Ce matin c'est Sofiane Pamart, le pianiste et virtuose qui nous rend visite à l'occasion de la sortie de son dernier album Noche !
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00:00 Le pianiste virtuose Sofiane Pamar est avec nous dans Télé Matin. Bonjour Sofiane.
00:05 Bonjour tout le monde. Bienvenue à vous. Merci beaucoup d'être avec nous.
00:08 Alors là ce qu'on entend c'est l'extrait de votre prochain album, Noche, qui sortira demain.
00:14 Alors c'est du classique avec une inspiration sud-américaine.
00:18 Et la raison c'est parce que vous avez composé tout ça en Amérique du Sud.
00:21 C'est ça. En début d'année j'ai eu la chance de faire ma première tournée là-bas.
00:25 Donc j'ai voyagé d'Amérique latine de pays en pays, Pérou, Mexique, République Dominicaine, Colombie, Mexique, que j'ai déjà cité.
00:34 Et à chaque fois j'essayais de capter l'énergie que je trouvais dans chacun de ces pays-là, toujours la nuit.
00:39 C'était ma direction artistique de cet album.
00:41 Et j'essayais d'aller le plus loin possible dans des réflexions intimes que je livrais à mon piano.
00:45 Ça veut dire que la nuit vous vous mettez au clavier et ça sort comme ça.
00:49 Comment on compose en fait ? C'est une inspiration qui vient du profond de vous-même.
00:53 On tâtonne, on rature. Comment ça se passe ?
00:57 Je vis beaucoup d'aventures la journée. Il y a mon concert le soir.
01:00 Et après quand je rentre, j'ai toujours un piano qui m'attend dans ma chambre d'hôtel.
01:03 Et je me jette dessus et je vois ce que j'ai à lui raconter.
01:05 J'y vais comme un carnet de bord en fait, comme un carnet de voyage.
01:08 Ah vous y allez sans inspiration et vous pianotez et ça vient au fur et à mesure.
01:11 C'est ça. J'improvise, je m'enregistre en improvisant.
01:13 Et dès que l'élan d'inspiration arrive, je le capte, je la prends par cœur et ça devient mon morceau.
01:19 Oui donc c'est presque une forme de génie en fait, clairement.
01:22 C'est une forme d'inspiration, des fulgurances. Je cherche les fulgurances.
01:26 Comment on fait pour raconter des choses sans paroles, juste avec des notes ?
01:29 Parce que le chanteur, l'auteur, le compositeur, on comprend.
01:33 Vous, comment vous traduisez tout ça ?
01:36 Parce que vous racontez une histoire, j'ai l'impression que chaque morceau a sa personnalité.
01:39 En fait, j'ai l'impression que pour moi, exprimer mes sentiments avec des mots,
01:44 c'est beaucoup plus compliqué que de les exprimer avec mon piano.
01:46 J'ai vraiment la sensation que mon langage naturel, c'est celui de la musique.
01:50 Depuis que je suis vraiment tout bébé, les mots, c'est juste que j'ai dû me forcer
01:54 pour pouvoir réussir à trouver des mots justes.
01:56 Mais j'ai l'impression que la musique arrive à aller chercher ce que les mots n'arrivent pas à trouver.
02:00 Et donc, je pense qu'une émotion, par exemple triste, qui est un des sons d'ailleurs de mon album,
02:06 on peut teinter la tristesse de d'espoir, de lumière, de quelque chose de plus doux en fait,
02:11 que juste le mot triste. Et ça, j'arrive à le raconter avec un piano,
02:14 que je n'arrive pas à raconter avec juste des mots.
02:17 Mais vous vivez en fait avec des notes dans la tête tout le temps ?
02:19 Oui, en permanence.
02:21 Comment vous vivez avec ces notes-là ?
02:23 En fait, certains voient des couleurs, moi j'entends des sons, j'entends des accords.
02:28 Et quand j'ai une émotion qui devient un peu trop forte, elle se charge en moi.
02:32 Et puis, la seule manière de m'en libérer, c'est de la mettre en musique à mon piano.
02:36 Comme un écrivain, besoin d'écrire quand il y a trop d'émotions, trop de choses.
02:40 Vous êtes un artiste de votre temps et vous menez presque un combat pour démocratiser la musique classique.
02:45 Quels sont les digues, selon vous, qu'il vous reste encore à faire sauter ?
02:48 Pourquoi elles conservent malgré tout cette image élitiste et injustement inaccessible ?
02:54 Alors, je pense que, je n'ai pas l'impression que c'est mon combat, c'est une conséquence de ce que je suis.
02:58 Moi, j'ai toujours voyagé entre la musique classique, des univers plus urbains, le rap, même la musique électro.
03:06 Donc en fait, je bascule d'un style de vie à un autre.
03:08 Et donc forcément, naturellement, ce que j'incarne, c'est un pianiste assez moderne,
03:12 qui casse certains codes, mais ce n'est pas mon but, ce n'est pas ma vocation de les casser.
03:16 C'est juste, c'est une conséquence et j'en suis très heureux.
03:18 Je suis content qu'aujourd'hui, des adolescents, des enfants s'identifient à ce que je fais avec mon piano,
03:24 parce qu'ils trouvent ça plus proche de leur vécu.
03:27 Mais vous avez été élevé au classique ? C'est dans votre éducation ?
03:30 Mes parents ne sont pas du tout musiciens, mais par contre, le classique, ça a toujours été dans mon quotidien,
03:37 parce que je suis rentré au conservatoire à l'âge de 6 ans et depuis, je n'ai jamais quitté.
03:41 Vous étiez déjà petit, parce que c'est quand même une musique qu'on apprend à aimer.
03:44 Moi, je me rappelle quand mon père faisait écouter du classique, je disais "Ah super !"
03:48 Ce n'est pas la musique que j'écoutais, mais j'ai appris à aimer énormément cette musique de l'intérieur,
03:53 grâce aux partitions et en fait, au plus j'avançais dedans et au plus j'étais pris de passion par la musique classique.
03:59 Et quand on est ado comme ça, qu'on aime le classique, qu'on vit le classique, qu'on l'a dans la peau comme vous,
04:03 on ne se fait pas trop chambrer par ses potes ? On l'assume à l'adolescence ? Comment ça se passe ?
04:07 Au contraire, moi, ça a toujours été une singularité.
04:09 Mes potes, ils étaient trop fiers d'avoir un de leurs gars qui savait trop bien jouer du piano.
04:12 Donc dès qu'il y en avait un, c'était les premiers.
04:14 Vas-y Sofiane, joue-nous un petit morceau.
04:16 Et là, ça faisait sensation à chaque fois.
04:18 Je pense qu'au contraire, au plus on a une singularité, au plus on la cultive, au plus ça nous met en valeur au sein d'un groupe.
04:23 Et alors, une autre singularité, c'est que vous avez l'oreille absolue, c'est ça ? C'est ce qu'on a vu ?
04:27 Alors l'oreille absolue, c'est que vous savez déchiffrer n'importe quelle note.
04:33 Par exemple, si je tape sur un verre avec une fourchette, vous savez si c'est un fa, un fa dièse, un do ?
04:38 Alors moi, je le traduis au piano à chaque fois, mais par exemple, si on fait un son avec cette tasse, je ne vais pas réussir à dire c'est quelle note exactement.
04:47 Moi, c'est plus quand j'entends des musiques, j'arrive à identifier le son, les notes de chacune de ces musiques.
04:53 Ah oui, donc vous entendez une musique et vous voyez la partition.
04:56 Je peux reproduire les musiques que j'entends quasiment instantanément.
05:00 Mais vous y allez à l'oreille ou vous écrivez la partition ?
05:03 Non, j'écris plus rien. J'ai appris en lisant les partitions, mais aujourd'hui, je n'écris plus parce que c'est un art qui est très précis,
05:09 qui demande beaucoup de temps et qui s'inscrit dans la lenteur.
05:12 Pour pouvoir écrire de belles partitions, il faut passer du temps dessus.
05:15 Écoutez cette petite musique. Alors celle-là, elle n'est pas de vous. On va l'écouter.
05:18 Vous l'avez ou pas ? Le bon, la brute et le truand.
05:24 Il me semble qu'à 4 ans, vous étiez capable de jouer.
05:27 Oui, mais surtout les "ta-la-la-la-la".
05:29 C'était des notes que je pouvais jouer sur mes petits... On n'a pas besoin de beaucoup de notes.
05:32 J'avais un petit clavier, comme ça, juste 12 touches, ça suffisait pour faire ce thème et pour impressionner ma famille.
05:38 En fait, vous avez toujours été attiré par le piano.
05:40 Oui, parce que moi, c'est un coup de cœur que j'ai eu enfant.
05:44 Je pense que les enfants, ils se sentent bien, ils se sentent mis en valeur par quelque chose.
05:49 Ça peut être le dessin, ça peut être une manière de s'habiller.
05:51 Moi, ça a toujours été la musique, ça a toujours été le piano.
05:53 Quand je jouais, j'avais l'impression que c'était mon élément à moi.
05:55 Vous jouez absolument partout, vous avez joué en Laponie, sous les aurores boréales, vous avez rempli Bercy à Paris, 20 000 personnes.
06:01 C'est quoi l'endroit le plus fou, là, où vous aimeriez amener votre piano et faire partager votre passion ?
06:07 Dans l'espace, si jamais un jour je peux faire un concert dans l'espace.
06:11 Ah oui, Thomas Pesquet, il va venir, on va lui parler de ça.
06:14 C'est vrai, dans l'espace.
06:15 On va lui parler de l'usine et qu'on organise ça ensemble, ça serait génial.
06:18 On pourra venir avec Thomas.
06:19 Avec plaisir, j'espère qu'on pourra faire une vraie... et qu'on fera plusieurs concerts.
06:22 J'espère, c'est que là, j'ai la chance de jouer à l'Olympia, à la 5 soirées de suite dimanche, si jamais je peux faire ça dans l'espace,
06:27 plusieurs soirées de suite, je serai l'homme le plus heureux du monde.
06:29 La prochaine tournée, c'est le système solaire, quoi, en fait.
06:31 J'espère, j'espère.
06:32 Il faudrait que personne ne me donne dessus pour attirer la chance.
06:35 En toute simplicité, un petit concert dans l'espace, comme ça, parmi les étoiles.