HOLLYWOOD LIVE : Killers of the Flower Moon

  • l’année dernière
A occasion de la sortie de “Killers of the Flower Moon”, Ramzy vous emmène en immersion au sein du plus important POWWOW des USA. La nation Osage au centre du nouveau film événement de Martin Scorsese, avec DiCaprio et De Niro. Acteurs, consultants, producteurs et réalisateurs autochtones, ils luttent pour préserver leur culture et leur identité. Rencontre avec une légende vivante, la cinéaste canadienne Alanis Obomsawin, 91 ans.
Transcription
00:00 Bonjour et bonsoir. 326 terres aux Etats-Unis, comme celle sur laquelle je me trouve en ce moment,
00:05 n'appartiennent pas au gouvernement américain.
00:07 Elles sont reconnues par ce gouvernement fédéral comme étant la propriété des nations indigènes.
00:11 On parle communément de réserves. Mais c'est bien plus que cela.
00:14 Elles sont administrées, ces réserves, par un système tribal, les affaires indiennes.
00:19 À l'occasion de la sortie du nouveau Martin Scorsese, Killers of the Flower Moon,
00:22 nous vous emmenons aujourd'hui au cœur de la vie amérindienne, sa culture, son histoire,
00:26 et surtout la façon dont elle est représentée dans le cinéma hollywoodien.
00:30 Bienvenue en Thermorango, c'est Hollywood Live !
00:33 [Générique]
00:53 [Musique]
01:11 Nous sommes sur la réserve Morango, la nation haute du plus grand rassemblement de premier peuple.
01:16 C'est ainsi qu'on désigne officiellement les Indiens d'Amérique du Nord.
01:20 Alors cet événement qui à l'origine était une manifestation à la fois guerrière et spirituelle,
01:25 eh bien cet événement s'est modernisé avec le temps et a pris une tournure beaucoup plus fessive,
01:29 attention que c'est en gardant les traditions de l'identité amérindienne.
01:34 Les consignes sont strictes pour filmer à l'intérieur de la réserve.
01:38 Ne jamais utiliser le mot folklore, éviter de dire costume, parler plutôt de tenue,
01:43 interdiction absolue de pénétrer au centre de l'arène,
01:46 elle a été au préalable bénie par les chefs spirituels,
01:48 ces chefs venus des montagnes, des plaines, des prairies et même du Canada voisin.
01:53 [Musique]
01:56 47 nations autochtones se sont ainsi donné rendez-vous pour ce Pow Wow Wow,
02:00 l'un des plus importants d'Amérique du Nord.
02:02 Il y a eu tellement d'histoire, mais c'est un endroit pour nous pour venir ensemble,
02:05 célébrer que nous sommes toujours là,
02:07 juste reconstruire nos liens,
02:09 et puis avec le Pow, le Pow, tout le danser, tout le chant,
02:12 c'est beaucoup de musique de réconciliation,
02:14 donc c'est un endroit pour prendre tout le monde ensemble,
02:16 un endroit pour se réconcilier, prier,
02:18 juste un moyen pour nous de continuer à passer dans la culture,
02:19 et de s'assurer qu'elle reste vivante.
02:21 Ils sont âgés de 5 à 90 ans, 900 danseuses et danseurs,
02:25 emmenés par les sons des tambours pour une communion intertribale.
02:29 Aux yeux des novices que nous sommes,
02:30 on a l'impression d'assister à une chorégraphie de groupe,
02:33 la même pour tous.
02:35 Si vous faites attention aux différents styles de chant,
02:38 donc avec les groupes de tambour, nous avons le style sud,
02:40 qui est un peu plus bas et plus lent,
02:43 et avec le style nord, ils sont plus rapides,
02:45 et vous verrez aussi avec les différents danseurs,
02:48 les différents types de régalia.
02:49 Donc chaque personne qui joue le régalia
02:51 combine les éléments de leur propre culture tribale.
02:54 Ils partagent cela avec nous,
02:56 et les différentes façons dont ils dansent
02:57 partagent leurs histoires,
02:59 que ils ont passées de génération en génération.
03:02 Ces jeunes filles, au quotidien,
03:05 ressemblent à n'importe quelle autre Américaine.
03:07 Elles sont collégiennes, lycéennes ou étudiantes.
03:09 Mais au sein de leur tribu,
03:11 elles portent le titre de princesse
03:12 et sont chargées par les conseils des anciens
03:14 d'être les ambassadrices de leur nation.
03:16 Tout le monde pense que les natifs sont juste un peuple,
03:20 mais nous sommes tous très divers,
03:22 et c'est ce qui nous rend beau,
03:23 c'est que nous sommes tous différents et divers.
03:25 C'est important pour moi d'être la personne
03:27 que j'aime avoir en ménage,
03:29 donc être un advocate pour les femmes et les jeunes
03:31 dans ma communauté est vraiment important pour moi.
03:33 Et dès qu'on évoque la représentation
03:37 des nations indiennes au cinéma…
03:38 C'est définitivement stéréotypique.
03:41 Je pense que les gens nous regardent comme des nouveautés,
03:43 ou des gens qui ne sont plus là.
03:46 Des gens du passé,
03:48 mais nous sommes très bien là aujourd'hui.
03:50 Nous sommes des gens modernes qui vivent,
03:52 mais nous embrassons aussi notre culture et notre histoire.
03:55 C'est grâce à la télévision que Reservation Dogs
04:00 a trouvé son public au-delà de la communauté amérindienne.
04:03 Faut reconnaître que cette série offre un regard réaliste,
04:05 probablement le plus réaliste à ce jour,
04:08 sur la vie au quotidien dans une réserve.
04:10 Pauvreté omniprésente,
04:13 alcoolisme, délinquance ordinaire,
04:15 la vie dans une réserve amérindienne peut s'avérer très dure.
04:18 Les scénaristes de Reservation Dogs, tous indigènes,
04:21 ont choisi de raconter le quotidien de quatre adolescents
04:23 prêts à tout pour quitter la réserve.
04:25 Pour se faire de l'argent,
04:27 ils décident de braquer une cargaison de chips.
04:40 Reservation Dogs offre un regard réaliste
04:42 sur la tragédie de ces citoyens de seconde zone,
04:45 mais nous invite aussi à rire avec eux
04:47 à travers une galerie de personnages parfaitement choisie.
04:50 Reservation Dogs récompensé au Spirit Awards,
04:55 une première pour une fiction autochtone.
04:58 La façon dont les indigènes sont un élément de ce spectacle,
05:02 pour la première fois,
05:03 est un indicateur que nous allons se développer de là.
05:06 Les histoires autochtones sont valables,
05:08 et il y a un public pour eux.
05:10 Et il y a un appétit.
05:11 Nous avons de beaux narrateurs de notre communauté,
05:14 et de pouvoir les représenter sur scène ce soir,
05:16 c'est tout.
05:17 C'est grâce à Film Independent,
05:20 l'association qui organise les Spirit Awards,
05:22 que les productions indigènes ne sont plus marginalisées.
05:25 C'est pas de ma faute,
05:27 nous sommes les descendants des pouvoirs.
05:29 Faites-le !
05:30 Le drame Wild Indian,
05:31 ou le thriller Catch a Fur One,
05:33 ont bénéficié du soutien financier de Film Independent
05:36 et de son circuit de distribution.
05:39 Ces deux films ont été sélectionnés dans plusieurs festivals.
05:42 Nous sommes en train de nous mettre dans la position
05:46 de la représentation appropriée
05:47 dans le film, les films et la télévision.
05:51 Ils n'ont pas touché trop sur le "pow-wow"
05:56 mais c'est génial d'avoir cette représentation.
05:58 C'est quelque chose pour nos jeunes à regarder,
06:00 que nous avons ces jeunes acteurs à regarder.
06:06 Lily Gladstone.
06:07 Tous les regards sont tournés vers cette jeune comédienne
06:09 qui pourrait entrer dans l'histoire.
06:11 Une nomination pour l'Oscar de la meilleure actrice
06:13 ferait d'elle la première citoyenne
06:15 d'une nation autochtone souveraine d'Amérique du Nord
06:18 en lice pour le Graal du cinéma.
06:19 Lily Gladstone.
06:22 A l'affiche de Killers of the Flower Moon,
06:24 une histoire vraie d'amour, de meurtre et de cupidité.
06:28 Dans les années 20,
06:29 la nation aux sages devient extrêmement riche.
06:31 Leur réserve en Oklahoma
06:33 est située au-dessus d'un des plus gros gisements de pétrole américain.
06:36 Un nouveau statut qui attire de nombreux entrepreneurs
06:39 qui vont tenter de s'emparer des biens des haussages.
06:41 Parmi ces opportunistes,
06:43 William Hale.
06:44 *Musique*
07:06 Hale va convaincre Ernest, son neveu,
07:09 d'épouser Molly, haussage de sang pur,
07:11 pour ensuite assassiner les membres de sa famille
07:14 et récupérer leur richesse.
07:15 *Musique*
07:33 Je ne suis pas haussage de la communauté.
07:37 J'ai des points d'accès en tant que personne de Blackfeet
07:40 en grandissant dans la réservation Blackfeet.
07:42 On n'a pas quelque chose comme le règne du terrorisme,
07:45 mais on a notre propre histoire
07:46 avec la faillite de gérer nos propres finances
07:50 pour un certain temps.
07:51 Beaucoup de choses que je pense que beaucoup de
07:52 natifs contemporains se sentent et comprennent.
07:56 *Musique*
08:08 On s'est demandé ce qu'il se pouvait faire
08:10 pour Molly et Ernest.
08:11 Il y avait un nouveau chapitre de développement
08:14 qui nous a permis d'aller encore plus loin
08:16 dans la vérité de cette histoire
08:17 et d'essayer d'être aussi honnêtes
08:19 que possible sur les atrocités qui ont eu lieu.
08:22 Mais c'était vraiment quand on a fait ce changement
08:26 qu'on a vu qu'Ernest et Molly
08:28 avaient l'amour pour l'un l'autre.
08:31 Quatre ans de travail supplémentaire,
08:33 quatre ans de réécriture, de recherche,
08:35 d'entretien aussi, avec les descendants des victimes
08:38 mais aussi les descendants des meurtriers.
08:40 Tout cela pour raconter l'histoire de ces crimes horribles
08:42 dont on parle peu dans les écoles.
08:44 Pourquoi es-tu venu ici ?
08:46 Même avec les acteurs fétiches de Martin Scorsese,
08:48 Leonardo DiCaprio et Robert De Niro,
08:50 Killers of the Flower Moon est un film à part.
08:53 En travaillant avec Leo et Bob de telle façon,
08:56 ils m'ont surpris.
08:57 Je ne suis pas politique.
08:59 Ils ont échoué à...
09:02 Ils ont échoué à leur comportement.
09:05 La plupart des gens, des bons amis de nous,
09:07 qui connaissent Bob très bien,
09:08 quand ils ont vu le film,
09:10 ils ne se sont pas rendus compte que c'était De Niro
09:11 jusqu'à 45 minutes après le film.
09:13 Ne fais pas quelque chose que tu vas regretter
09:17 pour la reste de ta vie.
09:19 Je n'ai rien à regretter.
09:23 C'est une rencontre exclusive que je vous offre.
09:31 Dans la communauté amérindienne,
09:33 cette femme est une légende vivante.
09:34 Elle s'appelle Alanis,
09:35 elle est cinéaste et cela fait plus de 60 ans
09:38 qu'elle donne de la visibilité aux Premières Nations.
09:40 Alanis est canadienne et francophone.
09:43 Je pense que je vais regarder un jour dans le dictionnaire
09:46 ce que ça veut dire pour le vrai.
09:47 Parce que vous autres,
09:49 vous parlez toujours de ça, intégrer, émanciper.
09:52 Vous allez demander à n'importe quel Indien,
09:54 il va toujours vous dire « je suis Indien, c'est fini là ».
09:56 Est-ce que c'est impotant de lui faire dire autre chose?
09:58 Depuis les années 50,
10:01 elle documente et valide l'histoire
10:02 des peuples autochtones à travers le Canada.
10:04 40 ans de carrière avec un seul objectif,
10:06 révéler au monde entier les problèmes des Premières Nations.
10:09 Alcoolisme, abus de drogue ou encore
10:11 l'assimilation forcée des enfants
10:13 à travers le scandale des pensionnats autochtones.
10:16 Son film le plus primé à ce jour,
10:18 Canette s'attaquait 270 ans de résistance
10:21 sur l'affrontement entre les Mohawks et le gouvernement.
10:24 Tu veux que je t'aide?
10:24 Non, je dois y aller.
10:26 Au début de sa carrière,
10:27 Alanis, la chanteuse et conteuse professionnelle,
10:29 levait des fonds en organisant des festivals à Montréal.
10:32 À 91 ans, elle ne compte pas s'arrêter,
10:35 Alanis est à la tête d'une dizaine de commissions fédérales au Canada
10:39 qui étudient, entre autres,
10:40 le retour des terres autochtones à leurs propriétaires.
10:43 Quand ils faisaient un traité, les Anglais,
10:45 ils privaient ce qu'ils voulaient pour prendre le territoire.
10:49 Personne ne parlait l'anglais ou le français ici.
10:51 Alors là, ils leur comptaient un paquet de menteries.
10:54 Eux, ils croyaient ça, ils signaient.
10:57 Ils ne savaient pas ce qu'ils signaient.
10:58 Ça, ça a été quasiment dans tous les traités.
11:01 Maintenant, il y a eu, dans plusieurs nations,
11:04 ils ont voulu, ils ont engagé des avocats,
11:06 ils ont travaillé des années.
11:09 Ça commence à changer.
11:10 Les Tchilko-Tin ont gagné leur cause.
11:13 Après 30 ans à se battre,
11:15 que leur territoire revienne à leur nom,
11:18 pas The Crown, pas la Reine, pas le Roi.
11:22 Ils ont gagné après 30 ans.
11:23 Vous faites des documentaires,
11:30 autrement dit, vous montrez la réalité,
11:32 le symbole de la parole sacrée.
11:34 Mais lorsque vous regardez des films,
11:36 et je parle des fictions,
11:37 où les personnages viennent des Premières Nations,
11:40 est-ce qu'ils sont bien représentés d'après vous
11:42 par rapport aux anciens westerns
11:44 et ces clichés et ces stéréotypes?
11:46 Ce n'est plus possible maintenant
11:47 de faire des choses comme ça.
11:49 Avant, il n'y a personne qui disait la vérité
11:53 ou qui choisissait des gens.
11:56 Puis tu vas faire ci, tu vas dire ci, tu vas faire ça.
11:58 Alors, beaucoup de choses sont fausses.
12:01 Mais maintenant, ce n'est plus possible de faire ça.
12:03 Même avec Hollywood, ce n'est pas si facile que ça.
12:06 Parce qu'ils vont être constamment questionnés
12:09 sur ce qu'est le scénario, d'où ça vient,
12:11 qui a dit ça, est-ce que c'est vrai, est-ce que ce n'est pas vrai.
12:14 Avant, ça n'existait pas.
12:16 - Lift it up.
12:18 It's beautiful.
12:19 Je suis, dans un temps de ma vie, tellement encouragée.
12:25 Et je regarde tous nos jeunes, tout ce qu'ils font,
12:27 même les plus vieux, qui font des choses
12:28 qu'il faut que c'est toute leur vie qu'ils ont essayé.
12:32 Puis tout d'un coup, bien, tout est possible.
12:34 C'est plus qu'encourageant.
12:36 Je pense qu'on s'en va vraiment vers un autre air, je peux dire.
12:42 Et il y a de l'amour.
12:45 ♪ ♪ ♪
12:52 - La représentation des Amérindiens à Hollywood
12:54 est en train de changer.
12:56 Ce n'est pas gagné, c'est vrai.
12:57 Mais de plus en plus de jeunes cinéastes,
12:59 qui pour la plupart ont grandi dans des réserves
13:01 comme celle-ci, profitent de la fondation Sundance
13:04 pour se perfectionner et obtenir des subventions
13:07 pour leurs films.
13:08 À la tête de cette fondation, bien sûr, Robert Edford.
13:10 Alors, pour la petite anecdote, au début de sa carrière,
13:12 Robert Edford avait passé un casting pour un rôle d'Indien.
13:15 Eh bien, ça l'avait tellement dégoûté
13:17 qu'il s'est promis de créer un jour un fond d'aide
13:19 pour les premiers peuples, et il a tenu sa promesse.
13:22 Je vous rappelle que le nouveau Scorsese,
13:23 "Killers of the Flower Moon", sort en salles.
13:25 Bon cinéma à tous.
13:27 À la semaine prochaine.
13:28 Depuis la terre de la nation, Morango, en Californie.
13:31 Ciao !
13:32 (Générique)
13:47 [SILENCE]