L'interview d'actualité - Dominique Rocheteau

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Aujourd'hui, Dominique Rocheteau est notre invité sur le plateau de Télématin. Cette légende du football, et notamment de l'AS Saint Etienne, sort un nouveau livre « Foot sentimental ». 

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Transcript
00:00 Merci beaucoup d'être avec nous, Dominique Rocheteau, une carrière monumentale.
00:03 Et je pèse mes mots à l'AS Saint-Etienne et puis au PSG.
00:06 Et puis un livre "Foot sentimental" paru aux éditions Le Cherche-Midi.
00:11 L'Ange Vert, c'est votre surnom, c'est ainsi que l'on vous a qualifié.
00:15 Après ce fameux but face à Kiev, on est en 1976.
00:20 Regardez.
00:21 - Rocheteau qui leur donne le coup de grâce.
00:22 Les Stéphanois sublimés montent à l'assaut au début de Rudakov.
00:25 - Et là, on arrive au score final 3-0.
00:28 Grâce à qui ? Eh bien, grâce à vous.
00:31 Regardez, le but est là.
00:33 Juste qualification sur le feu.
00:36 - Je reste dans les annales du club de Saint-Etienne, c'est sûr.
00:39 C'est un match légendaire.
00:41 - Dominique, vous étiez dans quel état avant la frappe ?
00:44 Avant cette fameuse frappe ?
00:45 - Moi, je ne voulais plus courir, je ne voulais même à peine marcher.
00:48 Je faisais signer mon entraîneur pour sortir.
00:51 Mais il a fait semblant de ne pas me voir.
00:53 Et puis, il a eu raison.
00:54 Et ensuite, une fois avoir marqué le but,
00:57 je suis complètement oublié la douleur et je suis parti en courant.
01:00 C'est un peu...
01:02 - À l'époque, vous vous souvenez comment vous avez vécu cette nouvelle célébrité ?
01:07 Vous qui êtes plutôt d'un naturel assez réservé.
01:09 - Oui, oui.
01:10 Bon, plutôt bien, plutôt bien.
01:13 Mais ce n'était quand même pas évident.
01:16 Je me suis protégé.
01:17 Je me suis protégé.
01:19 Je pense que si, par rapport à une certaine éducation.
01:22 L'éducation, c'est important.
01:24 Donc, j'étais quand même un peu préparé à ça.
01:27 Ça n'avait pas été facile non plus.
01:30 Pendant trois ans, j'ai eu des blessures.
01:31 J'étais passé par des sueurs, donc je m'étais endurci.
01:34 Et là, j'avais 20 ans.
01:35 Donc, j'étais quand même préparé.
01:37 Mais je me suis bien protégé.
01:39 - L'hypermédiatisation d'un Kylian Mbappé, par exemple, vous auriez supporté ?
01:44 - Non, c'est ce que j'explique dans le livre, justement.
01:47 Dans ce livre, je veux à la fois partager, partager avec tous mes supporters,
01:52 mais transmettre aussi.
01:53 Transmettre...
01:54 Je ne m'adresse pas uniquement à ma génération.
01:56 Je m'adresse aussi aux jeunes, puisque je côtoie tout.
01:59 Maintenant, j'ai créé beaucoup de stages pour les jeunes.
02:02 Donc, c'est une sorte de transmission.
02:05 Pour parler aussi de mon football, du football que j'aime,
02:09 du football un peu village, football amateur,
02:13 football avec les copains, qui est un peu le football plaisir.
02:16 Et puis le football, mais sans critiquer,
02:18 mais le football qui a beaucoup évolué maintenant,
02:20 qui est un football quand même où il y a le fossé,
02:26 ce creux justement entre ce football que j'aime
02:29 et le football professionnel, hypermédiatisé, hyper...
02:33 - Avec beaucoup d'enjeux.
02:35 - Avec beaucoup d'enjeux et beaucoup d'argent.
02:37 - On va revenir justement sur l'argent et le football,
02:39 mais vous diriez que vous aviez un succès fou avec les filles à l'époque ?
02:44 - Succès fou, je ne sais pas.
02:45 Mais j'étais dans...
02:47 - Vous ne savez pas ?
02:48 Regardez-moi, c'est la preuve que oui.
02:50 Regardez cet extrait.
02:51 - On dit que vous êtes un célibataire très recherché, c'est vrai ?
02:54 - Ah...
02:55 [Rires]
02:57 C'est peut-être ce qu'on dit.
02:58 - Vous recevez beaucoup de courriels, nous ?
03:00 - Oui, énormément.
03:01 - Ça vous a surpris au début ?
03:03 - Euh... Oui, un peu.
03:05 Bien sûr, surtout qu'il y a des lattes plus ou moins...
03:07 Disons... assez marrantes.
03:11 - Et c'était le 13 avril 1976, très timide à l'époque.
03:15 - Oui, oui. Je le suis encore.
03:16 - Ça a changé ?
03:17 - Ça a changé, oui.
03:18 - Alors les moins de 50 ans ne peuvent peut-être pas imaginer
03:20 ce que c'était que cette rochetomania des années 70-80.
03:24 Revenons au début de cette passion.
03:27 C'est votre père qui vous la transmet ?
03:30 - Oui, je parle de la naissance d'une passion.
03:33 Parce que mon père a été un exemple.
03:36 C'était mon premier entraîneur.
03:38 Et puis, c'était un très très bon joueur.
03:42 Donc c'est sûr, ça m'a servi pour le reste de ma carrière.
03:46 Mais je parle aussi du football féminin, d'ailleurs,
03:48 parce que ma mère...
03:49 - Elle a fait beaucoup pour le football féminin.
03:52 - Oui, elle a fait beaucoup.
03:53 Elle a joué aussi.
03:55 Elle a joué dans les années 60.
03:56 Et dans les années 60, le football féminin n'existait pas.
03:58 Donc c'était pas évident.
04:00 - Alors vous dites que vos parents ne parlaient jamais d'argent
04:03 dans un interview.
04:04 Vous dites même que vous auriez pu jouer gratuitement.
04:07 Qu'est-ce qui a changé vis-à-vis de l'argent depuis, à votre avis ?
04:12 - L'argent, maintenant... Je suis pas contre l'argent.
04:14 Il y a beaucoup d'argent dans le football, bien sûr.
04:16 Mais il faut bien l'utiliser.
04:18 Il faut pas que le fossé se creuse entre le football de base.
04:24 Parce que sans le football de base, sans le football amateur,
04:26 il n'y aurait pas de football professionnel.
04:28 Et moi, j'aime pas trop le "toujours plus, toujours plus, toujours plus".
04:32 Parce qu'on le voit au niveau des instances.
04:34 Par exemple, actuellement, moi j'ai connu la Coupe du Monde.
04:38 J'ai fait trois Coupes du Monde.
04:39 J'ai connu 16 équipes, 24 équipes.
04:41 Maintenant, c'est 48 équipes.
04:42 Donc toujours plus d'équipes, toujours plus de matchs, toujours plus de droits de télé.
04:46 Et donc tout ça, c'est par rapport à l'argent.
04:49 C'est un peu dommage.
04:50 Je crois qu'il faut une certaine moralité dans tout ça.
04:53 Il faut calmer le jeu.
04:54 - Justement, cette course à l'argent, elle se fait au détriment de qui ?
04:58 De quoi exactement ?
04:59 Peut-être des petits clubs amateurs ?
05:01 - Il y a 5 000 clubs amateurs.
05:02 On ne le dit pas assez.
05:03 Il y a 5 000 clubs amateurs qui ont disparu, toutes ces dernières années.
05:06 Les clubs de villages, les clubs de petites communes.
05:09 Oui, par manque d'argent, par manque de bénévoles, si.
05:12 Parce que le bénévolat, il n'y aurait pas de football sans bénévoles.
05:17 Des dirigeants, des parents qui s'occupent des enfants.
05:20 Et ça, on a beaucoup moins de gens comme ça.
05:26 - Alors dans votre livre, vous rendez hommage à ceux qui vous ont coaché.
05:30 Il y en a eu beaucoup.
05:32 Qu'est-ce qu'un bon coach, d'après vous ?
05:34 - C'est un tout.
05:37 J'ai eu la chance d'avoir de très bons coachs.
05:39 Il y a l'aspect entraîneur.
05:41 Même si le coach, maintenant, n'est plus vraiment un entraîneur,
05:43 un homme de terrain, c'est plutôt un manager.
05:45 Donc, il faut savoir manager.
05:47 Il y a un côté psychologique, bien sûr.
05:49 Mais je cite plusieurs entraîneurs qui sont quand même très connus.
05:53 Robert Urbain, qui a été l'entraîneur de Saint-Étienne,
05:56 qu'on appelait le sphinx.
05:58 Donc, il ne parlait pas beaucoup, mais il était très influent.
06:02 - Et puis Aimé Jacquet.
06:03 - Aimé Jacquet.
06:04 J'ai démarré à Saint-Étienne avec Aimé Jacquet, comme joueur.
06:10 Il finissait sa carrière.
06:11 - L'art de la passe.
06:12 - Il m'a beaucoup apporté la simplicité.
06:14 C'était un homme extraordinaire.
06:17 Ce n'est pas par hasard qu'il a été champion du monde.
06:19 - Une équipe, on le sait, ne serait rien sans les supporters.
06:23 Et pourtant, ils sont parfois source de débordements,
06:25 source de violence, de racisme.
06:27 Qu'est-ce qu'on peut faire, d'après vous ?
06:29 - Les supporters, pour moi,
06:32 il faut les respecter, déjà.
06:35 Ils m'ont accompagné.
06:37 J'ai toujours eu beaucoup de marques de sympathie.
06:39 C'est pour ça que j'ai fait ce livre, aussi, pour eux, aussi.
06:42 Les supporters, bien sûr, la violence, il faut l'éliminer.
06:48 Il faut être sévère avec la violence.
06:50 Quand on voit un supporter qui balance sur le terrain
06:53 ou sur un joueur, un fumigène,
06:56 ou des propos violents, il y a des propos violents aussi, parfois.
07:01 Mais par contre, les supporters, je pense qu'il faut...
07:04 Ce n'est pas uniquement des payeurs.
07:06 Ils font partie de la famille.
07:08 Il faut peut-être les intégrer, justement, cette famille,
07:10 au niveau des instances.
07:12 - Ce sera le conseil de Dominique Rocheteau.
07:14 Dominique, merci beaucoup d'avoir été avec nous.
07:16 Je rappelle votre livre "Foot" sentimental,
07:18 paru aux éditions Le Cherche-Midi,
07:20 pour tous les Rocheteau.
07:22 - Il y a une soif d'idéal, aussi, derrière.
07:24 - Il y a ? - Il y a une soif d'idéal, derrière.
07:26 - Eh bien, parfait. Voilà.
07:28 - Ça peut faire une bonne chanson, ça, Dominique.
07:30 Merci beaucoup.

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