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Marc Trévidic, ancien juge antiterroriste, était l'invité de BFM Story pour faire le point sur le terrorisme en France et à l'étranger. 

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00:00 – Avec Pauline Rovnard, bonsoir, nous recevons l'ancien juge antiterroriste Marc Trévillique.
00:04 Bonsoir, ma première question va peut-être vous paraître un peu naïve ou évidente,
00:10 mais c'est un débat en France, est-ce que selon vous le Hamas est un mouvement terroriste ?
00:15 – Alors j'ai vu ce débat, un juriste ne répond pas de la même façon.
00:19 Le Hamas commet des actes de terrorisme, clairement,
00:22 et d'ailleurs j'ai eu dans mon dossier, dans mon cabinet d'instruction,
00:26 des dossiers d'attentats commis par le Hamas et c'était qualifié de terrorisme,
00:30 sans poser aucun problème, 2002, 2003, 2004, des civils franco-israéliens,
00:35 c'est pour ça qu'on était saisi, tués par le Hamas, ça ne posait pas du tout de problème.
00:39 Là apparemment ça en pose un.
00:41 – Mais pour vous il n'y avait pas de problème, c'était des actes terroristes ?
00:43 – Voilà, parce qu'en fait c'est des actes qu'on juge.
00:45 Une organisation comme le Hamas, comme l'Osbola aussi,
00:48 ne fait pas que du terrorisme à 100%, donc il ne faut pas s'implicher les données.
00:51 – Ils font aussi de la politique.
00:52 – Ils font aussi de la politique et on sait très bien que,
00:54 notamment l'Osbola a des députés, etc.
00:56 Donc ce n'est pas simplement, on ne peut pas exactement comparer à Damesh,
01:00 mais ce qu'ils ont commis en Israël, c'est des actes de terrorisme à l'évidence.
01:03 Voilà, tout simplement parce que ce n'est pas un État qui est en guerre contre un autre État,
01:07 donc ce n'est pas la notion de crime de guerre qui rentre en ligne de compte,
01:09 c'est bien des actes commis par un groupement qui ne représente pas un État,
01:14 qui ne représente même pas toute une communauté
01:16 et on le voit bien avec le fait que l'autorité païsselle n'existe par ailleurs.
01:20 – Donc on ne peut pas utiliser le terme de crime de guerre mais…
01:22 – Juridiquement non.
01:23 – Juridiquement non, d'accord.
01:24 – Avec le terrorisme.
01:25 – Mais terroriste oui.
01:26 – Oui, il n'y a aucun problème.
01:28 – C'est important de faire cette mise au point parce qu'il y avait débat en France.
01:32 Maintenant, sur l'idée d'une coalition pour lutter contre le Hamas
01:36 comme on l'a fait en Irak et en Syrie contre Daesh avec 80 pays,
01:41 alors on ne sait pas précisément ce qu'Emmanuel Macron compte faire de cette coalition,
01:45 est-ce que c'est un soutien armé, est-ce que c'est un soutien logistique,
01:48 mais est-ce que ça porte ses fruits ce type de coalition ?
01:51 Est-ce que par exemple, pour lutter contre Daesh, ça fonctionnait ?
01:55 – Pour lutter contre Daesh, tout le monde était contre Daesh,
01:57 à part quelques États qui jouent à un double jeu,
01:59 mais sinon, le Hamas, derrière, malgré tout, il y a "la cause paestinienne",
02:04 je ne dis pas du tout que le Hamas défend la cause paestinienne,
02:07 c'est plus compliqué puisque c'est un groupe islamiste aussi,
02:09 il ne faut pas l'oublier.
02:11 Du coup, s'il n'y a pas de gros pays arabes qui sont dans cette coalition,
02:15 ça n'a aucun sens, ça va donner simplement une espèce de coalition pro-occidentale
02:21 et là, on sait ce que ça donne généralement,
02:23 ça fait plutôt une levée de bouclier du côté des populations musulmanes.
02:27 – Alors parlons maintenant de la France et de cette menace terroriste,
02:29 alors ce n'est pas seulement une menace, un nouvel attentat a été commis à Arras,
02:34 un professeur a été tué au sein même de son établissement scolaire
02:37 par un jeune russe, et alors on a appris, et c'est assez stupéfiant,
02:41 c'est que ce jeune était fiché, contrôlé, écouté, interrogé,
02:48 et pourtant on n'a pas réussi à empêcher le passage à l'acte.
02:51 Qu'est-ce que ça vous a fait ?
02:53 Quelles sont les leçons qu'on peut tirer de cela ?
02:56 – J'ai réfléchi depuis et je me suis rendu compte
02:59 que j'avais rencontré tout de même pas mal de jeunes qui étaient venus d'ailleurs
03:06 et qui avaient poursuivi leur processus de radicalisation en France tout simplement,
03:11 ils venaient effectivement de Tchétchénie,
03:13 ils pouvaient venir de Syrie, d'Irak, peu importe, d'Afghanistan évidemment, d'Algérie,
03:19 ils sont venus avec leurs parents parce qu'ils fuyaient une guerre
03:21 et puis leurs parents ont vécu comme ils faisaient chez eux,
03:25 en inculquant à leurs enfants la haine de l'Occident, salafisme ++, djihadisme.
03:31 – Donc complètement en vase clos, c'est ça que vous dites, avec un renfermement.
03:35 – Le problème c'est que des gens arrivent,
03:37 parce qu'ils fuient des atrocités, des guerres, ça c'est sûr,
03:40 mais après ils restent dans leur culture complètement,
03:44 y compris leur culture extrémiste religieuse, en France il ne se passe rien.
03:47 – Même si ses enfants vont à l'école, c'était le cas de ce jeune Russe
03:50 qui semble-t-il était un bon élève.
03:52 – Et par ailleurs qui avait été signalé deux fois par l'Éducation nationale en 2021-2022,
03:56 ce qui lui a valu d'ailleurs d'être inscrit sur le fichier.
03:59 – Voilà, alors il pouvait effectivement apprendre des choses
04:01 mais je pense que chez lui, dans son entourage, l'idéologie était trop forte,
04:06 il n'arrivait même pas à donner le champ, c'est ça que ça veut dire,
04:09 quand il était à l'école.
04:10 On voit aussi les filles, on voit la déscolarisation,
04:12 on voit des phénomènes encore plus inquiétants,
04:14 d'enfants qui ne sont pas scolarisés du tout, clairement,
04:16 ou dans les écoles coraniques un peu en cave, j'allais dire.
04:20 Donc ce parcours-là, il existe, on se rend compte qu'en fait,
04:25 on a des gens qui viennent, qui demandent le statut de réfugiés,
04:28 qui n'entendent pas du tout adhérer d'une manière ou d'une autre,
04:31 leur famille n'entendent pas, et je vais faire une formule un peu facile,
04:34 mais les chiens ne font pas des chiens.
04:35 Au bout d'un moment, quand vous vivez dans un univers
04:37 complètement extrémiste, vous avez de fortes chances de le devenir vous-même.
04:41 Mais de la difficulté de ces services de renseignement
04:43 à appréhender ce type de phénomène, lorsque c'est à l'intérieur d'une famille,
04:46 d'une cellule familiale, d'une fratrie, c'est très compliqué.
04:49 Sauf que là, on savait.
04:49 Sauf que là, on savait, voilà.
04:51 Et je pense que...
04:51 Et pourquoi on n'a pas pu empêcher ?
04:53 Le père notamment, qui est parti, qui est sorti en 2018,
04:56 là, visiblement, c'est assez...
04:59 Est-ce qu'il y a des failles dans le système ?
05:00 Quelles sont ces failles ?
05:01 Là, si vous voulez, quand vous avez une famille entièrement radicalisée,
05:05 j'en ai vu.
05:06 Après tout, j'ai instruit l'affaire Toulouse-Artigat,
05:09 et toute la famille Merabre, alors le petit Mohamed,
05:11 il était jeune à l'époque, en 2006-2007.
05:14 Mais vu l'ambiance autour, il y avait peu de chances
05:16 que ça ne devienne pas aussi un extrémiste.
05:19 Bon, et le problème de fond, c'est que ces enfants
05:22 qui sont élevés dans la radicalisation, y compris sur notre territoire,
05:25 on n'est jamais allé au fond des choses,
05:27 parce que la seule solution qui existe, elle est terrible.
05:29 Et je sais que même en l'évoquant, c'est une levée de bouclier.
05:34 C'est-à-dire, c'est un enfant en danger, il faut le retirer de son milieu familial.
05:37 Mais c'est très...
05:38 - Alors de son milieu familial ou de son milieu scolaire ?
05:40 Parce qu'il y a une des pistes à l'étude, c'est que ces mineurs radicalisés,
05:43 on les sorte de l'école.
05:44 Ça, c'est une idée de Gabriel Attal la semaine dernière.
05:46 Bonne, mauvaise idée.
05:47 - Ils se radicalisent d'abord dans leur milieu familial.
05:50 - Donc il faut plutôt les enlever de la famille, quoi, en fait.
05:52 - Voilà.
05:53 - On le fait pour des enfants battus, des enfants maltraités.
05:56 On pourrait dire que c'est de la maltraitance.
05:58 - Mais ça m'est arrivé deux, trois fois de saisir le procureur en disant,
06:01 "Regardez, moi, là, j'ai arrêté quelqu'un dans un groupe.
06:04 Le papa, il monte des photos d'égorgement à ses enfants.
06:08 On l'a vu dans les ordinateurs.
06:10 Il prend des photos de ses enfants avec des kalachnikovs en plastique."
06:13 Bon, il y a un enfant en danger et sa moralité, sa sécurité est mise en danger.
06:19 - Donc ça, il faut les placer, à votre avis, selon vous ?
06:21 - C'est pour ça que je dis que c'est horrible à dire.
06:22 Je ne sais pas comment vous expliquer.
06:23 - Ça sauve l'enfant.
06:25 - Oui, ça sauve l'enfant.
06:26 C'est-à-dire qu'il faut retirer de son milieu parce que c'est un milieu salafiste violent,
06:30 j'allais dire dans l'expression, ses enfants pour les placer dans d'autres familles.
06:34 Ce n'est pas si simple que ça.
06:35 Et c'est arrivé rarement.
06:37 Je l'ai vu faire quand même, très rarement.
06:40 Je l'avais vu dans un dossier Forza Nalizia, pour quelqu'un qui était en région lyonnaise,
06:43 où ses enfants avaient été retirés et placés.
06:46 Ça a été très peu.
06:47 - Pourquoi ?
06:47 Quelles sont les réticences ?
06:48 Parce qu'on hésite toujours à retirer un enfant de ses parents.
06:52 - Il y a ça, évidemment.
06:54 - L'arrachement.
06:54 - Et après, il va falloir gérer ça aussi.
06:56 Il y a les droits de visite.
06:57 Comment ça va se passer ?
06:58 Est-ce qu'on coupe complètement le lien ?
07:01 Et puis, à partir de quel degré d'extrémisme religieux ?
07:03 Il y a des difficultés.
07:04 - Là, Pauline le rappelait, c'est que le père avait été expulsé.
07:06 - 2018.
07:07 - Mais de l'étranger, il continuait à agir.
07:09 - Alors, visiblement, il a été identifié en Géorgie.
07:12 Et visiblement, l'influence était très forte,
07:15 notamment dans l'attentat qui a été commis dans la cour d'école.
07:18 - S'il a des contacts récurrents avec ses enfants,
07:21 si par ailleurs, les enfants ont aussi autour d'eux d'autres personnes...
07:24 - Le frère est né en détention, l'autre détenu dans l'allié.
07:27 - Ça finit par faire pas mal.
07:31 Il va rester, il continue à baigner là-dedans, malheureusement.
07:34 Mais encore une fois, ça a été aussi le problème des enfants qu'on a rapatriés de Syrie.
07:38 Là, on l'a bien vu, la nécessité, mais on l'a fait.
07:40 - On l'a fait.
07:41 - Les mères sont allées en prison.
07:42 - Ils ont été placés, ces enfants-là.
07:43 - Parce que là, les mères vont en prison.
07:45 Elles vont aller rejoindre Aïch.
07:46 Parce que là, à Biniso, ça voudrait dire de constater qu'une famille est très radicalisée,
07:51 qu'on ne peut pas l'expulser,
07:52 et donc enlever les enfants pour éviter des dégâts.
07:54 - Il y a aussi le défi des expulsions.
07:57 Gérald Darmanin veut réussir à expulser ces étrangers radicalisés qu'on ne veut plus chez nous.
08:03 C'est très compliqué.
08:04 Par exemple, avec la Russie, il n'y a plus d'accord.
08:07 D'autres pays sont réticents, on peut le comprendre.
08:09 On n'a pas laissé passer consulaires.
08:11 Qu'est-ce qu'on pourrait faire de plus là-dessus ?
08:14 En plus, on a appris que ce jeune d'Arras ne pouvait pas être expulsé
08:17 parce qu'il est arrivé très jeune chez nous.
08:18 - Ça, c'est une question de lois.
08:21 - Il est protégé par une loi qu'on peut changer, effectivement.
08:22 - Ceci dit, il pouvait être expulsé avec ses parents quand il était mineur.
08:26 Il faut pas l'oublier, en 2014, il pouvait l'être avec ses parents.
08:28 - Au dernier moment, ça a été empêché.
08:29 - Mais les associations se sont mobilisées.
08:30 - Légalement, un mineur peut être expulsé avec ses parents quand il est mineur.
08:35 C'est autre chose.
08:36 Mais après, quand il est majeur, s'il est entré en France à 13 ans, il ne le peut pas.
08:39 Ça, c'est la loi actuellement.
08:41 La loi peut se changer, mais il restera toujours ce problème.
08:44 Comment le faire admettre par un pays derrière ?
08:47 Par son pays, s'il existe encore, dans quel état il peut se trouver ?
08:50 Parce qu'on parlait dès le départ de beaucoup de personnes
08:54 qui sont venues conquéter des zones de conflits lourds
08:56 et qui sont quasi inexpulsables.
08:59 Il faut dire la vérité, c'était très compliqué.
09:01 Là, ce n'était pas le cas dans ce cas de figure.
09:03 Mais là, tous ces réfugiés afghans, tous ces réfugiés syriens,
09:07 on en a vu des paquets.
09:08 Moi, j'en ai vu en centre de rétention.
09:10 Quand j'étais à Lille, on avait, vous imaginez,
09:13 on avait toute la zone avec Calais, etc.
09:16 - Sangatte et compagnie.
09:17 - Voilà, exactement.
09:18 Et on sait qu'ils étaient inexpulsables,
09:20 parce que les préfétés ne peuvent pas les expulser.
09:22 Donc, on les mettait en centre de rétention, ils sortaient et puis voilà.
09:24 - Mais, d'accord, parlons simplement sur ce point-là.
09:27 On a entendu le ministre de l'Intérieur dire
09:30 "je suis prêt à aller jusqu'au bout",
09:31 quitte à prendre des amendes de la part de la Cour européenne
09:35 des droits de l'homme.
09:36 Qu'est-ce que vous en pensez, vous, le juriste ?
09:38 - Il faut quand même que l'avion puisse atterrir,
09:39 que l'État, là-bas, accepte de les faire descendre de l'avion.
09:43 Il y a des problèmes pratiques,
09:45 donc capacité d'imposer, effectivement.
09:47 Après, il y a aussi les choses, vous avez vu,
09:49 les Anglais qui sont très pragmatiques,
09:52 ont parlé de "pourquoi on ne va pas les expulser
09:55 dans un pays tiers qui serait d'accord pour les prendre ?"
09:57 Dans quelle histoire on n'avait pas eu de Rwanda, carrément ?
10:00 Donc, on peut tout imaginer.
10:02 - Donc, on est obligé de les garder ?
10:04 - On est obligé de garder.
10:05 - Et on n'arrive pas à les déradicaliser ?
10:07 - Comment on déradicalise des enfants
10:10 qu'on laisse dans un milieu complètement radicalisé ?
10:13 - Mais même les adultes !
10:15 - Les adultes, il faut parier.
10:16 - Non, mais les mineurs, parlons des mineurs.
10:18 Gérald Darmanin, il avance le chiffre de 1000 mineurs radicalisés.
10:23 Est-ce que ça, c'est une réalité
10:24 ou est-ce que vous pensez que c'est juste la partie visible de l'iceberg ?
10:26 - C'est ceux qui se sont fait connaître.
10:28 Donc, il y en a plus.
10:29 - Donc, par définition, il y en a beaucoup plus ?
10:31 - S'il peut avancer des chiffres,
10:32 c'est parce qu'ils ont été signalisés dans ce cas-là.
10:36 Donc, nécessairement, c'est plus.
10:37 C'est toujours un peu le sommet de l'iceberg, ces histoires-là.
10:39 C'est comme les départs en Syrie, on avait un chiffre officiel
10:41 et puis il y en avait plein d'autres qui sont partis qu'on ne connaissait pas.
10:44 - Donc, ces sujets-là, par exemple, lors des hommages à Samuel Paty
10:47 ou au professeur de lettre qui a été tué à Arras,
10:48 quand il y a des formes d'apologie du terrorisme,
10:51 on en fait quoi ? On les sort de l'école, on les condamne lourdement ?
10:53 Qu'est-ce qu'il faut faire avec ces éléments-là ?
10:55 - Mais le problème, c'est qu'on a affaire à une population de plus en plus jeune.
10:59 On n'avait pas ça avant, clairement.
11:00 - Ça, c'est nous.
11:01 - On n'avait pas de mineurs.
11:02 Moi, sous Al-Qaïda, j'allais dire, aucun mineur.
11:04 Jamais vu dans mon cabinet.
11:06 - Alors ça, c'est une particularité de l'État islamique ?
11:08 - Tout à fait, l'État islamique.
11:09 - Parce qu'il y a les réseaux sociaux ?
11:10 - Alors, évidemment, la propagande a changé de forme.
11:12 Donc, l'audiovisuel a touché tout le monde, des mineurs,
11:16 contenus binaires, l'Occident en veut à l'islam,
11:20 enfin des trucs faciles à avaler, etc.
11:22 - Manichéens, oui.
11:23 - Sur des esprits jeunes, c'est assez facile.
11:25 Allié à ça aussi, beaucoup de conflits qui ont eu lieu ces dernières années,
11:28 qui ont amené effectivement des réfugiés de différents pays radicalisés,
11:33 clairement, qui se sont battus par les Tchènes contre les Russes.
11:35 Donc, avec des gens complètement instables,
11:37 qui sont un explosif en suspension, j'allais dire.
11:42 Une vie très difficile, donc psychologiquement parfois, tangible.
11:45 - Déjà, vous voulez dire plonger dans la violence ?
11:47 Parce que déjà, instables.
11:48 - Ils ont connu la violence.
11:49 Quand vous êtes parti enfant de Tchétchénie parce que les Russes attaquaient
11:52 et que vous vous retrouvez en Occident, il ne faut pas rêver.
11:56 - On est naïf.
11:57 - On est naïf.
11:58 Qu'est-ce que vous voulez ?
11:58 Qu'est-ce que vous voulez ?
11:59 Alors, quand on dit les déradicalisés, les adultes,
12:02 le Tchétchène de 40 ans, père de famille radicalisé,
12:05 on peut parler de radicalisés.
12:07 Donc, il va transmettre sa culture à ses enfants.
12:10 Sauf qu'il le fait sur le territoire français,
12:11 qu'on laisse faire ce transmission sur le territoire français.
12:14 Et c'est pour ça que j'en viens à quelque chose, et je le redis,
12:16 c'est pour ça que ça ne s'est jamais fait.
12:20 L'enfance en danger, placer les enfants,
12:22 est quelque chose qui est tellement compliqué,
12:25 finalement, philosophiquement même.
12:27 À partir de quel degré d'extrémisme religieux
12:29 on va s'amuser à prendre des enfants pour les retirer à leur mère et père ?
12:33 Ce n'est pas évident du tout.
12:34 Et à partir de quel âge ?
12:35 Ce que vous dites, c'est que l'alerte, elle est surtout sur ces jeunes mineurs
12:38 sur lesquels vous n'aviez pas travaillé il y a 5-10 ans.
12:41 Parce que c'est l'avenir.
12:42 Moi, je préfère avoir devant moi des gens de 30-40 ans.
12:44 Je me dis, au moins à 50-60 ans, il y a moins de chances qu'ils soient kamikazes.
12:47 Vous voyez ? Statistiquement, c'est exact.
12:49 Ces jeunes mineurs vous font peur ?
12:50 Oui, parce que les jeunes n'ont pas peur de la mort.
12:53 C'est bizarre à dire, mais plus on vieillit, plus on a peur de la mort.
12:56 On l'a vu dans un autre cadre, les émeutes, avec des très jeunes.
13:01 Et les policiers disent souvent, on a plus peur des très jeunes
13:03 que de ceux qui sont majeurs, qui ont conscience qu'à un moment donné,
13:07 ils ne peuvent pas aller trop loin non plus.
13:08 Parce que ça ajoute l'immaturité à l'endoctrinement,
13:11 le fait qu'on n'a pas peur du danger, pas peur de la mort,
13:14 qu'on épouse des idéologies, des causes qu'on croit avoir nécessairement raison.
13:17 Tous les défauts de la jeunesse, quelque part.
13:20 Oui, mais il y a eu quand même un échec total de notre école républicaine.
13:24 Ces enfants sont scolarisés.
13:27 Donc, en fait, on peut pas les récupérer via l'école ?
13:29 Ils ne sont pas tous scolarisés.
13:31 D'abord, il y a quand même eu un phénomène d'école...
13:34 - Slandestine ? - Sous le tabi, des pauvres policiers.
13:36 Et ceux qui sont scolarisés, ils viennent,
13:38 et ils viennent souvent répéter ce que leurs parents leur ont dit.
13:41 "Bah non, je ne suis pas d'accord avec vous",
13:43 s'en prendre aux professeurs, avoir des comportements vraiment...
13:47 Et est-ce que c'est là où il faut justement marquer et donner une sanction,
13:52 une exclusion, apologie du terrorisme, des condamnations ?
13:55 Est-ce que c'est ça qu'il faut faire ?
13:56 On ne peut pas admettre que dans l'école républicaine,
13:58 des enfants se comportent de cette façon-là.
14:01 - Mais quels sont les peines ?
14:03 - Pour les mineurs, vous savez bien, là aussi...
14:05 - Il y a une excuse de minorité, donc on divise par deux les peines.
14:08 - Les peines qu'on va mettre sur des mineurs, ce n'est pas grand-chose.
14:10 C'est pour ça que je vous dis, c'est plutôt essayer de voir dans quel milieu ils vivent
14:13 et le retirer de ce milieu qui va en faire quelqu'un de dangereux pour nous.
14:17 - En fait, c'est plus des mesures socio-éducatives,
14:19 ce dont vous parlez depuis le colonialisme.
14:21 - Oui, parce qu'on a des enfants sans danger,
14:21 des enfants de mesures éducatives.
14:24 - Et à l'occasion de cet attentat à Rasse,
14:27 mais aussi celui qui a été commis à Bruxelles par ce Tunisien,
14:30 les deux ont fait allégeance à Daesh.
14:32 Et tout d'un coup, on reparle de Daesh.
14:34 On avait un petit peu oublié, en tout cas les Français,
14:36 qui ne sont pas au cœur de ces affaires,
14:38 avaient oublié Daesh, ont pensé que c'était terminé.
14:40 Ce n'est jamais terminé.
14:41 - Faire allégeance à Daesh, c'est remplir un imprimé en ligne, si vous voulez.
14:46 C'est s'inscrire sur le site SNCF.
14:49 Je ne sais pas comment vous dire, c'est facile.
14:51 Ça ne veut pas dire derrière que Daesh leur a dit quoi que ce soit
14:53 ou a organisé quelque chose avec eux.
14:54 - Ça veut dire que ce n'est pas forcément outillé, c'est plus un réflexe, vous dites ?
14:58 - Ça veut dire que dans leur esprit, Daesh est toujours très fort.
15:02 - Bien sûr, eux, ils ont une culture un peu basique.
15:05 Ils connaissent mieux Daesh qu'Al Qaïda
15:08 parce qu'ils sont nés avec Daesh.
15:10 On parle de gens très jeunes.
15:11 - Oui, c'est la génération Daesh.
15:13 - Voilà, c'est la génération Daesh.
15:15 Peut-être qu'Al Qaïda créera des générations,
15:17 mais comme il ne cherche pas à les recruter dans les plus jeunes,
15:20 c'est la génération Daesh.
15:20 - Je vous avais reçu il y a quelques temps,
15:22 mais il a dit qu'il y a une génération à passer,
15:24 qu'il allait falloir en prendre pour 20 ans.
15:26 - Là, vu l'âge qui baisse tout le temps...
15:29 - Là, j'ai l'impression, à vous écouter, qu'on double.
15:31 - On en prend encore plus pour 20 ans.
15:33 - Vous avez vu, il y a eu un groupe à tour aussi de jeunes collégiens, etc.,
15:37 qui préparaient des attentats.
15:39 - Une quinzaine d'années, c'est très jeune.
15:40 - Oui, une quinzaine d'années.
15:41 Donc, on baisse dans l'âge de plus en plus.
15:44 De toute façon, Daesh nous a fait deux choses.
15:46 Il a recruté des femmes et des mineurs.
15:49 On n'avait pas le droit à ça.
15:51 - Ce sont leurs nouveaux vecteurs, en fait.
15:53 - Oui, quelque part, ils ont ouvert, ils ont démocratisé, entre guillemets,
15:59 le djihad, si on peut dire ça comme ça.
16:01 Mais les mineurs, c'est le plus inquiétant, parce que c'est l'avenir.
16:03 Et un mineur, il va falloir le gérer, vous comprenez ?
16:05 Un mineur de 15 ans, quoi qu'il fasse, il ne va pas aller très longtemps en prison.
16:08 Il va ressortir, ce sera un jeune homme radicalisé.
16:12 Donc, la situation est vraiment grave.
16:14 - Alors, il y a cette menace terroriste.
16:15 Une dernière question.
16:16 On va retourner à Ramallah dans un instant.
16:18 Mais par exemple, doit-on s'inquiéter pour les JO ?
16:21 La cérémonie d'ouverture, on entend certains dire
16:24 que c'est trop risqué, cette cérémonie sur la Seine, sur 6 km.
16:29 Il faut un plan B ?
16:30 - Bah, écoutez, moi, je pense qu'on est capable de contrecarrer quelque chose d'envergure.
16:36 Parce que quelque chose d'envergure, ça se remarque, et on va mettre les moyens.
16:39 Mais des actes isolés d'individus...
16:40 - Le plus dangereux, c'est les actes individuels, c'est-à-dire...
16:43 - Là, on pourra, ou qu'on la fasse à cérémonie,
16:44 un acte individuel de quelqu'un avec un couteau qui est dans la foule.
16:47 Qu'est-ce que vous voulez ?
16:48 - Mais il y aura des fouilles, il y aura des portiques, il y aura des agents de sécurité.
16:52 - C'est une telle foule à Paris qu'il va y avoir.
16:55 Enfin, voilà.
16:57 - Donc, il y a une inquiétude.
16:58 - Et même s'il y a des policiers, des militaires,
17:01 eh bien, oui, alors, il risque, eux, de se prendre des coups de couteau.
17:04 Puis, c'est la seule cible qui soit atteignable au moment du contrôle.
17:07 Mais on peut avoir ces...
17:09 - Des actes individuels.
17:09 - Voilà, des actes individuels.
17:11 La vérité aussi, c'est que souvent, ça tape quand on s'y attend pas.
17:14 Il faut être clair.
17:15 Et puis, ça dépendra de l'ambiance du moment.
17:18 Est-ce que la situation dans le monde sera calme ?
17:20 Vous avez remarqué que, comme on a affaire à des gens très instables, jeunes,
17:24 il se passe quelque chose dans le monde, il y a une réaction.
17:26 - Il y a des échos.
17:27 - Il bascule.
17:28 C'est psychologique, en fait, uniquement.
17:30 Et donc, ça sera quoi la situation au moment de l'ouverture des JO ?
17:33 Peut-être que ça sera calme.
17:34 On n'en prend pas le chemin, je reconnais.
17:36 - Merci Marc Trébedé, qui nous est venu.
17:38 Merci Pauline, d'être venue sur le plateau de BFM Sorier.

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