• il y a 8 mois
On vient d’apprendre que la ministre de la Culture pourrait dévoiler dans un mois à peine la forme que pourrait prendre le rapprochement des radios et des télévisions publiques, près de 50 ans après la disparition de l’ORTF.

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Transcription
00:00 C'est l'édito-culture Laurent Delmas et ce matin, Laurent, c'est le Critique
00:04 Cinéma qui parle, vous nous faites part, d'une inquiétude.
00:08 Oui, d'une grande inquiétude même Nicolas, alors que vous connaissez mon caractère
00:12 équanime voire bonnace.
00:14 Mais on vient d'apprendre que la ministre de la Culture pourrait dévoiler dans un mois
00:19 à peine la forme que pourrait prendre le rapprochement des radios et des télévisions publiques
00:24 près de 50 ans après la disparition de l'ORTF.
00:28 En reprenant une proposition de loi du sénateur centriste Laurent Laffont votée par le Sénat
00:33 en juin dernier, laquelle prévoit la création d'une holding qui serait un premier pas
00:38 décisif vers la fusion pure et simple de l'audiovisuel public.
00:42 Ce retour vers le passé est pour le moins étonnant.
00:44 Première remarque générale, d'habitude on fusionne quand ça va mal, on rassemble
00:50 quand une ou des composantes n'est pas en grande forme histoire de sauver l'essentiel.
00:55 Or dans le cas présent, chacun s'accorde pour estimer que les audiences de France
00:59 Télévisions et celles de Radio France placent les deux groupes publics en position de leader.
01:04 Et puis du côté du cinéma en particulier, cette possible et inexplicable fusion m'inquiète
01:09 donc grandement.
01:10 Et pourquoi Laurent ?
01:11 C'est au fond très simple Nicolas.
01:14 D'un côté, France Télévisions finance 30% de la production totale de films français
01:19 chaque année.
01:20 De ce fait, et c'est absolument normal, sur les télévisions publiques, on parle
01:25 de cinéma, mais l'exercice particulier de la critique des films de cinéma n'existe
01:30 pas.
01:31 A contrario, Radio France ne participe en rien au financement du cinéma français.
01:35 Pour ne citer que France Inter, du Masque et la Plume à Une Certaine On Aura Tout Vu
01:40 et d'autres encore, la critique de cinéma s'exprime donc en toute liberté sur notre
01:45 antenne comme sur les autres antennes de Radio France.
01:49 Superbe répartition en vérité, fondée sur la raison.
01:52 Côté télé, on ne peut pas potentiellement démolir soi-même ce que l'on produit.
01:56 Et côté radio, on critique d'autant mieux les films que l'on n'a strictement rien
02:00 à voir avec leur production et leur financement.
02:02 Or, que vienne le temps de la fusion des radios et télé publiques en une seule structure
02:08 et ce bel équilibre sera inévitablement rompu.
02:11 La nouvelle holding demandera inévitablement à ces radios de jouer le jeu collectif en
02:17 faisant taire toute parole critique afin que rien n'interfère avec les activités de
02:22 la filiale dévolue à la production de films.
02:25 Etant en saint d'esprit et même un peu lâche, je ne demande pas ce matin un moratoire sur
02:30 la future loi audiovisuelle afin d'éviter un tel gâchis.
02:34 Bon, après tout, pourquoi pas ? Allez, chiche, madame la ministre, un moratoire pour que
02:39 chacun garde sa spécificité et que les films puissent être et financés et critiqués
02:44 en toute liberté, c'est bien cela qu'on appelle le service public, non ?
02:48 Merci Laurent Delmas.

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