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Vidéo publiée le : 26/10/2023 à 14:13:00

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https://www.maritima.info/actualites/education/departement/15575/rue-de-la-rep-eric-berton.html

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00:00 Bonjour à tous, on se retrouve pour une nouvelle émission dans Rue de la République et notre
00:14 invité aujourd'hui est Eric Berton, président de l'université Ex-Marseille.
00:17 Merci d'être avec nous Eric Berton.
00:19 Bonjour.
00:20 Bonjour.
00:21 Et on est évidemment toujours avec Léo Purguet, président de la Marseillaise.
00:23 Merci d'être avec nous Léo.
00:24 Bonjour Léo.
00:25 Une rentrée, on va commencer par aborder ce sujet qui a marqué cette rentrée, c'est
00:30 la pauvreté étudiante, a mis en place des opérations.
00:34 On se souvient en septembre des repas gratuits chaque jour pendant une semaine dans différents
00:38 lieux de l'université.
00:40 Est-ce qu'aujourd'hui, fin octobre, vous avez identifié ces étudiants pauvres, précaires?
00:46 Oui, ils sont identifiés par nos services, on leur procure beaucoup d'aide.
00:50 Je précise que les repas gratuits ont été faits avec la ville de Marseille, les villes
00:55 en général et le CRUSS.
00:57 Oui, on a identifié ces étudiants qui sont précaires, mais la problématique c'est
01:02 qu'ils sont très nombreux, très nombreux.
01:04 Et la précarité, la pauvreté étudiante, elle est généralisée sur l'ensemble du
01:09 territoire et donc il est temps de faire quelque chose de plus.
01:12 Très nombreux, c'est combien?
01:14 C'est 40% des étudiants, 40% des étudiants qui sont dans des situations de précarité.
01:21 Puis en plus, il y a très grande pauvreté aussi qui concerne moins d'étudiants, mais
01:24 qui concerne encore trop d'étudiants.
01:26 Qu'est-ce qu'il y a mis en place justement pour ces étudiants-là aujourd'hui?
01:29 Il y a des systèmes de bourse, il y a de la distribution alimentaire, il y a de la
01:35 distribution d'ordinateurs, il y a des kits d'hygiène qui sont donnés.
01:39 On a ouvert avec les associations étudiantes et la famille en particulier des épiceries
01:44 solidaires, mais ça ne suffit pas.
01:47 Nous sommes un certain nombre de présidents d'universités à vouloir changer le modèle
01:52 et à avoir écrit une tribune dans Le Monde.
01:55 Dans Le Monde pour appuyer la création d'une allocation pour tous les étudiants.
01:58 C'est ça.
01:59 Est-ce que vous y croyez?
02:00 Est-ce que c'est possible un jour d'avoir cette allocation pour tous?
02:03 C'est une question de volonté, de changement de paradigme.
02:06 Je suis persuadé que notre pays, comme l'ensemble des pays européens d'ailleurs, l'ensemble
02:11 des pays tout court, doivent investir dans leur jeunesse.
02:15 C'est juste une question de volonté.
02:18 D'autres pays nordiques l'ont fait.
02:20 Cette allocation étudiants pour toutes et tous, elle est fondamentale pour faire de
02:25 nos jeunes des actifs, qu'on leur fasse confiance pour aller dans la société.
02:31 C'est aussi une question d'équité pour la réussite dans les études.
02:34 Oui, c'est possible.
02:35 Nous sommes un certain nombre de présidents d'universités à prôner ce dispositif.
02:40 Nous sommes en train de le chiffrer au travers d'études et d'analyses.
02:46 Donc nous ne baissons pas les bras pour faire avancer cette idée qui est pour moi fondamentale
02:53 pour sauver notre jeunesse parce que je considère qu'elle est en danger.
02:56 Alors qu'est-ce que vous répondez à ceux qui disent finalement ce n'est pas les premiers
02:59 jeunes qui ont eu des problèmes.
03:01 Nous, on a travaillé.
03:02 Ils ont qu'à se mettre au boulot.
03:03 Non, mais ça, c'est une vision passéiste.
03:06 Je suis désolé.
03:07 Notre jeunesse, elle vit les pires moments qu'elle puisse vivre.
03:12 Nos jeunes, ils n'arrivent même plus à se projeter dans l'avenir.
03:15 On dit que les jeunes profitent du moment présent, mais c'est parce qu'en fait, ils
03:19 ne voient pas leur avenir.
03:20 On leur laisse une planète dans un état écologique catastrophique.
03:25 Ils n'ont pas de quoi se soigner.
03:27 Ils n'ont pas de quoi manger.
03:28 Ils n'ont pas de quoi se projeter dans l'avenir.
03:32 Donc non, la situation actuelle, elle est inédite.
03:35 Elle est inédite.
03:36 Elle a une situation inédite.
03:37 Il faut une réponse inédite.
03:39 Et cette allocation généralisée d'études, c'est une réponse qui a déjà fait ses preuves
03:44 dans d'autres pays et qui est fondamentale.
03:47 On ne peut pas toujours améliorer un système.
03:49 On a de la bonne volonté avec l'amélioration du système de bourse, mais c'est un système
03:54 qui ne marche pas assez bien.
03:56 Il faut changer ce système.
03:57 Il faut changer de paradigme.
03:58 Justement, c'est ce que pourrait dire des personnes.
04:01 C'est-à-dire qu'il y a déjà les bourses en place qui sont déjà là présentes pour
04:05 certains étudiants.
04:06 Est-ce que vraiment une allocation est nécessaire selon vous ? Et pourquoi ? Est-ce que c'est
04:10 pour remplacer éventuellement les étudiants qui travaillent à côté ?
04:12 Bien sûr.
04:13 Alors, le système de bourse actuel, il fonctionne, mais il ne donne pas satisfaction.
04:18 La pauvreté étudiante est là.
04:19 Donc, si le système de bourse actuel fonctionnait, il n'existerait pas cette pauvreté étudiante.
04:24 Donc, effectivement, c'est une question d'équité.
04:26 Il est plus facile de réussir ses études quand on n'a pas besoin de travailler 20
04:29 heures chez McDo ou chez Decathlon.
04:32 C'est une question d'équité entre étudiants.
04:35 C'est une question aussi de faire en sorte que nos étudiants soient actifs dans la société,
04:39 qu'ils puissent consommer, qu'ils puissent se projeter pour aller sur des voyages d'études.
04:44 Alors voilà, ça, c'est quelque chose qui est important.
04:47 Essayer de faire des citoyens actifs.
04:49 On s'aperçoit que quand on néglige la formation de la jeunesse, on se retrouve dans des situations
04:53 mondiales catastrophiques.
04:55 Et c'est ce que nous ne voulons pas un certain nombre de présidents dans le futur.
04:58 C'est le sens que vous donnez à ce slogan "socialement engagé" qui souligne le logo
05:05 de l'université ?
05:06 Oui, tout à fait.
05:07 Mais ça concerne le "socialement engagé", ça concerne tous les pans de l'université
05:09 et tous les collègues et nos étudiants, bien sûr.
05:12 C'est un état d'esprit.
05:13 "Socialement engagé", c'est aussi la manière dont AMU impacte la société.
05:17 Former la jeunesse de demain aux valeurs citoyennes, d'humanisme, de tolérance, c'est ça, impacter
05:23 la société.
05:24 C'est ça le "socialement engagé" que prône AMU.
05:26 Et je précise que c'est un slogan qui dépasse maintenant le seul territoire et qui est connu
05:31 au national et à l'international pour notre université.
05:33 On va aborder un sujet important en cette rentrée, c'est évidemment la sécurité
05:38 qui a pris une large place dans l'actualité, notamment avec l'assassinat de Dominique
05:43 Bernard.
05:44 On sait aussi que la police est sur place à Colbert depuis plusieurs semaines puisqu'il
05:48 y a des problèmes d'insécurité liés au trafic de drogue.
05:51 Est-ce que selon vous, avec tous ces paramètres-là, il faut repenser la sécurité à l'entrée
05:56 des établissements des universités ?
05:58 Oui, malheureusement, nous ne sommes pas épargnés par l'ambiance générale.
06:04 Nous avons eu une alerte à la bombe il y a deux jours.
06:10 Donc ça, c'est quand même des faits qui interpellent les étudiants et les collègues.
06:16 Oui, la sécurité est importante sur nos campus.
06:18 On est soumis à l'environnement d'une ville, mais moi je précise aussi qu'il
06:24 est important que l'université reste au cœur des villes.
06:28 Une ville comme Marseille a besoin d'une université forte, une ville comme Aix aussi.
06:32 Et dans les territoires d'Igneoir, de Gap, l'université joue un rôle fondamental
06:37 et prépondérant.
06:38 Donc oui, on est obligés d'améliorer et d'accroître la sécurité sur nos campus,
06:43 bien évidemment, parce qu'on est soumis aux aléas de l'actualité, mais c'est
06:46 aussi notre volonté de rester au centre des villes, au cœur des villes, parce que
06:51 c'est notre mission citoyenne de former nos étudiants qui sont dans ces villes.
06:56 Les réponses qui ont été apportées par la préfète de police vous paraissent satisfaisantes,
07:01 elles vont-elles être pérennes ?
07:02 La préfète de police m'a assuré que les réponses seraient pérennes.
07:08 Donc moi j'ai tendance à faire confiance en la parole de l'État quand elle est donnée
07:12 aussi clairement.
07:13 Et nous restons bien évidemment attentifs et vigilants.
07:15 Mais nous, nous tiendrons nos engagements, bien entendu, si la sécurité de Colbert
07:21 est assurée.
07:22 Et j'ai assez confiance dans l'engagement qui a été donné par l'État.
07:25 Dans les lycées, on a le président de la région, Renaud Muselier, qui veut relancer
07:28 le projet de reconnaissance faciale au sein des établissements.
07:31 Est-ce que c'est quelque chose qui vous paraît probable dans l'avenir ?
07:35 Je ne sais pas comment tout cela va évoluer par rapport à la technologie.
07:42 Je ne suis pas du tout spécialiste de ces domaines-là.
07:45 La volonté de sécurité, elle est là.
07:48 La volonté aussi de faire en sorte que les collègues et les étudiantes et les étudiants
07:52 au sein d'AMU soient dans un lieu de sérénité, elle est là aussi.
07:56 Donc ensuite sur les moyens technologiques ou techniques, je n'ai pas spécialement
08:01 d'idée.
08:02 Ce n'est pas du tout un champ de mes compétences.
08:04 On évoquait l'assassinat de Dominique Bernard, mais aussi le climat qui se tend dans notre
08:11 pays avec l'écho du conflit au Proche-Orient.
08:15 Est-ce que tout cela tend les choses dans votre université ?
08:21 Bien sûr, comme dans toutes les autres universités ou dans toutes les grandes collectivités,
08:27 il y a certains collègues, certains étudiants qui vivent une véritable angoisse.
08:32 Il peut y avoir des conflits aussi.
08:35 Nous les gérons, nous les gérons au mieux.
08:38 Je dirais quand même que les valeurs que nous véhiculons, elles ont tendance à montrer
08:45 que nous sommes attentifs et que nous prenons des valeurs de tolérance et d'humanité.
08:49 Donc là aussi, AMU, par cet exemple-là, joue un rôle important.
08:55 Mais oui, nous avons des collègues angoissés, nous avons des étudiants angoissés, des
09:00 conflits comme partout ailleurs.
09:02 Nous sommes 8 000 collègues, 80 000 étudiants et donc évidemment, nous n'échappons pas
09:08 à ces problématiques-là.
09:10 Et quelle réponse apporter justement à ces angoisses qui viennent d'enseignants ou d'étudiants ?
09:14 La proximité, l'écoute, vraiment faire en sorte que nous sommes attentifs et sur les
09:22 campus.
09:23 La proximité, l'écoute et la proximité sont des facteurs importants chez nous et nous
09:29 gérons ces problématiques-là au plus près des personnes qui le demandent.
09:34 Et puis on reçoit beaucoup de personnes et on met en place des cellules d'écoute, on
09:41 a des psychologues, nous avons des médecins, nous avons créé deux centres de santé à
09:45 Aix-Marseille-Université pour soigner les étudiants, pour soigner les collègues.
09:50 Bien évidemment, ce n'est pas dans nos obligations, mais nous avons souhaité faire cela parce
09:54 que nous sentons bien que cette pauvreté, cette angoisse, cette précarité sont là
10:01 pour nos personnels, pour nos collègues, pour nos étudiants et donc on a amené ces
10:04 réponses-là aussi.
10:05 Et on a des psychologues bien évidemment à l'université pour gérer ce type de situation.
10:10 Il y a quelque chose qui va vraiment changer aussi la vie quotidienne, c'est l'expérimentation
10:14 de la semaine des quatre jours.
10:15 Déjà pourquoi cette décision et puis comment ça se met en place ?
10:18 Alors pourquoi cette décision ? Parce que je trouve que j'ai voulu amener une réponse
10:24 concrète aux collègues qui ont de plus en plus de difficultés financières et de stress.
10:32 Il me semblait que pouvoir être libre de distribuer ces journées de travail dans la semaine pouvait
10:41 amener beaucoup plus de flexibilité, beaucoup plus d'économie pour nos collègues.
10:47 Alors on a mis en place un système de prime que nous avons choisi de créer, mais en plus
10:52 nous faisons donc cette possibilité, nous expérimentons donc cette possibilité pour
10:57 nos collègues de pouvoir faire leur semaine sur cinq jours avec deux jours de télétravail
11:02 dans le mercredi possible, ou quatre jours et demi avec un jour et demi de télétravail
11:06 dans le mercredi possible, ou une semaine de quatre jours avec un jour de télétravail
11:11 dans le mercredi possible.
11:12 Ça veut dire que les collègues sont trois jours sur site et deux jours soit en télétravail
11:16 soit chez eux, en repos.
11:22 Et donc ça veut dire qu'ils vont aussi faire des économies d'essence, de stress, c'est
11:28 bon pour la planète.
11:29 Ça correspond à cette vision-là qu'a eue de prendre en compte le bien-être à la fois
11:34 des collègues mais aussi de la planète et de la société.
11:38 Est-ce que vous avez des premiers retours ? Est-ce que c'était une demande de vos collègues ?
11:42 Est-ce qu'il y avait une discussion en amont ?
11:44 La demande des collègues était surtout sur le télétravail le mercredi.
11:48 Moi j'ai voulu aller plus loin parce que je considérais qu'avec les primes que nous
11:53 avons mis en place, il me semblait important encore d'accroître les économies pour les
11:59 collègues et notamment avec ce prix de l'essence qui devient démentiel.
12:02 Donc j'ai voulu faire en sorte qu'ils puissent faire des économies sur les transports.
12:05 Et puis c'est aussi un facteur d'attractivité pour Ex-Marseille Université, pour cet équilibre
12:12 entre vie professionnelle et vie personnelle.
12:14 Ça permet aussi d'attirer de jeunes futurs, ou moins jeunes d'ailleurs, de futurs collaborateurs
12:19 qui pourraient être séduits par cette vision qu'a eue de la vie au travail et de la vie
12:24 chez soi et de cet équilibre-là.
12:26 Justement, est-ce que vous en avez discuté avec vos confrères présidents d'universités ?
12:31 Quel regard on porte en France sur cette expérimentation ?
12:34 Pas vraiment.
12:35 On est à l'université d'Ex-Marseille, un peu précurseur, à la fois sur ces primes
12:42 supplémentaires que nous avons mis en place, dans une situation où les finances des universités
12:46 ne sont pas spécialement au beau fixe.
12:47 Mais nous, nous sommes une grande université, nous avons pu le faire et donc nous l'avons
12:50 fait.
12:51 Mais non, ça n'a pas été discuté du tout, c'est une initiative d'AMU et je vous avoue
12:56 que je n'en ai pas du tout discuté avec d'autres collègues présidents.
13:00 Mais je suis persuadé que nous serons inspirants.
13:03 Justement, vous parlez de moyens financiers.
13:06 Comment se porte l'université aujourd'hui en 2023 ? Est-ce qu'elle va pouvoir assumer
13:12 de futurs projets ? On peut penser à des rénovations de bâtiments, on peut penser
13:16 à plein de choses.
13:17 Est-ce qu'il y a des choses qui vont pouvoir se faire prochainement ?
13:19 Alors, nous avons des plans, bien évidemment, de rénovation énergétique, de construction
13:24 de bâtiments, dans le cadre du contrat d'avenir.
13:27 Nous avons répondu à des appels d'offres et puis nous avons un fonds de roulement qui
13:30 est conséquent à Aix-Marseille-Université, mais que nous devons mobiliser pour payer
13:37 du fonctionnement à l'heure actuelle, puisque c'est un peu ce que nous demande le Bercy,
13:43 qui nous demande de prendre sur notre fonds de roulement pour financer les mesures dites
13:48 guérinies, en particulier la revalorisation des points d'indice et la prime précarité,
13:52 etc.
13:53 Donc, l'ensemble des universités sont en train d'essayer de piocher dans leur fonds
13:59 de roulement pour payer ces mesures-là.
14:01 Ce n'est pas pour ça, le fonds de roulement, ce n'est pas fait du tout pour ça, le fonds
14:03 de roulement.
14:04 Le fonds de roulement, c'est fait pour investir dans de la rénovation énergétique, dans
14:07 la construction du bâtiment.
14:08 Mais là, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre sur ce fonds de roulement.
14:12 Alors, à mut un fonds de roulement, parce que l'université a été bien gérée depuis
14:16 des années, donc c'est bien, je ne suis pas certain que pour d'autres universités
14:20 plus petites, ça soit aussi facile.
14:22 Comment travaillez-vous avec les collectivités ? Est-ce qu'elles vous soutiennent de ce
14:26 point de vue-là ?
14:27 Oui, d'un point de vue politique, nous sommes soutenus par la métropole, le département,
14:33 très fortement aussi, par la région et par les villes.
14:36 Les collectivités ont redécouvert un mut et je trouve que l'entente se passe très
14:45 bien.
14:46 Elles ont elles aussi leurs problèmes financiers, mais bien évidemment, elles ont compris tout
14:49 l'intérêt d'avoir cette grande université, la plus grande université francophone au
14:54 sein de leur territoire et donc nous sommes soutenus par la région, bien évidemment,
14:59 sur le contrat d'avenir et sur des projets de recherche, la métropole, les départements
15:02 et les villes aussi, bien entendu.
15:03 Vous l'avez dit, l'ex-Marseille, c'est une grande université, une université qui
15:09 rayonne aussi par ses chercheurs, ses étudiants.
15:14 Aujourd'hui, si on devait quantifier, donner une place à l'université en France ou dans
15:19 le monde à ce niveau-là, est-ce qu'on se situe très bien, très bien, mieux qu'avant,
15:23 mieux en mieux ?
15:24 Alors, si on devait donner une place scientifique à l'ex-Marseille Université, je pense que
15:30 nous sommes dans les 120 universités mondiales, clairement, mais ensuite la course au classement
15:37 n'est pas vraiment intéressante.
15:39 Nous connaissons nos forces, nous connaissons nos faiblesses.
15:41 Nous avons de très fortes compétences en sciences humaines et sociales et les classements
15:48 en général ne prennent pas en compte ces très grandes compétences que nous avons
15:51 en sciences humaines et sociales.
15:52 Voilà, donc ex-Marseille Université est une très grande université de recherche qui
15:58 a eu aussi une grande qualité dans ses formations.
16:01 Et ce qui nous caractérise par rapport à d'autres, c'est notre pluridisciplinarité,
16:04 notre interdisciplinarité.
16:06 Nous enseignons l'ensemble des disciplines, à part la théologie peut-être, nous laissons
16:11 ça à Strasbourg.
16:12 Du coup, nous sommes capables vraiment de mobiliser l'excellence disciplinaire de nos
16:18 chercheurs pour essayer de comprendre et de résoudre des grandes questions sociétales
16:22 ou environnementales.
16:23 Et ça, c'est une spécificité d'AMU que je revendique au travers d'une mission à
16:30 l'interdisciplinarité parce que je trouve que c'est vraiment là notre plus par rapport
16:34 à d'autres universités.
16:35 Vous ne regardez pas du tout le classement de Shanghai ?
16:37 Pas spécialement, pas spécialement.
16:40 Certains le regardent plus que moi.
16:42 Mais c'est surtout regardé par les partenaires étrangers, internationaux.
16:51 C'est une conséquence le classement de Shanghai.
16:56 Mais si le classement de Shanghai prenait en compte à la fois notre excellence en sciences
17:05 dures et notre excellence en sciences humaines et sociales, nous serions dans les 100 premières
17:09 universités mondiales.
17:10 Dans l'actualité de l'université, c'est cette fin d'activité sur le réseau social
17:15 "X enseignement Twitter" que l'on connaît.
17:17 Une décision que vous avez prise aussi à titre personnel, je crois, pour votre propre
17:21 compte.
17:22 Pourquoi ? On a entendu parler de valeurs, c'est des valeurs qui ne correspondent plus
17:26 à l'université.
17:27 Qu'est-ce qui a amené à cette décision concrètement ?
17:29 Clairement, c'est le manque de régulation, le fait que Elon Musk puisse laisser tout
17:37 dire, tout faire sur Twitter.
17:38 Il y a des messages de haine.
17:40 On a bien vu des photos qui circulent.
17:42 Ça ne correspond pas du tout aux valeurs d'ex-Marseille Université.
17:47 Les fake news se multiplient.
17:49 Il y a de grands malades qui se prennent pour de grands médecins.
17:52 C'est à peu près tout et n'importe quoi.
17:54 Ça ne nous correspond pas du tout.
17:56 Nous prenons le développement de l'esprit critique, la connaissance, la formation, le
18:03 sérieux des informations.
18:04 Et Twitter s'éloigne de plus en plus.
18:07 Donc, nous avons naturellement pris la décision de quitter Twitter.
18:12 C'est aussi une question qui se pose pour vos étudiants qui sont de plus en plus absorbés
18:17 par les réseaux sociaux parce que c'est une affaire aussi sociétale, générationnelle.
18:22 Est-ce que vous avez un message à leur faire passer sur la sélection de l'information ?
18:27 Dans un contexte qui est très important à ce niveau-là.
18:29 Bien sûr, mais le message que nous faisons passer, nous le faisons passer en continu.
18:33 C'est dans le cadre de nos formations.
18:35 Nous essayons vraiment d'avoir des formations qui leur ouvrent l'esprit, qui leur prônent
18:40 aussi des... voilà, de regarder derrière, de s'interroger sur les intérêts qu'a ou
18:46 pas une telle personne à délivrer un message.
18:48 Les fake news, on a beaucoup de lectures critiques, d'articles aussi.
18:53 La formation, notre formation inclut cette déontologie-là.
18:57 Ça, c'est très important pour nous.
18:59 On a une dernière question à vous poser qui est la signature de cette émission, composée
19:03 par tous nos nouveaux invités.
19:05 Alors Éric Berthon, qu'est-ce que La République pour vous ?
19:08 Alors, La République pour moi, c'est peut-être le partage de valeurs, de tolérance et d'humanisme.
19:16 Voilà.
19:17 Simplement ?
19:18 Oui.
19:19 C'est pas peut-être d'ailleurs, c'est sûrement le partage de valeurs, de tolérance et d'humanisme.
19:24 Et en tant que président de l'université, c'est aussi ce message-là que vous voulez
19:26 faire passer aujourd'hui ?
19:27 C'est un message que nous faisons passer depuis quatre ans.
19:30 C'est le message de l'université, le lieu où on diffuse la connaissance.
19:34 Et la connaissance, c'est l'inverse de l'ignorance.
19:37 Et donc, ça n'amène pas à la haine, ça amène tout le contraire.
19:40 Et je pense que ce message-là des universités est un message fondamental.
19:44 La diffusion des connaissances, l'amélioration de la connaissance, la connaissance de l'autre,
19:48 ça c'est important.
19:49 Merci Éric Berthon d'avoir été avec nous sur Maritima.
19:53 Et merci à Léo Purgat d'avoir mené cette interview avec moi.
19:56 On se retrouve la semaine prochaine pour une nouvelle émission.
19:59 [Musique]