• l’année dernière
Elément Terre vous emmène au Kenya. De Nairobi à Berlin, l'agriculture urbaine touche la plupart des grandes villes de la planète.
L'art de cultiver les légumes dans des sacs permet désormais de nourrir des millions de personnes et de créer des micro-entreprises. Principales bénéficiaires : les populations les plus pauvres. Rendez-vous à Huruma, l'un des nombreux bidonvilles de Nairobi, à la rencontre des ces nouveaux agriculteurs.

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Transcription
00:00 ...
00:11 -Cette semaine, dans "Elementaire",
00:14 les bidons "Ville potager" fleurissent en Afrique.
00:17 Au Kenya, l'affaire est dans le sac.
00:19 On commence par en bas.
00:22 Avec un pic, on perce le sac.
00:25 Plus d'habitants, moins de nourriture,
00:29 on a une équation dangereuse pour la sécurité alimentaire.
00:32 Cultiver en ville est peut-être la solution.
00:35 -Les gens utilisent des toits, des balcons, des pots,
00:38 des récipients en plastique, et ça nourrit la ville.
00:41 -Mais pas seulement.
00:42 L'agriculture urbaine devient source de revenus,
00:45 un business vert pour de nouveaux horizons.
00:48 -Vous pouvez vendre un bambou comme ça pour 12 dollars.
00:51 Musique douce
00:53 ...
01:03 -C'est "Elementaire" cette semaine.
01:05 Nous sommes au Kenya, dans le bidonville d'Uruma, à Nairobi.
01:09 Ici vivent les Kenyans les plus pauvres,
01:11 avec un problème crucial chaque jour,
01:13 comment réussir à nourrir toute la famille.
01:15 Pourquoi pas transformer ce bidonville
01:18 en jardin potager ?
01:19 C'est le pari que font ceux que nous rencontrons cette semaine.
01:22 La moitié des habitants de Nairobi vit dans un bidonville.
01:25 Chris Sende nous sert de guide.
01:27 Il y passe une grande partie de son temps.
01:30 Chris, vous connaissez très bien ce quartier.
01:32 Est-ce que vous pouvez nous le décrire ?
01:34 -C'est un bidonville, une zone très densément peuplée.
01:37 Tout le monde veut venir à la ville
01:39 parce qu'il pense que c'est un meilleur endroit pour vivre.
01:42 Et quand ils arrivent en ville, ils s'installent ici
01:45 parce que le coût de la vie est bas.
01:47 Donc c'est un endroit surpeuplé.
01:49 Les gens sont très pauvres ici.
01:51 Ils vivent avec moins d'un dollar par jour.
01:54 Pour eux, c'est très difficile de mettre de la nourriture
01:57 sur la table tous les jours.
01:58 -Vous pensez avoir une solution pour mettre de la nourriture
02:02 sur la table ?
02:03 -Oui, on pense avoir une solution, et c'est l'agriculture urbaine.
02:06 Les gens ont tendance à penser que l'agriculture,
02:09 ça ne peut se faire qu'à la campagne.
02:11 Nous, on rend cela facile en ville.
02:13 Et même si nous avons des solutions,
02:15 on ne peut pas faire ça en ville.
02:17 On rend cela facile en ville.
02:19 Et même si nous avons ici peu de terre pour planter en ville,
02:22 nous pensons que c'est possible, même sans beaucoup d'espace.
02:26 ...
02:28 -En contrebas du quartier, un petit bout de verdure,
02:32 un jardin partagé.
02:34 Ce matin, une agronome vient donner des conseils
02:37 à plusieurs femmes du bidonville
02:39 pour fabriquer des jardinières en sac.
02:41 ...
02:45 -On a des oignons, des épinards,
02:49 du suku mawiki, c'est du chou frisé,
02:53 et des poivrons.
02:55 -La recette, un mélange de sable, de terre et de fumier.
03:00 Grâce à cette technique, les légumes poussent en hauteur,
03:03 le manque d'espace n'est donc plus du tout un problème.
03:07 -La surface d'un sac, c'est 60 cm,
03:11 et on y met 50 jeunes pousses.
03:13 Si vous le faites au sol, sur cette même surface,
03:16 vous allez planter uniquement deux pousses.
03:18 On commence par en bas.
03:21 Avec un pic, on perce le sac.
03:24 Et ensuite, on met à l'intérieur.
03:27 -Dans un sac, les différentes cultures cohabitent,
03:31 jusqu'à 60 légumes différents.
03:33 De quoi décontenancer les anciens,
03:36 comme Sophia, 65 ans, convertie pourtant depuis peu
03:39 à cette nouvelle façon de cultiver.
03:42 -Pendant la première formation, j'ai même posé la question,
03:45 "Vous voulez dire que des vrais légumes vont sortir de là
03:48 "et qu'on pourra les récolter ?"
03:50 -De vrais légumes sortent bien de ces sacs.
03:52 Le seul problème, c'est qu'ils tombent en ruine
03:55 au bout de six mois.
03:57 -L'inconvénient de ce sac, c'est que ça casse parfois.
04:02 S'il est trop lourd, et aussi parce que les plants sont serrés.
04:05 Si un est touché par un parasite, le parasite se répand.
04:09 A moins de faire très attention, tu peux perdre tout le sac.
04:12 -Et ici, n'importe quel légume vaut cher.
04:16 La nourriture engloutit 80 % du revenu des familles.
04:20 Car depuis 2008 et la crise alimentaire mondiale,
04:23 la population subit de plein fouet les yo-yos
04:26 du marché des denrées de base.
04:28 L'agriculture urbaine est donc une solution
04:30 face à l'explosion des prix.
04:32 Une solution pour la sécurité alimentaire des plus pauvres.
04:36 Diana Lee Smith en est convaincue.
04:39 -L'agriculture urbaine, c'est pas nouveau.
04:42 Quel est l'ampleur de ce phénomène au Kenya ?
04:44 -Il y a 200 000 familles de fermiers urbains en Nairobi.
04:50 Les gens utilisent des terrasses, des balcons
04:53 et font grandir des choses dans de petits pots.
04:55 En fait, on le sait peu,
04:58 mais l'agriculture urbaine est plus productive
05:01 que l'agriculture rurale.
05:02 Beaucoup plus productive.
05:04 Et c'est parce qu'on peut cultiver de façon intensive.
05:08 Dans les bidonvilles, vous avez de la main-d'oeuvre disponible,
05:12 des gens qui cherchent du travail.
05:14 -Pourquoi est-ce que vous êtes tellement favorable
05:17 à l'agriculture urbaine ?
05:19 -Pour que les gens puissent manger et vivre.
05:21 La nourriture est essentielle à la vie humaine
05:24 et bien sûr, on ne peut pas continuer à regarder
05:27 les gens souffrir comme ça,
05:30 ne pas avoir à manger.
05:32 La plupart des gens qui cultivent en ville
05:35 le font pour leur propre consommation,
05:37 mais aussi, je peux vous le dire,
05:39 beaucoup de gens le font et gagnent bien leur vie
05:42 grâce à cela, et ça nourrit la ville.
05:45 -Retour au jardin.
05:48 Nous retrouvons une des pionnières, Jennifer.
05:51 Elle vient chercher aujourd'hui de quoi manger dans ses sacs.
05:55 -Des légumes. Je ne me souviens pas la dernière fois que j'en ai acheté.
06:01 Je les récolte ici une ou deux fois par semaine, maintenant.
06:06 -Aujourd'hui, si elle a trop de légumes,
06:08 Jennifer les vend pour un peu moins de 2 euros.
06:11 Elle a alors de quoi acheter d'autres produits
06:14 de première nécessité.
06:15 -Quand je viens m'occuper de mes sacs le matin,
06:18 je me sens bien, parce que ça me donne une occupation.
06:21 Je ne pourrais plus rien faire sans mes sacs.
06:24 Je suis heureuse du travail que je fais.
06:26 Je dis aux autres femmes de la communauté
06:29 que ces sacs sont plus importants que ce que vous pensez.
06:32 Ils m'ont beaucoup aidée.
06:33 Applaudissements
06:36 -Jennifer cueille son sukuma wiki,
06:38 en swahili, le légume qui fait tenir toute la semaine.
06:42 Et c'est exactement de ça dont elle a besoin.
06:45 Jennifer a de nombreuses bouches à nourrir.
06:48 Tous ou presque vivent dans cette unique pièce de 9 m2.
06:53 Veuve depuis 10 ans,
06:55 elle cuisine pour ses 8 enfants et petits-enfants.
06:58 -Comme j'ai mes légumes qui viennent des sacs,
07:05 je peux économiser plus d'argent pour acheter d'autres aliments.
07:09 Donc le poids de nourrir toute ma famille
07:13 est moins lourd sur mes épaules.
07:16 ...
07:19 -Mais ces légumes ont longtemps été interdits,
07:22 car cultivés dans des zones insalubres.
07:24 Comme ici, des eaux polluées par des métaux lourds,
07:28 un environnement immédiat rempli d'ordures,
07:31 un risque réel pour la santé.
07:33 Mais les bénéfices nutritionnels pour la population étant supérieurs,
07:37 les autorités kenyanes ont donné leur feu vert l'an dernier.
07:41 Et si ces plantations ne servaient à nourrir personne ?
07:45 La prochaine étape, la voilà, dans le bidonville voisin.
07:49 -Nous avons planté des bambous ici.
07:54 Il y a 2 ans, environ 1 000 plants.
07:57 -Ici, l'idée, c'est de gagner de l'argent.
08:02 Ces bambous ont été plantés dans le bidonville
08:05 uniquement pour être vendus ensuite.
08:08 -Nous aimons les bambous.
08:10 Quand ils grandissent et qu'ils atteignent leur taille maximale,
08:14 nous pouvons les vendre 12 dollars l'un.
08:17 Celui-là, 1 000 shillings, 12 dollars.
08:21 -Tous ici sont des repris de justice.
08:25 Les roseaux sont pour eux une perspective d'avenir.
08:28 Si l'on en croit Ahmed,
08:30 on peut fabriquer plus de 1 500 objets à base de bambous.
08:33 -Vous vous imaginez un grand pays comme le Kenya
08:38 qui importe des cure-dents ?
08:40 Importe des cure-dents au lieu de les fabriquer nous-mêmes.
08:44 Ce qu'on veut, c'est de fabriquer des cure-dents, des baguettes,
08:48 d'autres choses qu'on peut faire à la main comme des meubles.
08:51 -A l'atelier, Ahmed apprend aujourd'hui
08:56 à fabriquer ses propres objets en bambou à la main.
08:59 Le marché n'a plus de secret pour lui.
09:02 -Une fois que vous vous mettez dans le bambou,
09:05 c'est bambou pour toujours.
09:07 ...
09:09 Beaucoup de jeunes abandonnent l'école par manque d'argent.
09:13 On crée des emplois.
09:16 Au lieu de tomber dans la drogue, ils peuvent se joindre à nous.
09:20 Et de cette façon, au moins, les habitants des bidonvilles
09:25 auront de l'espoir pour leur avenir.
09:27 -C'est très propre. Je préfère ça.
09:30 -L'agriculture urbaine ne pourra pas nourrir tout un pays
09:36 ou créer des millions d'emplois.
09:38 Simplement réduire la dépendance de ceux qui, comme Ahmed,
09:41 peuvent récolter le fruit de leurs efforts.
09:44 ...
09:47 [Musique]

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