Crief : Amadou Damaro Camara plaide « absolument non coupable »

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00:00 Monsieur le Président, je plaide absolument non coupable.
00:03 Aucun, monsieur le Président ?
00:06 Aucun.
00:07 Merci.
00:09 Merci, monsieur le Président.
00:11 Je commencerai par vous remercier d'être allé constater de vous-même mon état de santé,
00:25 qui était tel que, contrairement à ce qui avait été dit, je n'ai jamais refusé de me présenter devant la justice de mon pays.
00:38 Et c'était, je crois, le 18 juillet, je vous ai promis que si ma santé le permettait,
00:49 je serai devant vous à la prochaine audience publique.
00:55 Donc, monsieur le Président, je suis devant vous.
00:58 Et au fil de souvent mes lectures, j'ai lu quelque part que quand tu perds l'argent, tu n'as rien perdu.
01:20 Quand tu perds ta santé, tu as perdu quelque chose.
01:24 Mais quand tu perds ta réputation, tu as tout perdu.
01:29 Monsieur le Président, qu'il vous plaise que je vienne aujourd'hui pour défendre mon honneur.
01:42 Rendre justice ou réparer l'injustice vous revient, et pour employer votre terminologie selon votre intime conviction.
01:55 Monsieur le Président, la cour que vous êtes est d'utilité publique.
02:10 Elle existe dans tous les États organisés sous différents noms.
02:15 Et quelque part, elle est garante de la bonne gouvernance.
02:31 Si vous existez dans tous les États, il y a quelque chose qui est commun à toutes les procédures.
02:41 Je suis d'accord avec le procureur Ali Touré, qui dit souvent que les enquêtes financières sont très délicates et peuvent prendre du temps.
02:58 C'est vrai. Il faut avoir des spécialistes pour enquêter.
03:08 Mais sous d'autres cieux, l'État aurait commencé par commandité inaudite.
03:23 Une inspection dans tous les points de gestion, surtout après un changement de régime,
03:31 identifié par l'État comme méritant d'être revu.
03:45 Un rapport est établi après l'audit qui est opposé au gestionnaire.
03:53 C'est seulement après, si des points incriminés n'ont pas pu être expliqués,
04:04 que l'État renvoie le dossier devant la justice pour procéder à des poursuites.
04:15 Monsieur le Président, je n'ai pas bénéficié de ce droit élémentaire.
04:23 J'ai été convoqué devant la gendarmerie sur une simple dénonciation anonyme.
04:37 Mais en tant que républicain, je me suis présenté à la gendarmerie.
04:44 Quand vous venez de poser la question, on m'a posé la même question.
04:52 Que savez-vous de 15 milliards alloués à l'Assemblée nationale ?
05:03 Je voudrais souligner de passage que l'Assemblée nationale ne reçoit que des subventions.
05:11 Et si je dois retenir quelque chose des subventions, je peux parler de trois en général.
05:26 Les subventions d'exploitation, des subventions d'investissement ou des subventions de fonctionnement.
05:33 L'Assemblée nationale bénéficie pour presque 100% des cas d'une subvention de fonctionnement.
05:47 Les subventions d'investissement sont exceptionnelles. Et les 15 milliards faisaient partie de cette exception.
05:58 Monsieur le Président, ce qui est propre à toutes ces subventions, c'est qu'elles sont non remboursables et ne sont pas nomenclaturées budgétairement.
06:12 C'est-à-dire que quand on accorde une subvention, on ne dit pas "voici tel million pour les fournitures, tel million pour le carburant, tel million pour ceci ou pour cela".
06:26 Il est laissé à la guise de l'ordinateur de servir le service public pour lequel la subvention a été donnée.
06:45 Comment sommes-nous venus à ces 15 milliards ?
06:55 Nous avons bénéficié en tant qu'État d'un don du palais de l'Assemblée nationale, estimé par les partenaires chinois à 40 millions de dollars.
07:14 Un premier site, juste derrière le ministère des Affaires étrangères à Colomans, a été attribué à l'Assemblée nationale depuis la 8e législature, dans les années 2015-2016.
07:35 Des études ont été effectuées sur ce site, des maquettes ont été envoyées et nous les avons corrigées pendant la 8e législature.
07:48 Je n'étais pas président de l'Assemblée, j'étais président du groupe parlementaire de la majorité, donc membre du bureau.
08:00 Mais en 2020, il y a eu un redéployement de la plateforme de Colomans.
08:09 Le site de l'Assemblée nationale a été relocalisé ailleurs.
08:22 Le nouveau site était de 36.000 m2 et 900 mètres linéaires de pourtour.
08:33 Comme cela se devait, nous avons informé les partenaires chinois, qui n'étaient pas contents de ce changement.
08:51 Ils avaient déjà effectué des études sur le premier site.
08:55 Ils nous ont demandé que dans 90 jours, ils voulent bien rendre le nouveau site net de toute occupation matérielle et humaine.
09:15 Je dois vous dire, M. le Président, que le nouveau site était joncé de bâtiments à peine démolis,
09:23 envahis par des mécaniciens et des garagistes qui avaient même reconstitué certains bâtiments pour en faire des magasins de stockage de leurs pièces ou de logement de leurs apprentis ou gardiens.
09:44 Je n'avais pas d'argent. L'Assemblée n'a pas de budget d'investissement.
09:49 C'était en 2020, à peine venant d'être élue en avril.
09:55 J'ai écrit au président de la République d'alors pour nous donner les moyens de respecter les exigences de la partie chinoise.
10:13 La première réponse a été « Je n'ai pas d'argent, il n'y a pas d'argent ».
10:22 En plus de la viabilisation du terrain, les Chinois ont demandé à ce qu'il y ait une ligne spéciale de haute tension avec un transport autonome sur le site et qu'il y ait aussi de l'eau en abondance pour les travaux.
10:49 J'ai écrit à l'EDG qui a évalué le travail sur la ligne de vraie partie du centre émetteur sur le site à Colomans.
11:05 L'EDG a évalué à 750 millions.
11:13 J'ai fait la commande des travaux et j'ai payé les 750 millions.
11:18 On a écrit aussi à la SEG. La SEG a évalué à 350 millions qui a été payé.
11:34 J'ai appelé deux ou trois sociétés, j'avoue que je ne m'en souviens plus beaucoup, pour aller évaluer ce que ça pourrait faire, valoir.
11:44 Les montants étaient tels qu'on ne pouvait pas supporter, surtout qu'il fallait payer à l'avance.
11:55 J'ai fait recours à la société de M. Kim, qui n'a pas voulu faire le travail, qui m'a dit que ça ne l'intéressait pas.
12:13 Il m'a demandé si j'avais de l'argent pour le payer. J'ai dit non, je n'ai pas encore de l'argent. J'en ai fait la demande, mais apparemment je n'en ai pas encore.
12:25 Il m'a dit qu'il ne pouvait pas faire le travail parce qu'il a fait la clôture du palais des nations sur le général Lanzana-Conté, qui n'a pas été payé.
12:39 Il a fait l'abri hélicoptère sur le procès à la facondée, qui n'a pas été payé.
12:53 Et qu'un des premiers ministres lui a demandé aussi de faire agréer la clôture autour de la prémature, qui n'a pas été payée.
13:00 Je lui ai dit, mais tu n'as rien à faire pour l'Assemblée, pour moi tu vas le faire.
13:08 Il a été évalué le travail à plusieurs reprises, ce n'est pas accepté.
13:21 En dernier ressort, il m'a fait une proposition d'environ 2 milliards de poussières. J'ai coupé et je lui ai dit, on te paye 1,8 milliard.
13:34 À un moment donné de travaux, il m'a signalé qu'il allait arrêter les travaux parce qu'il a sous-évalué l'ampleur des travaux.
13:49 Il était à plus de 150 camions de gravats jetés hors de Conakry.
14:03 J'ai été visiter le terrain, je lui ai commandé de décaper beaucoup plus.
14:10 Ce qu'il a fait, devait faire objet d'un autre contrat qui n'a pas été payé.
14:17 Nous avons voulu, le Bureau, faire une clôture définitive autour du terrain.
14:29 Mais toutes les clôtures proposées semblaient être en dehors de notre budget.
14:35 C'est comme ça que je lui ai demandé, écoute, fais-nous une clôture provisoire.
14:41 Mais comme le quartier est un quartier chaud, les déguerpilles n'ont pas démordu.
14:47 Il faut faire une clôture avec des poteaux en IPN.
14:56 C'est ce qu'il a fait, des poteaux en IPN.
14:59 Dans le trou jusqu'à 0,60 mètres, et bétonné.
15:10 Et entre les poteaux IPN, croisés avec des cornières.
15:19 Il a aussi construit deux grilles, de part et d'autre, de la clôture pour la gendarmerie qui surveillait le terrain.
15:30 Ils peuvent y dormir, ils peuvent y avoir bureau et poste de surveillance.
15:39 Pour parer même au plus pressé, il y a un opérateur qui nous a offert deux forages sur le terrain.
15:49 Cadeau, qu'on n'a pas facturé bien sûr.
15:53 Les 650 millions de l'EDG, les 350 de la CED, et le 1,8 milliard pour des travaux sur le terrain, on est à environ 3 milliards.
16:16 Et en trois séances, M. le Président, la gendarmerie a pu obtenir la copie du chèque avec lequel nous avons payé l'EDG.
16:30 La copie du chèque avec lequel nous avons payé la CED.
16:40 Et la copie des chèques avec lesquels nous avons payé M. Kim, deux chèques de 900 millions.
16:55 Et obtenu aussi le solde du compte au 5 septembre qui était de l'ordre d'un peu moins de 6 milliards.
17:10 M. le Président, l'utilisation des 15 milliards ne relève même pas de la comptabilité.
17:23 Excusez-moi l'expression, mais d'une équation arithmétique digne de l'école primaire.
17:30 6 milliards étaient dans le compte, 3 milliards ont été payés sur le site, ce qui fait déjà 9 milliards.
17:44 Et les 6 autres. Nous avons clôturé la session ordinaire de l'Assemblée le 5 juillet 2021.
18:00 Nous avions trois mois de vacances parlementaires jusqu'au 5 octobre.
18:13 Au plus tard habituellement jusqu'au 10 juillet, nous avons la subvention trimestrielle du 8 juillet septembre.
18:26 Qui permet aux députés d'aller en vacances.
18:31 Et au personnel qui est programmé pendant les trois mois pour que tout le personnel soit en congé aussi pendant que les députés sont absents.
18:42 En partage de juillet, août et septembre. Le 5, tout le monde doit être sur place.
18:51 Pour ceux qui étaient dans la gestion en 2021, le Président avait bloqué tous les paiements, y compris à l'Assemblée nationale.
19:07 Tout le mois de juillet, nous n'avons pas eu la prime. Presque la moitié, c'est vers le 15 août, que 15 milliards ont été payés.
19:26 Pas pour les primes, mais pour l'aide à la construction du siège.
19:37 J'ai envoyé des émissaires au Président de la République pour dire, plus tôt, vers le 15, il a demandé à ceux qui connaissent une cession extraordinaire à partir du 20 août.
19:55 C'est le Président qui demande à l'Assemblée de tenir une cession extraordinaire.
20:04 Non seulement pour voter la loi de finances rectificatives, mais pour aussi voter d'autres lois et accords de prêt qui étaient venus entre temps.
20:18 Je n'avais pas certains députés qui ont pu aller sur place. J'ai envoyé des gens pour leur rappeler à sa haute attention que les primes de vacances n'étaient pas payées et qu'il était difficile de faire venir les députés.
20:40 Surtout pendant les vacances. La réponse a été que je viens de payer 15 milliards. Non Président, ça c'est pour la construction.
20:50 Ils n'ont qu'à se débrouiller, mais il faut avoir la cession du 20. C'est en ce moment que des collègues du bureau m'ont dit, écoute, il faut être à la fois intelligent et save.
21:10 Intelligent pour régler les problèmes et sage pour les éviter.
21:18 Prenons la prime des députés dans l'argent à notre disposition. Quand il plaira au chef, il paiera la prime et nous allons reconstituer les fonds.
21:37 De toute façon, on ne pourra pas faire la rentrée d'octobre si les primes de vacances ne sont pas payées et les primes du dernier trimestre de l'année ne sont pas payées.
21:53 J'ai ordonné à ce que l'on prenne les 12 milliards à peu près qui restaient pour payer les députés.
22:10 On a utilisé les 6 milliards, le poucet, je ne connais pas le chiffre exact, mais environ, pour payer les députés en attendant de recevoir les primes.

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