FRANCE BLEU GARD LOZERE - Invité du 7 h 45 du jeudi 19 octobre

  • l’année dernière
Déborah Travaux, responsable du dispositif AGIR dans le Gard et membre de l'association l'Entraide Pierre Valdo.

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Transcription
00:00 On est en direct dans le studio, Déborah Traveau, bonjour.
00:03 Bonjour.
00:04 Membre de l'entraide Pierre Valdo, une association.
00:06 Vous êtes aussi dans le Gard la patronne d'Agir, un dispositif encadré par l'État
00:11 pour aider les étrangers.
00:12 Ayant obtenu un titre de séjour à s'intégrer, vous accompagnez du coup, actuellement, combien
00:18 de personnes dans le Gard ?
00:19 Alors aujourd'hui, on est à plus de 140 bénéficiaires que nous suivons et on a commencé les orientations
00:25 à partir de janvier.
00:26 Donc on a eu une belle montée en charge tout au long de cette année.
00:31 Et alors vous les aidez à s'intégrer, mais concrètement, ça se passe comment ?
00:34 Alors plusieurs choses, déjà le dispositif Agir, on a deux missions principales qui
00:38 sont l'accès au logement pérenne et l'insertion professionnelle qui passe par soit de la formation
00:43 qualifiante ou certifiante, soit par un CDD à minima de plus de 6 mois ou un CDI.
00:48 Et alors vous concrètement, comment vous les accompagnez justement dans leur démarche
00:52 pour trouver un job et pour trouver un hébergement ?
00:54 Eh bien justement, là c'est tout le travail de l'équipe, donc nos intervenantes sociales.
01:00 Aujourd'hui, on travaille avec des binômes, c'est-à-dire qu'au-delà d'un bénéficiaire,
01:03 on a deux personnes, une personne pour le logement, une personne pour l'insertion professionnelle.
01:07 Et concrètement, ça veut dire déjà beaucoup d'administratifs pour être sûr que tous
01:11 les droits sont ouverts, que justement la situation n'est pas précaire ou en tout
01:15 cas le moins possible.
01:16 Et ensuite, ça va être beaucoup de démarchages et beaucoup d'écoutes pour pouvoir déterminer
01:22 les projets professionnels puisque pour le logement, évidemment, ça ne va pas sans
01:26 l'emploi.
01:27 Donc il nous faut définir avec eux le projet professionnel, pouvoir le mettre en face de
01:33 la réalité aussi du monde professionnel aujourd'hui dans le car, etc.
01:36 Justement, le gouvernement envisage de créer un titre de séjour spécifique pour régulariser
01:41 les étrangers qui ont des compétences pour travailler dans les métiers dits en tension,
01:46 donc le BTP, la restauration, l'aide à la personne.
01:49 Est-ce qu'à votre échelle, vous les poussez déjà ces personnes peut-être vers ces métiers
01:54 dits en tension ?
01:55 Alors, il y a plusieurs choses.
01:57 Déjà, nous, on est avec des personnes qui sont réfugiées, donc elles ont obtenu la
02:01 protection internationale, c'est-à-dire que la France les autorise à être sur le
02:05 territoire et à pouvoir travailler.
02:07 Donc nous, après, on ne va pas forcément les pousser vers les métiers en tension,
02:11 c'est-à-dire que l'idée, c'est de pouvoir respecter le souhait de la personne.
02:14 Donc, on va travailler avec eux pour voir si c'est dans leur souhait de travailler dans
02:19 le bâtiment, ce qui est généralement le cas parce qu'il y a aussi tout un réseau,
02:21 il y a aussi toute une communauté.
02:22 Donc, généralement, effectivement, il peut y avoir des personnes qui vont être attirées
02:27 par ce genre de métier.
02:28 Et là, typiquement, vous avez combien de personnes qui travaillent dans ces métiers-là ?
02:31 Le bâtiment, vous avez cité, mais il n'y a pas que ça.
02:34 Ah ben, nous, ils viennent d'avoir leur statut.
02:36 Généralement, dans les demandes d'asile, ils peuvent, au bout de six mois dans leur
02:39 parcours de demande d'asile, travailler, mais c'est assez rare parce qu'il y a aussi
02:43 tout l'aspect langue qui peut intervenir.
02:46 Donc, en fait, l'OFI, à partir du moment où ils ont signé leur CIR...
02:49 Alors, l'OFI, on rappelle ce que c'est ? C'est l'Office français, je vous laisse finir.
02:52 ...d'intégration et d'immigration.
02:53 L'idée, c'est qu'en fait, à partir du moment où ils ont signé leur CIR avec l'OFI, donc
02:57 le contrat d'intégration républicaine, ils vont avoir un parcours de cours de langue.
03:02 Donc, ils vont avoir des heures qui vont être prescrites.
03:04 Et l'idée, c'est qu'ils puissent...
03:06 Enfin, nous, vu qu'ils sont immédiatement sur notre dispositif, l'idée, c'est qu'ils
03:09 puissent suivre ces heures pour pouvoir s'améliorer.
03:12 Évidemment, la langue peut constituer un frein à l'emploi, mais pas que.
03:17 Si les employeurs, effectivement, sont sensibilisés et ont une certaine motivation, il est toujours
03:21 possible d'embaucher une personne qui n'a pas la maîtrise totale du français, loin
03:25 de là, donc qui n'a pas un niveau C1, qui n'a pas...
03:28 Mais de pouvoir le mettre sur des emplois.
03:30 Parce que les étrangers que vous accompagnez, ils viennent de quel pays exactement ? Est-ce
03:34 que c'est majoritairement des pays francophones ou pas ?
03:37 Non, ce n'est pas majoritairement des pays francophones.
03:39 C'est plutôt des pays...
03:40 En l'occurrence, la majorité de nos bénéficiaires sont plutôt des personnes qui viennent d'Afghanistan
03:47 et qui sont plutôt des jeunes hommes isolés.
03:49 C'est-à-dire qu'ils viennent et ils arrivent en France, mais ils sont tout seuls.
03:53 Et donc, l'idée, c'est de pouvoir justement les aider dans leur insertion aussi sociale.
03:57 Bon, il faut qu'on parle quand même du contexte.
03:59 Évidemment, la menace terroriste, les attentats qui ont été commis ces derniers jours, en
04:03 tout cas par des étrangers à Arras, à Bruxelles.
04:06 Est-ce que vous comprenez que les Français qui nous écoutent ce matin se disent "certes,
04:10 il y a des étrangers qui viennent et parmi eux, il y a des gens très bien, mais il
04:14 y a aussi des gens qui posent problème".
04:16 On l'a vu à Arras, on l'a vu à Bruxelles.
04:18 Et donc, du coup, ils se disent "puisqu'il y a des risques, on ne veut plus de personnes".
04:23 Est-ce que ça, vous l'entendez ?
04:24 Alors, je n'ai pas le choix, je l'entends dans mes oreilles.
04:27 Après, on va dire que nous, on travaille avec des personnes, encore une fois, qui sont
04:31 réfugiées, ont un statut.
04:33 C'est-à-dire que ce sont des personnes qui ont été reconnues par l'administration
04:37 française comme étant en danger dans leur pays.
04:40 Donc, en fait, ce sont des personnes qui ont vécu des choses généralement très difficiles,
04:44 qui ont leur vie menacée.
04:46 Donc, quand ils arrivent en France, l'idée, en tout cas quand ils arrivent dans un pays
04:50 européen, c'est de se stabiliser.
04:52 C'est de la paix.
04:53 Ils ont déjà eu suffisamment de violence.
04:54 Donc, moi, en tout cas, tous les bénéficiaires que j'ai pu rencontrer, je vous parle de
04:58 ce que je connais, effectivement, c'est de la stabilité.
05:01 Est-ce que c'est ça que les Français maîtrisent mal ? C'est le parcours de ces personnes-là
05:04 quand ils arrivent en France.
05:05 Et là, ceux dont vous parlez, ce sont ceux qui ont l'asile.
05:08 Enfin, il y a deux types de statuts, en vérité.
05:10 Pour être clair, il y a le statut de réfugié et le statut de protégé, ce qui n'est pas
05:15 tout à fait la même chose.
05:16 Ça ne donne pas les mêmes droits en termes de titre de séjour.
05:19 Ça ne donne pas forcément les mêmes droits en titre de séjour, mais c'est quoi qu'il
05:22 arrive, une reconnaissance d'une personne qui, effectivement, était légitime à quitter
05:27 son pays parce que sa vie était menacée, parce que c'était, on va dire, qu'il était
05:31 dans une situation difficile et donc il n'avait pas le choix que de partir.
05:34 Donc c'est ça aussi la petite différence.
05:36 C'est-à-dire qu'on a des personnes qui sont migrantes, qui n'ont pas reconnu ou
05:40 il n'y a pas eu de décision favorable suite à leur demande d'asile.
05:43 Et il y a les personnes qui ont eu une décision favorable suite à leur demande d'asile.
05:47 Parce que leur dossier a été examiné, c'est ça aussi qu'il faut bien comprendre.
05:50 Oui, c'est ça, effectivement.
05:51 C'est un très long parcours administratif.
05:52 Par l'État.
05:53 Voilà, c'est un très très long parcours administratif.
05:54 C'est l'État, c'est l'OFFRA qui va décider.
05:57 L'OFFRA, on rappelle ce que c'est, l'Office français.
06:00 Oui, l'Office français de la protection des réfugiés et des apatrides.
06:05 Tout à fait.
06:07 Donc l'idée, c'est que cette instance-là va décider, mais après un long parcours,
06:12 si la personne peut rester ou pas.
06:14 Et si elle mérite d'être protégée.
06:17 Donc en fait, par rapport à l'intégralité des demandes d'asile, assez peu obtiennent
06:21 le statut de réfugié.
06:22 Donc moins après, nous le dispositif Agir, d'accompagnement global et individuel des
06:25 personnes réfugiées, on arrive après ça.
06:27 C'est-à-dire que l'OFFRA a déjà donné une décision favorable et la personne peut
06:31 rester parce qu'elle est menacée.
06:33 Dix ans s'ils obtiennent le statut de réfugié et un an redevouable.
06:37 Deux fois deux ans, je crois.
06:39 Ou une fois deux ans, c'est ça ?
06:40 Oui, c'est ça.
06:41 Pour les personnes protégées.
06:42 Ces personnes-là, elles arrivent dans quel état d'esprit ? En tout cas, ceux que vous
06:45 accompagnez, on les a entendus déjà ce matin, mais celles que vous rencontrez tous les
06:48 jours ?
06:49 Ceux qu'on rencontre tous les jours, c'est généralement des personnes qui sont motivées
06:54 à vouloir se mobiliser.
06:56 C'est-à-dire que beaucoup de personnes recherchent un emploi.
06:59 Et donc là, ça va être un peu à les temporiser pour leur dire qu'on va peut-être passer
07:03 un peu par la langue aussi parce qu'il nous faut un vocabulaire parfois spécifique, la
07:08 sécurité, etc.
07:09 Donc voilà, c'est des personnes qui sont extrêmement motivées et plutôt positives.
07:12 Ça prend combien de temps pour qu'un étranger soit prêt, qu'il maîtrise correctement la
07:18 langue, qu'il ait trouvé un hébergement, qu'il ait trouvé un travail ? C'est combien
07:23 de temps entre le moment où il arrive et le moment où il est prêt ?
07:25 Alors là, je ne peux absolument pas vous donner de temps.
07:28 En moyenne ?
07:29 Alors nous, on est un dispositif qui est arrivé en décembre 2022.
07:33 On a eu nos premières renotations en janvier 2023.
07:36 Nous, c'est 24 mois d'accompagnement maximum.
07:39 Donc on vous le dira après les 24 mois.
07:41 Mais après, c'est chaque personne à son parcours et il y a des choses qui peuvent être
07:44 difficiles, notamment en termes de stabilité mentale et de santé mentale, parce qu'il
07:50 y a certaines personnes qui ont été traumatisées.
07:52 Il y a aussi ça à aller travailler.
07:53 Parce que le dispositif Agir dont vous êtes la responsable dans le Gard va être généralisé
07:59 normalement en France.
08:00 S'il ne dit pas de bêtises.
08:01 Je vous remercie beaucoup en tout cas Déborah Traveau d'avoir été avec nous ce matin,
08:04 membre de l'association L'Entraide Pierre Valdo et chef du dispositif Agir dans le Gard.
08:09 Merci et une bonne fin de semaine.

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