ISRAËL - Raphaël Morav, ambassadeur de Israël en France, est l'invité de Amandine Bégot

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Regardez L'invité de RTL du 10 octobre 2023 avec Amandine Bégot.

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00:02 RTL matin
00:05 RTL 7h42, excellente journée à vous tous qui nous écoutez. À mon ligne Bigo vous recevez ce matin Raphaël Morave, l'ambassadeur d'Israël en France.
00:12 Monsieur l'ambassadeur, le dernier bilan humain parle d'au moins 900 morts, plus de 2600 blessés côté israélien.
00:20 Est-ce que vous redoutez ce matin que ce bilan ne s'alourdisse encore dans les jours qui viennent ?
00:23 Je crains que si, parce qu'on n'a pas encore trouvé tous les morts et
00:29 et parmi les otages on ne sait pas aussi quel est leur ressort donc je crains que ça va augmenter.
00:34 Les otages, entre 150 et 200 selon l'armée israélienne, qui sont donc aux mains du Hamas, les représentants
00:43 de la branche armée du Hamas, sont menacés hier d'exécuter un
00:46 otage à chaque fois que des civils seraient touchés par une frappe menée sur la bande de Gaza
00:51 sans avertissement. Que répondez-vous ce matin ? Que ça ne dissuadera pas l'armée israélienne ?
00:57 Tout à fait, c'est ma législation et d'autant plus que connaissant la nature de cette
01:02 organisation terroriste barbare, rien ne garantit que si Israël arrête
01:07 les tirs ou les bombardements sur Gaza ou toute opération, ça a garanti la vie des otages. Nous savons bien que ces
01:15 ces groupes terroristes ne respectent pas aucune loi internationale et donc
01:21 c'est pas une vraie dissuasion.
01:23 Ça complique quand même les choses cette histoire d'otages ?
01:26 Ça complique plutôt peut-être au niveau médiatique, parce que c'est ça le but.
01:30 Au niveau opérationnel, je ne pense pas.
01:34 Benyamin Netanyahou a pris la parole hier, le Premier ministre israélien.
01:38 Les images de destruction de Gaza, dit-il, ne sont qu'un début. Ça veut dire que ça va s'intensifier ?
01:43 Oui. Même si ça doit faire des victimes parmi les civils ?
01:47 Malheureusement, Israël ne lutte pas contre la population de Gaza
01:54 et en fait, avant chaque
01:56 touche aérienne, on avertit la population d'évacuer les lieux
02:01 et on fait tout pour éviter toute ce qu'on appelle dommages collatérales.
02:07 Ça peut arriver, bien sûr, nous sommes en état de guerre et c'est tout à fait regrettable.
02:13 Mais c'est la situation dans laquelle on doit faire face.
02:17 Le secrétaire général des Nations Unies s'est dit très inquiet hier,
02:20 notamment de ce siège complet qui a été décrété sur la bande de Gaza. Plus d'électricité, plus d'eau, pas de gaz.
02:26 On est d'accord, les deux millions d'habitants de la bande de Gaza ne sont pas tous des terroristes du Hamas ?
02:31 Tout à fait. Comme je dis bien, nous ne luttons pas contre la population de Gaza,
02:35 seulement contre les forces armées du Hamas. C'est bien ça le combat.
02:40 Les frappes vont se poursuivre.
02:43 L'étape d'après, c'est quoi ? Une opération terrestre ? C'est pour ça que 300 000 réservistes ont été rappelés ?
02:49 Vraisemblablement, oui. On ne peut pas tout régler par voie aérienne.
02:53 Et donc il va falloir avoir une présence sur le terrain.
02:57 Voilà, n'oublions pas qu'il y a encore des milliers de missiles et de roquettes
03:04 dans la bande de Gaza qui continuent à être lancés tous les jours sur notre territoire, sur nos populations.
03:10 Donc il faut des forces terrestres pour cela.
03:13 Et puis on ne peut pas laisser les commanditaires de ces atrocités que nous avons vues ces derniers jours en impunité.
03:19 Cette offensive terrestre, elle aura lieu, c'est quoi ? Une question de jours ? De semaines ?
03:23 Je pense bien, oui.
03:24 De jours ?
03:25 Plutôt jours que semaines, oui.
03:28 Je reviens sur la question des otages, monsieur l'ambassadeur. Le gouvernement israélien ne négociera pas ?
03:33 Certains disent. Peut-il y avoir des échanges avec des prisonniers palestiniens ? Vous nous dites quoi ce matin ? Non ?
03:38 De toute manière, c'est le Hamas lui-même qui n'est pas prêt à négocier. Donc on ne négocie pas avec soi-même.
03:46 Le député des Français de l'étranger Meir Habib a indiqué ce matin sur RTL qu'un troisième ressortissant français avait été tué dans cette offensive. Vous nous le confirmez ?
03:57 Oui, malheureusement. C'est cette occasion pour présenter mes condoléances aux familles françaises endeuillées de ces événements.
04:06 Et il ne faut pas oublier qu'il y a encore, il me semble, 14 disparus.
04:10 Et qui sait quel est leur sort ?
04:13 Et parmi eux, probablement un enfant de 12 ans. Ça aussi, vous le confirmez ?
04:16 Oui, oui, oui.
04:18 Ce sont des franco-israéliens qui vivent en Israël ?
04:21 Il y a les deux. Il y a des Français qui étaient comme touristes et il y a des franco-israéliens. Oui, il y a les deux.
04:29 Vous avez vu, j'imagine, bien sûr, l'émotion suscitée ici en France. Ces manifestations de soutien, hier soir notamment à Paris. Que peut, que doit faire la France ?
04:43 Premièrement, je voudrais dire que le soutien de tous nos amis en France nous touche beaucoup et très important.
04:49 Surtout à cette heure-ci. J'entends le témoignage des personnes en Israël qui disent que c'est très important pour nous de savoir que nous ne sommes pas seuls dans cette situation.
04:56 Ce n'est pas juste symbolique la tour Eiffel, par exemple, aux couleurs de l'Israël ?
04:59 Tout à fait, tout à fait. Ça a beaucoup plus de sens. Et surtout de la part de France, un pays ami à Israël, avec lequel on a des proches relations dans tous les domaines.
05:07 Donc ça c'est important. La France peut-être jouer un rôle pour essayer de contenir ce conflit qui n'a pas d'embrasement.
05:18 Mais la France peut jouer un rôle ? Elle a ce pouvoir-là ?
05:21 Ce n'est pas un pouvoir, mais c'est une question de...
05:23 Elle a encore une influence suffisante, c'était sa manière ?
05:26 Je pense bien, oui. Pas tout seul, mais oui, parmi d'autres puissances internationales, oui.
05:31 Et comment ? En multipliant les coups de fil, comme Emmanuel Macron a l'air de le faire depuis quelques heures ?
05:38 Oui, mais par toute voie diplomatique et autres, il y a des moyens d'influencer les acteurs dans la région.
05:47 Et autres ? Est-ce que vous pensez, par exemple, à l'aide à l'autorité palestinienne ? Certains demandent qu'elle soit au moins suspendue.
05:54 C'est ce que vous souhaitez ? C'est ce que vous demandez aujourd'hui au gouvernement français ?
05:58 Écoutez, c'est un peu complexe. Le problème, c'est surtout la transparence dans l'usage de cette aide.
06:07 Parce que nous savons qu'il n'y a pas de vraie transparence, il n'y a pas de rendre compte,
06:12 il n'y a pas de discussion ou de débat parlementaire dans l'autorité palestinienne.
06:17 Qu'est-ce qu'on fait de cet argent ? Et je crois que la France, l'Union européenne et les autres pays donateurs
06:24 doivent être beaucoup plus vigilants sur l'usage et la destination de cette aide.
06:31 Ça veut dire que cette aide, elle pourrait avoir financé ?
06:35 Oui, bien sûr. Et alors, il y a un problème en plus de ça. Nous évoquons l'aide officielle,
06:41 mais il y a aussi toutes les récoltes d'argent qui se font en France et dans d'autres pays, dans les mosquées,
06:46 dans les communautés musulmanes, qui vont, ça on sait, pour Gaza.
06:51 Il y a une organisation dite humanitaire et beaucoup de cas, on sait que c'est détourné pour le Hamas.
06:58 Et il y a la régulation contre le blanchissement de l'argent et le financement des terroristes,
07:04 elle existe, mais elle n'est pas appliquée.
07:06 Vous demandez au gouvernement de la faire appliquer ?
07:08 Oui.
07:09 On a tous été sidérés, M. l'Ambassadeur, bien sûr, par cette offensive samedi matin,
07:13 par son ampleur, par sa violence aussi. Est-ce que vous pouvez nous certifier ce matin
07:17 que le gouvernement israélien n'était pas au courant de quoi que ce soit ?
07:20 Je vous pose la question parce que le ministre égyptien des renseignements
07:23 dit avoir appelé Benyamin Netanyahou un 10 jours avant l'attaque
07:26 et qu'il l'a mis en garde contre quelque chose, je le cite,
07:29 "d'inhabituel, une opération terrible qui était sur le point d'avoir lieu".
07:33 Les services de renseignement égyptiens disent même avoir été surpris par l'indifférence
07:37 manifestée alors par Benyamin Netanyahou. C'est faux ? Il n'a pas été prévu ?
07:42 Ça a été démenti, clairement, par M. Netanyahou lui-même.
07:46 Donc c'est la position, enfin, je ne peux pas dire plus que ça,
07:52 je ne suis pas membre du gouvernement et moi je ne savais pas en tout cas.
07:55 Les services de renseignement israélien non plus n'avaient pas été prévenus ?
07:58 Je crains que non.
08:00 Le Wall Street Journal lui indique que l'Iran a très certainement participé à tout cela,
08:07 en tout cas que cette opération a été préparée depuis deux mois en concertation avec Téhéran.
08:11 Le journal évoque des réunions au Liban mais aussi en Syrie.
08:14 L'Iran dément ? Pour vous ça ne fait aucun doute ?
08:18 Le lien de l'Iran avec le Hamas, il est connu, établi depuis longue date.
08:24 C'est eux qui financent le Hamas essentiellement,
08:27 c'est eux qui fournissent l'armement, l'entraînement et toute la logistique.
08:32 Donc pour nous le lien est évident.
08:35 Alors si il y a eu une telle réunion où ils ont donné un feu vert ou non, c'est moins important.
08:39 Mais le lien est clair.
08:41 Si ils donnent leur feu vert, j'imagine que ça n'a pas la même signification
08:47 que si le Hamas n'a pas demandé l'autorisation de l'Iran.
08:51 Oui, mais l'Iran est impliqué.
08:55 Que ce soit directement ou indirectement, ce n'est pas la question de l'implication directe.
09:01 C'est la question que sans l'aide de l'Iran,
09:05 le Hamas n'aurait pas pu avoir les capabilités qu'il a aujourd'hui pour attaquer Israël.
09:09 - Merci beaucoup monsieur.

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