• l’année dernière
Le procureur de la République antiterroriste fait le point sur l’enquête  concernant Mohammed Mogouchkov, l’assaillant qui a attaqué au couteau le lycée Gambetta à Arras. Il a tué un enseignant de lettres, Dominique Bernard, et blessé gravement deux autres personnels du lycée.

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Transcription
00:00 Vendredi dernier, j'avais tenu à fournir quelques informations qui étaient déjà consolidées
00:07 dans un temps proche de l'attentat commis le matin même à Arras.
00:12 Au cours des quatre derniers jours, un travail très dense a été mené par les services d'enquête
00:17 et par le Parquet national antiterroriste avec trois objectifs principaux.
00:22 D'abord, préciser le déroulement exact des faits.
00:26 Ensuite, déterminer quelles étaient les motivations et les objectifs de Mohamed M.
00:32 et s'il avait pu être influencé ou incité.
00:36 Et enfin, définir comment il avait préparé cette attaque et l'aide dont il aurait pu bénéficier.
00:44 De nombreuses investigations techniques ont été réalisées.
00:49 Plus de 100 témoins ont été entendus.
00:52 13 personnes ont été placées en garde à vue.
00:57 D'ores et déjà et sans porte atteinte aux investigations qui seront menées
01:03 à partir d'aujourd'hui par des juges d'instruction,
01:06 je suis en mesure de vous apporter les précisions suivantes.
01:10 D'abord, ce déroulement même des faits.
01:14 Les investigations ont fait notamment apparaître que le jour des faits à Arras,
01:19 à 8h53, Mohamed M. a fait l'achat d'un téléphone dans une grande surface.
01:28 À 9h07, à l'issue de cet achat, il emprunte un bus
01:33 dans lequel était vu manipuler le téléphone qu'il venait d'acheter.
01:40 À 10h37, il traversait le parvis devant la gare et se filmait face au monument au mort.
01:50 Il remontait ensuite au boulevard Carnot en direction du lycée,
01:53 aux abords duquel il était filmé par une première caméra.
01:58 À 6h44, à 11h, quatre professeurs, dont Dominique Bernard, sortaient du lycée.
02:10 Mohamed M., muni de deux couteaux, frappait violemment Dominique Bernard
02:15 au niveau du cou et de l'épaule.
02:20 Un autre professeur tentait de s'interposer et recevait des coups de couteau au visage.
02:28 Grâce à l'intervention d'un assistant d'éducation, ce professeur parvenait à se relever
02:35 puis à rentrer dans l'établissement dans lequel Mohamed M. pénétrait à son tour.
02:44 C'est dans la cour du lycée qu'il tentait à nouveau d'agresser ce même professeur.
02:49 Mais son intention était détournée par l'intervention d'un agent d'entretien muni d'une chaise.
02:58 En tentant de s'interposer, ce dernier tombait et l'agresseur tentait de le poignarder à plusieurs reprises.
03:09 Pour défendre son collègue, un agent technique se [bip] en direction de Mohamed M.
03:16 Il était frappé à plusieurs reprises à l'aide d'un des deux couteaux portés par l'agresseur.
03:25 D'autres personnes et notamment le directeur de l'établissement intervenaient à leur tour.
03:30 Mohamed M. se tournait vers eux sans parvenir à les frapper.
03:36 Il tentait ensuite de quitter l'établissement mais n'y parvenait pas.
03:42 Il rebrissait chemin dans la cour où il était interpellé, quelques instants plus tard grâce à l'intervention des services de police.
03:52 Par ailleurs, un témoignage a permis d'établir qu'au cours de ses déplacements au sein de l'établissement,
04:00 l'agresseur s'était dirigé jusqu'au bureau du proviseur et en était immédiatement reparti, ne l'ayant pas retrouvé sur place.
04:10 Le bilan victimaire de cette action violente reste donc d'une personne décédée et de trois personnes blessées.
04:19 Le pronostic vital des trois victimes blessées n'est plus engagé à ce jour.
04:27 S'agissant des motivations et objectifs de l'agresseur,
04:33 ceux-ci ont pu être éclaircis, d'abord par les déclarations de certains de ses proches,
04:40 ensuite par les propos que lui-même a tenus sur place, mais aussi par la vidéo tournée devant le monument au mort,
04:46 et enfin, surtout, par la découverte d'une prestation d'allégeance dans son téléphone.
04:55 Si l'agresseur semble ne pas avoir parlé lors de la scène située devant l'établissement,
05:02 en revanche, une fois dans la cour, il a tenu les propos suivants au professeur qui le poursuivait.
05:12 « Qui te donne l'air que tu respires ? Qui est le seul Dieu ? »
05:20 Plusieurs témoins l'entendaient également demander aux personnes présentes
05:26 si elles étaient le proviseur ou un professeur d'histoire.
05:34 C'est aussi à ce moment que l'agresseur interpellait une personne qui tentait d'appeler les secours en lui disant
05:41 « Appelle Marianne, appelle ta république ».
05:48 Ces propos peuvent faire écho aux incidents qui avaient émaillé la scolarité de son frère aîné,
05:55 dans ce même établissant, et qui témoignaient de la radicalisation de celui-ci.
06:03 Ensuite, dans la courte vidéo de 30 secondes, tournée devant le monument au mort, 20 minutes avant les faits,
06:12 Mohamed M s'est attaqué de manière répétée aux valeurs des Français selon ses propres termes.
06:19 Il tenait le propos particulièrement menaçant dans cette même vidéo.
06:26 Toutes ces paroles faisaient directement écho à la longue déclaration d'allégeance à l'État islamique,
06:33 découverte dans le téléphone de l'agresseur.
06:37 Dans cet enregistrement audio, Mohamed M, après avoir prêté serment à l'émir de l'État islamique,
06:46 développait sa haine de la France, des Français, de la démocratie, et de l'enseignement dont il avait bénéficié dans notre pays.
07:00 Au cours de cette longue intervention en arabe, émalliée de références religieuses,
07:07 Mohamed M mentionnait son soutien aux musulmans en Irak, en Asie, en Palestine,
07:15 mais sans relier son acte directement aux événements récemment réalisés en Israël.
07:24 Il soutenait pleinement l'État islamique, il exprimait son mépris pour les autres organisations terroristes djihadistes,
07:33 notamment Al Qaïda.
07:37 L'aide dont il a pu bénéficier.
07:41 Dix dégâts d'abus pris dans le cercle familial proche de l'agresseur,
07:50 dont ces relations, dont celles de son frère, détenu, ont été levées au cours de l'enquête de flagrance.
08:00 Cette décision s'explique par l'absence d'éléments permettant, à ce stade,
08:07 de démontrer que les personnes interpellées avaient pu avoir un rôle précis dans l'action terroriste de Mohamed M.
08:15 En revanche, il est apparu que son jeune frère, mineur, âgé de 16 ans, avait pu lui apporter un certain soutien dans son projet mortifère.
08:27 Conscient de la radicalisation de Mohamed M, il lui aurait notamment délivré les conseils sur le maniement des couteaux.
08:35 Enfin, un jeune cousin de cette fratrie, ayant été informé d'un possible projet d'action criminelle,
08:45 sera présenté au magistrat instructeur, dès lors qu'il semblait informé du projet d'action criminelle de Mohamed M,
08:53 et n'avait rien fait pour l'empêcher.
08:57 C'est la raison pour laquelle, ce jour, le parquet antiterroriste requiert l'ouverture d'une information judiciaire,
09:06 des chefs d'associations de malfaiteurs terroristes en vue de préparer des crimes d'atteinte aux personnes,
09:14 d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste,
09:18 des tentatives d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste,
09:22 de complicité de ces deux derniers crimes, et d'abstention volontaire de commettre un crime.
09:31 Les trois personnes déjà évoquées seront présentées au magistrat instructeur.
09:36 Des placements en détention provisoire seront requis à l'encontre des deux frères.
09:42 Dès à présent, les investigations se poursuivront dans le cadre de l'information judiciaire.
09:50 Je vous remercie.
09:52 Merci.
09:53 Merci d'avoir regardé cette vidéo !

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