« Des professeurs sont attaqués pour avoir fait leur métier », les enseignants mobilisés à Paris en hommage à Dominique Bernard

  • l’année dernière
Environ 400 personnes se sont rassemblés place de la République à Paris ce lundi, en hommage à Dominique Bernard, professeur de lettres tué par un islamiste à Arras. L'Humanité était sur place.

"Des professeurs sont attaqués pour avoir fait leur métier": rassemblés place de la République à Paris, plusieurs centaines d'enseignants ont rendu hommage ce lundi à Dominique Bernard, l'enseignant de 57 ans tué vendredi dernier dans un attentat islamiste.
Transcript
00:00 Trois ans après l'assassinat de Samuel Paty,
00:03 il est insupportable d'avoir à revivre le même effroi
00:08 quand l'école devient une cible
00:11 et que des professeurs sont attaqués
00:14 pour avoir fait leur métier.
00:16 Cette violence, elle est le reflet de ce qui se passe
00:28 à l'extérieur.
00:30 L'école n'est pas hermétique à ce qui se passe à l'extérieur.
00:34 C'en est que le reflet.
00:35 Et les enfants sont aussi le reflet de la société.
00:38 Les enfants que nous recevons sont les miroirs des adultes
00:43 et de la vie qu'on leur impose
00:46 et des valeurs qui sont toutes autour d'eux.
00:48 Mais l'école, ce n'est pas un bien comme un autre.
00:51 L'école, c'est le ciment de la République.
00:53 On l'a toujours dit, c'est quelque chose de banal de le dire,
00:56 mais il faut le redire.
00:58 Une école qui va mal, c'est une société qui va mal.
01:01 Ce qui est compliqué ici, c'est qu'on est face
01:09 au terrorisme islamiste qui, d'une certaine manière,
01:11 s'est ubérisé, c'est-à-dire que même des personnes
01:13 qui ne sont peut-être pas affiliées à des organisations
01:16 de manière explicite, structurée,
01:18 décident à un moment ou un autre de passer à une forme d'action.
01:22 Et on voit bien en plus que là,
01:23 il y avait une symbolique extrêmement forte.
01:25 À trois jours du troisième anniversaire
01:29 de l'assassinat de Samuel Paty,
01:30 qui vient raviver une plaie qui n'est pas refermée de toute façon.
01:33 Donc l'école ne pourra pas toute seule.
01:35 Il ne s'agit pas que de renfermer l'école sur elle-même.
01:38 Pour nous, il s'agit à la fois que la société fasse bloc
01:41 derrière son école face à tous les obscurantismes.
01:44 Et nous, on apprécie que le gouvernement parle
01:46 des obscurantismes, parce qu'il y en a plusieurs
01:48 qui attaquent l'école.
01:50 Il y en a un, l'obscurantisme islamiste,
01:52 que nous distinguons de l'islam,
01:53 qui attaque physiquement jusqu'à la mort.
01:56 Et là, ça nous dépasse.
01:57 Ça dépasse y compris la société française,
01:59 puisque malheureusement, d'autres sociétés,
02:02 je pense à l'Algérie pendant les années noires,
02:04 je pense à l'Iran, je pense à l'Afghanistan,
02:06 qui sont aux prises avec l'hydre islamiste, terroriste,
02:10 depuis malheureusement maintenant des décennies.
02:12 Toute la société est concernée par ce qui vient de se passer.
02:17 L'école, elle ne peut pas tout en fait.
02:19 Et on ne pourra pas, en plus avec les moyens dont on dispose actuellement,
02:22 on ne pourra pas tout faire en fait.
02:23 Donc il faut une prise de conscience de toute la société
02:26 et que toute la société prenne sa part en fait.
02:29 Et sans être dans un discours de haine,
02:31 à côté des personnes en particulier,
02:34 c'est plutôt le vivre ensemble, le rappel.
02:37 On parle des valeurs, mais il n'y a pas que la laïcité,
02:41 parce qu'on n'arrête pas d'en parler,
02:42 mais il y a quand même le mot liberté qui a été dit ces derniers temps,
02:45 l'égalité, la fraternité, qu'est-ce que ça veut dire
02:47 et comment est-ce qu'on décline ça au quotidien ?
02:49 C'est surtout ça qu'il faudrait réussir à mettre en place,
02:51 mais collectivement et qu'on arrête avec tous ces discours de haine
02:55 qui stigmatisent, qui caricaturent, qui pointent du doigt certaines personnes,
02:58 alors que c'est un problème plus large, plus complexe
03:01 et qui concerne tout le monde en fait.
03:02 On ne peut pas rendre étanche un espace public.
03:07 Un lycéen a le droit de sortir et venir de son établissement.
03:10 Il faut plutôt faire surtout de la vigilance
03:13 et être sûr que les symboles de la République,
03:15 les cours d'enseignement moral et civique,
03:17 soient vraiment compris, que la laïcité ne soit pas qu'un jeu,
03:21 que la question de la baïa, comme on en parlait,
03:23 soit vraiment expliquée, même si la pédagogie peut manquer,
03:27 surtout avec ce gouvernement,
03:29 et vraiment que les notions ne soient plus à douter,
03:32 mais à faire bloc dans une République.
03:35 Et encore une fois, ce matin, on est arrivé au niveau du protocole,
03:41 c'était "Excusez-moi, démerdez-vous".
03:44 Enfin, ça n'a pas été dit comme ça, mais on est arrivé,
03:46 rien n'était prévu.
03:48 On a su par la presse qu'on avait deux heures de banalisé ce matin,
03:53 mais après, on se débrouille comme d'habitude.
03:56 Enfin, je ne sais pas, ce n'est pas sérieux.
03:58 Il y a quand même un enseignant qui a été assassiné sur son lieu de travail.
04:03 J'attendais quand même des consignes du rectorat.
04:05 Enfin, je ne sais pas, moi, ça me paraît...
04:07 Enfin non, ça ne me paraît même pas surprenant,
04:10 c'est toujours pareil, ça ne change pas.
04:12 ...

Recommandée