• l’année dernière
Douleurs, infections urinaires, rejets violents... Anne-Laure et Stéphanie se sont fait implanter des bandelettes périnéales à la suite d’inconforts. Toutes les deux victimes de cette chirurgie présentée comme “opération banale”, elles alertent sur ses complications et ses dangers

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Transcription
00:00 J'allais aux toilettes 30 fois par jour.
00:01 Je n'arrivais pas à m'asseoir du tout.
00:03 Au départ, on vient pour une chirurgie de confort sur l'incontinence
00:07 et on paye toute sa vie cette chirurgie dite miraculeuse.
00:11 Il faut que ces chirurgies cessent.
00:12 Une bandelette sous-urétrale, c'est tout simplement un dispositif médical
00:17 type une prothèse en polypropylène, en gros une sorte de plastique,
00:20 qu'on insère sous l'urètre pour faire comme une sorte de hamac
00:23 pour soutenir l'urètre qui est un petit peu défaillante.
00:25 J'ai décidé de me faire poser une bandelette sous-urétrale
00:28 car à la suite de mon accouchement en 2007, j'ai eu des fuites à l'effort,
00:32 à la toux, quand je rigolais trop fort.
00:34 J'ai trois bandelettes, toutes m'ont été posées sans me préciser de complications.
00:40 C'était vraiment la solution miracle.
00:42 J'ai fait confiance au médecin en question et ça a été le début du cauchemar pour moi.
00:46 Après la chirurgie, j'avais des problèmes de miction,
00:49 je devais me concentrer pour uriner et ça a fini par devenir 30 fois par jour
00:53 et je me levais 8 fois dans la nuit pour faire pipi.
00:56 Lors de la pose de cette première bandelette, j'ai eu une exposition vaginale
01:00 et en fait il s'agit tout simplement d'un rejet de mon corps sur cette bandelette
01:04 qui ressort par les parois du vagin.
01:05 La seule solution a été de sectionner à droite et à gauche la bandelette
01:09 puisque j'ai eu des problèmes des deux côtés.
01:10 Du coup cette bandelette n'a servi à rien
01:12 et un an après il faut recommencer une nouvelle pose de bandelette.
01:15 J'avais des douleurs à l'entrejambe, je marchais en canard.
01:18 J'avais très mal dans l'entrecuisse aussi.
01:20 Je faisais des infections urinaires plus de 4 fois dans l'année.
01:23 Je faisais des cystites.
01:24 C'est juste horrible au quotidien parce qu'en fait on a des sensations de brûlure,
01:28 de poids, de douleurs.
01:30 Je mettais des poches de glace sur le pubis.
01:33 Ça épuise.
01:34 Donc il me propose une deuxième bandelette
01:36 et cette fois-ci au réveil de l'opération,
01:38 rétention urinaire totale, c'est-à-dire que je ne peux plus uriner manuellement
01:42 avec des sondes, je dois vider ma vestie.
01:44 Et on m'a laissé comme ça pendant 2 mois et demi.
01:46 Au niveau de ma vie de famille, j'ai sombré complètement.
01:49 Mon mari rentrait du travail, il me retrouva allongée sur le canapé.
01:53 Je mangeais au lit le soir.
01:54 Je forçais, je forçais et je ne tenais plus debout.
01:57 Donc au bout de 2 mois et demi, le chirurgien coupe la bandelette.
02:01 Je stoppe les autosondages.
02:02 On réévoque le problème d'incontinence, d'effort légère qui n'est pas réglé,
02:06 bien entendu, puisqu'il y a eu section.
02:08 Il arrive à me convaincre qu'il est sûr de lui
02:10 et qu'il va l'utiliser une autre technique.
02:13 18 mois après, des nouvelles complications s'apparaissent
02:16 avec une incontinence complètement différente de ce que j'avais pu connaître.
02:20 Cette fois-ci sans effort.
02:21 Après nombreux examens, on se rend compte qu'en fait,
02:24 la bandelette a sectionné complètement mon urètre.
02:26 Elle l'a traversée comme un fil à beurre.
02:28 Donc c'est une boucherie.
02:30 Quelques mois après, je suis opérée pour reconstruire mon urètre
02:34 avec une grève de lambeaux.
02:35 On enlève une partie de la bandelette, toute la partie sous-urétrale.
02:38 Enfin, le diagnostic tombe et on me dit "votre bandelette est trop serrée".
02:42 Tous les examens que j'ai faits auparavant, je les ai faits 2-3 fois
02:45 parce que tous les avis des praticiens étaient tous différents.
02:48 Par méfiance, je regarde sur Internet et je tombe sur un groupe de soutien Facebook.
02:53 J'ai pas mal de commentaires qui vont dans le même sens, même tous.
02:57 Là je me dis "là c'est sûr, c'est ça".
03:00 Et si on me sectionne la bandelette,
03:01 certes ça va peut-être régler mes problèmes urinaires,
03:03 mais le reste, je vais rester comme ça toute ma vie.
03:06 Aucun médecin ne veut prendre en charge une chirurgie de retrait complet.
03:09 On m'explique donc que c'est trop dangereux, trop délétère
03:12 et que les conséquences pourraient être encore plus handicapées
03:15 après une opération qu'aujourd'hui.
03:17 Donc personne ne prend ce risque.
03:18 Il faut savoir que les bandelettes sont intégrées
03:20 directement dans les tissus de notre corps
03:22 et en plus le passage de la bandelette se fait au niveau des muscles, des nerfs.
03:26 Forcément ça devient une chirurgie très compliquée.
03:28 La seule solution pour l'instant qui semble viable,
03:31 c'est de partir à l'étranger aux Etats-Unis.
03:33 Je vois que cette opération coûte 20 000 euros.
03:35 Je n'ai pas fait de crédit pour partir puisque j'ai eu l'aide de ma famille.
03:38 Le chirurgien américain m'a dit que la bandelette était vraiment très très très serrée,
03:42 qu'elle était collée à l'os pubien du côté gauche
03:45 et que les muscles et les tendons étaient étranglés dans la bandelette.
03:49 C'est une décision importante à prendre, coûteuse, difficile.
03:53 Donc j'essaie plutôt de voir d'abord s'il y a une possibilité en France
03:56 mais pour l'instant je n'en ai pas.
03:57 Je fais partie d'un groupe de nombreuses femmes
04:00 qui ont porté plainte contre X pour tromperie.
04:02 Et pour blessure involontaire.
04:04 Le problème c'est que ce dossier pour l'instant stagne, rien ne bouge.
04:07 C'est vrai que c'est très très long.
04:08 C'est un sujet qu'il faut vraiment prendre à cœur.
04:11 Il y en a même qui pensent même au suicide.
04:13 Donc il faut lever le voile sur cela.
04:15 On n'en parle pas assez.
04:16 Beaucoup de femmes ne savent pas que leurs douleurs proviennent de ces implants.
04:19 Il faut que ça cesse, que ces chirurgies cessent.
04:22 Alors aujourd'hui, ça fait 7 mois que je me suis opérée.
04:25 Je vais mieux, je n'ai plus de problème urinaire.
04:27 J'avais des brûlures pelviennes, des décharges électriques.
04:30 30 missions par jour que je n'ai plus.
04:32 Avant je ne pouvais même pas m'asseoir.
04:34 Maintenant je m'assoie avec un coussin.
04:35 Je mange à table avec mes enfants.
04:37 Aujourd'hui je suis reconnue handicapée à plus de 50%.
04:39 Je ne travaille plus que les matins.
04:41 Ma vie est ponctuée de soins pour arriver à me maintenir.
04:44 Je vis dans la douleur H24.
04:45 J'ai des douleurs dans les cuisses, j'ai le bassin qui se bloque,
04:48 je boite, j'ai des pertes d'équilibre.
04:49 Je n'ai plus une démarche normale, je n'ai plus une vie normale.
04:52 Je souffre.
04:53 Au départ on vient pour une chirurgie de confort sur l'incontinence
04:57 et on paye toute sa vie cette chirurgie dite miraculeuse et simple.
05:02 *BIP*

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