On ne fonce pas avec "Alphonse" - L'édito culture

  • l’année dernière
Gênant, c’est le premier adjectif qui vient à l’esprit quand s’achève le quatrième et provisoire dernier épisode d’une nouvelle série de Prime Video intitulée 'Alphonse'.

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Transcript
00:00 Laurent Delmas, ce matin, vous nous parlez d'une nouvelle série télé gênante.
00:06 Gênant, c'est en effet le premier adjectif qui vient à l'esprit quand s'achève le
00:10 quatrième et provisoire dernier épisode d'une nouvelle série de Prime Vidéo intitulée
00:15 « Alphonse ». Vous trouvez qu'elle est sortie à bas bruit, presque en capitimini
00:20 alors que les deux rôles principaux sont tenus par les deux poids lourds du casting
00:24 que sont Jean Dujardin et Pierre Arditi ? Vous avez bien raison.
00:27 Seulement voilà, l'histoire inventée puis filmée par Nicolas Bedos, celle d'un gigolo
00:33 de profession, Arditi, qui fête son fils Dujardin, son successeur, le jour où un excès
00:40 de Viagra le rend inapte au travail.
00:42 Et la gênance, elle commence déjà là, quand on connaît les plaintes déposées
00:47 contre Nicolas Bedos.
00:48 Trois pour viol, une pour agression sexuelle en état d'ivresse.
00:52 Sans être plus dit bon, on se demande si c'est bien le moment de sortir cette série.
00:56 Et d'ailleurs, Bedos, il est aux abonnés absents, côté promo, circulé, y'a rien
01:00 à voir, rien à dire, rien à entendre.
01:02 Bedos, silencieuse, c'est du jamais vu.
01:05 Mais la gênance, elle s'installe surtout et jusqu'au bout quand on regarde ses quatre
01:09 premiers épisodes.
01:10 La gênance et son cortège de vulgarité grasse et des dialogues malaisants.
01:14 « Vous avez un problème avec les femmes ? » demande une psychologue à Alphonse.
01:19 La réponse est dans la question que semble s'adresser à lui-même l'auteur-réalisateur.
01:25 Quant au père, qui endosse des rôles différents avec chacune de ses clientes âgées et fortunées,
01:31 voici en quel terme il apprend le métier à son fils.
01:34 « Moi, mon boulot, c'est de rentrer dans un personnage, puis de rentrer dans une femme.
01:40 La classe, définitive.
01:41 » Vous êtes dur, il n'y a vraiment rien à sauver dans cette série ?
01:44 Rien, Léa, vraiment, parce que toutes les femmes y sont soit castratrices, soit folles,
01:49 soit perverses, soit névrosées, soit frustrées.
01:52 Et qu'elles rendent les hommes malheureux ou gigolos, c'est du pareil au même.
01:56 On en veut d'autant plus à Bedos que ces femmes sont incarnées à l'écran par, excusez
02:00 du peu, Charlotte Gainsbourg, Nicole Garcia, Francine Berger, Chantal Neuvirt et Laura
02:05 Morante.
02:06 Et au milieu, évidemment, la mère sublimée qui, la mauvaise, a abandonné son mari et
02:10 son petit garçon.
02:11 Non, décidément, rien n'a sauvé quand Bedos fête en permanence du sous-bertramblier
02:17 matiné d'une esthétique à l'Amélie Poulain moche, avec cerise sur le gâteau,
02:21 une voix off qui ne cesse de répéter ce que l'on voit à l'écran dans une volonté
02:25 de mise à distance parfaitement infantile.
02:27 Une voix off forcément féminine chez Bedos, puisqu'elle ne sert à rien.
02:32 Fut un temps pas si lointain où dans la France de la libération des femmes d'après 68,
02:36 une certaine tendance du cinéma réac avec Audiard en porte-voix tentait une contre-révolution
02:42 sur grand écran, en rêvant finalement d'un monde sans femmes où la vie serait tellement
02:47 plus… beau.
02:49 Avec cette série, Bedos semble dessiner les contours d'une réaction post-MeToo assez
02:53 semblable au fond.
02:54 Allez, je vous vois venir, vous allez me demander un nouveau moratoire autour de cette table.
02:59 Non, non, non, n'insistez pas, cette fois c'est non, un peu au nom de la liberté
03:03 d'expression, mais surtout parce que cela ne servirait à rien, puisque deux épisodes
03:08 sont encore à venir et qu'une saison deux est hélas déjà annoncée.
03:11 Les moratoires, il faut en être économe, car comme avec le mépris, il y a beaucoup
03:17 de nécessiteux.
03:18 Merci Laurent Delmas et à mardi prochain !

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