurs, j'espère.
06:29 - C'est toujours très choquant d'entendre ça,
06:33 mais je crois que plus c'est choquant, plus c'est une bonne nouvelle, en fait.
06:36 Parce que ça veut dire que...
06:37 - La parole se libère et qu'on laisse passer ?
06:38 - Non, parce qu'on devient plus sensible à ça.
06:40 Au-delà de même que la parole se libère,
06:41 parce que moi, je suis assez d'accord avec Denis
06:44 sur la culture de la délation et la culture de l'anonymat,
06:47 c'est vrai que j'ai un peu de mal avec ça.
06:49 Là, je comprends les circonstances,
06:51 et peut-être après que les joueurs le diront à visage découvert,
06:54 mais quoi qu'il en soit, sur cette affaire-là, effectivement, ça remonte.
06:57 Quand on parle de racisme ordinaire, ça veut dire, je crois,
07:00 pas dans la bouche de Cazony, mais dans la bouche de ceux qui l'entendent,
07:03 le racisme quotidien.
07:05 Ce qu'on peut appeler les micro-agressions,
07:08 ce qu'on peut appeler les choses qu'ils font dans la vie courante,
07:11 et les choses qu'on disait avant, on en parle souvent,
07:13 moi quand je viens ici, souvent on parle d'exemples,
07:14 de la tête de neige dans la pâtisserie, etc.
07:16 Ce genre de propos-là, maintenant, sont devenus inaudibles.
07:19 Inaudibles, ils t'écorchent, alors que pendant longtemps,
07:23 peut-être que tu faisais pas attention, peut-être que t'étais pas aussi...
07:25 - Sur ce point, la société évolue positivement.
07:27 - Voilà, et que le principe des règles de langage,
07:30 et des règles comme ça, éthiques, c'est qu'elles sont variables.
07:33 Et on peut plus rien dire, il y a des choses qu'on peut plus dire,
07:36 parce que si on les dit maintenant, c'est encore pire que si on les disait à l'époque.
07:40 Parce que dire, continuer à dire quelque chose,
07:41 sachant pertinemment qu'elle est interprétée comme une parole raciste,
07:45 c'est encore pire, à mon sens.
07:46 Donc c'est en ce sens-là, où, effectivement, la défense de Cazeny est forcément,
07:51 à mon avis, maladroite, mauvaise,
07:53 plutôt que de dire "oui, on peut plus rien dire",
07:56 une espèce d'invocation comme ça...
07:58 - Mais surtout que là, Bernard Cazeny, il peut dire qu'il est passé...
08:00 - Il peut dire "oui, j'ai dit une connerie, je devrais pas dire ça".
08:03 - Il peut dire qu'il est passé au travers aussi de ce qui s'est passé l'an dernier.
08:04 - Oui, bien sûr, et si ça a été fait avec cette procédure-là,
08:06 c'est que c'est pas la première fois qu'il le fait.
08:08 Donc ça, c'est plus préoccupant pour lui,
08:10 et pour tous les gens qui n'arrivent pas à intégrer le fait que
08:13 non, il y a des choses qu'on ne peut plus dire.
08:14 - Maintenant, pour conclure sur cette histoire,
08:17 le fameux discours de coach ou de dirigeant,
08:20 qui dit "oui, mais moi, dans mon vestiaire, je veux un équilibre,
08:23 je veux pas trop d'une communauté, pas trop d'une communauté"...
08:25 - Ça, ça ne me choque pas.
08:26 - Ça, ça existe depuis...
08:28 - Ça, c'est pas faux.
08:29 - Depuis que je...
08:30 - Sauf que tu parles de...
08:31 - Être noir, c'est pas une communauté.
08:34 Non, ça ne s'appelle pas être une communauté, ça veut dire quoi, en fait ?
08:36 C'est désigner quelqu'un par la couleur de sa peau,
08:38 c'est pas une communauté, ça.
08:39 - Tout à fait, tout à fait.
08:40 - Donc, il est là, le problème.
08:42 C'est pas qu'un problème de sémantique,
08:43 c'est aussi un problème de réflexion.
08:45 Et encore une fois, on ne pense pas.
08:47 On utilise des catégories qu'on ignore,
08:50 et on se permet de dire...
08:51 - Eh, dire à 20 ans qu'on dit ça...
08:52 - Je sais pas, je reprends un exemple un peu atypique,
08:55 mais dire qu'en équipe de France, à l'époque, par exemple,
08:57 quand c'était la guerre entre les Marseillais et les Parisiens,
08:59 qu'il fallait pas qu'il y ait 10 mecs de l'OM et 2 de Paris, par exemple,
09:02 c'est pas comme dire qu'il faut pas une majorité de musulmans,
09:04 ou une majorité de magouins, c'est pas pareil.
09:06 - Tu désignes pas les gens de la même manière.
09:07 - Non, c'est pas pareil, mais moi, c'était toujours l'exemple des Brésiliens.
09:10 Quand on disait 4-5 Brésiliens,
09:12 s'ils viennent de Rio, je sais pas quoi,
09:14 ça va être un bordel à gérer.
09:16 Il y avait plein de gens dans les clubs qui te laissaient aimer.
09:19 En fait, je trouve qu'on devrait même pas parler de ça,
09:20 parce qu'il y a une partie des propos qui est insupportable,
09:24 et il faut s'arrêter à ça.
09:25 Le reste, le reste m'intéresse moins.
09:27 Le reste m'intéresse moins.
09:28 Parce qu'en fait, on va noyer le propos,
09:31 on va noyer le dur de l'histoire,
09:32 on va noyer le dur de l'histoire, et on va noyer le dur de l'histoire.
09:35 - Oui, mais elle est là la confusion.
09:36 C'est un peu comme dans l'affaire des quotas au PSG,
09:38 où on va t'expliquer que...
09:39 - Oui, mais c'est pour ça que je peux pas en parler,
09:41 je peux pas tout mélanger.
09:42 - Oui, mais en même temps, c'est eux qui mélangent tout.
09:43 Et nous, il faut aussi qu'on soit clair sur le fait de dire que,
09:46 non, c'est pas du pragmatisme de désigner les gens
09:49 par leur couleur de leur peau ou par leur confession religieuse.
09:51 Tu peux pas dire "oui, c'est normal, j'ai des musulmans comme dans l'affaire Gatier".
09:54 Non, mais c'est pas ça le problème, en fait.
09:56 Le problème, c'est pas de désigner les gens,
09:59 c'est de désigner comment tu vas les désigner
10:01 et comment, toi, tu vas organiser ton équipe.
10:03 Et effectivement, il y a des choses que tu peux pas dire,
10:04 et tu peux pas désigner quelqu'un par la couleur de sa peau.
10:08 C'est évident.
10:09 Enfin, je dis là, je t'ai enfoncé une porte ouverte.
10:11 Et parce que, t'as beau dire "oui, mais ça se voit",
10:14 il y a plein de gens qui disent maintenant "oui, mais quand même, ça se voit".
10:16 Eh ben oui, mais tu le dis pas.
10:18 Eh ben tu le dis pas.
10:19 Tu dis pas "on va mettre les roux dans cette équipe,
10:21 les blonds dans cette équipe",
10:22 parce que tu désignes quelqu'un par quelque chose
10:24 dont il n'est absolument pas responsable.
10:26 Donc, elle est là, la maltraitance.
10:29 - Il y a une petite réaction en direct studio,
10:31 là, Idrissa, qui lui dit "les joueurs, attention,
10:33 dans cette affaire, sont victimes,
10:35 donc je pense pas qu'il faille leur faire un procès
10:37 quand on est victime de racisme,
10:38 on est parfois bloqué sur le moment,
10:39 comme figé, en général, en réagissant".
10:41 - Ah, mais moi, je leur fais preuve française,
10:42 je les encourage à aller plus loin.
10:44 - Et ce que dit Daniel, c'est qu'assumer,
10:45 de mettre ça dans le débat public,
10:47 au-delà de la question purement de la délation
10:49 ou du côté anonyme,
10:50 ça donne plus de force au propos s'il est assumé.
10:53 C'est ça que veut dire Daniel.
10:55 Merci à tous !
10:57 Merci à tous !

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