Bernadette Lafont _ Elle est très chouette chez Thierry Ardisson

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Transcription
00:00 Un jour, vous découvrez le théâtre, vous aussi,
00:02 c'est-à-dire qu'un jour, vous montez sur une scène de théâtre
00:05 et vous avez une espèce de sensation comme ça,
00:07 complètement inédite pour vous, une exaltation extraordinaire.
00:11 Et vous dites, c'est comme au cinéma, quand j'ai commencé, qu'on disait moteur.
00:15 Non, j'ai pas dit ça.
00:16 Bernadette, vous êtes très en forme.
00:28 Est-ce qu'on peut dire votre âge ?
00:29 - When I'm six feet tall.
00:32 - Bien.
00:34 Alors, Chabrol, vous avez demandé de vous teindre en blond
00:37 pour l'inspecteur Lavardin avec Jean Poiret.
00:40 - Oui.
00:40 - Et vous êtes revenue à une couleur plus naturelle, je vois, avec le temps.
00:43 - Oh, je devrais rester blonde parce qu'avec tous mes cheveux blancs,
00:46 je n'aurais besoin de rien faire.
00:49 - Alors, heureusement, vous n'avez pas suivi les conseils d'un autre réalisateur,
00:53 Jean-Pierre Mocky, qui vous avait dit,
00:55 laisse-toi devenir grosse et moche comme Signoret,
00:59 tu auras plein de boulot.
01:00 - Bah non.
01:02 - Vous ne l'avez pas fait. Vous faites toujours de la barre au sol ?
01:05 - Pas en ce moment.
01:07 Mais le théâtre, c'est sportif, hein, Muriel ?
01:10 - Je rappelle que sans alcool, la fête est plus folle.
01:24 - Non, mais c'est vrai que j'ai moi-même mon association pour ça.
01:29 - Toi, t'as pris un musulman, comme ça, t'es tranquille, il ne boit pas.
01:32 - C'est mon problème. Pose tes questions.
01:34 - Alors, vous dites, Bernadette Laffont,
01:36 "Mon travail est le moteur de mon existence, mon opium, ma cocaïne, mon Prozac."
01:42 - Eh bah dis donc, n'en jetez plus.
01:44 Oui, ah bah oui. Moi, j'aime ça, oui. J'aime jouer.
01:47 - Vous n'arrêtez pas. - J'aime jouer, oui.
01:49 - Alors, on va parler de vous, on va voir un peu votre vie,
01:52 qui est assez extraordinaire.
01:54 - Ma vie !
02:01 - Waouh, ils ont du talent !
02:03 - Merci à Bernadette.
02:05 - Merci à Bernadette.
02:07 - Merci à Bernadette.
02:09 - Merci à Bernadette.
02:11 - Merci à Bernadette.
02:13 - Merci à Bernadette.
02:15 - C'est chaud sur vous, le télévis.
02:17 - C'est un vrai public de télévision, c'est clair, on le dit au début.
02:21 - Alors, vous êtes nées à Nîmes, vos parents étaient protestants,
02:24 et ils désespéraient d'avoir un enfant, malgré 10 ans de vie commune.
02:29 Et un jour, ils vont rendre visite à des cousins dans le Sud-Ouest,
02:33 ils s'arrêtent à Lourdes, et miracle !
02:36 - Ils avaient fait un voyage, effectivement, dans les Pyrénées,
02:39 et puis en rentrant, elle s'est trouvée enceinte,
02:42 et comme elle voulait avoir un fils, j'ai porté des pantalons sous mes robes
02:45 jusqu'à 8 ans, quoi. Et elle m'appelait Bernard, jusqu'à la fin de sa vie.
02:48 - Mais c'est pas vrai !
02:50 - Et votre père voulait absolument qu'on vous fasse pas couper les cheveux,
02:52 parce qu'il disait... - Oui, je m'assieds dessus, c'était magnifique.
02:56 - Alors, effectivement, les amis catholiques de vos parents,
03:00 en attendant cette histoire de miracle à Lourdes, en redemandaient,
03:03 et votre mère précisait, aux catholiques, nous avions demandé un garçon.
03:07 Rien que pour les emmerder. Quant aux protestants, ils y croyaient pas.
03:11 Jusqu'en 6e, vous vivez à Saint-Génies de Malboires,
03:15 et puis ensuite, au lycée de Nîmes, votre père était pharmacien,
03:19 comme tous les pères de grands réalisateurs de Nouvelle Vague, d'ailleurs.
03:23 Chabrol, Rennet, Rivette. - Et Louis Gervais était pharmacien aussi.
03:26 - Et voilà, il y avait beaucoup de pharmaciens.
03:28 Votre père était fou des gens connus. - Et reconnus.
03:31 - Et reconnus, oui. - Il disait...
03:33 Ça me faisait tellement... Je comprenais pas.
03:37 Il est très admiratif. "Ah, celui-là, il est connu."
03:40 Et puis il disait "Et reconnu."
03:42 - Ah, pour vous, c'était le top, de dire ce titre.
03:44 - Ah, bah oui. - "Être connu et reconnu."
03:46 - "Comment faire pour plaire à son père ?" - Bah, c'est fait, hein.
03:48 - Donc je voulais être connue. Et en plus, il fallait être reconnu.
03:51 - Oui, pas seulement connu. Il faudrait qu'on soit connus pour un meurtre, en même temps.
03:54 Donc, vous, vous étiez folle de Paris Match, la rubrique L&E.
03:59 Vous découpiez des photos d'Audrey Byrne, de Sylvana Mangano.
04:02 - Oui, oui. - Rie à mer.
04:04 - Marlon Brando et Jean Babilé. - Ouais.
04:07 Vous étiez un peu délurée, déjà.
04:09 - J'avais pas beaucoup de latitude, hein, parce que c'était quand même assez vissé.
04:12 - Ouais. Alors, dans la propriété de vos parents, dans les Cévennes,
04:15 vous aviez une pièce que vous aviez repeinte en bleu indigo,
04:19 qui était un club privé qui s'appelait le West End Club.
04:23 - Oui. Il y avait pas beaucoup de monde, hein.
04:25 C'était le bout du monde, les Cévennes, à l'époque.
04:27 Les routes enlacées pour y arriver.
04:29 - Elle s'appelait Anita et Bettina. - Oui, eh oui.
04:32 - Et donc, vous étiez une société, vous attendiez les garçons dans ce club que vous aviez créé, quoi.
04:35 - Oui. - Et ils venaient pas. - Non.
04:37 - Ouais. - Y en avait pas.
04:39 - Y en avait pas.
04:41 Vous étiez une sacrée allumeuse, quand même, parce que vos parents, alors, ça, c'est incroyable.
04:44 Mais si. Mais c'est héréditaire, de toute façon.
04:47 Ce qu'il faut savoir, c'est que les parents... C'est vrai, les parents de Bernadette Lafon
04:50 étaient en proie à une sexualité intense.
04:54 C'est vrai, hein.
04:56 - Oui, oui, je crois qu'ils s'envoyaient bien dans l'air ensemble.
04:59 Parce que les parents, c'était une belle histoire de...
05:01 - C'était les rois... Ses parents, c'était les rois de la sieste crapuleuse.
05:04 - Oui, oui, oui. - Hein, ce qu'on appelle dans le milieu la sieste crapuleuse.
05:07 C'est-à-dire qu'après-déjeuner, quand même, il fait trop chaud. - Il fait très chaud, vous savez, là-bas.
05:10 Faut dormir après-déjeuner.
05:12 (rires)
05:14 - Et votre père... Votre père était un homme charmant, d'ailleurs.
05:16 Il traitait votre mère comme une maîtresse.
05:18 Il lui évitait les tâches domestiques.
05:20 Il était très dévoué à sa femme.
05:22 Et alors, comme il était pharmacien, il avait des aphrodisiacs.
05:25 Et un jour, Bernadette Lafon a retrouvé dans un tiroir de la cantharide.
05:30 - Elle était périmée, vous savez. - Ah, c'est bien dommage.
05:33 C'est bien dommage, Bernadette.
05:35 Alors, vos parents, c'était étrange. Ils étaient à la fois sévères et libéraux.
05:38 C'est-à-dire très à cheval sur les horaires.
05:40 Et en même temps, ils voulaient laisser vous habiller comme vous vouliez.
05:42 - Oui. - C'est marrant, ça.
05:44 - Donc je m'habillais vraiment comme une pute.
05:46 (rires)
05:48 (applaudissements)
05:56 - Non, mais c'est vrai. Vous pouviez vous habiller comme une pute,
06:00 mais du moment que vous rentriez à l'heure.
06:02 Voilà, c'est tout. - Oui, bien sûr.
06:04 - Absolument. - En plus, il vit ponctuel.
06:06 - Voilà, il vit ponctuel et réglé, absolument.
06:08 Alors, vous vous retrouviez comme ça, Annym, assise seule dans un café.
06:13 Alors, vous aviez un juste corps.
06:15 Vous êtes, on peut le dire, l'inventrice du body, d'une certaine façon.
06:18 - C'était des trucs de chez Repetto, comme je faisais de la danse classique.
06:21 - Oui, mais bon. Bah oui, oui, oui. Voilà, juste corps.
06:23 Des jeans. Les jeans, il fallait s'allonger pour les enfiler.
06:26 - Oui, et puis on allait se tremper dans la Méditerranée,
06:28 puis on les laissait sécher avec tout le sel, ce conant.
06:31 - Ah, ah. Arrête, tu m'excites.
06:33 (rires)
06:36 - Non, non, non. Vous allumiez.
06:39 (cris et applaudissements)
06:42 Non, mais, Bernadette Lafont allumait les mecs.
06:44 Alors, les mecs vous offraient un Sans-Anneau
06:46 que vous ne buviez pas quand même. Enfin, c'était comme ça.
06:48 Et alors, ils étaient là en train de vous raconter des histoires,
06:51 en train de vous charmer. Vous dites, en fait,
06:53 ils me regardaient avec un regard de maquillon qui sous-pèse la tête, quoi.
06:56 - Oui, mais pourquoi je faisais ça ?
06:58 Pour arriver à la question "qu'est-ce que tu fais, où tu habites ?"
07:02 La réponse était "je fais du cinéma en Italie".
07:04 - Ah oui ? - En Italie.
07:06 - Ah, en Italie. - Silvana Mangano.
07:08 - Ah, d'accord. - Eh oui.
07:10 - Vous étiez dépuisée à l'âge de 16 ans.
07:12 (cris et applaudissements)
07:15 (musique)
07:17 - Il y avait l'encore, il y avait l'encore.
07:19 (musique)
07:21 - Vous êtes très intelligente, très pertinente.
07:24 - Voilà, à l'âge de 16 ans, par un dénommé José,
07:27 qui était coiffeur...
07:29 (rires)
07:30 - Et qui buvait de la suze.
07:32 - Et qui avait une lambretta.
07:35 Parce que pour emballer les gonzesses à Nîmes, il fallait avoir la lambretta.
07:38 Alors vous avez vécu, on peut le dire, cette première expérience,
07:40 alors que votre copine Annie, elle poussait des cris formidables,
07:42 ça lui plaisait beaucoup.
07:43 Vous, en fait, vous avez vécu ça un peu comme l'extraction d'une dent de sagesse.
07:46 - Je l'ai bien censée. - Non, mais c'est vrai.
07:48 - Vous avez eu ça. - Non, c'est vrai.
07:50 - Oui, oui, j'avoue que c'est pas le meilleur souvenir érotique, le dépucelage.
07:52 - Non. - Comment ça s'est passé le vôtre ?
07:55 - C'était terrible.
07:57 (cris et applaudissements)
08:00 - Ça fait mal, là ?
08:02 - J'ai même de manger avec toi.
08:05 (cris et applaudissements)
08:07 - Non, je vais... Je suis obligé, je pose des questions tellement insensées aux gens
08:11 que je suis obligé de répondre quand on me les pose.
08:13 J'étais disoqué au Whisky à GoGo à Jean Lépin.
08:16 Et alors, il y avait un disque qui était "Going Home" des Rolling Stones
08:19 qui durait 11 minutes 35.
08:21 Et j'ai profité de ces 11 minutes, parce que j'étais disoqué
08:24 jusqu'à 4h du matin, des fois 5h.
08:26 J'ai profité de ces 11 minutes pour m'enfuir
08:28 dans la pinède de Jean Lépin, qui est en face du Whisky à GoGo.
08:31 Et donc, ça a duré, vous voyez quoi.
08:33 (rires)
08:34 Une éjaculation précoce, la première fois.
08:36 (rires et applaudissements)
08:42 Mais un jour, je continue l'histoire de Bernadette Lafon,
08:45 mais un jour, Anim, à l'endroit même où vos parents s'étaient rencontrés,
08:49 vous rencontrez le cinéma en la personne de Gérard Blain.
08:54 Alors ça, tu connais pas Gérard Blain, toi.
08:56 - Le filmzine français. Alors, il était là parce qu'il était venu répéter
08:59 une pièce pour les arènes de Nîmes. - Jouer, oui, jouer une pièce.
09:01 - Jules César, avec Armand Thier, il y avait Stéphane Audran,
09:04 il y avait Gérard Lebovici, on comprend pas trop pourquoi,
09:06 mais enfin, qu'il faisait de la figuration.
09:08 - Il voulait être acteur, Gérard Lebovici. - Ah bon, il voulait être acteur ?
09:10 C'est marrant. Mais finalement, il était situationniste.
09:12 C'est bizarre. Comme quoi.
09:14 - Un autre jeu. - Un autre jeu, oui.
09:16 Et alors, donc, Gérard Blain, il faut dire les choses,
09:18 il avait une voiture noire avec l'intérieur rouge.
09:21 - Ah, la chance ! - Ça vous a complètement séduit.
09:24 Alors voilà, bon, limonade, baiser, le mariage se profile.
09:28 Et alors, évidemment, dans Nîmes, on commence à chuchoter,
09:31 elle se marie avec une vedette de Paris.
09:33 Alors évidemment, il y a des jalousies, il y a des lettres de corbeau
09:36 qui arrivent chez vos parents.
09:38 C'est vrai, non, non, c'est vrai, Bernadette, il y a des lettres
09:40 qui arrivent chez vos parents, bien sûr.
09:42 En disant, de toute façon, elle est enceinte, c'est pour ça qu'elle se marie.
09:45 Et vous étiez pas du tout enceinte.
09:47 Un jour, Gérard Blain vient demander votre main à vos parents.
09:52 Et la 1re fois, je suis obligé de le dire, parce que la 1re fois
09:55 que vous faites l'amour avec lui, vous lui faites croire que vous êtes vierge.
09:58 - Et je me suis dit, si je lui dis que non, il va être tellement vexé.
10:02 - Oui. - Je savais déjà que les hommes
10:04 étaient extrêmement chatouilleux sur cette histoire de bite.
10:07 Et donc... - Non, mais c'est vrai.
10:10 - Je n'ai pas osé.
10:12 (acclamations)
10:15 - Bien.
10:17 Donc voilà, vous l'épousez, mais lui, en fait, est obsédé, Bernadette...
10:25 Bernadette, lui est obsédé par le fait que vous ayez très envie de faire du cinéma.
10:31 Il avait été marié avec Estella Blain.
10:34 Ça avait pas duré longtemps. Et il vous disait, toi, au moins,
10:37 t'es pas comme toutes ces connes, tu veux pas devenir actrice,
10:39 alors que c'était le rêve de votre vie, en fait.
10:41 - Ah oui, c'est vrai, ça. - Il vous comprenait bien, Gérard Blain.
10:44 Voilà. Donc, vous faites quelques photos en maillot de bain
10:47 pour mettre du beurre dans les épinards, parce qu'il avait pas non plus
10:49 des cachets mirobolants, Gérard Blain.
10:51 Et puis, vous rencontrez, il vous présente l'équipe des Cahiers du cinéma.
10:55 C'était le début de votre carrière.
10:59 - De mon ascension fulgurante. - Oui, oui.
11:02 Mais c'est vrai. C'est vrai. Et d'ailleurs, vous dites,
11:04 si il m'avait présenté Verneuil ou Au temps Lara,
11:06 j'aurais fait une autre carrière, quoi.
11:08 Mais il vous a présenté les gens des Cahiers du cinéma.
11:10 Alors, bon, on va tout citer, mais enfin, on va citer les plus grands,
11:13 enfin, les premiers, disons. - Il m'a présenté, enfin,
11:16 on les a connus et on a tourné les films. - Voilà, ensemble.
11:19 Alors, vous avez tourné en 57 "L'hémiston" de François Truffaut.
11:22 Alors, en 59, "Sortie du beau Serge" avec Gérard Blain,
11:25 un film de Chabrol, "60, les bonnes femmes de Chabrol",
11:27 puis voilà, puis après, bon, vous avez fait tous les grands films
11:29 de la Nouvelle Vague. On vous appelait à l'époque
11:31 la "vampe villageoise". - Ça, c'était quand
11:34 "Le beau Serge" est sorti. Ils ont dit ça.
11:37 Et ils ont dit aussi "vampe comique". - Ah oui, c'est mieux,
11:40 "vampe villageoise". Et alors, Hervé Guibert, des années plus tard,
11:42 vous avez appelé "La bardonneigre". - Ah, c'est beau, ça.
11:45 - C'est beau, ça. Il a écrit un très beau papier sur vous,
11:47 Hervé Guibert. - Oui. - Voilà, vous étiez la petite fiancée
11:49 du cinéma français, comme on dit, quoi, c'était vous.
11:52 Et alors, vous avez une explication de la Nouvelle Vague
11:54 qui est absolument extraordinaire. Vous dites qu'en fait,
11:56 la Nouvelle Vague, c'est parce qu'on avait inventé
11:58 une nouvelle pellicule qui s'appelait la Tri-X
12:00 et qu'en fait, on pouvait filmer dehors sans maquillage
12:03 et sans lumière. - C'est vrai, c'était une révolution technique.
12:06 - Sinon, avant, c'était pas possible 5 ans avant ou 10 ans avant, bien sûr.
12:10 C'est toujours marrant quand on explique quelque chose d'artistique,
12:13 en fait, par une innovation technique. C'est comme aujourd'hui,
12:15 on invente des caméras toutes petites qui filment la nuit.
12:18 Donc, on peut faire des émissions différentes de celles d'avant.
12:21 Voilà, et à l'époque, vous avez failli tourner "Un bout de souffle".
12:24 - Oui, parce qu'ils voulaient Gene Seberg pour faire le rôle
12:29 qu'elle a fait, d'ailleurs, et ils imaginaient la paire, quoi,
12:32 les garçons et la fille. Et donc, avec Gene Seberg, c'était Belmondo.
12:35 Et puis, comme Gene Seberg était sous contrat avec Preminger
12:39 à Hollywood pour des années, il y avait un moment où c'était compliqué
12:43 et ça a failli ne pas se faire. Et à ce moment-là, moi,
12:45 je tournais à double tour avec Chabrol à Aix-en-Provence.
12:48 Et il est descendu et il m'a dit "Si je peux pas avoir Gene,
12:52 donc je change le couple et est-ce que vous pourriez faire avec Aznavour ?"
12:57 - Ça aurait été drôle. - Bizarre, hein ?
12:59 - Alors, Gérard Blin vous reproche de plus en plus votre liaison avec le 7MR.
13:03 Il est jaloux, en fait. Il est jaloux du fait que vous fassiez du cinéma.
13:07 - Ah ben, il voulait pas une femme actrice, il voulait pas une femme actrice.
13:09 Donc il m'a renvoyée après "Le beau Serge", chez moi.
13:12 - Il vous obligeait à dire que vous aviez 17 ans quand vous en aviez 19.
13:16 - Alors, vous, vous avez... Tous les petits jeux...
13:19 - C'est vrai ? - D'où vous avez sorti ça ?
13:21 - Il aimait bien les petites ? - Je pense, oui.
13:23 - Parce que c'était la Blin quand il avait bougé, il avait 16 ans.
13:25 - Il avait été tellement... Je crois qu'il était tombé aussi amoureux de moi
13:28 parce que j'avais 16 ans et demi. - Oui, oui.
13:30 - Et donc, il avait pas envie que j'aie plus. - Oui, oui.
13:33 Sur ce, vous tombez enceinte.
13:36 Vous vous faites aborter parce que vous dites, d'ailleurs,
13:38 "Pas question de garder l'enfant de nos amours défuntes."
13:42 Et puis voilà, ça se termine comme ça avec Gérard Blin.
13:46 - Non, ça se termine pas comme ça, parce qu'on a toujours resté amis toute notre vie.
13:50 - Ah bon ? - Et...
13:52 Toujours on s'est revus avec beaucoup de plaisir. - Ah, je savais pas.
13:54 - Oui, oui. - Ah, je savais pas de ça.
13:56 - On s'entendait beaucoup mieux quand on n'était plus ensemble.
13:59 - Ça arrive. - Parce que je ne pouvais pas être la femme
14:01 qu'il voulait avoir, c'est-à-dire une femme qui reste à la maison.
14:03 - Et il a trouvé après une femme qui accepte... - Oui.
14:05 - Ah bon ? - Oui, oui. Marie-Hélène, oui.
14:08 Vous savez qu'il est mort, Gérard ? - Il est mort en l'an 2000, Gérard, je sais.
14:11 Oui, absolument. Oui, je sais.
14:13 Voilà, et là, vous rencontrez Djurka Medveski.
14:17 Alors ça, c'est terrible.
14:19 Un slave, comme son nom l'indique. - Non, non, pas du tout.
14:22 - Un grouin, c'est pas un slave. - Ah, d'accord.
14:24 - Rien à voir. Un madiar. - Un madiar.
14:26 - Oui. - Donc c'était un sculpteur,
14:28 artiste maudit, qui vous fait 3 enfants, que vous pondez comme ça, allègrement.
14:32 - Ah, ça, vrai. Absolument. 3 en 3 ans.
14:35 Comme une poule pond des oeufs. - Bah, exactement.
14:37 Mais alors, il venait de travers la poste. Je ne sais pas, je ne les ai pas vu passer, ces 3 moments.
14:40 - T'es un sacré toupee, toi, hein. - Oui.
14:42 Dites-moi...
14:44 - Non, attendez. Là, c'est... Là, c'est grave.
14:47 Il vous faisait peur, un peu, ce...
14:49 Djurka, non ? Il vous faisait peur, un peu, hein.
14:51 Vous étiez un peu envoûtés par lui, quand même.
14:53 Il y avait quelque chose de compliqué avec lui. - Pas un peu, complètement.
14:55 - Ah. Je vois que vous avez décidé d'être honnête.
14:57 Ça me fait plaisir.
14:59 - Il dormait avec un couteau.
15:01 - C'est vrai que c'est pas facile.
15:03 - Eh oui.
15:05 Je vois que vous connaissez le dossier.
15:07 Et donc, voilà. Donc, vous en avez marre, un jour,
15:09 d'habiter dans cette baraque à 50 bandes de Paris.
15:11 Vous n'êtes pas fait pour ça.
15:13 Tous vos potes et vos copines vous disent
15:15 "Qu'est-ce que tu fais là-bas ?"
15:17 Donc, vous finissez par revenir.
15:19 Et là, votre carrière redémarre.
15:21 Et vous faites ce film merveilleux,
15:23 qui est "La fiancée du pirate".
15:25 Et ensuite, vous faites "La maman et la putain".
15:27 Et là, vous... Évidemment, tout le monde est sur le cul,
15:29 parce qu'en attentant, vous fassiez "La putain"
15:31 et vous faites "La maman". Voilà.
15:33 - Ah, on a dit "Anti-star". - "Anti-star", voilà.
15:35 Et puis, après, vous faites de nombreux films
15:37 qu'on va pas tous citer, dont "Les Frontées",
15:39 qui vous a rapporté un César, on l'a dit tout à l'heure.
15:41 Mais, mademoiselle, un jour, vous découvrez le théâtre,
15:43 vous aussi, c'est-à-dire qu'un jour,
15:45 vous montez sur une scène de théâtre,
15:47 et vous avez une espèce de sensation
15:49 comme ça, complètement inédite pour vous,
15:51 une exaltation extraordinaire.
15:53 Et vous dites "C'est comme au cinéma,
15:55 quand j'ai commencé, qu'on disait moteur".
15:57 - Non, j'ai pas dit ça.
15:59 (rires)
16:01 (applaudissements)
16:03 (acclamations)
16:05 (musique)
16:07 - Humiliation.
16:09 Humiliation.
16:11 Humiliation.
16:13 (musique)
16:15 - Doux comme un agneulé.
16:17 - Doux comme un agneulé.
16:19 Alors, je suis doux comme un agneulé,
16:21 comme vient de le chanter Fernanda, allez-y.
16:23 Vous avez dit quoi ? - Je me souviens très bien.
16:25 Je me suis dit...
16:27 J'ai fait un vœu, comme ça, une sorte d'élan mystique,
16:29 un peu, disons. - Ouais.
16:31 - J'étais derrière, je l'ai juste passé pour jouer
16:33 cette comtesse sanglante, donc,
16:35 qui était le premier rôle.
16:37 Et j'ai dit, je veux bien ne plus jamais faire de cinéma
16:39 si je peux toujours faire du théâtre.
16:41 - Voilà.
16:43 Et d'ailleurs...
16:45 Et d'ailleurs...
16:47 (musique)
16:49 Le 25 janvier 2002,
16:51 vous allez jouer,
16:53 donc,
16:55 Léo, de Patrick Lunand,
16:57 au Petit Théâtre de Paris. Alors, comment avez-vous tenu tête ?
16:59 Vous allez faire le pitch.
17:01 - Alors, la situation, au début de la pièce,
17:03 c'est un jeune homme
17:05 qui est dans une sorte de studio
17:07 d'enregistrement,
17:09 qui tourne en rond, on sent qu'il attend,
17:11 qu'il est angoissé.
17:13 Et l'interphone sonne,
17:15 il dit, "C'est toi, Pierre ?"
17:17 Et la réponse est,
17:19 "Non, ce n'est pas Pierre, c'est maman."
17:21 C'est moi, maman. Et donc, j'arrive là,
17:23 c'est mon fils,
17:25 je ne l'ai pas vu depuis 10 ans.
17:27 Lui est ravagé
17:29 parce qu'il est
17:31 dans un grand, grand, grand chagrin d'amour.
17:33 Et moi, je viens lui dire
17:35 que je sais
17:37 qu'il est pédé.
17:39 Et c'est deux personnes
17:41 qui s'accrochent
17:43 très, très, très fort là-dessus.
17:45 Mais en même temps,
17:47 ça permet d'ouvrir plein de tiroirs. Ils se parlent,
17:49 c'est un grand film sur...
17:51 En fait, il est homosexuel, mais il pourrait être autre chose.
17:53 C'est une mère et un fils
17:55 et ça va loin, quoi.
17:57 C'est très beau. - Ça s'appelle "Léo",
17:59 c'est écrit par Patrick Lunand, c'est au Petit Théâtre de Paris.
18:01 - Il y a aussi une jeune fille
18:03 qui est donc la fiancée du fils qui donne un espoir
18:05 à la mère, mais en fait,
18:07 ça va être un mariage blanc parce qu'elle est
18:09 Sri-Lankaise et qu'il faut qu'elle ait des papiers.
18:11 C'est comme ça pour qu'elle...
18:13 Voilà, c'est l'histoire de ce film,
18:15 de cette pièce.
18:17 - Merci, Pame.
18:19 (musique)
18:21 (applaudissements)
18:23 (musique)
18:25 (applaudissements)
18:27 (musique)
18:29 (applaudissements)
18:31 - Je vais arrêter la forme. Est-ce que Méline peut apporter
18:33 des accessoires, s'il vous plaît ?
18:35 On va faire une interview de croyance.
18:37 (musique)
18:39 Et je voulais
18:41 que Méline apporte quelques accessoires
18:43 pour cette interview de croyance.
18:45 (musique)
18:47 (musique)
18:49 Très bien. C'est parfait.
18:51 Didier, s'il te plaît.
18:53 (musique)
18:55 (musique)
18:57 (musique)
18:59 (musique)
19:01 - Est-ce que vous croyez
19:03 en Dieu ?
19:05 - Dans la pièce, je dis...
19:07 Mais pourquoi j'avoque Dieu ? Je suis folle,
19:09 je ne crois en rien. Mais si, je crois
19:11 en la vie. Je crois
19:13 en la vie. Voilà. - Est-ce que vous
19:15 croyez en vous ?
19:17 - Bah, je suis avec, hein.
19:19 - Oui.
19:21 Est-ce que vous croyez aux anges gardiens ?
19:23 - Oui, aux anges, tout court, oui.
19:25 Gardiens, pas gardiens. Il y en a des...
19:27 - Il y a des mauvais anges, aussi.
19:29 - Oui, oui, oui. Aussi, oui, il y a des...
19:31 Il y a des diablotins. - Oui.
19:33 Est-ce que vous croyez au Père Noël ?
19:35 - Plus. - Muriel ?
19:37 - Non.
19:39 Non, mais je fais attention, parce que...
19:41 - C'est marrant, ça, quand même. - Non, non, parce que
19:43 quand j'étais petite, j'y ai cru. Après,
19:45 je n'y ai plus cru. - Oui. - Et j'y ai recru.
19:47 - Oui. - Alors, je me dis, ça peut peut-être me revenir
19:49 encore dessus. - Oui, bah oui.
19:51 - Je sais pas. Voilà. - Les Martiens,
19:53 vous y croyez ? - Peut-être.
19:55 - Hmm. - Ou d'autres,
19:57 d'ailleurs. Il n'y a pas que Mars.
19:59 - Ça fait du bien, l'encendant. - Ça rappelle...
20:01 - Ça rappelle rien. - Ça rappelle
20:03 la route. Vous croyez au fantôme ?
20:05 - Oui.
20:09 - Il y a beaucoup de trucs, finalement.
20:11 - Oui, heureusement. - Oui. Est-ce que vous croyez
20:13 à la réincarnation ?
20:15 - Moi, je crois qu'on a plusieurs vies
20:17 déjà dans sa vie. - Oui.
20:19 - On meurt... - On se réincarne, en fait, oui, c'est une très bonne réponse.
20:21 - Oui, on se réincarne dans sa vie. - C'est là, maintenant, hein.
20:23 - Tout à fait.
20:25 Vous croyez à Superman ? - C'est qui,
20:27 déjà, celui-là ? - Bah, c'est celui qui vole,
20:29 là-haut. Superman.
20:31 - C'est là où il y avait
20:33 Nicholson qui faisait le Joker ? - Oui.
20:35 - Ah, ouais. - Non, c'est pas toi.
20:37 - Merde !
20:39 - Oh !
20:41 - Oh !
20:43 - Ramsey, il avait inventé
20:45 "Moyen Man". C'est le mec qui volait, mais à ça,
20:47 celui-là.
20:49 - Ah !
20:51 - Est-ce que vous croyez à la fidélité ?
20:53 - Maintenant,
20:55 oui. - Ah !
20:57 - Ah ! - À cause de quoi ?
20:59 - Ah !
21:01 - Je vous demande de vous arrêter.
21:03 - Ah ! - Superman,
21:05 bon. Est-ce que... - Ah !
21:07 - C'est pas votre émission, OK ?
21:09 - Est-ce que...
21:11 Est-ce que vous croyez au sexe sans amour ?
21:17 - L'amour sans sexe ?
21:19 - Ouais.
21:21 - Muriel.
21:23 - Ça tombe sur vous, Muriel.
21:25 - Sexe sans amour, oui, je crois, moi.
21:27 - Ouais. Et l'amour sans sexe ?
21:29 - Aussi. - C'est bien, là.
21:31 - Ouais. - Ça marche à tous les coups.
21:33 - Ouais. - Léa, je vous demande pas.
21:35 Vous êtes la nièce de Michel Drucker.
21:37 Je vais pas faire...
21:39 Est-ce que... Ouh là là !
21:41 Vous oubliez cette question. - Ah oui.
21:43 - Est-ce que vous croyez qu'on peut faire l'amour 5 fois de suite ?
21:45 - Oui !
21:47 - Oui !
21:49 - Muriel, je vous trouverai neuze, là.
21:53 - J'aime pas beaucoup les chiffres impairs,
21:55 donc je serai plutôt pour 6. - Pour 6, très bien,
21:57 y a pas de problème. On s'en occupe, très bien.
21:59 - Et pour être sûr de ne rien rater de Inalarditube,
22:03 abonnez-vous et mettez un pouce bleu.
22:05 et t'as un pouce bleu.
22:07 [SILENCE]

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